Depuis le 21 novembre 2002, l’UNESCO a proclamé la Journée mondiale de la philosophie qui serait reconduite chaque année le troisième jeudi du mois de novembre. Pourquoi dédier une journée entière à une discipline ancestrale réputée, complexe, abstraite, détachée du réel ? La philosophie aurait-elle une quelconque utilité dans notre vie de tous les jours ?
Qu’est-ce que la philosophie ?
Les réponses à cette question sont diverses tant le sujet est vaste : d’après le dictionnaire Robert en ligne, la philosophie, c’est « l’ensemble des questions que l'être humain peut se poser sur lui-même et l’examen des réponses qu'il peut y apporter ; vision systématique et générale (mais non scientifique) du monde ».
De façon plus pragmatique, la philosophie, selon la même source, c’est aussi la « matière des classes de terminales enseignée dans les lycées ». Nous reviendrons sur cette particularité de l’enseignement de la philosophie à la française.
En outre, le terme s’apparente au détachement, à l’élévation de l’esprit, à une forme de sagesse. D’ailleurs, d’après l’origine étymologique du mot, le terme « philosophie » vient du grec philo qui veut dire « aimer » et de sophia qui veut dire « sagesse », d’où la traduction la plus souvent associée à la philosophie : « amour de la sagesse ».

Quelles sont les origines de la philosophie ?
Le monde occidental, profondément marqué par le rayonnement de la civilisation grecque au Ve siècle avant notre ère, attribue la paternité de la philosophie moderne à Socrate, né vers 459 av. J.- C. La suprématie de la pensée grecque va ensuite s’étendre aux philosophes grecs tels que Platon et Aristote, ses prestigieux successeurs.
Socrate lui-même n’a rien écrit. Nous le connaissons uniquement à travers les écrits et témoignages de ses disciples Platon et Xénophon. Il est écrit que l’oracle de Delphes avait déclaré que Socrate était l’homme le plus sage d’Athènes. Socrate, le premier surpris par cette affirmation développe ce qui fut appelé par la suite « la méthode socratique ». Elle consiste à questionner son interlocuteur afin qu’il prenne conscience de ce qu’il sait et se consacre à la recherche de la vérité.
Socrate, au bout de son questionnement et de ses nombreuses interrogations arrive à la conclusion passée à la postérité : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Parallèlement les dialogues socratiques permettent de détecter les failles inhérentes aux raisonnements des personnes interrogées. Nous connaissons la fin tragique du grand penseur grec condamné à mort en tant que « corrupteur de la jeunesse ». Ses idées non conformistes n’étaient pas du goût de tous mais au fil des siècles, sa méthode du questionnement s’est imposée comme la base de la démarche philosophique.
Quelle est donc l’utilité de la philosophie dans le monde moderne ? Est-elle cantonnée aux jeunes candidats en quête d’une épreuve ponctuelle et abstraite ? Ou bien aux universitaires cantonnés à leurs écrits ? En réalité, philosopher se vit au quotidien de façon très concrète. Il n’y a pas d’âge pour la philosophie.

La philosophie aiguise l’esprit critique
La philosophie a pour spécificité le sens de l’esprit critique, c’est-à dire la faculté de « n’accepter aucune assertion sans s’interroger sur sa valeur » en d’autres termes vérifier une information avant de l’accepter ou la rejeter. Par exemple, à l’heure des réseaux sociaux, s’assurer de la source d’une information avant de l’approuver et de la partager à l’infini, c’est faire preuve d’une certaine sagesse, c’est faire preuve de philosophie.
Le sens de l’esprit critique guidera l’individu dans les choix du quotidien et ainsi le prémunira contre les publicités mensongères ou tapageuses auxquelles il est confronté en permanence. Les avantages de la philosophie s’appliquent dans la vie quotidienne.
La philosophie élève notre vie intérieure
Nous sommes souvent enclins par la force de l’habitude ou simplement par négligence, à ne jamais nous interroger sur la conséquence de nos actes. Puis, soudain, mûs par une volonté de changer nos fâcheuses habitudes, nous cherchons à comprendre l’origine d’un comportement répréhensible. N’est-ce pas une autre façon d’agir « avec philosophie » et d’illustrer le fameux adage du philosophe Socrate : « connais-toi toi-même » ?
N'avons-nous pas ainsi cherché à assainir et élever notre vie intérieure simplement, sans avoir recours aux théories livresques ?
La philosophie invite à la tolérance
Nous pourrions poursuivre à l’infini la liste de bienfaits qu’apporte l’exercice de la philosophie. Parmi eux figure en bonne place la voie de la tolérance. Philosopher, c’est se trouver confronté aux idées de l’autre, à propos des questions de l’existence, donc c’est adopter la voie de la tolérance. Le philosophe français Descartes dans les Principes de la Philosophie affirme : « c’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ».
Une discipline bien ancrée dans l’éducation à la française
L’enseignement de la philosophie bien ancré dans la tradition républicaine fait partie des institutions quasi inamovibles du système éducatif français. C’est une discipline uniquement dispensée en Terminale, et disposant encore d’une certaine aura. L’épreuve reste souvent redoutée par des générations de candidats au baccalauréat. Le site Guichet du savoir laisse entendre :
« Le second point que devait examiner le Conseil est la question de l’horaire des cours. C’est l’arrêté du 23 juillet 1874 qui apporte une réponse à cette question. Sur 23 heures de cours, 8 sont consacrées à la philosophie, soit 35% du temps des cours, si l’on ajoute les 12 heures d’études, cela fait 33% du temps scolaire total. »
L’enseignement de la philosophie occupe une place prépondérante dans les lycées français et s’inscrit dans une tradition souvent remise en cause. Suite à la réforme du baccalauréat de 2021, il apparaît que « l’enseignement de la philosophie vise à développer chez les élèves le souci de l’interrogation et de la vérité, l’aptitude à l’analyse et l’autonomie de la pensée sans lesquels ils ne sauraient appréhender la complexité du réel. Son but est de permettre à chaque élève de s’orienter dans les problèmes majeurs de l’existence et de la pensée. »
Faisant écho à ces considérations, l’UNESCO, qui a instauré la journée mondiale de la philosophie, précise : « En dehors d’être une discipline, la philosophie est aussi une pratique quotidienne qui peut transformer les sociétés et stimuler le dialogue des cultures. En éveillant à l’exercice de la pensée, à la confrontation raisonnée des opinions, la philosophie aide à bâtir une société plus tolérante et plus respectueuse. »
Et vous, êtes vous convaincu de l’utilité de la philosophie dans vos vies ?
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