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Tradition. France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis    

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Entretien avec Natacha Musard, jardinière en chef du domaine de Chaalis et de la roseraie

Le deuxième week-end de juin est enfin arrivé ! Comme chaque année depuis maintenant 24 ans, à l’orée de la forêt d’Ermenonville, dans l’Oise, le domaine de Chaalis ouvre grandes ses portes pour Les Journées de la Rose, cette fois-ci, les 6, 7, et 8 juin 2025. L’édition 2025 sera aussi parrainée par le célèbre historien Michel Pastoureau qui développera le thème de « La rose et la couleur. » En attendant, il est 16h, nous avons de la chance, car Natacha Musard, jardinière du Domaine convie le public à la suivre au sein de la roseraie pour distiller ses secrets autour de la rose et des rosiers...Alors, amoureux des roses, suivez-nous, c’est par ici... 

En ce beau dimanche ensoleillé, les vestiges de l’ancienne Abbaye Royale de Chaalis, fondée en 1137, par Louis VI le Gros, ainsi que sa roseraie prennent une tout autre dimension, au cœur de ce traditionnel rendez-vous incontournable picard. Dans ce lieu, mémoire du Moyen-âge, au patrimoine historique chargé, se côtoient durant plusieurs jours : rosiéristes, paysagistes, myriade d’artisans, de céramistes, de spécialistes du jardin, d’associations de préservation de la faune et flore picarde, d’horticulteurs, de libraires, d’herboristes, de pépiniéristes, de produits artisanaux en tous genres .

France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis
Roseraie du Domaine de Chaalis, myriade de roses différentes. Dimanche 8 juin 2025. (Image : L. Lefebvre/ VisionTimes)

La spécialiste des rosiers

Les jardiniers de Chaalis estiment avoir une « mission d’éducation du public », c’est pour cela qu’ils enrichissent la roseraie d’un maximum de variétés différentes de rosiers afin que le public puisse admirer tout ce qui existe.

Ainsi, Natacha Musard ouvre le chemin jusqu’aux portes de la roseraie... Nous lui emboitons le pas...Que c’est enchanteur, en juin... un voyage, une invitation dans un jardin, petit coin de paradis terrestre... Natacha Musard jardinière en chef du Domaine de Chaalis, paysagiste, chaleureuse, nous lance avec humour d’entrée de jeu : « La séance est gratuite, venez, approchez, nous allons parler de la taille et des soins à apporter aux rosiers de la roseraie. La séance est gratuite, mais si vous partez par contre, c’est payant ! »

C’est donc avec beaucoup de curiosité que les visiteurs la suivent sans hésiter, sourire aux lèvres. 

Natacha Musard nous explique qu’elle encadre la taille de la roseraie de Chaalis, ce qui a nécessité par exemple l’aide d’une cinquantaine de bénévoles, cette année en 2025 et ce, pour une durée de quatre jours et demi.  Natacha nous livre les règles principales de base :

France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis
Rosiers remontants du Domaine de Chaalis. Dimanche 8 juin 2025. (Image : L. Lefebvre/ VisionTimes)

La plantation du rosier

Première règle 

Pour Natacha, la seule et unique question que tout jardinier en herbe, qui se respecte, doit se poser, est la suivante : « Quelle taille, quelle hauteur atteindra ce rosier à l’âge adulte ? »

En effet, si vous achetez chers lecteurs, un rosier qui fera trois mètres de haut aurez-vous la place dans votre jardin pour le planter ? En le voyant vous êtes-vous seulement posé la question en vous offrant ce rosier ? Natacha Musard explique qu’il faut toujours rationaliser son choix, en avoir conscience, même si l’exaltation est trop forte lorsque vous tombez sous le charme d’une variété exceptionnelle. Elle donne un exemple :

« Si vous vous dites, je craque complètement sur le rosier Peace and Love qui est là-bas sur l’arche dans notre roseraie et qui retombe en cascade...Demandez-vous tout de suite de façon pragmatique, est-ce que j’ai l’arche adéquate pour supporter ce rosier ? Car sinon vous irez droit à l’échec. »

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Roland Lebarbe, jardinier à Chaalis, montre au public lors des Journées de la Rose, comment planter un rosier. Dimanche 8 juin 2025. (Image : Mélina Touil / VisionTimes)

Deuxième règle 

« Comment plante-t-on un rosier ? »

La jardinière en chef du Domaine, là encore, invoque le bon sens de son auditoire, tout ouïe.

« C’est très simple, le jardinier doit faire un trou dans la terre de la taille du pot dans lequel le rosier se trouve. »

Elle poursuit : « Tous ceux qui vous conseillent de creuser quatre fois la taille du pot ou plus...C’est non, si vous aimez creuser alors allez-y ! Mais cela ne servira pas à grand-chose. Pourquoi ? Parce que votre sol va être organisé en strates et que plus vous creusez profond, plus vous allez mélanger les strates et donc plus vous allez perturber votre sol. Et nous n’avons pas besoin de cela ». En effet, les racines feront très bien leur travail toutes seules selon Natacha Musard. 

Capacité d’adaptation du rosier

De plus, sachez que plus vous plantez votre rosier petit, plus il s’adaptera au terrain, au sol dans lequel vous le plantez, même s’il ne s’agit pas de son terrain de prédilection.

L’engrais préféré du rosier

Troisième règle 

« Quel type d’engrais choisir pour votre rosier ? » 

« Ce qu’il faut retenir, c’est que quelle que soit la matière organique choisie, il faut qu’elle soit décomposée, sinon cela n’aidera en rien le rosier. En effet, la matière organique doit être décomposée pour qu’elle soit efficacement assimilable par le végétal. De plus le compost sera placé au-dessus de la terre, pas dans la terre ». Alors pas de peau de banane ou autre posée telle que sur la terre, chers amis lecteurs. Décomposons avant la matière.

Natacha précise que si le compost est placé directement dans la terre, en dessous donc, le jardinier « trompe » le végétal : « Tiens, regarde, la terre est riche ! » alors que c’est faux, en réalité, le jardinier lui ment, et « le végétal n’aime pas qu’on lui mente ». « Ainsi, en favorisant un enrichissement directement dans la terre en enfouissant la matière organique, vous allez créer une méthanisation, donc un développement de gaz, ce qui n’est vraiment pas ce que préfèrent les racines. » 

« Par contre, en automne et au printemps, vous pouvez mettre du compost en surface, au- dessus au moment de la plantation. C’est préférable. Et ce sont les deux seuls moments où le jardinier a le temps de s’occuper de son compost. »

Le paillage, ami du rosier

Quatrième règle 

« Le jardinier doit mettre un paillage. »

Natacha Musard insiste : « Personnellement, je suis peut-être paresseuse : je n’ai pas peut-être pas envie de tout désherber, je n’ai peut-être pas envie d’arroser et j’ai surtout envie que cela soit propre et que mon végétal vive tout seul. »

En effet, pour Natacha, le paillage a différentes fonctions :

  • Il garde l’humidité. En effet, la professionnelle constate elle-même : 70 % d’arrosage en moins.
  • Il empêche les mauvaises herbes de pousser, ce n’est pas magique mais cela fonctionne tout de même efficacement selon Natacha.

Par contre, elle nous explique qu’il ne faut pas mettre n’importe quel paillage. À la roseraie de Chaalis par exemple, ils utilisent un paillis de miscanthus. Il s’agit d’une graminée qui est broyée, puis transformée en paillage, conditionnée soit en vrac, soit en big bags ou en petits sacs. 

Il existe bien sûr d’autres paillages : 

  • Le paillage de lin : attention aux graines qui repoussent.
  • Le paillage constitué d’écorces. Là, également attention, car les écorces sont acides, de plus, les débris d’écorces sont assez géométriques, réguliers et par conséquent vont se positionner telles des tuiles ce qui empêchera l’eau finalement de s’infiltrer dans le sol lors des petites pluies fines. De plus, les débris d’écorce sont divers et variés, on ne sait pas trop de quoi ils sont constitués ce qui n’est pas très bénéfique pour le sol.
  • Le meilleur paillage : Si vous êtes un bon jardinier, c’est le recyclage sur place !

Natacha appelle cela : « la gestion du déchet à la parcelle ». En fait, en tout bon jardinier, vous avez normalement stocké tous vos branchages, toutes vos herbes, toutes vos chutes de graminées, vos chutes d’asters, de vivaces en tous genres et vous avez passé tout cela au broyeur et ce, deux fois par an. Ainsi, vous gérez et recyclez vos déchets. Aucun déchet ne sort du jardin. Hormis le thuya ou le laurier, tout est recyclable quasiment dans votre jardin.

Les paillis de feuilles sèches, trésor inestimable pour les rosiers

De plus, chers amis lecteurs, il y a une ressource inestimable que vous négligez tous systématiquement dans votre jardin : ce sont les feuilles ! Les feuilles, vous n’en faites rien sauf peut-être du compost parfois. Alors que les « feuilles en paillage », c’est extraordinaire pour Natacha. 

« Vous mettez les feuilles sur votre pelouse, vous passez dessus avec votre tondeuse deux ou trois fois pour les réduire en copeaux. Et là, vous pouvez en mettre 20 cm d’épaisseur à l’automne, s’il reste deux centimètres d’épaisseur au printemps, ce sera le bout du monde, cela marche très bien. Plus vous avez une feuille fine, comme le noisetier, le tilleul, le saule, l’érable, le platane, tout cela se décompose très, très vite. Par contre évitez les feuilles trop épaisses ou plus vernissées comme le noyer ou le chêne, c’est plus compliqué.

Un mixte c’est mieux. Les feuilles de bambous oui, mais surtout pas leur rhizome qui ne se recycle pas, sinon vous allez vous retrouver avec des bambous partout. Le bambou utilise lui-même sa feuille comme paillage qui tombe à son pied en paillis naturellement. »

Plantation en pot du rosier

Sachez également, chers lecteurs, que Natacha Musard précise qu’un rosier à priori, n’est pas fait pour vivre en pot. Il souffrira. Cependant, vous pouvez en garder un pendant trois ou quatre ans en pot et le replanter ensuite en pleine terre. Déplanter un rosier d’un pot et le replanter est plus facile, car le jardinier emmènera tout le système racinaire sans difficulté. Si on l’arrache, malheureusement ce sera le contraire. 

L’arrosage du rosier

Cinquième règle 

« Comment et à quelle fréquence arroser un rosier qui vient d’être planté ? »

Natacha nous explique : « Il faut 10 à 20 litres d’eau à votre rosier une fois par semaine, pendant un an seulement et ce, jusqu’à l’automne suivant, puis ensuite plus rien. » 

« Pourquoi ? Le végétal de manière générale possède une tête chercheuse pour l’eau. Si vous arrosez très souvent mais peu, seulement en mouillant la surface, votre végétal fera des racines en surface uniquement. Et dès qu’il y aura une intempérie un peu brutale, clac, c’est la surface qui sèche en premier, si le végétal a trop chaud, il souffre, et s’il souffre, il meurt. Plus vous arroserez en profondeur, plus il se dira : " Je dois descendre parce que l’eau est en bas ", ce qu’il reste d’eau est en bas. Et donc le végétal développera tout son système racinaire dans la terre. Vous avez ainsi " éduqué " votre végétal, ensuite, il est autonome, il se débrouille. Pour le premier arrosage, nous allons réaliser une sorte de cuvette un peu comme un volcan dans la purée. Le but étant de pouvoir mettre un ou deux arrosoirs d’eau et surtout que l’eau descende de façon verticale. »

France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis
Natacha Musard, jardinière responsable du Domaine de Chaalis, taillant un rosier grimpant pour le public, transmettant son savoir et ses conseils. (Image : Mélina Touil & L. Lefebvre/ VisionTimes)

Le taillage du rosier

Sixième règle 

Pour le premier taillage, Natacha insiste, « Une règle, il faut la même chose, en aérien qu’en souterrain car le rosier ne peut pas se concentrer sur tout en même temps. »

Elle souligne le choix du moment du taillage : « Aujourd’hui, vous venez d’acheter un beau rosier en boutons aux Journées de la Rose de Chaalis, vous voudrez peut-être en profiter...Donc vous avez deux choix qui s’offrent à vous :

  • Soit, vous décidez d’attendre la fin de la floraison pour le planter. C’est votre choix.
  • Soit vous faites un bouquet avec les fleurs et vous plantez votre rosier sans les fleurs, ainsi vous l’empêcher de fleurir la première année, si le rosier veut refaire des fleurs, vous lui dites " non ", et vous pouvez retailler ce qui repousse. »

À Chaalis, Natacha Musard a fait le choix de ne pas laisser refleurir les rosiers la première année. 

Voici le dicton de la jardinière professionnelle de Chaalis : Fais tailler tes rosiers par ton pire ennemi.

Bien sûr, tous les rosiers de la roseraie ne se taillent pas de la même façon. Certains sont très hauts, d’autres très bas. Il y a le facteur visuel qui entre en ligne de compte et puis les rosiers dits « anciens » sont très, très peu taillés, par contre les rosiers dits « modernes », et les rosiers buissonnants, ceux-là sont beaucoup plus taillés.

Septième règle 

« Surtout pas de taille de rosier en automne ! Et bien non ! »

Natacha est catégorique et nous explique : « Pourquoi voulez-vous tailler vos rosiers en automne ? Quand vous taillez en automne, vous faites une plaie sur votre rosier et cette plaie vous allez l’exposer aux intempéries ! Et cela va être néfaste à votre rosier ! »

Elle poursuit : « Pourquoi taille-t-on les rosiers ? Sachez que la taille sert à réaliser un appel de sève. Il faut donner un coup de sécateur au bout de chaque branche de votre rosier parce qu’il faut faire cet appel de sève. Donc, si vous taillez en automne, vous faites un appel de sève juste avant l’hiver ! C’est contre-nature ! Et de surcroît vous exposez les plaies, cela n’a aucun intérêt pour votre rosier qui va souffrir. »

En automne, les priorités du jardinier

  • Gérer le compost
  • Faire des apports de compost à vos végétaux
  • Griffer vos massifs
  • Enlever les vivaces que vous pouvez identifier formellement (pissenlits, boutons d’or, orties etc.)
  • Et planter des bulbes !

Natacha insiste sur l’importance de planter des bulbes : « Nous n’avons jamais trop de bulbes ! Sinon au printemps, il n’y aura rien dans vos jardins, rien au potager. Pourquoi ? Les bulbes attirent les insectes pollinisateurs. Et oui ! » Tout est une question d’équilibre judicieux et d’harmonie au jardin

Huitième règle

« Ne pas buter les rosiers ! Gare aux rejets et autres gourmands ! »

Une dame parmi l’assistance demande s’il faut « buter » les rosiers en automne ? Natacha Musard lui répond que lorsque le jardinier bute un rosier, il enterre le point de greffe du rosier, soit l’endroit de jonction entre le rosier, le cultivar et le moteur...Du coup, qu’apparaît-il à ce moment-là ? Et bien vous l’avez compris : des rejets, des gourmands !

Par exemple, la variété de rosier dite Rosa Canina fait des rejets, des gourmands. Les rejets vont donner de l’églantier. 

« Comment différencie-t-on des rejets, de gourmands ? » demande Natacha aux débutants.

« Le rejet démarrera du dessous du point de greffe, de façon générale, il sortira de terre. »

Alors que le gourmand, lui, est une branche qui a pris une dimension disproportionnée par rapport aux autres branches, exposée à la lumière, il épuise la plante, en détournant à son profit les substances nutritives de la plante. 

La règle d’or de taille pour les rosiers

Neuvième règle 

« Ça pousse, là où je coupe ! »

Natacha compare le rosier à un système hydraulique.

« Imaginez que votre rosier soit une fontaine par exemple. Vous avez le moteur, c’est la pompe, ce sont les racines qui envoient l’eau et puis vous avez les rejets. Si vous bouchez certains trous en coupant, vous avez moins de portes de sorties. Si vous avez des rejets plus grands, par où sortiront les branches du rosier ? Il faut donc couper tous ces rejets. »

« Rappelez vous toujours. Cela pousse où je coupe. Si vous coupez en haut, cela pousse en haut, sauf que votre végétal lui de son côté aura " pompé " comme un dingue pour parvenir à faire monter la sève jusqu’en haut. Et vous aurez peut-être trois minuscules branches en haut d’une grosse branche, ce n’est vraiment pas très élégant. Donc, au printemps, il ne faut surtout pas hésiter sur la taille, en coupant carrément une grosse branche de rosier. »

« Avant de tailler, regardez d’abord comment est fait votre rosier. Vous pouvez appliquer la règle des trois tiers. Vous supprimez en général un tiers de la branche, souvent celle qui est la plus vieille, sans vous poser de questions. Et puis, il y aura un tiers des branches que vous descendrez de deux tiers. Et enfin, le dernier tiers restant auquel vous n’avez pas touché, vous l’harmoniserez. »

« Sachez que vous ne ferez jamais mourir un rosier de trop de tailles. Ce n’est pas cela qui le fait mourir, un mauvais sol inerte, peu vivant, peut le faire mourir. Un rosier peut vivre plus de cent ans. Et oui ! »

« N’hésitez pas à supprimer le vieux bois du rosier qui est presque mort. Le rosier refera des tiges. Un bois qui a plus de trois ans doit être taillé. Le vieux bois est un peu comme une artère pleine de cholestérol, on essaie de faire monter le sang mais cela ne passe pas. Alors, on coupe pour obtenir une autre artère, plus saine, ainsi la circulation sera plus facile. »

France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis
Clématite Montana Sunrise, Clématite Summerdream, Clématite Madame Julia Correvon, Detail Lila Clematis, et au centre Roseraie de Chaalis, rosier remontant et clématite. (Image : wikimedia / (en haut à gauche) Vegetal45, CC BY-SA 3.0 & (en haut à droite) Vegetal45, CC BY-SA 3.0 & (au centre) L.Lefebvre/ VisionTimes & (en bas à droite) 4028mdk09, CC BY-SA 3.0 & (en bas à gauche) Vegetal45, CC BY-SA 3.0)

La taille des rosiers grimpants et buissonnants

Le principe est le même, régulièrement, il faudra choisir la branche la plus vieille et la « descendre ».

Natacha Musard continue « Les rosiers grimpants doivent être attachés. On ne les entortille pas, car ce ne sont pas des lianes. Les chèvrefeuilles ou clématites sont des lianes, elles s’entortillent. Pour les rosiers grimpants, il faut donc enlever les vieux bois au maximum et écarter les branches en éventail sur le mur. Plus le bois est à l’horizontal, plus il va fleurir. »

« Les clématites et les rosiers se marient très bien ensemble. »

Il existe trois types de clématites classées, selon leur période de floraison et leurs caractéristiques : 

  • Les clématites de type Armandii qui fleurissent à la fin de l’hiver car ce sont des clématites persistantes
  • Les clématites de type Montana avec une floraison printanière
  • Et puis les autres

Mais attention, chaque type de clématite possède son propre protocole de taille. 

Natacha Musard nous explique que si l’on décide de mettre une clématite Montana avec un rosier, nous allons être embêtés car la clématite Montana doit être taillée après la floraison, donc en mai. « Si vous taillez une clématite sur un rosier qui lui sort des fleurs, cela va être la catastrophe. C’est pourquoi avec un rosier, il faut absolument installer une clématite d’été, car clématite et rosier seront taillés en même temps. La clématite, elle sera rabattue au pied en laissant 20 cm et on laissera une tige sur deux. »

Les porte-greffes des rosiers

Natacha Musard nous explique comment l’on crée un rosier : 

« Le porte-greffe, c’est le moteur. Le rosiériste prend souvent une racine sauvage, très souvent il s’agit de celle de l’églantier et ensuite on y accroche, on lui colle au sens propre du terme une branche de cultivar. À Chaalis, nous utilisons un porte-greffe assez costaud, du rosa canina car ici le site est sur une roche calcaire ainsi que du rosa laxa. »

Et... à Chaalis traite-t-on les pucerons ? 

À Chaalis, Natacha Musard n’utilise aucun produit pour traiter les pucerons. 

« Pourquoi ? En soit les pucerons ne sont pas mortels pour le rosier mais ils le sont pour la floraison des roses. Et puis, le domaine n’a ni le temps, ni l’argent pour tous ces produits. »

Natacha Musard nous explique que chez elle, dans son jardin, c’est la même chose, elle ne traite pas les pucerons non plus. Lorsqu’ un rosier est vraiment très attaqué, elle passe ses doigts sur les boutons de floraux, elle enlève 80 % des pucerons et ensuite advienne que pourra, dit-elle. 

« Vous pouvez aussi faire un mélange de 1/10 d’huile végétale, 1/10 d’eau et 8/10 de savon noir et vaporiser sur vos rosiers mais si vous tuez tous les pucerons, que mangeront les coccinelles ? »

Natacha Musard remet en perspective les enjeux et fait prendre conscience au public qu’il y a un cycle de la vie à respecter. 

« Faut-il considérer que ma floraison de rosiers est plus importante que mon impact sur la biodiversité ? Ou est-ce plus important de recréer une chaîne alimentaire pour la biodiversité ? Personnellement, j’ai choisi de sacrifier la floraison. De même, si l’on s’attaque aux fourmis, on s’attaque à la chaîne alimentaire qui se retrouve perturbée par des raisons humaines. Un moment, il faut tout remettre à sa place, ce n’est qu’un jardin. Moi aussi, je suis malheureuse quand mon jardin n’est pas beau. Des choses meurent, mais ce n’est qu’un jardin... »

France : 24ème édition des Journées de la Rose à Chaalis
Ruines de l’église abbatiale, vestiges du cloître, château du Domaine de Chaalis, Journées de la Rose, dimanche 8 juin 2025. (Image : Mélina Touil & L. Lefebvre/ VisionTimes)

Petit conseil de sécurité 

Natacha Musard pense aux futurs jardiniers et rappelle :  « Attention au sécateur dans la poche arrière du pantalon ! En s’accroupissant, on peut se l’enfoncer dans le mollet. Natacha nous montre fièrement son outil de travail, inséré précieusement dans une pochette en cuir épais, attaché à la ceinture, et s’empresse de préciser que c’est presque la première chose qu’elle enfile le matin en se levant. Le manche du sécateur est orange pour le retrouver plus facilement si elle le perdait. » 

Philosophie de la sérénité

Natacha Musard s’évertue à prôner la sérénité légendaire de tous les jardiniers.

Chaque année, la taille de la roseraie de Chaalis est donc effectuée par des bénévoles qui souhaitent apprendre à tailler les rosiers. Natacha Musard sait former ses recrues par un étayage pédagogique naturel. Elle montre l’exemple, les bénévoles apprennent beaucoup par imitation.

Un vieil adage dit : C’est en faisant que l’on apprend  puis donner de son temps gratuitement pour rendre service aux autres, n’est-ce pas là, la plus belle chose qui puisse nous rendre heureux, partager une passion avec de nouvelles personnes, avec patience et bienveillance, dans un élan d’une belle coopération, pour une harmonie environnementale, quel beau cadeau pour la roseraie, une tradition patrimoniale merveilleuse qu’il faut à tout prix conserver, et la roseraie nous le rend bien, en s’épanouissant d’année en année généreusement grâce aux efforts individuels d’humbles anonymes, pour le bonheur de tous et du plus grand nombre. C’est une symbiose parfaite entre l’humain et la nature. 

Comme Lao Tseu le souligne : Plus le sage donne aux autres, plus il possède. 

Le jardinage n’est-ce pas une jolie forme méditative, apprendre à cultiver pour ensuite mieux contempler ? Cultiver son jardin extérieur est d’une sagesse incroyable puisqu’il permet également de cultiver son jardin intérieur en développant des qualités humaines telles que : 

  • La patience
  • La créativité
  • Le souci du détail
  • La résistance physique
  • La conscience écologique
  • La capacité d’adaptation
  • La résilience
  • L’engagement communautaire, et permet ainsi de réconcilier l’humain avec le monde qui l’entoure.

Alors, si vous aussi vous voulez expérimenter et apprendre tous les secrets de la taille des rosiers, Natacha Musard se fera un grand plaisir de vous accueillir et de vous transmettre son savoir à la roseraie de Chaalis. Il vous suffit d’en faire la demande écrite, dès février, mais attention, les prétendants passionnés de roses sont nombreux ! Ne tardez pas ! 

Pour plus d’infos : 👉 domainedechaalis.fr

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Natacha Musard et Roland Lebarbe à la roseraie du Domaine de Chaalis. Dimanche 8 juin 2025. (Image : Mélina Touil & L. Lefebvre/ VisionTimes)

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