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Histoire. Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)

FRANCE > Histoire

La vie d'Yvonne-Aimée de Malestroit fut extraordinaire à bien des égards. Elle développa rapidement d’excellentes capacités dans différents domaines de la vie ordinaire. Elle témoigna surtout de facultés surnaturelles et de miracles en variété et en nombre impressionnants, ce qui amena une certaine circonspection de l’autorité catholique.

Yvonne Beauvais vint au monde en 1901 dans un village de Mayenne. Fille d'un commerçant en vin et d'une institutrice, Yvonne était une petite fille volontaire, joyeuse, affectueuse, parfois colérique. Elle était aussi très curieuse, ouverte d'esprit et ouverte aux autres. Elle et sa sœur aînée furent choyées par leur père Alfred.

Mais il mourut de maladie quand Yvonne avait trois ans. Il avait fait de mauvaises affaires et laissa à son épouse Lucie beaucoup de dettes à rembourser. Lucie dut vendre la propriété familiale et partir travailler dans le Nord de la France comme institutrice. Elle prit avec elle son aînée et laissa Yvonne chez ses grands-parents. 

L'influence de Thérèse de Lisieux sur la jeune Yvonne-Aimée de Malestroit

Sa grand-mère était très pieuse et lui lisait la vie des saints, ce qui développa chez Yvonne beaucoup d'attrait pour la religion. Elle lui lisait souvent le livre de Sainte Thérèse de Lisieux, Histoire d'une âme, qui influença particulièrement Yvonne . C'était aussi une famille qui recevait les pauvres dans sa maison. Yvonne en garda une grande bienveillance pour eux. Ce furent les bases de sa spiritualité. L'amour de Dieu et l'amour des pauvres devinrent indissociables dans sa vie. 

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Sa grand-mère lui lisait souvent le livre de Sainte Thérèse de Lisieux, Histoire d'une âme, qui influença particulièrement Yvonne . (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

Lucie put reprendre sa fille Yvonne quand elle eut six ans. L'enfance d'Yvonne fut une itinérance, à travers les différents pensionnats où sa mère était nommée directrice. Peut-être en raison de la fonction et de la charge de travail de sa mère, la relation d'Yvonne avec elle resta assez distante. Yvonne avait besoin de plus d'amour et de communication, de consolation pour se structurer. 

Elle fit la découverte, dans une sorte de compensation affective de petite fille, de l'amour maternel de Marie et de l'amour de Jésus. Elle était sensible au message de Thérèse de Lisieux et à « la petite voie » qu'elle préconisait, correspondant à ce qu'elle vivait et lui montrant un chemin qu'elle pouvait emprunter elle-même. Dès l'âge de 9 ans à sa première communion, elle eut le désir d'être avec Jésus. 

Le lendemain de sa première communion, elle écrivit de son sang une lettre à Jésus, dans laquelle elle le suppliait de la «faire devenir sainte, une très grande sainte, une martyre » Elle lui demanda : « Fais-moi être fidèle, toujours. Je veux sauver beaucoup d'âmes et t'aimer plus que tout le monde ».

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Le lendemain de sa première communion, elle écrivit de son sang une lettre à Jésus, dans laquelle elle le suppliait de la faire devenir sainte. (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

Une étudiante enthousiaste, un cœur courageux et généreux pour les pauvres 

Vers 12 ans, sa mère lui fit continuer ses études pendant 2 ans en Angleterre. Elle y travailla avec enthousiasme la peinture, la danse, arts dans lesquels elle s'épanouit. Ce fut dans ces circonstances qu'elle affermit sa volonté de se consacrer à Dieu. Elle fit ses deux dernières années de scolarité chez les Dominicaines de Neuilly.

Ses études terminées vers 18 ans, elle commença à se mettre au service des pauvres à Paris. « C'était une époque où il n'y avait aucune protection sociale, aucune retraite, aucune prestation, rien du tout, (…) que la charité privée », souligne dans la production vidéo Yvonne-Aimée du média Mystiques chrétiens, le père Paul Labutte, un grand ami d'Yvonne. Elle allait à la rencontre des pauvres dans les taudis de la banlieue, soignant les malades, assistant les mères en couches, s'occupant des vieillards, des mourants, organisant des obsèques décentes, et bien d'autres services encore. 

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Ses études terminées, Yvonne se mit au service des pauvres pendant plusieurs années à Paris. (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

« Elle distinguait deux sortes de pauvres, les pauvres à elle et les pauvres de Jésus. Les pauvres à elle, c'est ceux qu'elle découvrait elle-même ou qu'on lui indiquait. Les pauvres de Jésus, c'est ceux que le Seigneur Jésus intérieurement lui désignait », révèle le père Labutte. Elle fut ainsi au service des pauvres durant plusieurs années.

Elle faisait beaucoup de petits travaux dans les quartiers aisés, pour gagner de l'argent et le redistribuer aux gens démunis. Elle ne manquait pas de courage, d'idées et de capacités pour faire de l'argent : bonne à tout faire, cuisinière, écrivaine de romans, musicienne, « elle organisait des concerts, parce qu'elle jouait très bien du piano, et elle le faisait sans que sa mère ne soit au courant », souligne Jean-Pierre Guihal, neveu d'Yvonne, dans la production vidéo du média Ktotv, Mère Yvonne-Aimée de Malestroit

Elle était aussi artiste peintre. Une pièce est dédiée à ses œuvres au monastère de Malestroit. Elle fit énormément de tableaux, signés Yvonne Beauvais, notamment de petites aquarelles encadrées vendues au profit de ses pauvres. Avant même d'y entrer, elle rejoignait ainsi le principe fondateur de l'ordre des Soeurs Augustines : l'amour de Dieu et l'amour du prochain.

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
« Yvonne organisait des concerts, parce qu'elle jouait très bien du piano, et elle le faisait sans que sa mère ne soit au courant.» (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

Les premières expériences mystiques d'Yvonne-Aimée

Sa mère voulait marier Yvonne et elle lui présenta beaucoup de prétendants. Cependant, un peu secrétement, elle choisit elle-même un fiancé, un ami d'enfance étudiant en médecine. Mais, très fatiguée, elle tomba malade et le médecin lui prescrivit du repos. Une de ses amies lui proposa d'aller se reposer au monastère de Malestroit, dans le Morbihan, où sa sœur était religieuse.

Yvonne fut donc reçue en 1922 dans une chambre de la petite clinique du monastère de Malestroit. Dans cette chambre, elle eut sa première expérience mystique. Jésus se révéla à elle, un soir qu'elle se reposait sur son lit. « Elle entend cette voix qui l'appelle : " Yvonne ". Elle s'interroge, un petit peu effrayée. À nouveau : " Yvonne " Elle voit apparaître sur le mur là, près de la cheminée, une croix lumineuse et la voix qui lui dit : " Veux-tu la porter ? " Elle se met à genoux et répond d'emblée : " Oui, Seigneur " », raconte Sœur Marie Paul, prieure des sœurs Augustines Hospitalières de Malestroit. 

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Yvonne fut reçue en 1922 dans une chambre de la petite clinique du monastère de Malestroit où elle eut sa première expérience mystique. (Image : wikimedia / Fab5669 / CC BY-SA 4.0)

A partir de cette apparition, sa vie bascula. Plus tard, elle endura des stigmates, des attaques du démon, et toutes sortes de phénomènes de sa vie mystique se développèrent. Elle sut alors indéniablement qu'elle était appelée à une vie religieuse. Elle devait renoncer à son fiancé, ce qui fut un déchirement pour tous les deux durant plusieurs mois. Elle comprit que le vœu qu'elle avait fait à Jésus, après sa première communion, de réaliser toute sa volonté, prenait vraiment effet maintenant. 

Simple novice encore, elle relança une œuvre hospitalière à Malestroit. Elle avait des dons insoupçonnés, elle dessina les plans d'une clinique qu'elle montra à un architecte : il n'y trouva rien à redire. La clinique fut construite en un an. Celle-ci avait de grandes baies vitrées, elle fut dotée d'outils médicaux modernes. La religieuse fit aussi toute une série d'aquarelles de fleurs, encadrées, pour décorer la clinique. Elle dessina aussi le jardin anglais pour l'agrément des convalescents.

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Yvonne-Aimée avait des dons insoupçonnés, elle dessina les plans d'une clinique qu'elle montra à un architecte : il n'y trouva rien à redire. (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

Selon Sœur Roxane, responsable de l'Unité de soins palliatifs de la Clinique des Augustines, c'est un miracle que la clinique existe encore aujourd'hui dans une petite ville comme Malestroit. Yvonne, devenue Mère supérieure du monastère de Malestroit, sut « inspirer les sœurs de prendre les bons virages aux bons moments », constate-t-elle. 

En 1927, Yvonne réalisa sa vocation de vie religieuse au couvent de Malestroit et prit le nom de sœur Yvonne-Aimée de Jésus. Elle y devint Mère supérieure en 1935, élue à l'unanimité.

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Yvonne-aimée, devenue Mère supérieure du monastère de Malestroit, sut inspirer les sœurs de prendre les bonnes décisions aux bons moments.

Les prédictions de Sœur Yvonne-Aimée de Malestroit

Yvonne-Aimée écrivit dans un cahier, des scènes qu'elle voyait dans une sorte de rêve éveillé. Ces scènes annonçaient et décrivaient des événements qui se réalisèrent des années plus tard. Le père Crété eut beaucoup de perspicacité en l'obligeant, à cette époque-là, à consigner par écrit ce qu'elle considérait comme des folies. Il lui avait dit : « Tout ce que vous voyez, écrivez-le. On verra bien. Il arrive qu’on ait l’explication des choses plus tard quand elles se réalisent. » 

En 1922, elle eut la vision d'hommes en vert envahissant la France. Elle vit « des avions qui lâchent des gros cylindres sur des villes et qui allument des grands incendies ». L'armée allemande adopta l'uniforme vert, avant la Seconde Guerre mondiale et largua beaucoup de bombes sur la France. 

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Yvonne-Aimée écrivit dans un cahier, des scènes qu'elle voyait dans une sorte de rêve éveillé. (Image : capture d'écran / spiritetmusik / Youtube)

« Je voyais des démons s'acharner sur l'Europe, et des multitudes d'hommes se battre, se tuer, se déchirer. Des foules immenses se sauvant devant des incendies. Le feu descendant du ciel et courant sur la terre. Jésus quelquefois venait me rassurer et me dire souffre, prie, fais ton expiation », nota Yvonne-Aimée dans son cahier, « sur la France j'ai vu un chiffre 39. (…) J'avais l'impression que ce tableau durait 4 à 5 années ».

Elle eut aussi la vision des cinq décorations de guerre qu'elle recevrait après la libération. Elle vit « un général de grande taille qui la décore et on l’honore pour toutes sortes d’actions qu’elle a fait pendant cette guerre ».Et de fait, le général de Gaulle lui remit personnellement la légion d'honneur. L'événement, trente trois ans plus tard, fut photographié et filmé. La prédiction donnait des détails sensibles qui apparurent sur les films et les photos.

Yvonne-Aimée de Malestroit, religieuse aux nombreux miracles et révélations mystiques, héroïne de la Résistance (1/2)
Elle eut la vision des cinq décorations de guerre qu'elle recevrait après la libération. (Image : capture d'écran / ktotv / Youtube)

En 1923, dans un songe prémonitoire, Yvonne-Aimée vit qu'elle aurait aussi à affronter personnellement de redoutables accusations : « Tu seras accusée de mensonge par ceux qui auront cru en toi. Un de ceux-là, un religieux (...) te fera passer pour une fausse mystique, une créature de péché. Le temps de calamité pendant lequel cette épreuve t'arrivera aidera puissamment à sauver le monde. »  

En 1943, un ami de la communauté religieuse se retourna effectivement contre la Mère supérieure. Il pensait qu'elle réussissait trop bien, comme l'abbesse espagnole diabolique du XVe siècle, Magdeleine de la Croix. Comme elle, elle devait être confondue et démise de ses fonctions. Si elle ne voulait pas se démettre, le prêtre allait la dénoncer devant un tribunal ecclésiastique. Il parvint à semer le doute chez le père Crété, ancien directeur de conscience d'Yvonne-Aimée. 

Mais l'accusation ne tint pas longtemps, car on redécouvrit les notes de prédiction de la religieuse, écrites vingt ans plus tôt. Cette guerre prouvait toute la véracité de ces prédictions.

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