Durant la Seconde Guerre mondiale, Yvonne-Aimée de Malestroit prit de grands risques pour elle-même et pour sa communauté religieuse. Mais elle avait une totale foi en Dieu et restait fidèle à sa mission. Son atout, peut-être le plus déterminant, était le rayonnement de son altruisme et de son amour de Dieu . En même temps, c'était une personne perspicace et pragmatique. Ainsi les gens la chérissaient et lui faisaient confiance.
En 1922, Yvonne-Aimée se remit de sa maladie qui l'avait faite entrer au monastère de Malestroit. Elle souhaita alors s'engager dans la vie religieuse, et d'autant plus après l'apparition de la croix dorée sur le mur de sa chambre et la demande de Jésus. Mais l'autorité ecclésiastique refusa durant cinq années son entrée en religion, principalement à cause de la perturbation que pouvait engendrer, dans le couvent, ses expériences mystiques.
L'énergie rayonnante d'Yvonne-Aimée de Malestroit malgré les maladies
Quand elle entra finalement, mais sous conditions, au couvent en 1927, elle tomba à nouveau gravement malade. On lui administra même les derniers sacrements. Tous pensèrent que c'étaient ses dernières heures. Elle prononça malgré tout ses vœux pour devenir religieuse. Puis elle dit cette phrase : « Ton amour sera mon ciel sur la terre ». Quelques instants après, elle fut guérie.
Dès les premières années de sa vie religieuse, Yvonne-Aimée de Malestroit fut affligée de graves maladies tel que diabète, maladie du cœur, maladie des reins, qui la firent souffrir et grossir. Mais cette santé précaire ne semblait pas altérer son activité débordante, assumant ses tâches de responsable du couvent et de multiples occupations au service des malades. De plus, durant la guerre, elle dut faire face à l'accueil et la gestion de soldats et de résistants blessés.

Toutes ses souffrances physiques, morales ou surnaturelles ne l'empêchaient pas d'être dynamique et rayonnante. Elle fit preuve de charisme et de dons extraordinaires. Ses expériences mystiques n'étaient connues que partiellement des personnes les plus proches d'elle. Les religieuses entre elles ne pouvaient pas en parler, à la demande même d'Yvonne-Aimée. Les sœurs les comprenaient comme particulièrement sacrées et respectables. C'était aussi la demande des autorités ecclésiastiques de taire ces phénomènes.
Yvonne-Aimée et les autres religieuses furent filmées de nombreuses fois car le médecin de la clinique de Malestroit lui offrit une caméra en 1927, et elle demandait parfois à une des sœurs de filmer certaines scènes ou certains événements. Sœur Yvonne-Aimée fut suivie par des hommes d'Église rigoureux, des jésuites qui vérifiaient l'orthodoxie de ses paroles et de ses actes. Elle fut même présentée à un neurologue et à plusieurs médecins, jamais ils ne trouvèrent de failles psychologiques chez elle.
Le secours aux blessés et aux maquisards au cœur de la Résistance
Après la débâcle de 1940, les Allemands réquisitionnèrent une dépendance du monastère de Malestroit pour y installer leur « kommandantur ». Ce qui n'empêcha pas la clinique à quelques pas de là, on ne sait par quel mystère, d'accueillir et de soigner des Juifs.
Mère Yvonne-Aimée et ses sœurs s'investirent beaucoup dans les soins aux blessés et dans l'aide à la Résistance. A quelques kilomètres de Malestroit, s'était établi le maquis de Saint Marcel. Des milliers d'hommes se rassemblèrent ou transitèrent par ce maquis pour diverses raisons et pour diverses actions liées à la Résistance.
La clinique de Malestroit, du fait de sa proximité et de la bonne volonté des sœurs, accueillit, opéra et soigna des centaines de blessés qui arrivaient souvent de nuit. Un des bénéficiaires de l'hospitalité d'Yvonne-Aimée, plus tard dira d'elle: « Ce qui nous frappait le plus, c'était sa sereine assurance, foncièrement humaine. Elle savait organiser et tout diriger avec le sourire et une douce obstination »

Une Mère perspicace et pragmatique
Pour permettre à ces hommes de repartir dans de bonnes conditions, il y avait toute une organisation de fausses cartes d'identité. La clinique servit aussi de planque et de quartier général au Général Audibert, impliqué dans la Résistance intérieure française et responsable de la région Ouest de l’Armée Secrète. Il y reçut un bon nombre de résistants.
Malgré les recommandations répétées de la Mère supérieure, il se croyait trop sous la protection divine de celle-ci, et ne prenait pas assez de précautions de sécurité. Il fut finalement arrêté et déporté en Allemagne, d'où heureusement il put revenir après la fin de la guerre. Il témoigna sa reconnaissance envers le monastère de Malestroit, et décora Mère Yvonne-Aimée de la Croix de guerre.
Suspectant un refuge des résistants et des maquisards blessés, les militaires allemands firent une perquisition en juin 1944, fouillant la clinique de fond en comble. Le chirurgien avait opéré le matin-même plusieurs parachutistes, et Mère Yvonne-Aimée eut la présence d'esprit d'emmener dans le monastère, les deux parachutistes les plus grièvement blessés. Elle les habilla en religieuses et les installa comme priant dans la chapelle, déjouant ainsi la perquisition des Allemands.
Les fréquents phénomènes de bilocation d'Yvonne-Aimée
Les très nombreuses bilocations d'Yvonne-Aimée avaient pour motif, dans la plupart des cas, de porter secours aux autres. Cependant dans l'événement suivant, ce fut pour demander à son grand ami du secours pour elle-même.
La mère supérieure et les sœurs du monastère de Malestroit étaient bien conscientes qu'elles étaient surveillées par les militaires allemands. Le 16 février 1943 Mère Yvonne-Aimée fut arrêtée par la Gestapo à Paris et emprisonnée. Son ami le père Paul Labutte fut prévenu de son arrestation par la directrice du couvent des Augustines où elle logeait dans la capitale.
Le père Labutte relate cet événement dans le documentaire Miracles de Mère Yvonne-Aimée de Malestroit du média « I am ». Il se rendit rapidement à Paris et fut surpris de la rencontrer en prenant le métro. Très heureux, il lui demanda comment avait-elle pu être déjà libérée. Elle lui murmura : « Non je ne suis pas libérée. Je suis en prison, je subis la torture. Je suis devant un mur et j'ai la tête dans une sorte d'étau ».

Le Père Labutte comprit aussitôt qu'elle était dans un état de bilocation. Il la toucha pour être sûr de sa présence réelle, puis il la vit s'en aller avec la foule et disparaître. Bouleversé, il continua son trajet, mais à une autre station, alors qu'il était le dernier à sortir, il retrouva Yvonne-Aimée avec un visage effrayé : « Pries, pries, pries. Si tu ne pries pas, ce soir on m'emmène en Allemagne, ne le dis à personne ». L'instant d'après, elle ne fut plus là, le quai était désert.
Un retour surnaturel inespéré
Le Père Labutte pria tout l'après-midi dans la chapelle de la rue du Bac, se sentant responsable du sort de son amie. Le soir il rentra enfin au petit couvent des Augustines et demanda après le repas à monter dans l'appartement de Soeur Yvonne-Aimée, au premier étage. Il continua de prier sans arrêt.
Puis soudain il entendit un bruit, comme quelqu'un qui tombe à pieds joints. Il se retourna, Yvonne-Aimée était là. Surpris, instinctivement il prit Yvonne-Aimée par les poignets. « Lâchez-moi, lâchez-moi », criait-elle. Elle se débattit mais il ne la lâcha pas et elle mit du temps à comprendre où elle était.
Peu à peu, elle reconnut son appartement et son ami, elle se détendit. Elle avait les vêtements sales et déchirés, les cheveux ébouriffés. Elle tomba dans un fauteuil, anéantie. Elle dit : « Ah, je comprends, mon bon ange m'a ramenée ». Elle demanda qu'on la laisse se reposer un peu.

Quand Paul Labutte remonta avec la sœur directrice du couvent, après un quart d'heure, Yvonne-Aimée était couchée sur son lit avec ses vêtements sales mais enveloppée d'une sorte de tulle léger avec de magnifiques plis, retenu au front par un ruban doré. Elle était plongée dans un sommeil mystérieux, le visage apaisé. Soudainement, le sol de la chambre fut jonché de fleurs, là où il n'y avait rien quelques minutes auparavant.
Le lendemain, Yvonne-Aimée dit à son ami qu'au moment de partir en convoi pour Compiègne et l'Allemagne, elle resta le soir à attendre dans la cour de la prison, il faisait noir. A ce moment-là, son Ange l'emporta rapidement et la ramena au couvent.
Les stigmates du Christ et les attaques du démon
Yvonne-Aimée fut régulièrement victimes de stigmates. Dans le documentaire Les Noces du Ciel et de la Terre du média spiritetmusik, Sœur Thérèse de l'enfant Jésus témoigna de l'apparition d'un couronnement d'épines en 1927 sur la tête de la nouvelle religieuse. Soeur Thérèse ne voyait pas les épines mais elle voyait leur effet sur le front de la novice avec du sang qui coulait. Elle proposa d'éponger, mais Yvonne-Aimée ne voulut pas. Elle la laissa donc ainsi.
Quand elle revint la voir dans la soirée, Sœur Thérèse fut très impressionnée. Sœur Yvonne-Aimée était allongée sur son parquet comme crucifiée, les bras étendus, les mains pleines de sang, il y avait du sang partout. Elle demanda à Sœur Thérèse de l'embrasser. Elle le fit et l'observa quelques minutes. Selon elle, Yvonne-Aimée était bien consciente de ce qui se passait.

Elle fut aussi attaquée à plusieurs reprises par des forces démoniaques, en présence de témoins. Un cas exemplaire eut lieu en 1941, l'évêque et ses assistants préparaient avec elle des colis pour des parisiens affamés. Tout d'un coup, la température de la pièce changea et des plaies apparurent sur son corps. Sa chair semblait être déchirée par un croc de boucher. Pendant trois heures, plus de 80 coups entaillèrent son corps.
Pourtant, dès le lendemain elle marchait dans les couloirs et vaquait à ses occupations. Certaines personnes, ayant assisté aux scènes, voyaient les stigmates ou les blessures, et cependant d'autres ne voyaient rien. De telles souffrances n'entamèrent jamais sa bonne humeur et son énergie.
La circonspection du Vatican sur les miracles et les expériences mystiques d'Yvonne-Aimée de Malestroit
Au vu de toute cette compassion, de tout cet altruisme et de tous ces miracles qui émanaient de Mère Yvonne-Aimée, pourquoi n'est-elle pas encore béatifiée et canonisée ? C'est la question que beaucoup de chrétiens se posent.
Jean de Saint-Chéron, chroniqueur au journal La Croix, dans son interview Yvonne-Aimée de Malestroit : héroïne de l'évangile et de la nation, donnée au média Radio Notre Dame, explique que les phénomènes mystiques que l'on prêtait à Yvonne-Aimée étaient « tellement énormes, écrasaient tellement tout » que cela fit reculer l'Église, pour plusieurs raisons.

Selon lui, il y avait d'abord l'engouement populaire qui faisait peur aux autorités ecclésiastiques. « Parce que les foules se saisissent d'elle comme d'une immense sainte pour les mauvaises raisons ». Ce qu'aiment beaucoup les foules de fidèles, c'est malheureusement le côté spectaculaire, alors que la sainteté n'est pas là. Pour l'Église, être saint ce n'est pas être stigmatisé, c'est aimer son prochain comme soi-même. Donc l'Église veut éviter ces engouements populaires « source de problèmes ».
Il y eut aussi des témoignages à charge contre Yvonne-Aimée, en particulier de certains de ses confesseurs. L'exorciste de Paris enquêta pendant plusieurs années sur elle, de son vivant, et ne rendit jamais de conclusion définitive sur la véracité ou la fausseté de son mysticisme. Il n'eut pas le temps ou les conditions requises pour terminer son enquête, mais lui aussi resta sceptique. « Malgré tout, la question de la mystique n'était pas réglée, et donc çà faisait peur à Rome », souligne Jean de Saint-Chéron
Peut-être aussi, dans les années 1960, au moment où se posa la question de sa béatification, il pouvait être difficile pour l'Église catholique face à un monde scientiste, « d'assumer une figure qui a l'air de sortir du XIVe siècle ». Donc les autorités catholiques préféraient peut-être ne pas donner une telle image de la foi chrétienne (qui pouvait facilement être détournée et caricaturée).
L'héroïne de la charité
Ce qui est essentiel aujourd'hui, poursuit Jean de Saint-Chéron, c'est de « restaurer une héroïne de la charité ». Elle consacra sa vie à l'amour des autres de façon extraordinaire, jusqu'à « prendre la souffrance sur elle-même pour éviter aux autres de souffrir ». Et les médecins ne comprennent pas comment elle put vivre si longtemps avec un corps bardé d'autant de maladies. Plusieurs années après sa mort, son corps fut exhumé et il fut découvert intact.
Beaucoup d'informations concernant Yvonne-Aimée de Malestroit, vinrent du pére Paul Labutte, qui était son fils spirituel. Il révéla que Sœur Yvonne-Aimée allait chaque jour s'asseoir au bord du canal où Jésus venait la rejoindre et l'instruire. Elle disait apprendre beaucoup plus de son enseignement qu'en lisant les livres.

Elle avait « un regard lumineux, un regard qui vous pénétrait de douceur, un regard qui donnait l'impression de voir au-delà de nous-même, jusqu'au fond de notre cœur ou de lire dans l'avenir, des événements qui nous échappaient », témoigna le père Labutte.
Certains événements surnaturels furent filmés ou photographiés. Même après qu'elle eut quitté ce monde, beaucoup témoignèrent encore de miracles qui se produisaient en relation avec elle. Les grands sages disent que tout a une raison d'être dans notre univers. Alors quel sens et quel rôle pour l'humanité eurent tous ces miracles et ces phénomènes mystiques d'Yvonne-Aimée ? La question peut être réfléchie et approfondie de diverses façons selon notre conscience.
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