La rose, Reine de la Fête
Dimanche 1er juin 2025, comme chaque année, dès le premier dimanche de juin, a lieu la traditionnelle Fête des Roses dans le très pittoresque village de Gerberoy, l’un des plus beaux villages de France, dans l’Oise. Déjà, 96 années de tradition ! L’instigateur de ce magnifique festival parfumé n’aurait été autre que le peintre Henri Le Sidaner, en 1928. Voitures de collections, rosiéristes, pépiniéristes, stands artisanaux se côtoient... de la savonnerie au lait d’ânesse, en passant par les délicieux Macarons à la rose ou la crème Chantilly… Vous entraînent également dans la danse des roses, de joyeuses notes de musique dans les ruelles, ainsi que des dames aux magnifiques costumes vénitiens, mystérieuses, aux chapeaux et robes, ornés de roses, jusque dans les détails des imprimés.
Des caractères génétiques hérités des roses millénaires de Chine

À peine avons-nous donc quitté le parking de verdure, qu’à l’entrée du village, nous sommes accueillies, par un petit clin d’œil à notre média : un soldat de terre cuite chinoise de l’armée du Premier Empereur de Chine Qin Shi Huang monte la garde.
Ceci n’est donc pas sans nous rappeler, que les roses sont admirées et célébrées depuis l’Antiquité, et le Moyen-âge, qu’elles étaient bien sûr cultivées déjà depuis plus de 5 000 ans en Chine et en Perse notamment, et en Grèce, depuis l’âge de bronze.
Il est à distinguer les roses dites « anciennes », des roses dites « modernes ». Les roses anciennes existaient bien avant 1867, en Europe, dont le précieux Rosier de Damas qui sera à la base de nombreux autres rosiers modernes développés et créés par hybridation. Certaines roses anciennes se sont un peu perdues malheureusement, au fil du temps.
Ainsi, découvrons-nous, un cultivar de rosier, créé en 1867, par un français, Jean-Baptiste Guillot. En effet, ce rosiériste avait obtenu par hybridation, la première rose dite « moderne », nommée La France qui deviendra le premier cultivar de type, hybride de thé au monde.
Ce précieux cultivar a été obtenu en croisant de façon accidentelle un hybride remontant du nom de Madame Victor Verdier avec un rosier thé, nommé Madame Falcot. La floraison remontante et importante du rosier obtenu est ainsi un caractère génétique hérité précisément des Rosiers de Chine.
Les hybrides de thé sont ainsi appelées car elles sont dérivées des roses qui étaient importées de Chine, en même temps que les cargaisons de thé.
Les nouvelles roses de Chine, de type Eurosa, de part, leurs croisements avec les rosiers européens vont ainsi faire naître, une myriade de roses nouvelles, en Europe, durant les XVIIIe et XIXe siècle, trois espèces de Chine seront ainsi introduites en Angleterre.

Les roses dégagent donc des parfums ancestraux chinois mais pas uniquement. En effet, selon la légende, lors des croisades, si l’on remonte encore dans le temps, des rosiers auraient été ramenés par le valeureux guerrier et non moins l’un des plus grands trouvères, poète, et chansonnier de son temps : Thibaut Ier, Roi de Navarre (1234-1253), connu aussi sous le nom de Thibaut IV, comte de Champagne (1201-1253).
Celui-ci aurait introduit notamment, en 1240, la Rosa Gallica Officinalis, à Provins même, développant dans toute sa région la culture de cette rose aux qualités botaniques exceptionnelles, d’où l’attribution de son nom de Rose de Provins ce qui en fit sa renommée, surtout en médecine et lors de diverses cérémonies religieuses. L’hydrolat de rose permettrait également de combattre le stress. Ainsi, la rose est désormais symbole de Provins et fait pleinement partie de son patrimoine historique et traditionnel. Elle y est déclinée sous toutes ses formes.
La rose a donc énormément voyagé au fil du temps, répandant ses fragrances délicates tout autour de la terre et partout en France. Mais revenons à Gerberoy, chers amis lecteurs...

Lorsque nous déambulons dans ces rues, des vestiges médiévaux, moyenâgeux subsistent : les maisons à colombages, les carreaux de faïence sur certaines façades, mais ce qui émerveillent les promeneurs est sans nul doute, toutes ces roses qui tombent en cascades des devantures de maisons pittoresques et traditionnelles picardes.
Notons que ce discret petit village médiéval de Gerberoy, dans l’Oise, a été le berceau stratégique de nombreux conflits historiques, notamment entre les troupes anglaises et françaises. Gerberoy a ainsi vu passer de nombreuses personnalités historiques telles que : Guillaume Le Conquérant qui mena bataille non loin de là, Henri d’Angleterre en 1160 qui assiégea le village en détruisant ses fortifications, Philippe Auguste quant à lui fermera le village avant de partir en Croisade, Jean Sans Terre à son tour passera par-là.
Gerberoy connaîtra également une des batailles de la Guerre de Cent Ans. Charles le Téméraire brûlera Gerberoy en 1472. Gerberoy petit village, sera pillé, brûlé, ruiné, à maintes reprises durant les Guerres de religion, endurera toutes ses épreuves, toutes ses difficultés, ne se plaindra jamais, mais se relèvera toujours, pour renaître de ses cendres et fera émerger les plus sublimes roses qui le rendront célèbre dans le monde entier. D’un environnement sombre, renaît toujours la nature pour embellir le monde, l’espoir est toujours là, bien présent, Gerberoy en est le plus bel exemple.
Il suffit de venir à la Fête des Roses, chers lecteurs, et dans les rues, le bouche à oreille fait son œuvre, vous entendez des langages du monde entier, des touristes d’Amérique du Sud, des accents anglophones, ou asiatiques, des passionnés de belles roses qui ne se battent plus pour des territoires, mais écoutent ensemble le langage des fleurs qui leur murmure des mots doux.

Les jardins remarquables de Gerberoy
Gerberoy comprend plusieurs jardins remarquables dont :
- Le jardin du peintre Henri Le Sidaner, qui initia la Fête des Roses en 1928. Il conçut ses jardins en trois niveaux, sur plus de 4 000 m2, tel un peintre autour de terrasses à l’italienne, inspirées d’un voyage sur les îles Borromées, aux couleurs dominantes comme son jardin blanc, aux rosiers grimpants et à tiges ou son jardin jaune et bleu, pensé autour du temple de l’amour, sa roseraie constituée essentiellement de rosiers rouges.
- Le jardin des Ifs, datant du XVIIIe siècle, jardin d’agrément et sa grande demeure qui ne furent autre que ceux du Vidame de l’époque, c’est-à-dire le gouverneur de Gerberoy, soit le représentant des Évêques de Beauvais. Ce somptueux jardin met essentiellement en valeur l’art topiaire en son sein, pour le grand bonheur des passionnés de jardinage et de tailles. Vous y découvrirez également une cuisine traditionnelle française, bistronomique, et un salon de thé qui vous feront voyager au cœur de la campagne picarde avec ses produits locaux tels que le fameux fromage préféré de Louis XIV : le Rollot.
- Le jardin Le Clos Gerberoy vous fera découvrir quant à lui, avec ses bénévoles la vigne historique de Gerberoy.

La Collégiale Saint Pierre de Gerberoy
Laissez-vous enivrer par le délicat parfum des roses, il est dans l’air... Il vous guidera vers La Collégiale Saint Pierre, bâtisse débutée au XIe siècle et achevée au XVe siècle qui à l’époque réunissait un important collège de Chanoines, sous l’autorité du Vidame de Gerberoy. Elle possède une grande nef voûtée en bois, des tapisseries d’Aubusson, des vitraux, les bancs des fidèles et les stalles des chanoines.
À l’intérieur, une statue de Sainte Thérèse de Lisieux est également présente, serrant contre son cœur de jolies roses. En effet, les roses ont été très présentes dans sa vie. Une photo d’elle a d’ailleurs été prise sur son lit devant le cloître, de l’époque où elle vivait, le 30 août 1896, à la porte de l’infirmerie sur lequel, elle effeuille calmement des roses sur son crucifix.
Avant de mourir, elle aurait déclaré :
« Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses. »
C’est ainsi, que la rose deviendra alors son attribut dans toutes l’iconographie religieuse.

Les Roses aux multiples facettes
Les roses, leur langage floral et leurs multiples symboliques ont traversé les temps immémoriaux et toutes les cultures. Du prénom Suzanne dans l’Ancien Testament qui signifie « Rose », et vient de l’égyptien chochen qui signifie « fleur de lotus », la rose pouvait être offerte également par un vassal à son seigneur durant le Moyen-âge, en signe de soumission.
La rose symbolisait aussi les rosières, ces jeunes filles vertueuses et pures, portant des couronnes de roses. Nous n’avons pas fini de découvrir les infinies utilisations de la rose et les multiples domaines où elle intervient discrètement.
La rose a souvent été objet de quête, comme dans Le Roman de la Rose, roman célèbre du Moyen-âge, et utilisée en poésie ou littérature, dans l’art, en broderie, en peinture, en musique ou dans la confection de vitraux, en médecine, en parfumerie, en gastronomie...

Les Macarons à la Rose de Gerberoy, une recette ancestrale
Ainsi, la rose, ses effluves et ses arômes se retrouvent dans de nombreuses confections culinaires, pâtisseries, sous forme de sirops, tisanes, de bonbons, d’eaux, apportant une note florale aux mets et plats les plus délicats, ainsi qu’à diverses boissons.
Soulignant le caractère de certains gâteaux ou madeleines, nous la retrouvons ainsi, dans les fameux macarons de Gerberoy.
Appelées par notre gourmandise, nous n’avons pu nous empêcher de goûter les délicieux macarons à la Rose de Gerberoy. Sur le stand, nous rencontrons, Monsieur Gilles Lapalu, chef cuisinier du Jardin des Ifs, qui nous explique que cette recette de macaron remonte au XIIIe siècle, au Moyen-âge donc, chers amis lecteurs.
Ainsi, Le Jardin des Ifs, pour honorer et fêter Gerberoy chaque juin, à la fête estivale des Roses, a donc décidé de remettre au goût du jour, cette recette traditionnelle ancestrale. Elle fait désormais partie intégrante du patrimoine gastronomique de Gerberoy.
Sur la jolie carte que tend Madame Delphine Higonnet, guide au Jardin des Ifs, le promeneur peut ainsi lire les ingrédients essentiels des fameux macarons à la rose : Poudre d’amande, sucre, blanc d’œuf et eau de rose, subtilement mélangés composent donc la recette, celle-ci ayant été fixée par François Pierre de la Varenne (1618-1678) dans un traité de recettes, déterminant dans le passage de la cuisine médiévale à la cuisine moderne.
Si vous aussi chers lecteurs souhaitez, goûter ces délicieux macarons à la rose, direction La Boulangerie du Jardin des Ifs où ils sont préparés avec amour, dans un joli cadre bucolique hors du temps.

La Fête des Roses de Gerberoy a été créée en 1928, pour célébrer chaque 1er dimanche de juin, le pic de floraison des roses à travers la ville. C’est un moment précieux, traditionnel à voir au moins une fois dans sa vie. Un instant de poésie romantique hors du temps qui vous soulagera sans aucun doute des maux du monde. Un instant suspendu, léger...
Dans les rues médiévales, une touche de modernité avec les voitures de collection viendra vous rappeler à la réalité, alors n’hésitez plus ! Nous vous donnons rendez-vous l’an prochain sous le soleil et les roses de la paix.

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