Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Culture. La petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux

FRANCE > Culture

Sainte Thérèse de Lisieux est l'une des figures les plus vénérées du catholicisme. Elle est souvent considérée comme l'une des plus grandes saintes des temps modernes. Elle révéla une «petite voie» accessible à tous, jusqu'aux plus petits.

Sainte Thérèse de Lisieux a été récemment évoquée par le nouveau pape Léon XIV comme celle « qui enseigna aux plus petits une voie "toute facile"», dans sa lettre aux évêques de France du 28 mai 2025. 

Une famille très aimante et chaleureuse

Sainte Thérèse confia dans son livre Histoire d'une âme : « Me grandir c'est impossible. Je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections, mais je veux chercher le moyen d'aller au ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d'invention, maintenant ce n'est plus la peine de gravir les marches d'un escalier, chez les riches, l'ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m'élever jusqu'à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection ».

Thérèse Martin est née en 1873 à Alençon en Normandie de deux parents qui avaient souhaité l'un comme l'autre entrer en religion. Son père Louis était un horloger réputé, sa mère Zélie était dentellière et sut établir un réseau autour de cette activité dans sa région, profitant à cette époque de la mode de la dentelle. Elle géra bientôt une petite entreprise qui employait une vingtaine d'ouvrières. Louis y travailla comme administrateur. La famille était alors aisée. Thérèse eut quatre sœurs ainées, elles devinrent toutes religieuses.

La petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux
Thérèse adorait sa maman et voulait toujours être en sa compagnie. (Image : wikimedia / Céline Martin / Domaine public)

La petite cadette n'avait que quatre ans quand sa mère décéda d'un cancer. Après quelque temps, Louis et sa famille vinrent s'installer dans la grande maison des Buissonnets à Lisieux. Thérèse fut choyée par son père qui, devenu rentier, passait beaucoup de temps avec elle. Pourtant elle se sentait abandonnée après le décès de sa mère. Allant à l'école chez les Bénédictines, elle ressentit beaucoup de solitude. La statue de la vierge souriante lui apportait un peu de réconfort.

Les épreuves nécessaires pour s'élever

En 1883, alors qu'elle était alitée et gravement malade, lors d'une de ses crises de douleur et de détresse laissant la famille désespérée, elle et ses sœurs, à bout de moyens, prièrent avec ferveur la statue de la Vierge Marie qu'on avait mis à côté de son lit. 

Thérèse raconta elle-même: « Ne trouvant aucun secours sur la terre et près de mourir de douleur, je m'étais aussi tournée vers ma Mère du ciel, la priant de tout mon cœur d'avoir enfin pitié de moi. Tout à coup la statue s'anima ! la Vierge Marie devint belle, si belle, que jamais je ne trouverai d'expression pour rendre cette beauté divine. Son visage respirait une douceur, une bonté, une tendresse ineffable, mais, ce qui me pénétra jusqu'au fond de l'âme, ce fut son ravissant sourire ! Alors toutes mes peines s'évanouirent, deux grosses larmes jaillirent de mes paupières et coulèrent silencieusement... » Et elle fut miraculeusement guérie.

La petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux
En 1883, alitée et gravement malade, Thérèse fut miraculeusement guérie grâce au sourire de la Vierge Marie. (Image : wikimedia / Auteur inconnu / Domaine public)

Quand sa sœur Pauline, qu'elle avait choisie comme seconde maman, entra au Carmel de Lisieux, ce fut une nouvelle épreuve. En 1886, Marie, l'ainée, rejoignit Pauline au Carmel. Suite à toutes ces séparations qu'elle vécut d'abord comme des abandons, Thérèse grandit intérieurement et devint plus mature. Elle s'ancra dans la réalité de ce monde en même temps que dans l'amour de Dieu. 

En 1888, à 15 ans Thérèse entra à son tour au Carmel, avant l'âge autorisé par l'Église, avec l'accord de l'évêché et de son père. Elle prit pour nom Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Dans le couvent, son travail consistait à seconder une autre religieuse dans l’assistance aux novices. Par ailleurs, elle avait du talent pour écrire et elle produisit de belles œuvres : des poèmes, des lettres, des cantiques, des pièces de théâtre. Elle entama en même temps la rédaction de ses mémoires, à la demande de sa Mère supérieure.

La petite voie d'abandon et de confiance de Sainte Thérèse de Lisieux

Peu à peu, se révéla sa petite voie d'abandon et de confiance en la miséricorde de Dieu. Thérèse écrivit dans Histoire d'une âme : « L'ascenseur qui doit m'élever jusqu'au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n'ai pas besoin de grandir, il faut au contraire que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. ». La petite voie de Thérèse était de mener une vie humble, cachée disait-elle, de prier et d'offrir ses souffrances pour les prêtres, d'oublier son amour-propre et de multiplier les actes discrets de charité. 

La petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux
A 15 ans, Thérèse entra à son tour au Carmel de Lisieux. Elle prit pour nom Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. (Image : wikimedia / Auteur inconnu / Domaine public)

L'élément-clé de cette voie vers la sainteté était une foi inébranlable en Dieu. Elle révéla : « Je le sens, nous devons aller au Ciel par la même voie : la souffrance unie à l'amour. Quand je serai au port, je vous enseignerai comment vous devez naviguer sur la mer orageuse du monde : avec l'abandon et l'amour d'un enfant qui sait que son père le chérit, et ne saurait le laisser seul à l'heure du danger. » 

En 1896, elle commença à cracher du sang, ce fut le début d'une tuberculose. Elle avait un immense désir de rejoindre Dieu. Mais au jour de Pâques, elle fut tout à coup plongée dans les ténèbres, confrontée à la nuit du néant. Ce fut pour elle une double épreuve : l'épreuve de la maladie et de la mort qui vient, et l'épreuve du sentiment de perte de foi, d'absence de Dieu. 

Les ténèbres, l'élévation et la postérité

Elle prit conscience qu'il y avait des gens qui ne croyaient pas en Dieu, qui étaient athées ou indifférents. Depuis le mouvement philosophique des Lumières au XVIIIe siècle et la Révolution de 1789, des gens remettaient en question la religion et s'en éloignaient ou même s'y opposaient fermement. Le philosophe Karl Marx et son idéologie communiste accentuèrent encore cette tendance, au milieu du XIXe siècle. La théorie de l'évolution de Darwin allait dans le même sens. Le développement rapide de la société industrielle et du matérialisme eut probablement aussi un impact sur la vie spirituelle du peuple français.

Sainte Thérèse de Lisieux décéda le 30 septembre 1897. Elle n'avait que 24 ans. Ce jour-là, ses sœurs étaient réunies autour de son lit et au dernier moment de sa vie, elles la virent regarder un point précis au plafond et s'illuminer d'un grand sourire et d'une grande joie. Puis elle rendit son dernier soupir. Comme elle l'avait écrit : « Je ne meurs pas, j'entre dans la vie... ».

La petite voie de Sainte Thérèse de Lisieux
Thérèse joua Jeanne d'Arc dans une pièce qu'elle avait écrite. (Image : wikimedia / Céline Martin / Domaine public)

Après qu'elle eut quitté ce monde, ses mémoires furent publiées dans le livre Histoire d'une âme qui s'est vendu jusqu’à aujourd’hui à 500 millions d'exemplaires. Des personnes célèbres furent touchées par le message de Sainte Thérèse de Lisieux. Ainsi, Natasha St-Pier, chanteuse canadienne, a adapté ses poèmes en chansons. François Mitterrand, gravement malade à la fin de sa vie, fit détourner pendant quelques heures le reliquaire de Sainte Thérèse transporté de Lyon à Lisieux, pour pouvoir le toucher et se recueillir. Edith Piaf, à l’âge de six ans, guérit grâce à elle d'une maladie des yeux incurable qui la rendait peu à peu aveugle.

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.

Pour améliorer votre expérience, nous (et nos partenaires) stockons et/ou accédons à des informations sur votre terminal (cookie ou équivalent) avec votre accord pour tous nos sites et applications, sur vos terminaux connectés.
Accepter
Rejeter