Le 14 août 1949, Mao Zedong, dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), critiquait publiquement trois éminents universitaires de la République de Chine (Taïwan) : Hu Shih, Qian Mu et Fu Sinian. Chacun de ces individus apportait une compréhension du PCC, mais c’est la vision critique de Fu Sinian qui est mise en lumière ici.

Une brève biographie de Fu Sinian
Né le 26 mars 1896 dans une famille respectée de Liaocheng, dans la province du Shandong, en Chine, Fu Sinian était un prodige. Son parcours universitaire débuta à l’Université de Pékin en 1916 et le conduisit à l’étranger pour étudier dans des institutions renommées telles que l’Université d’Édimbourg, l’Université de Londres et l’Université de Berlin. Pendant six ans et demi, il se plongea dans la philosophie, l’histoire, la politique et la littérature occidentales, avant de se consacrer à l’historiographie.
Étapes clés de sa carrière et installation à Taïwan
En octobre 1926, il retourne en Chine pour intégrer l’Université Sun Yat-sen de Canton. Les années suivantes le voient accéder au poste de doyen de la Faculté de Lettres, cofondateur la prestigieuse Academia Sinica, puis assurer l’intérim de la présidence de l’Université de Pékin. À la veille du renversement de la République de Chine continentale par le PCC en 1949, Fu Sinian décide de s’installer à Taïwan avec le gouvernement nationaliste. Il y assumera la présidence de l’Université nationale de Taïwan en pleine crise.
La compréhension du Parti communiste chinois étape par étape
Témoin de la brutalité du PCC
En 1926, à son retour d’études à l’étranger, Fu Sinian se rend d’abord à Canton. C’est là qu’il fut témoin direct des effusions de sang et de la brutalité de la « rébellion de Guangzhou » menée par le PCC en décembre 1927. Cette expérience pénible, qui lui permit notamment d’échapper de justesse à une « liste noire » du PCC, la marqua durablement, instillant en lui un profond dégoût pour le PCC.
L’incitation à la haine et à la lutte du PCC
Entre juin 1947 et août 1948, Fu Sinian se rend aux États-Unis pour y suivre un traitement médical. Durant cette période, il se consacra également à l’étude des idéologies du PCC. Il décrivit huit stratégies distinctes employées par le PCC pour attiser le ressentiment et alimenter les troubles sociaux, soulignant les tactiques de manipulation employées pour monter les différents segments de la société les uns contre les autres.

Les huit stratégies utilisées par le PCC
Pour attiser le ressentiment et les conflits afin de s’emparer du pouvoir le PCC a utilisé huit stratégies :
- Encourager le ressentiment entre les citoyens chinois et les Occidentaux.
- Stimuler le mécontentement entre les pauvres et les riches.
- Amplifier le mécontentement des gens ordinaires envers les personnes de statut social plus élevé.
- Attiser le sentiment d’inadéquation des personnes peu qualifiées envers celles dotées de capacités supérieures.
- Provoquer l’antagonisme entre les employés les moins bien payés et leurs homologues les mieux rémunérés.
- Attiser l’envie des personnes moins connues envers les personnalités célèbres.
- Amplifier l’animosité entre les ruraux et les citadins.
- Attiser les discordes familiales en incitant les enfants à en vouloir à leurs parents.
Son analyse reste pertinente lorsque l’on examine les 74 ans d’histoire du PCC.
Une critique durable du communisme
Au crépuscule de sa vie, Fu Sinian a écrit quatre articles profondément perspicaces critiquant le communisme et l’Union soviétique. Sa vision claire des tactiques coercitives et trompeuses du PCC continue d’être validée par l’histoire, notamment par des événements tels que les Grandes Purges soviétiques des années 1930, les Purges d’Europe de l’Est des années 1950 et la Révolution culturelle chinoise des années 1960.
En mémoire de Fu Sinian

Le 20 décembre 1950, Fu Sinian décédait à Taïwan, laissant un vide dans le paysage intellectuel de la République de Chine. Son contemporain, Hu Shih, le qualifiait de « génie le plus rare au monde », louant son leadership, ses connaissances, son courage et son intégrité.
Cependant, l’héritage de Fu Sinian s’étend au-delà de ses talents individuels. Sa profonde compréhension du Parti communiste chinois, manifestée dans ses analyses critiques et ses écrits, le place parmi les érudits les plus perspicaces de l’histoire. C’est cet aspect de la vie et de l’œuvre de Fu Sinian qui fait de lui une figure à jamais gravée dans les mémoires.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : Seeing Through the Facade: Fu Sinian’s Understanding of the Chinese Communist Party
www.nspirement.com
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