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France. Organes d’État : le prélèvement forcé d’organes en Chine au cœur d’un documentaire primé

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Le vendredi 21 novembre, les spectateurs de Challans en Vendée (France) ont découvert un documentaire dévoilant l'ampleur d'un système de transplantation d’organes organisé par l'État chinois. L'Association Cœur de Jade Blanc, basée à Palluau, a organisé cet événement. À travers le parcours de familles brisées, Organes d’État révèle comment des milliers de pratiquants de Falun Gong ont disparu, victimes d’une industrie médicale générant des milliards de dollars. Selon les réalisateurs canadiens Raymond Zhang et Cindy Song, le prélèvement forcé d'organes en Chine se poursuit depuis plus de vingt ans. Bai He, rescapé des camps et des prisons chinois, est venu témoigner à Challans de la persécution qu’il a subie pendant quatorze ans.

Un documentaire primé qui fait le tour du monde

Le film a rapporté une cinquantaine de prix internationaux, dont deux sélections aux Oscars. Depuis deux ans, ce film de 75 minutes circule dans les salles d'Australie, de Taïwan, de Suède, de Corée du Sud, de Singapour, de Slovaquie, des Pays-Bas, de Nouvelle-Zélande et des États-Unis. 

Après Bretignolles-sur-Mer (Vendée) en juin dernier, plusieurs grandes villes françaises s'apprêtent à accueillir cette œuvre. Raymond Zhang, qui a déjà remporté les Peabody Awards en 2014 pour Human Harvest, utilise une approche cinématographique qui suscite l'émotion nécessaire pour comprendre l'ampleur du drame.

L'histoire commence par deux disparitions. Yun, une jeune femme innocente qui travaille dans le bureau d'une société allemande en Chine, aime chanter, danser et créer des objets artisanaux. Elle a épousé Sonny, biologiste marin, et le couple vit dans un bel appartement près de la plage pittoresque de Qingdao. Chaque matin, ils se rendent dans un parc pour méditer ensemble en écoutant de la musique douce.

Organes d'État : le prélèvement forcé d'organes en Chine au cœur d'un documentaire primé
Le Falun Gong consiste en cinq exercices méditatifs centrés sur les principes moraux d'Authenticité-Bienveillance-Tolérance. (Image : Capture d’écran /Avec l’aimable autorisation de Minghui)

La discipline qui a tout changé

Depuis 1992, une ancienne pratique de méditation ancrée dans la culture traditionnelle chinoise gagne rapidement en popularité. Le Falun Gong consiste en cinq exercices méditatifs centrés sur les principes moraux d'Authenticité-Bienveillance-Tolérance. En raison de son efficacité pour améliorer la santé, cette discipline spirituelle compte plus de 100 millions de pratiquants en 1999, dont Yun et Sonny.

Mais cette popularité suscite la colère de Jiang Zemin, alors dirigeant du Parti communiste chinois (PCC). Le 20 juillet 1999, Jiang Zemin lance une campagne de persécution brutale accompagnée d'une propagande haineuse. Sonny meurt dans un camp de travail. Poussée par le chagrin et la détermination, Yun cherche à découvrir la vérité, mais elle devient la cible de la police. Lorsqu'elle refuse de se taire, les autorités l'enlèvent secrètement et la font disparaître.

Son père Jim, devenu infirme, se retrouve seul face à un labyrinthe de désespoir. Les autorités font obstruction à sa recherche désespérée de réponses. Pendant plus de vingt ans, le régime refuse de rendre des comptes sur la disparition forcée de sa fille, tout en intimidant la famille pour la réduire au silence.

Le témoignage d'un médecin militaire

« Ils ne font pas d'anesthésie au donneur », confie George Zheng (ou Zheng Zhi) au réalisateur Raymond Zhang. Cette phrase glaçante provient du premier médecin militaire ayant assisté à un prélèvement forcé d'organes et accepté de témoigner. Son courage face à la caméra illustre l'ampleur du système mis en place par les autorités chinoises.

Les reconstitutions basées sur des recherches approfondies permettent de comprendre le fonctionnement de cette industrie criminelle. Les mouvements de caméra créatifs de Zhang ajoutent une dimension émotionnelle intense qui dépasse la simple narration factuelle. Son style photographique ne se contente pas d'illustrer : il provoque, interroge, bouleverse.

Une reconnaissance internationale

Le 25 juin 2024, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté à l’unanimité la loi H.R.4132 sur la protection du Falun Gong, qui condamne la persécution du Falun Gong par le Parti communiste chinois, y compris les prélèvements forcés d’organes. 

Organes d'État : le prélèvement forcé d'organes en Chine au cœur d'un documentaire primé
Des enquêteurs ont contacté par téléphone des hôpitaux chinois et appris que les pratiquants de Falun Gong sont les principales victimes du prélèvement forcé d'organes. (Image : Capture d’écran / YouTube)

Cette décision s'appuie sur des conclusions établissant que les pratiquants ont été soumis à un prélèvement forcé d'organes en Chine depuis plus de vingt ans. Il s'agit d'un crime d'État qui a fait des milliers de victimes et qui se poursuit encore aujourd'hui.

Des centaines d'articles ont été publiés dans les médias internationaux : The Epoch Times, NTD TV, Central News Agency Taiwan, Taipei Times, Liberty Times, United Daily News, Economic Daily News, Vision Times, et de nombreuses chaînes de télévision taïwanaises ont également relayé ces informations. La couverture médiatique témoigne de l'importance du sujet pour la communauté internationale.

Un incident révélateur est survenu le 3 septembre dernier. Un micro resté ouvert a capté une conversation privée entre Xi Jinping, le président chinois, et Vladimir Poutine, le président russe, concernant l'augmentation de la durée de vie, voire de l'immortalité, grâce à des greffes d'organes répétées. Cette conversation soulève des questions cruciales sur l'éthique médicale et la réaction que devrait adopter le monde occidental.

Le parcours de Bai He, victime de cette persécution

Les projections du film s'accompagnent souvent de témoignages directs. Bai He, pratiquant d'origine chinoise, est venu spécialement à Challans pour témoigner et répondre aux questions des spectateurs. Il a été persécuté et torturé en Chine pendant plusieurs années. Son histoire illustre la violence systématique du régime.

En 1996, alors qu'il est militaire de carrière, cet homme découvre le Falun Gong. La pratique le transforme : il devient plus tolérant, plus compatissant. Il trouve la paix intérieure, la santé et un véritable sens à la vie. Mais le 20 juillet 1999, tout bascule avec le lancement de la persécution par le Parti communiste chinois et Jiang Zemin.

Simplement pour sa foi dans le principe Authenticité-Bienveillance-Tolérance, Bai He est arrêté plusieurs fois, battu, torturé par le biais d’électrochocs, soumis au travail forcé et détenu illégalement. 

En 2002, dans un camp de rééducation par le travail, des policiers et leurs stagiaires le menottent, le jettent à terre et l'électrocutent à coups de matraques sur la tête, le cou, la poitrine et le dos, jusqu'à ce que les batteries soient déchargées. Ce même après-midi, après avoir rechargé leurs instruments, ils recommencent. Le plus furieux d'entre eux le frappe violemment au visage tandis que les autres lui donnent des coups de pied dans les côtes. Aujourd'hui encore, ses mains tremblent, particulièrement lorsqu'il tient quelque chose.

Organes d'État : le prélèvement forcé d'organes en Chine au cœur d'un documentaire primé
Le pratiquant de Falun Gong Bai He, rescapé de Chine, était présent pour témoigner de la persécution dont il a été victime. (Image : Avec l’aimable autorisation de l’Association Cœur de Jade Blanc)

Organes d'État : le prélèvement forcé d'organes en Chine au cœur d'un documentaire primé
Pendant sa détention, Bai He a subi des coups et des électrochocs infligés par les policiers. (Image : Capture d’écran / minghui.org)

Lors d'une grève de la faim en signe de protestation, les gardiens le forcent à manger. Ils enfoncent dans sa bouche des chiffons sales trempés dans un crachoir. Les blessures physiques s'ajoutent aux traumatismes psychologiques.

Début 2005, des policiers de la sécurité intérieure de la ville de Jilin le persécutent dans un lieu secret. Menotté, il subit des interrogatoires illégaux menés à tour de rôle par deux chefs de département, un directeur général et une autre personne. Ils ne le laissent pas se reposer. Ensuite, ils l'emmènent dans un centre de lavage de cerveau où on le force à regarder des vidéos et à lire des livres diffamatoires sur le Falun Gong.

Le 13 décembre 2005, il fait face à une nouvelle forme de torture dans un lieu secret. On le menotte sur une chaise pendant un mois entier, mains et pieds attachés, en le privant de repos.

En 2015, après avoir porté plainte contre Jiang Zemin, Bai He est à nouveau arrêté illégalement et condamné à deux ans et huit mois de prison. On lui prélève du sang de force, sans aucune explication. Cette pratique systématique de tests sanguins sur les prisonniers alimente les soupçons concernant la constitution de bases de données pour faciliter les transplantations.

Après sa libération le 6 avril 2018, la surveillance continue. Il ne peut pas bénéficier des dispositifs de reconversion réservés aux militaires démobilisés. La police locale le contraint même à déménager, refusant qu'il réside dans sa zone de compétence. Malgré toutes ces épreuves, il n'abandonne jamais sa foi. Les miracles dont il a été témoin au cours de sa pratique spirituelle l'encouragent à persévérer.

Ce n'est qu'en 2024 que Bai He a pu obtenir dans une autre ville et en toute discrétion, son passeport, puis son visa pour la France. « Le 25 mai 2025, je suis arrivé à Paris. J'ai enfin quitté cet environnement de haute pression et de terreur en Chine. J'ai retrouvé un environnement de liberté où je peux, comme il y a plus de vingt ans, pratiquer librement et ouvertement les exercices dans un parc », confie-t-il.

« Si je retourne en Chine, je serai très certainement arrêté, torturé ou même tué. Le PCC envoie aussi des espions à l'étranger pour surveiller les pratiquants. Si l'on découvre que je témoigne à l'étranger, je serai considéré comme un ennemi de l'État, sans aucune chance de survie. J'espère que mon témoignage éveillera la compassion et la conscience de tous, et que le monde comprendra que, même encore aujourd'hui en Chine, des personnes qui veulent simplement vivre honnêtement et pacifiquement sont persécutées de manière cruelle. »

Une soirée mémorable à Challans

Le 21 novembre, soixante-quatre personnes, dont neuf pratiquants de Falun Gong, ont assisté à la projection au CinéTriskell de Challans en Vendée. La salle comble témoigne de l'intérêt croissant du public français pour cette question. Dès les premières minutes, le silence s'installe. Les spectateurs découvrent avec stupéfaction l'ampleur d'un système qu'ils ignoraient totalement.

Organes d'État : le prélèvement forcé d'organes en Chine au cœur d'un documentaire primé
Profondément captivés par le documentaire, les spectateurs ont pris conscience des violations des droits de l'homme en Chine. (Image : Avec l’aimable autorisation de l’Association Cœur de Jade Blanc)

Après la projection, les questions affluent. Le public se montre particulièrement réactif et captivé par le film. Trois interrogations reviennent avec insistance : pourquoi n'en entend-on pas parler dans les médias ? Qu'est-ce que le Falun Gong exactement ? Pourquoi les gouvernements ne font-ils rien face à cette situation ?

Le témoignage de Bai He marque profondément l'assistance. Lorsqu'il évoque les tortures subies, sa voix ne tremble pas, mais ses mains si, séquelle permanente de ces années de persécution. Des applaudissements nourris saluent son courage. La soirée se prolonge bien au-delà de l'horaire prévu, jusqu'à 23 h 30, tant les échanges sont riches. Un détail significatif : l'intégralité du public reste jusqu'à la fin, malgré l'heure tardive.

Les projections du documentaire Organes d’État permettent au public de rencontrer des témoins comme Bai He. Le docteur Harold King, directeur adjoint de DAFOH (Doctors Against Forced Organ Harvesting), répond également aux questions. Cette organisation médicale internationale lutte contre le prélèvement forcé d'organes et sensibilise la communauté médicale mondiale aux enjeux éthiques de la transplantation.

L'industrie chinoise de la transplantation génère des milliards de dollars. Les délais d'attente pour obtenir un organe en Chine sont anormalement courts par rapport aux standards internationaux : quelques jours ou semaines contre plusieurs mois, voire des années, dans les pays occidentaux. Cette rapidité soulève des interrogations sur l'origine des organes et les méthodes employées pour constituer les stocks.

Les réalisateurs Raymond Zhang et Cindy Song ont travaillé pendant des années pour rassembler les témoignages, vérifier les faits et reconstituer les parcours des victimes. Leur travail s'inscrit dans une démarche journalistique rigoureuse qui a convaincu les jurys des festivals internationaux et les instances académiques.

Le film pose une question fondamentale : comment le monde occidental doit-il réagir face à ces révélations ? Faut-il interdire aux citoyens de se rendre en Chine pour des transplantations ? Comment sanctionner les médecins et les établissements impliqués dans ce système ? Quelle pression diplomatique exercer sur Pékin ?

Les familles de disparus comme celle de Yun attendent toujours des réponses. Jim, le père infirme, continue sa quête de vérité malgré les obstacles dressés par les autorités. Son histoire, comme celle de milliers d'autres, mérite d'être entendue.

Organes d'État n'est pas seulement un documentaire : c'est un cri d'alarme, un appel à la conscience internationale, un hommage aux victimes d'un système qui bafoue les droits humains les plus élémentaires. Les 75 minutes du film laissent le spectateur face à une réalité dérangeante qu'il ne peut plus ignorer.

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