Qian Xuesen (1911-2009), vénéré comme le père de l’aérospatiale chinoise, est reconnu dans tout le pays pour ses avancées révolutionnaires en aérodynamique et en fuséologie. Pourtant, rares sont ceux qui se souviennent du chapitre moins connu de sa vie : celui où ce grand scientifique s’est tourné vers l’intérieur, explorant les mystères du corps et de l’esprit humains.
Qian Xuesen était non seulement un expert de premier plan en aérodynamique et en science des systèmes, mais aussi l’un des fondateurs de la théorie du contrôle et membre de l’Académie chinoise des sciences et de l’Académie chinoise d’ingénierie. Son génie a influencé le développement des programmes de fusées, de missiles et de l’espace en Chine et aux États-Unis.
Le parcours de Qian Xuesen
En 1935, il se rendit aux États-Unis pour des études supérieures, où il étudia auprès du légendaire professeur Theodore von Kármán, expert en aérodynamique. Il enseigna ensuite au MIT et à Caltech avant de rentrer en Chine en 1954. Là, il joua un rôle déterminant dans la création du cinquième Institut de recherche du ministère de la Défense et de l’Institut de mécanique de l’Académie chinoise des sciences. Son leadership fut essentiel au projet historique chinois Deux bombes, un satellite– développement de la bombe atomique, de la bombe à hydrogène et d’un satellite artificiel – qui lui valut le titre de : Père de l’aérospatiale chinoise. Il consolida ainsi sa place de pionnier de la science moderne.
Dans les années 1980, un regain d’intérêt pour le qigong a déferlé sur la Chine, attirant l’attention sur l’exploration de capacités humaines extraordinaires, aussi appelées pouvoirs supranormaux. À cette époque, Qian Xuesen a introduit un nouveau terme : science du corps humain. Il a non seulement inventé l’expression, mais a également assumé un rôle de premier plan au sein de la Société chinoise des sciences du corps humain, où il a apporté une contribution inestimable.

Qian Xuesen définissait cette discipline émergente comme comprenant trois volets : les capacités humaines extraordinaires, le qigong et la médecine traditionnelle chinoise, dont le qigong constitue le cœur. Pour lui, il ne s’agissait pas d’une superstition, mais du germe d’une révolution scientifique, susceptible de se révéler plus transformatrice encore que la théorie de la relativité ou la physique quantique.
Qian Xuesen, fervent défenseur de la recherche sur les capacités humaines extraordinaires, a déclaré : « Toute nouvelle science rencontre des résistances dès ses débuts. Le courage est essentiel pour tenir bon. Les capacités humaines extraordinaires sont peut-être trop rares pour être rapidement acceptées, mais le qigong est à portée de main : il guérit, renforce et éveille le potentiel inné. »
Il imaginait un avenir où des millions de personnes pratiqueraient le qigong, guidées par des dizaines de milliers d’enseignants dévoués à l’épanouissement du corps et de l’esprit, cultivant la santé, l’intelligence et les capacités cachées de l’être humain. Pour Qian Xuesen, ce n’était pas une simple spéculation, mais une conviction née d’une étude approfondie et d’une certitude.
Pourtant, son soutien aux capacités extraordinaires et au qigong se heurta à une certaine résistance. Les sceptiques, dont Yu Guangyuan, qualifièrent cette discipline de « pseudoscience ». En 1982, sans se laisser décourager, Qian Xuesen écrivit à Yu Wen, vice-ministre de la Propagande, déclarant avec une résolution solennelle : « je jure sur mon honneur et ma loyauté envers le Parti (PCC) : les capacités humaines extraordinaires existent. Certes, il existe des imposteurs et des trompeurs, mais là n’est pas l’essentiel. Le véritable phénomène est indissociable du qigong et de la sagesse de la médecine traditionnelle chinoise. »
Il soulignait la nécessité d’intégrer tous les courants de connaissances à la science du corps humain : la médecine clinique, la médecine occidentale, la médecine traditionnelle chinoise, les pratiques populaires, la psychothérapie, le qigong et les capacités extraordinaires. Pour Qian Xuesen, sonder le microcosme de la physique et percer les mystères de la vie n’étaient pas des quêtes distinctes, mais les reflets jumeaux d’une même vérité. La science, croyait-il, devait un jour converger avec l’esprit.
Le déchaînement de Jiang Zemin
Au cours des années suivantes, alors que les vents politiques changeaient et que les appels à la répression se faisaient plus pressants, Qian Xuesen demeura inébranlable. Il refusait de dénoncer ce qu’il savait être réel et d’abandonner les principes de recherche et d’intégrité qui avaient guidé sa vie. De nombreux rapports, même des années plus tard, ont omis de reconnaître cet aspect crucial de sa personnalité : son courage à résister aux pressions politiques et à défendre ses convictions.
Par exemple, après juillet 1999, lorsque Jiang Zemin a lancé une campagne de répression nationale contre le Falun Gong – une pratique qui enseigne à vivre selon les principes d’Authenticité, de Bienveillance et de Tolérance, et qui comprend cinq exercices de qigong doux pour une bonne santé –, The Paper, un journal numérique d’État chinois, n’a pas mentionné que Jiang Zemin avait personnellement fait appel à Qian Xuesen pour obtenir son soutien à la répression du Falun Gong. Fidèle à ses principes, Qian Xuesen a catégoriquement refusé de soutenir la campagne.
Selon le Quotidien du Peuple, le 20 juillet 1999, Jiang Zemin a mobilisé toute la puissance de l’État pour réprimer le Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa. Alors que de nombreuses personnalités religieuses et intellectuelles se sont rapidement alignées publiquement sur la ligne du PCC, Qian Xuesen, fondateur du mouvement chinois des sciences du corps humain dans les années 1980, est resté silencieux. Son refus de prendre position publiquement a profondément embarrassé Jiang Zemin.
Des sources rapportent que Jiang Zemin a envoyé à plusieurs reprises des émissaires au domicile de Qian Xuesen, le pressant de publier une déclaration soutenant la persécution du Falun Gong, mais qu’il a décliné à chaque fois. Finalement, Jiang Zemin s’y est rendu en personne. Il a couvert d’éloges l’œuvre de Qian Xuesen, ce à quoi celui-ci a répondu avec une politesse discrète : « Merci, merci. »

Lorsque Jiang Zemin a finalement orienté la conversation vers son véritable objectif – exhorter Qian Xuesen à dénoncer le Falun Gong –, Qian Xuesen est resté silencieux. Jiang Zemin a même suggéré de rédiger une déclaration susceptible d’être lue publiquement ou publiée dans les médias, mais l’expression de Qian Xuesen ne trahissait aucune volonté de compromis. La réunion s’est terminée sans accord, et Jiang Zemin est parti, frustré.
Selon les rapports, Jiang Zemin explosa plus tard de colère : « s’il n’était pas Qian Xuesen, je ne le laisserais pas vivre un jour de plus ! » Humilié et enragé, il chercha finalement à faire taire Qian Xuesen, en gelant sa voix publique et en limitant son influence.
De par son silence, Qian Xuesen parlait avec plus de force que n’importe quel mot ne pourrait le faire : les mystères de la vie méritent la révérence, pas le ridicule, la vérité ne peut pas être effacée par décret, et préserver la dignité de l’esprit humain est en soi un acte de courage.
L’héritage de Qian Xuesen ne se limite donc pas à des fusées qui atteignent les étoiles, mais aussi à sa vision d’un cosmos infini. Sa vie nous rappelle qu’explorer l’univers extérieur sans explorer l’univers intérieur revient à ne comprendre que la moitié de la création.
Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann
Source : Chinese Scientist Qian Xuesen Affirms Existence of Supernormal Abilities
www.nspirement.com
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