L’âge de raison permet à l’enfant de s’intellectualiser petit à petit et d’acquérir la capacité de « raisonner ». (Image : Polesie Toys / pexels)
Que se cache-t-il derrière l’expression « atteindre l’âge de raison » ? Comment cette étape du développement de l’enfant marque les esprits et influe sur son devenir ? Comprendre l’âge de raison peut nous aider à mieux comprendre l’enfant qui sommeille en nous.
Qu’est-ce-que l’âge de raison ?
C’est « l’âge de l’accès à une pensée logique et conceptuelle », selon le psychologue Jean Piaget. Il est généralement admis qu’à ce stade l’enfant commence à prendre conscience de ses actes et ayant dépassé le cap de la petite enfance, il devient capable de saisir la différence entre le bien et le mal. Dans une vidéo, le psychologue Jean-Luc Aubert explique que cet âge permet à l’enfant de s’intellectualiser petit à petit et d’acquérir la capacité de « raisonner ».
Si jusque-là l’enfant était dominé par ses seules pulsions et émotions, il va par exemple intellectualiser son rapport au temps, il pourra désormais établir la différence entre les divers jours de la semaine. Il prend de la distance vis-à-vis du temps, alors qu’à l’âge de quatre, cinq ans, il vit dans une certaine confusion du temps.
Quel âge correspond à l’âge de raison ?
Qu’il s’agisse des traditions de la Rome antique, des traditions médiévales, des traditions modernes, l’enfant est sensé atteindre l’âge de raison à l’âge de six, sept ans. Selon les sources, Cicéron, considère l’âge de sept ans comme l’âge de raison. Dans un article issu du site journals.openedition.org, nous pouvons lire : « S’il a survécu à sa première enfance, s’il sait parler, manger et marcher, le bébé est devenu un enfant, puer [NDLR: Enfant en latin]. Il n’est pas encore un homme libre, mais il est déjà un être humain […]. Commence pour lui le temps des apprentissages qui le mèneront à la liberté morale ».
Dans la Rome antique, la période comprise entre la petite enfance et l’âge adulte commence également aux environs de sept ans. Dans son cheminement jusqu’à la « liberté morale », l’enfant prend conscience peu à peu de l’existence du bien et du mal, de la justice, et de l’injustice : il s’agit de notions abstraites, et intellectuelles.
L’enfant ayant atteint l’âge de raison a soif d’imaginer et d’organiser. (Image : cottonbro studio / pexels)
Sur le site eclimontessori.org, nous apprenons : « Entre 6 et 12 ans, l’enfant entre dans une nouvelle phase de développement : c’est l’âge de la raison, de la curiosité intellectuelle et de l’ouverture au monde. À cet âge, il ne se contente plus de vivre dans l’instant. Il veut comprendre, questionner, imaginer et organiser ». Précisons que ECLI Montessori est une école privée relevant de la pédagogie Montessori comme son nom l’indique. L’extrait cité s’intitule : « l’enfant de 6 à 12 ans : un explorateur moral, intellectuel et social ».
Prendre conscience du temps : témoignage
Sur un autre site proche de la méthode Montessori, mercimontessori.com, découvrons le témoignage suivant signé ELSA : « J’avais 6 ans, et je m’ennuyais - ma mère préparait le repas dans la cuisine à côté et m’avait prévenue qu’on allait passer à table d’ici peu. En attendant, je tournais autour de la table du salon et me parlais à moi moi-même, et j’ai eu conscience que j’allais GRANDIR. Et je me suis dit : « Quand je serai grande, je me souviendrai de ce moment ». J’avais conscience que c’était un instant anodin, que je n’avais, a priori, aucune raison de m’en souvenir, mais c’était comme un rendez-vous à moi-même ... que je n’ai jamais manqué. Plus tard, à 10 ans, à 16 ans, à 30 puis à 40, j’ai été au rendez-vous et j’ai convoqué la petite fille d’alors. Par le souvenir. Je redeviens, par le souvenir, cette petite fille tournant autour de la table ronde ! »
L’auteure de ce témoignage révèle ensuite qu’elle avait alors six ans et qu’elle avait pris « conscience de sa temporalité ». Elle poursuit son commentaire : « Il existe des raccourcis dans le temps. Si à 30 ans, je me souviens de cet instant, c’est comme si je prenais un raccourci, comme si je pouvais voyager instantanément de ce moment à 25 ans plus tard. » Elsa entrant dans l’âge de raison prend aussi bien conscience du temps que de son identité de petite fille. Le schéma de l’âge de raison s’inscrit dans les définitions évoquées plus haut.
Apprendre l’empathie et la compassion
Dans le document suivant, une vidéo récente, deux groupes d’enfants sont soumis à un test. Les plus jeunes, âgés de quatre à six ans reçoivent un cadeau destiné à des tout-petits. La vidéo montre qu’ils ne parviennent pas à cacher leur déception. Certains d’entre eux non seulement montrent leur déception mais refusent franchement le cadeau.
Dans la scène suivante, la même situation est reproduite avec des enfants plus âgés cette fois. Ils ont de sept à neuf ans. En fait, les plus grands se forcent à aimer le cadeau pour ne pas blesser l’intervenant. Ils se livrent à un « mensonge prosocial », témoignant ainsi de leur capacité à se mettre à la place de l’autre, développe Edouard Gentaz, professeur de psychologie, spécialisé dans la science du développement de l’enfant. Se mettre à la place de l’autre, c’est la définition de l’empathie. Ces enfants ont atteint l’âge de raison. Ils ont acquis les compétences requises pour vivre en société.
L’âge de raison, et surtout les valeurs inculquées par la famille feront de l’enfant un être plus social, plus moral et plus intelligent.
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