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Culture. En savoir davantage sur l’enseignement au temps des Romains

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À l’heure où le rituel de la rentrée est encore présent dans les esprits, pourquoi ne pas s’attarder, l’espace d’un instant, sur le système éducatif de la Rome antique ? Quel type d’enseignement recevaient les jeunes Romains ? Quel héritage nous a laissé Rome, la Ville éternelle, dans le domaine scolaire ? Les chapitres suivants vont présenter quelques éléments de réponse.

Qu’il s’agisse de familles riches ou pauvres, l’éducation revêt une grande importance dans la Rome antique. Dans toutes les familles, la décision de choisir un précepteur privé, praecep torou une école publique revient au pater familias, le père de famille. Généralement, celui-ci a recours à l’école publique que l’enfant commence à fréquenter à l’âge de sept ans.

De zéro à sept ans une éducation matrimoniale

De zéro à sept ans, l’éducation est confiée à la mère, la matrone, matrona. Au sein de la société romaine, son rôle fondamental est d’éduquer les enfants. Le mot « enfant » est issu du mot latin infans, qui signifie : « celui qui ne sait pas parler ». Celle qui dirige la maison inculque à l’enfant les valeurs romaines traditionnelles basées sur la « vertu », virtus. Que signifie ce terme pour un Romain ?

Le sens du mot a évolué sous l’influence stoïcienne : à l’origine, la virtusdésigne essentiellement le courage viril du combattant. Les mots « viril » et virtus sont de la même famille, rappelons-le. Puis la virtus exprime peu à peu « la rectitude morale par opposition au vitium, à tout ce qui gâte ou dévie la conduite morale de l’homme » selon la définition retenue par l’Encyclopédie Universalis.

L’enseignement de sept à onze ans

De sept à onze ans, l’enfant de la Rome antique reçoit une éducation correspondant pour nous à l’école primaire. Notons qu’il n’y a point « d’Éducation nationale » dans la Rome antique. Toutes les écoles sont payantes et mixtes. Cependant, les jeunes filles fréquentent moins longtemps les bancs de l’école. « Les jeunes filles romaines recevaient peut-être elles aussi une éducation formelle, mais elles étaient éduquées pour assumer le rôle de matrones de la classe supérieure et on attendait d’elles qu’elles se marient et deviennent mères à un âge assez précoce » peut-on lire sur le site worldhistory. Dès l’âge de quatorze ans les jeunes Romaines pouvaient en effet se marier.

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L’élève porte une tenue facilement reconnaissable avec ses deux bandes rouges, la toga praetexta ou toge prétexte. (Image : wikimedia / Nordisk familjebok / Domaine public)

Dans les familles aisées, c’est un esclave qui est chargé de conduire l’enfant à l’école située dans la ville. Parfois, l’esclave lui-même est l’instructeur, magister ludi. L’enfant apprend la base de la lecture et du calcul à l’aide d’un boulier. Il utilise une tablette de cire pour s’initier à l’écriture. Il porte alors une tenue facilement reconnaissable avec ses deux bandes rouges, la toga praetextaou toge prétexte.

Les méthodes éducatives sont d’une grande rigueur recommandée par les parents qui ne s’opposent guère au châtiment corporel. Toutefois, certains instructeurs ont opté pour des pratiques plus clémentes. L’érudit Suétone dans son ouvrage sur les Grammairiens, explique à propos d’un enseignant : « Pour stimuler les efforts de ses élèves, il avait l’habitude d’opposer ceux qui avaient le même avancement, non seulement en fixant le sujet sur lequel ils devaient écrire, mais aussi en offrant un prix que le vainqueur devait emporter ».

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Selon la plupart des sources, les maîtres de la Rome antique connaissent un sort peu enviable. (Image : wikimedia / user:shakko, CC BY-SA 3.0)

 Qu’en est-il de la situation des enseignants ? Selon la plupart des sources, les maîtres de la Rome antique connaissent un sort peu enviable. Mal payés, mal considérés, ces derniers subissent des conditions de travail difficiles. Les salles de classe s’avèrent souvent « brûlantes en été et glaciales en hiver ».

Le grammaticus : entre douze et seize ans

La tranche d’âge concernée aussi bien que l’enseignement dispensé dans les grammaticus rappellent notre lycée moderne. Le lycée est à l’origine associé au gymnase où enseignait Aristote. Ce gymnase était situé à proximité d’un temple appelé Appollon Lukeos. La Rome antique connaît une vague fortement influencée par le modèle grec ou modèle helléniste, notamment après la conquête de la Grèce par les Romains au IIe siècle av. J.-C. Il n’est pas rare que les cours soient dispensés en latin et en grec dans ces établissements. Seuls les enfants des familles les plus fortunées fréquentaient ces écoles très coûteuses. Les plus riches avaient les moyens d’envoyer leur progéniture en Grèce. Cet engouement pour l’éducation grecque n’était guère du goût des traditionalistes romains comme Caton l’Ancien, homme politique et historien célèbre.

« La plupart des Romains les approuvaient et voyaient avec plaisir les jeunes gens s’appliquer à la culture grecque et suivre les leçons de ces hommes si admirés, mais dès le début, aussitôt que ce goût des discussions philosophiques s’instaura dans la ville, Caton s’en alarma : il craignait de voir les jeunes gens qui tournaient de ce côté leurs ambitions, leur préférer la gloire de la parole à celle des actions et des armes. » Ainsi s’exprimait l’écrivain Plutarque dans sa biographie intitulée Caton l’Ancien.

Quel enseignement recevaient les élèves à la grammaticus ? Comme son nom l’indique, les élèves apprenaient la grammaire de manière à bien maîtriser la langue latine. Ils consolidaient leur connaissance en littérature, étudiant en particulier les œuvres classiques de Virgile, Plaute, Homère. Les meilleurs élèves étaient capables de réciter par cœur de longs passages de Virgile en particulier. À cet enseignement s’ajoutait un peu d’histoire, de géographie et de philosophie. En revanche, les sciences n’étaient pas enseignées à ce stade. Elles pouvaient être dispensées par la suite grâce à des maîtres spécialisés.

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Cicéron, avocat hors pair, philosophe, consul, tient lieu d’orateur modèle dans la Rome antique. (Image : wikimedia / José Luiz Bernardes Ribeiro / CC BY-SA 4.0)

Les études supérieures : après seize ans

Ce type d’études est accessible uniquement aux étudiants les plus brillants et les plus fortunés, ce qui constitue une minorité : fils de sénateurs, de hauts fonctionnaires reçoivent l’enseignement des rhéteurs, rhetor, afin de maîtriser les règles de la rhétorique, c’est-à-dire l’art de déclamer des discours. Les compétences acquises visaient à développer les qualités requises pour un futur consul, ou un sénateur féru d’éloquence. Cicéron et César sont restés maîtres en la matière et tiennent lieu de modèles incontestés. Cicéron, avocat hors pair, philosophe, consul, commente dans son ouvrage, L’orateur :

« Prouver, c’est la stricte obligation de l’orateur, plaire, c’est son moyen de séduction, entraîner, c’est son triomphe, dès qu’il entraîne, sa cause est gagnée. De ces trois conditions de succès sont nés les trois genres de diction. Il faut employer le style simple pour prouver, le tempéré pour plaire, le pathétique pour entraîner, et entraîner, c’est toute l’éloquence ».

Vous l’aurez compris, cette plongée au cœur du système éducatif romain nous aura permis de nous plonger également dans nos racines. Bien des éléments de comparaison sont permis entre la Rome antique et les temps modernes. Passé et présent, une fois encore, semblent présenter des similitudes troublantes.

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