Quelle est la plus haute louange que la Chine ancienne pouvait adresser à une femme ? La réponse surprendra peut-être : on disait qu’elle avait un visage de Bodhisattva. Car pour les Chinois d’autrefois, la beauté féminine chinoise traditionnelle ne résidait pas dans l’apparence extérieure, mais dans le rayonnement intérieur ; pas dans les traits du visage, mais dans la noblesse du cœur.
Les traits du visage de Bodhisattva
Le « visage de Bodhisattva » ne désigne pas l’apparence des statues religieuses, mais une beauté faite de douceur, de compassion et de dignité qui émane de l’intérieur. Une femme dotée de ces qualités dégage naturellement une aura de sérénité qui inspire confiance et apaise les cœurs sans effort. Les anciens appelaient cela « un visage béni ».
Du point de vue esthétique et physiognomonique traditionnel, une femme au visage de Bodhisattva présente généralement ces caractéristiques : des sourcils aux courbes naturelles et harmonieuses, larges d’environ deux doigts, symbolisant l’ouverture d’esprit et la capacité de compassion ; des yeux aux contours doux et légèrement incurvés, lumineux quand elle sourit, qui inspirent chaleur sans dureté et attirent les personnes bienveillantes ; une bouche aux lèvres bien dessinées, dont les commissures remontent légèrement, dont les paroles sont mesurées et inspirent confiance ; un front rond et lisse, symbole de sagesse et de discernement ; un menton plein et arrondi, représentant la tolérance et la félicité ; et surtout, une présence empreinte de dignité sans froideur, d’élégance sans ostentation, dont le sourire réchauffe comme un jour de printemps.
C’est pourquoi les visages « d’influenceuses » contemporaines, avec leurs mentons pointus et leur beauté glaciale, perdent souvent cette profondeur et cette aura de bonheur. Certes raffinés, ils manquent de cette force apaisante qui rend un visage éternellement beau.
L’éloge suprême n’est pas « belle femme » mais « visage de Bodhisattva »
Lorsque les Chinois louent une femme, le compliment ultime n’a jamais été « belle femme », mais « elle ressemble à un Bodhisattva ». L’expression « une femme vertueuse est comme Bouddha » décrit précisément cet idéal : un visage empreint de douceur, un regard limpide ; les yeux baissés dans la compassion, le regard mesuré quand elle les relève ; dans chaque geste, une justesse naturelle et une bienveillance spontanée.
Le terme « Bodhisattva » est une translittération bouddhiste signifiant « être éveillé ». Lorsqu’un être atteint le fruit de Bodhisattva, qu’il possède un corps masculin ou féminin, il apparaît sous forme féminine. Voilà pourquoi les Bodhisattvas ont toujours été représentés ainsi.
Après l’introduction du bouddhisme en Chine, Guanyin (觀音), le Bodhisattva de la compassion, en devint la figure emblématique : aimante et digne, douce et élégante, compatissante envers tous les êtres. Ainsi, le « visage de Bodhisattva » est progressivement devenu dans la culture chinoise le plus haut degré d’appréciation esthétique et morale accordé aux femmes. Mais il faut comprendre que cette « beauté parfaite » n’est pas innée. Si l’on ne s’attache qu’à la beauté extérieure et aux apparences flatteuses, on ne peut saisir la véritable essence de la vie.
Le visage reflète le cœur : vous devenez ce que vous cultivez
Les anciens l’avaient déjà dit : « L’apparence naît du cœur. »
Une légende raconte l’histoire d’un sculpteur qui, après avoir passé des années à sculpter démons et créatures maléfiques, remarqua un jour que si ses traits n’avaient guère changé, son expression était devenue féroce et son aura sombre. Il décida alors de se rendre dans un temple pour sculpter des statues de Guanyin. Jour après jour, il médita sur la compassion, la douceur et la bienveillance. Peu après, se regardant dans un miroir, il découvrit que son visage avait retrouvé sérénité et douceur. Ce n’est pas un conte fantastique, mais la projection naturelle de l’état d’esprit sur l’apparence.
Ce qu’une personne porte en son cœur finit toujours par se refléter sur son visage.
Les soucis se gravent entre les sourcils ; la mesquinerie transparaît dans le regard ; la générosité confère de la douceur ; la compassion fait rayonner naturellement.
Dans le Rêve dans le pavillon rouge (紅樓夢, Honglou meng), l’un des quatre grands romans classiques chinois, chaque personnage incarne cette vérité que « le cœur s’inscrit sur le visage » : la mélancolie de Lin Daiyu (林黛玉) se lit dans ses yeux et ses sourcils ; la faiblesse de Yingchun (迎春) imprègne son expression ; la détermination de Tanchun (探春) éclate dans son regard vif.
Ces traits ne sont pas seulement innés, mais aussi le fruit de l’accumulation quotidienne des états d’âme au fil de la croissance.
Cultiver son visage commence par cultiver son cœur
On dit souvent « juger les gens sur l’apparence », mais il serait plus juste de dire « juger sur la physionomie ». Ce que l’on juge n’est pas la peau, mais l’aura ; pas la jeunesse, mais la beauté véritable. La vraie beauté, c’est voir la lune claire et le vent doux au coin des yeux et des sourcils, c’est trouver dans chaque geste mesure et sérénité ; c’est conserver élégance et bienveillance même dans l’adversité.
Yang Jiang (楊絳, 1911-2016), célèbre romancière chinoise du XXe siècle, disait : « Je lis pour rencontrer une meilleure version de moi-même. » La lecture, la cultivation intérieure, l’introspection et la croissance personnelle finissent toutes par se refléter sur le visage.
Comme le disait Audrey Hepburn (1929-1993) : « Pour avoir de belles lèvres, prononcez des paroles de bonté ; pour avoir de beaux yeux, cherchez ce qu’il y a de beau chez les autres, souvenez-vous de leurs qualités et cultivez la gratitude ; pour avoir une posture élégante, rappelez-vous que vous n’êtes pas seule au monde. »
Le véritable visage de Bodhisattva est celui du cœur
La beauté physique finira par se faner, le maquillage par s’effacer, mais le visage nourri par la bonté, la compassion et la sagesse demeure éternellement jeune. Un cœur généreux est la physionomie la plus noble ; un cœur lumineux est le véritable visage de Bodhisattva.
La plus belle pratique spirituelle pour une femme n’est pas de lutter contre le temps, mais de laisser les années révéler progressivement sa compassion et son rayonnement.
Rédacteur Yi Ming
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