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Société. L’ingéniosité ougandaise : fabriquer des vélos avec du bambou

TENDANCE > Société

Le gouvernement ougandais utilise le bambou dans le pays pour lutter contre la déforestation. (Image : pixabay)
 

Noordin Kasoma possède un atelier dans la capitale ougandaise de Kampala où il fabrique des bicyclettes pas tout à fait comme les autres, cet atelier s’appelle Boogaali.

Mais ce qui rend les vélos de Noordin Kasoma différents des autres, c’est qu’il utilise le bambou comme matériau pour le cadre.

Un atelier dans la capitale ougandaise de Kampala qui fabrique des bicyclettes pas tout à fait comme les autres, utilisant le bambou comme matériau pour le cadre. (Capture d’écran YouTube)
Un atelier dans la capitale ougandaise de Kampala qui fabrique des bicyclettes pas tout à fait comme les autres, utilisant le bambou comme matériau pour le cadre. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Des vélos en bambou

« Le bambou est flexible. Grâce à cette flexibilité, il offre une sorte de propriété d’absorption des chocs lorsque vous roulez, surtout en tout-terrain. Le bambou lui-même est mieux à même d’absorber les chocs, que l’acier ou l’aluminium », a précisé Noordin Kasoma à Reuters.Contrairement à ce que les gens peuvent  penser, les vélos en bambou sont très solides et robustes.

Bien que les vélos en bambou existent dans le monde du cyclisme depuis de nombreuses années, Noordin Kasoma leur a donné un aspect intéressant. Il renforce les articulations avec un tissu fait d’écorce, un matériau traditionnel ougandais qui provient d’un arbre appelé Mutuba. Cela rend les vélos populaires auprès des autochtones. Noordin Kasoma a commencé à utiliser le bambou pour ses vélos car il était facilement disponible dans son pays et pouvait être récolté dans un contexte de développement durable.

Le nom de son entreprise, Boogaali, est composé du mot bambou et d’un mot autochtone appelé gaali, qui signifie vélo en langue Luganda. Le coût des vélos est compris entre 318 et 409 euros. Si l’on devait créer le même vélo en important des cadres en carbone, le coût doublerait.

La popularité des vélos Boogaali est si grande que Noordin Kasoma prévoit d’agrandir son usine et d’embaucher plus de personnel

Noordin Boogaali propose trois types de vélos en bambou à ses clients : les vélos de route, les vélos de montagne et les Gravel Bike (vélos «hybrides» cyclo cross, VTT). Le B-13 est un modèle de vélo de route qui possède une partie supérieure plate et des tubes de selle ovales qui améliorent l’aérodynamisme du vélo. Le vélo pèse autour de 9,3 kilos. Le modèle pour chemins GR-9 est le modèle le plus populaire et pèse environ 9,8 kg.

Le coût des vélos varie entre 318 et 409 euros, soit la moitié du coût de fabrication d’un même vélo avec un cadre en carbone importé. (Capture d’écran YouTube)
Le coût des vélos varie entre 318 et 409 euros, soit la moitié du coût de fabrication d’un même vélo avec un cadre en carbone importé. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Lutte contre la déforestation

Le gouvernement ougandais utilise le bambou dans le pays pour lutter contre la déforestation. La plus grande menace pour les forêts du pays est leur utilisation pour la combustion du charbon de bois. Mme Mary Gorreti Kitutu, Ministre d’Etat de l’Environnement et de la Gestion de l’Eau, a échangé avec les communautés locales et leur a demandé de cultiver du bambou pour en faire le commerce.

« Pour la première fois en Ouganda, nous avons connu une vague de chaleur et je préviens tous les Ougandais [que] ceci est le signe que l’avancée du désert est de plus en plus menaçante. Et le seul remède est de planter des arbres... En avril de l’année prochaine, nous devrions avoir planté 500 millions d’arbres », a-t-elle déclaré au journal Daily Monitor.

L'administration ougandaise a dévoilé un ambitieux projet décennal visant à planter environ 375 000 hectares de bambous dans le pays. (Image: via pixabay / CC0 1.0)
L’administration ougandaise a dévoilé un ambitieux projet décennal visant à planter environ 375 000 hectares de bambous dans le pays. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

L’administration a dévoilé un ambitieux projet décennal qui vise à planter environ 375 000 hectares de bambous dans le pays. C’est presque six fois plus que la couverture actuelle du pays en bambous dans les aires protégées, qui s’élève actuellement à 67 000 hectares. Le projet requiert que 28 à 30% des bambous soient plantés sur des terres gouvernementales et le reste sur des terres privées.

« L’Ouganda s’intéresse de plus en plus au bambou après avoir réalisé l’importance du bambou en terme d’agriculture. Il a une très grande importance pour la contribution sociale et environnementale du pays. Cela a été prouvé dans des pays comme la Chine et l’Inde qui ont exploité le bambou ces 40 dernières années », a déclaré Tom Okello Obong, directeur exécutif de la NFA, à New Vision.

Le bambou est une plante très polyvalente, et certains estiment que plus de 10 000 articles peuvent être fabriqués à partir de cette plante. L’industrie mondiale du bambou est évaluée à 3 milliards de dollars par an. Avec son projet de plantation de bambous, l’Ouganda espère non seulement lutter contre la déforestation, mais aussi offrir un moyen de subsistance à sa population.

Rédacteur Guillaume

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