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Monde. Saint Georges terrassant le dragon : une ancienne légende opposant le bien et le mal

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Dans l’Europe médiévale, peu d’histoires étaient aussi répandues – et aussi durables – que celle de Saint Georges terrassant le dragon. En apparence, c’est un récit de bravoure chevaleresque et de ferveur religieuse. Pourtant, sous cette narration se cache une signification plus profonde. 

À travers les siècles, cette histoire a servi d’allégorie morale à un enjeu bien plus vaste : la lutte incessante entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres. Elle a traversé l’histoire de l’humanité et des civilisations.

La foi face au mal

Saint Georges était un soldat romain qui vécut à l’époque de la tétrarchie, un système de gouvernement de l’Empire romain mis en place par Dioclétien à la fin du IIIe siècle, pour faire face aux invasions barbares qui induisent des déplacements massifs de populations. Chrétien convaincu, il fut plus tard exécuté pour avoir refusé d’abjurer sa foi et fut par la suite canonisé.

Sa légende la plus célèbre est celle de son affrontement avec un dragon.

Selon La Légende dorée (ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266), l’un des recueils médiévaux les plus influents sur la vie des saints, cet épisode s’est déroulé dans la ville de Silène, identifiée à diverses régions de l’actuelle Libye ou du Liban. Un dragon terrifiant, porteur de peste et de mort, semait la terreur et empoisonnait les environs.

Pour apaiser la bête, les habitants sacrifièrent d’abord du bétail. Face à l’échec de cette tentative, ils tirèrent au sort des enfants. Finalement, la fille du roi fut désignée. 

Alors qu’elle attendait son sort, un chevalier de passage, Georges, arriva. Armé de sa lance, Ascalon, Georges blessa le dragon. Il demanda alors à la princesse de ramener la créature vaincue en ville, comme s’il s’agissait d’un animal apprivoisé. S’adressant aux habitants, Georges déclara que s’ils acceptaient le baptême, il tuerait le dragon.

Selon la légende, quinze mille personnes se convertirent. Georges décapita alors le dragon. Une église fut ensuite construite sur le site, et une source réputée pour ses pouvoirs curatifs jaillit de son autel.

Dans la tradition occidentale, le symbolisme de cette histoire est indéniable. Le dragon représente les forces du mal, souvent assimilées à Satan. La princesse symbolise l’innocence et la vulnérabilité humaine. Saint Georges incarne le courage, la droiture et une foi inébranlable.

Art, mémoire et héritage durable

Saint Georges terrassant le dragon : une ancienne légende opposant le bien et le mal
L’une des représentations artistiques les plus célèbres de la légende est Saint Georges et le dragon, peint vers 1470 par Paolo Uccello (1397 - 1475). Ce tableau se distingue par son dragon stylisé, son utilisation novatrice de la perspective et sa composition dramatique. La princesse, tenant le dragon vaincu, renforce visuellement le triomphe du bien sur le mal. (Image : wikimedia / Paolo Uccello / Domaine public)

De par ces symboles, Saint Georges est devenu le saint patron de nombreux pays et régions, dont l’Angleterre, la Géorgie, l’Éthiopie, la Lituanie, le Portugal et la Catalogne.

L’une des représentations artistiques les plus célèbres de la légende est Saint Georges et le dragon, peint vers 1470 par Paolo Uccello (1397 - 1475), un artiste italien du début de la Renaissance. Des versions de cette œuvre sont conservées dans de grandes institutions telles que la National Gallery de Londres et le British Museum.

Ce tableau se distingue par son dragon stylisé, son utilisation novatrice de la perspective et sa composition dramatique dans laquelle la lance de Saint Georges transperce la tête du dragon. La princesse, tenant le dragon vaincu, renforce visuellement le triomphe du bien sur le mal.

En Angleterre, la Saint Georges, célébrée le 23 avril, reste une fête nationale. Saint Georges occupe également une place importante dans la littérature anglaise. Dans Henry V, William Shakespeare l’invoque dans son célèbre cri de ralliement : « Dieu pour Harry, l’Angleterre et Saint Georges ! ».

Une bataille cosmique au-delà du monde humain

Si la bataille de Saint Georges représente la lutte entre le bien et le mal sur terre, le livre de l’Apocalypse présente le même conflit à l’échelle cosmique.

Selon Apocalypse 12:7-12, l’Archange Michel, commandant de l’armée céleste, mène les anges dans la bataille contre le dragon rouge, identifié comme l’ancien serpent, le diable ou Satan. Le dragon est vaincu, chassé du ciel et précipité sur la terre.

Cette image a façonné des siècles d’art occidental. Un exemple frappant est la statue de la Fontaine Saint-Michel à Paris, achevée en 1860, représentant l’Archange Michel triomphant de Satan. Cette image symbolise le rétablissement de l’ordre divin et de la loi morale.

Une fois vaincu, le dragon rouge n’abandonne pas son opposition au Créateur. Au contraire, il tourne son hostilité vers l’humanité, rejetant la foi, la tradition et l’ordre moral, tout en cherchant à exercer son influence par l’intermédiaire d’agents terrestres, afin de détruire l’humanité.

Le communisme comme représentant terrestre du Dragon rouge : une interprétation civilisationnelle

Saint Georges terrassant le dragon : une ancienne légende opposant le bien et le mal
Dans certaines traditions religieuses et philosophiques, le « Dragon rouge » symbolise une force hostile au divin, et opposée à la tradition et destructrice de l’ordre moral de l’humanité. Dans ce cadre interprétatif, le communisme n’est pas seulement considéré comme une idéologie politique, mais comme le représentant terrestre d’une confrontation spirituelle plus profonde. (Image : wikimedia / Daniel Wabyick from San Francisco, CC BY 2.0 & Rosser1954, CC BY-SA 3.0)

Dans certaines traditions religieuses et philosophiques, le « Dragon rouge » symbolise une force hostile au divin, opposée à la tradition et destructrice de l’ordre moral de l’humanité. Dans ce cadre interprétatif, le communisme n’est pas seulement considéré comme une idéologie politique, mais comme le représentant terrestre d’une confrontation spirituelle plus profonde, qui remet en question la foi, la culture et les fondements éthiques.

Des sociétés secrètes à l’idéologie révolutionnaire

En 1776, Adam Weishaupt (1748 - 1830)fonda en Allemagne la société secrète de « l’Ordre des Illuminés de Bavière » (« Illuminati ») qui se réclamait de la philosophie des Lumières. Les archives historiques montrent que cette organisation prônait le secret, la tromperie et la discipline idéologique. Si les historiens débattent de l’étendue de son influence, certains commentateurs considèrent ces mouvements clandestins comme les prémices d’un courant intellectuel rejetant la religion traditionnelle et l’autorité morale.

Au milieu du XIXe siècle, ce courant prit une forme politique plus explicite. En 1848, Karl Marx et Friedrich Engels, membres de la Ligue communiste, issue d’associations radicales antérieures, publièrent le Manifeste du Parti communiste. Sa première phrase est célèbre : « Un spectre hante l’Europe, le spectre du communisme ». Pour nombre de leurs contemporains, ce « spectre » représentait non pas le progrès, mais une remise en cause fondamentale de la religion, de la tradition et des normes morales héritées.

Le pouvoir par la révolution, la culture par la destruction

Les mouvements communistes ont conquis le pouvoir par la lutte des classes et la violence révolutionnaire. De la Commune de Paris de 1871 – marquée par la destruction massive de monuments culturels – à la Révolution bolchevique de 1917, puis à l’instauration du régime communiste en Chine en 1949, les critiques affirment que chaque étape s’est accompagnée d’attaques systématiques contre la culture traditionnelle, les systèmes de croyances et les normes éthiques.

Le Manifeste du Parti communiste déclare ouvertement que le communisme vise à « abolir les vérités éternelles » et ainsi que la religion et la morale plutôt qu’à les réformer. Pour de nombreux observateurs, cette déclaration est essentielle pour comprendre pourquoi les régimes communistes se sont heurtés à maintes reprises aux communautés religieuses et aux civilisations traditionnelles.

Un conflit civilisationnel plus vaste

Dans cette perspective, le conflit n’est pas seulement politique, mais bien civilisationnel. L’hostilité du communisme envers la religion et la tradition morale est perçue comme indissociable de sa logique de gouvernance. Qu’elle soit formulée en termes théologiques ou sous forme de critique philosophique laïque, la question demeure la même : une société peut-elle perdurer lorsqu’elle démantèle systématiquement les fondements moraux sur lesquels elle a été bâtie ?

Ainsi, cette question ne relève pas uniquement de la théologie, mais aussi de l’histoire, de la dignité humaine et des conséquences à long terme de l’idéologie lorsque le pouvoir prime sur la conscience.

Un champ de bataille spirituel moderne

Ce combat n’est pas terminé. Il a simplement changé de forme.

Il est à noter que le consulat général de Chine à Toronto est également situé sur la rue St. George. Depuis plus de vingt ans, les pratiquants de Falun Gong – une discipline spirituelle, issue du Bouddhisme et du Taoïsme, fondée sur les principes de Vérité, de Compassion et de Tolérance – organisent des manifestations pacifiques devant les ambassades et consulats chinois du monde entier, suite à la campagne d’éradication de ses pratiquants par le Parti communiste chinois lancée le 20 juillet 1999.

Saint Georges terrassant le dragon : une ancienne légende opposant le bien et le mal
Le 28 septembre 2025, les pratiquants de Falun Gong de Toronto ont organisé une marche et un rassemblement dans le centre-ville de Toronto pour protester contre la répression transnationale exercée par le Parti communiste chinois. (Image : VisionTimes)

Des manifestations similaires ont eu lieu à Londres, où l’ambassade de Chine est située à moins d’un kilomètre de St. George Street. Ces actions non violentes et soutenues représentent une forme moderne de « combat contre le dragon », une résistance fondée sur la persévérance morale plutôt que sur la force.

Le seul moyen d’échapper à cette calamité 

Face à la crise actuelle, alors que le Dragon rouge montre les crocs et ravage le monde, la seule voie de survie réside dans la reconnaissance de la nature sombre et destructrice du Parti communiste et la rupture de tout lien spirituel et moral avec lui. Ce n’est qu’en se retirant du Parti(1), de la Ligue de la jeunesse et des Jeunes Pionniers – organisations auxquelles les chinois ont eu l’obligation d’adhérer depuis leur plus jeune âge – et en refusant de lui conférer légitimité ou soutien, que les individus peuvent échapper au désastre, à l’instar des habitants de la ville : sauvés par Saint Georges dans la légende.

La leçon de Saint Georges demeure : la justice et le courage sont l’épée qui triomphe du mal. À travers les luttes historiques entre le bien et le mal, chaque individu est finalement contraint de faire son propre choix.

(1) - Note de la rédaction 

Pour les lecteurs en Chine, le choix moral évoqué dans cet article s’exprime souvent à travers le mouvement Tuidang (Quittez le PCC), une déclaration volontaire et symbolique de renonciation à l’appartenance au Parti communiste chinois (PCC), à la Ligue de la jeunesse communiste et aux Jeunes Pionniers. Pour les lecteurs hors de Chine, qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes politiques, le soutien se manifeste généralement par des initiatives de la société civile. L’une d’elles est End CCP (Fin du PCC), une pétition mondiale recensant l’opposition aux violations des droits humains et à la répression idéologique perpétrées par le Parti communiste chinois.

Rédacteur Yasmine Dif

Source : Saint George and the Dragon: An Ancient Legend of Good vs. Evil

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