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Culture. Charlie Chaplin, le génie de l’humour et de l’humanisme

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Le chapeau melon, la moustache fine, le pantalon trop large, la démarche saccadée, vous avez reconnu Charlot, le personnage le plus populaire du cinéma muet. Connaissez-vous vraiment son créateur, Charlie Chaplin ? Acteur, réalisateur, producteur, compositeur, et surtout humoriste, l’homme a de quoi éveiller notre intérêt.

Une enfance difficile

Charles Spencer Chaplin est né dans les faubourgs les plus pauvres de Londres le 18 avril 1889. Charles et Hannah, ses parents sont tous deux artistes de music-hall mais le couple se sépare alors que Charles est tout juste âgé de trois ans. Il reverra très peu ce père rongé par l’alcool. Sa mère de santé fragile vit dans une extrême pauvreté avec Charles et son fils aîné Sydney, né avant son mariage. Atteinte de maladie mentale, elle finit par être internée, ce qui signifie un placement en orphelinat pour ses jeunes enfants. Le petit Charles doit lutter pour survivre. « Il me fallait garder cette exubérance qui provient d’une confiance absolue en soi. Sans elle, on court à la défaite. » confiait Charlie Chaplin plus tard.

Animé d’un grand sens de la débrouillardise, le jeune garçon maigrichon toujours en quête de nourriture « enchaîne les petits boulots ». Dès l’âge de dix ans, il est enrôlé dans une école de claquettes, les Eight Lancashire Lads, « Huit gars du Lancashire ». Ses talents de comédien sont remarqués. Notons que sa mère lui a tout appris sur l’art de la pantomime.

Charlie Chaplin : vers le rêve américain, la fortune et la gloire 

Ses talents de comédien précoces contribuent à le faire engager par la troupe britannique la plus célèbre, celle de Fred Karno. Il est engagé en 1907.Puis lors d’une tournée en Amérique, il est remarqué par Mack Sennett, le roi du burlesque, et engagé à Hollywood.

Contrairement à ses aspirations d’homme de théâtre, pour la première fois il embrasse le monde du cinéma. Il rejoint les studios Keystone en 1914. Chargé au pied levé d’inventer un personnage, il choisit au hasard un chapeau, une veste étriquée, des chaussures trop larges, une canne. Il adopte cette démarche unique. En se maquillant et en apposant une moustache pour se vieillir, il crée un personnage éternel : « Charlot » en français, The Tramp en anglais, c’est-à-dire « Le Vagabond » le tendre, l’obstiné. Celui qui garde en toutes circonstances cette dignité chère à Charlie Chaplin. Le succès est au rendez-vous, un succès planétaire. Rares sont les acteurs et les personnages du XXe siècle ayant acquis une notoriété aussi étendue. 

Le gamin des rues londoniennes devient Outre-Atlantique l’acteur le plus riche du monde. Ayant acquis l’autonomie dont il rêvait, Charlie Chaplin écrit, réalise et produit ses films lui-même. Il fonde son propre studio, la United Artists en 1918. Ses cachets atteignent les millions de dollars.

Nous allons présenter trois films majeurs qui soulignent non seulement son talent d’acteur mais son sens de la satire sociale teintée d’humour.

Charlie Chaplin, le génie de l’humour et de l’humanisme
Chaplin disait à propos du film Le Kid : « un film avec un sourire et peut-être une larme ». (Image : wikimedia / First National Pictures (work for hire) / Domaine public)

Le Kid

Le Kid, premier long-métrage de l’auteur date de 1921. Il s’agit de l’histoire de Charlot, un vagabond ayant recueilli un bébé abandonné. L’enfant grandit. Cinq ans plus tard il forme avec Charlot un duo très uni. Cependant, les autorités cherchent à les séparer, d’où le côté émouvant de certaines scènes. Chaplin disait à propos du film : « un film avec un sourire et peut-être une larme ».

Le jeu très expressif de l’acteur Jackie Coogan, le mélange de burlesque et d’émotion, les gags de Charlie Chaplin ont largement contribué au succès du film. Dans le même temps, sa critique subtile du sort des plus démunis reste d’actualité.

Les Temps modernes

Ce film paru en 1936 en pleine crise économique dépeint un Charlot en butte aux cadences infernales de l’usine où il travaille. Devenu fou sur sa chaîne de travail il serre des boulons partout sur son passage et se retrouve à l’hôpital puis en prison. 

Charlie Chaplin dépeint dans ce film la déshumanisation que produit le travail à la chaîne. Le personnage de Charlot, quoique démuni tient à garder un peu de dignité. Il représente une note d’espoir dans ce monde dépourvu d’humanité.

Charlie Chaplin, le génie de l’humour et de l’humanisme
Dans la scène finale, du film Le Dictateur, c’est Charlie Chaplin en personne qui parle au spectateur. Le masque tombe. Il adresse un vibrant appel à la paix et défend la démocratie, la liberté et l’humanisme. (Image : Capture d’écran / Youtube)

Le Dictateur

Dans ce film paru en 1940, Chaplin incarne deux rôles, à savoir le barbier juif naïf et Adenoïd Hinkel, caricature évidente de Hitler. Le film dénonce le totalitarisme propre au fascisme incitant à la haine. Dans la scène où le dictateur roule un globe terrestre, la folie du pouvoir est ouvertement tournée en ridicule.

Dans la scène finale, c’est Charlie Chaplin en personne qui parle au spectateur. Le masque tombe. Il adresse un vibrant appel à la paix et défend la démocratie, la liberté et l’humanisme.

Le discours considéré comme le plus célèbre discours du cinéma demeure criant d’actualité.

Découvrons l’extrait suivant : « L’envie a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent dans l’insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d’intelligence, nous ne ressentons pas assez et nous pensons beaucoup trop. Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d’humanité. 

Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n’est plus que violence et tout est perdu. Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain. »

Rupture et reconnaissance

Au fil des années le rêve se brise pour Charlie Chaplin de plus en plus critiqué par une certaine droite américaine jugeant ses positions politiques trop radicales. C’est l’ère du maccarthysme et de la chasse aux sorcières. Son adversaire de toujours, Edgar Hoover, le chef du FBI profite de ses déboires matrimoniaux. La perte d’un procès de demande de paternité écorne davantage la popularité de l’acteur déjà compromise. 

En 1952, en faisant route vers Londres, sa ville natale, il apprend que s’il retourne aux Etats-Unis, son visa sera retiré. La rupture prend forme. Charlie Chaplin décide de ne plus retourner aux Etats-Unis. Il achète un paisible manoir en Suisse à Vevey où il s’installe avec sa quatrième épouse Oona O’Neill, fille du dramaturge. Ils ont eu huit enfants.

Outre les récompenses reçues, à Cannes et à Venise respectivement en 1971 et 1972, il est invité à venir à Los Angeles pour recevoir un oscar. Il hésite à retourner aux Etats-Unis après 20 ans d’exil. Il se rend finalement sur les lieux et a droit à une « standing ovation » de 12 minutes, la plus longue jamais reçue. 

Charlie Chaplin rentre chez lui en Suisse, ému et fragilisé par une santé déclinante. Il s’éteint paisiblement dans la nuit du 24 décembre 1977. Le monde avait perdu un génie du cinéma qui savait si bien allier l’humour à l’humanisme.

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