La culture traditionnelle chinoise a une longue histoire. De plus, elle est profonde et vaste. Elle constitue ainsi une source inépuisable de vie. Je voudrais ici me concentrer sur un concept important de la culture traditionnelle chinoise : la droiture.
La droiture : un héritage de la culture traditionnelle chinoise
Au cours des 5 000 ans d’histoire de la civilisation chinoise, les Chinois des temps anciens ont toujours prôné la droiture et encouragé à devenir un homme véritable que la richesse et l’honneur ne peuvent corrompre, que la pauvreté et l’humilité ne peuvent ébranler, que le pouvoir et la force ne peuvent plier.

Ainsi, les Chinois des temps anciens disaient souvent : « On peut remplacer le commandant d’une armée, mais on ne peut pas changer la conviction d’un homme ». « La droiture peut servir d’exemple aux autres, l’honnêteté et l’intégrité peuvent inspirer le respect. ». « Je ne recherche pas les louanges, je souhaite seulement laisser derrière moi le doux parfum de la vertu dans ce monde. » Cet esprit de droiture a été précisément la source importante de l’existence continue du peuple chinois depuis cinq mille ans et de son rayonnement en Orient.
Mencius et sa position sur la droiture

Il y a plus de 2 400 ans, Mencius (380 – 289 av. J.-C.) a fait un commentaire succinct sur ce sujet. Quelqu’un lui a demandé : « Maître, en quoi excellez-vous ? ». « Je suis doué pour cultiver l’énergie de la droiture », lui a répondu Mencius.
Alors, qu’est-ce que l’énergie de la droiture ? Mencius l’a précisé en ces termes : « Il est difficile de l’expliquer en quelques mots. Cette énergie est extrêmement vaste et puissante. Si vous la cultivez avec intégrité et ne lui faites aucun tort, elle remplira le ciel et la terre. Cependant, cette énergie doit être accompagnée de bienveillance et de moralité, sinon elle manquera de puissance ».
« De plus, elle doit être nourrie par une bienveillance et une moralité constantes, plutôt que d’être obtenue par des actes de justice occasionnels. Une fois que vos actions sont coupables, cette énergie perdra de sa puissance. »
Cette énergie vertueuse est difficile à cultiver, mais très facile à détruire. Il suffit d’un cœur mal intentionné pour qu’elle disparaisse immédiatement.
L’empereur Taizong des Tang, le plus grand empereur de tous les temps, a défendu l’intégrité

Cultiver la droiture permet d’avoir « un cœur juste, un corps équilibré, des premiers ministres et un gouvernement intègres, un pays vertueux et un monde en paix ».
L’empereur Taizong (600 – 649) de la dynastie des Tang, considéré comme le « plus grand empereur de tous les temps », en est un parfait exemple. L’empereur respectait le Ciel et valorisait la Voie. Il cultivait ainsi sa moralité et son corps.
À la mort de Wei Zheng, le ministre qui avait osé dire la vérité et permis à l’empereur de corriger ses erreurs, l’empereur Taizong de Tang a prononcé ces mots en sa mémoire : « En se servant d’un miroir en bronze, on peut ajuster son vêtement. En étudiant l’histoire comme un miroir, on peut discerner les causes de l’ascension et de la chute des dynasties. En observant les autres personnes comme un miroir, on peut comprendre les gains et les pertes ».
Il avait été le témoin direct de l’ascension et de la chute de la dynastie Sui et utilisait souvent l’empereur déchu, l’empereur Yang de Sui, comme exemple négatif pour enseigné à ses sujets et à lui-même, l’importance de savoir rester modeste, intègre et honnête : d’agir pour le bien commun et de suivre la voie de la droiture.
Bien qu’occupant de hautes fonctions, l’empereur Taizong se souciait profondément du peuple. Il répétait constamment que « l’eau peut porter un bateau, mais aussi le renverser ». Humble et respectueux, il se souvenait toujours de cet ancien dicton : Ceux qui soulignent constamment mes atouts et mes qualités sont mes adversaires. Ceux qui abordent directement mes lacunes sont mes maîtres. Il était prêt à écouter les opinions divergentes et opposées.
Il discernait les talents et savait les mettre en valeur. Il permettait ainsi à la cour de bénéficier d’une pléthore d’individus talentueux : chacun apportant son plein potentiel. Face aux catastrophes naturelles ou humaines, il commençait toujours par se remettre en question. Il priait ensuite respectueusement le Ciel et Dieu, et décrétait une amnistie générale.
L’histoire qui incarne le mieux le principe de l’empereur Taizong selon lequel « un cœur droit conduit à la droiture dans le monde » est son pacte avec 390 condamnés à mort.
Au douzième mois lunaire de la septième année du règne de Zhenguan (l’an 633), l’empereur Taizong inspecta la prison impériale, où 390 condamnés à mort attendaient leur exécution. Ces prisonniers, avaient été tous soumis, à trois et cinq reprises, au processus de révision. Ils étaient coupables de crimes impardonnables et méritaient la mort comme châtiment . Cependant, lorsque l’empereur Taizong a examiné leur dossier, pris de compassion, il leur a ordonné de rentrer chez eux pour passer le Nouvel An chinois avec leur famille et de revenir après les moissons d’automne pour leur exécution.
Cet ordre avait réjoui les condamnés et les avait remplis de gratitude. Le quatrième jour du neuvième mois lunaire de l’année suivante, les 390 hommes étaient rentrés à temps, sans qu’aucun n’ait pensé à s’enfuir. Grâce à leur promesse tenue, tous les condamnés furent finalement graciés !

La gouvernance bienveillante de l’empereur Taizong visait à assurer une vie paisible et prospère au peuple, une société stable et harmonieuse, ainsi qu’un empire paisible et prospère. Il a suscité ainsi le respect de différents pays des quatre coins du monde.
La capitale de la dynastie Tang, Chang’an, était une ville cosmopolite, à l’image de New York aujourd’hui. La phrase « Les portes des Neuf Cieux s’ouvrirent et des gens de toutes les nations, vêtus de leurs plus beaux atours, s’inclinèrent devant l’empereur », décrit parfaitement les envoyés du monde entier qui affluèrent à Chang’an pour être reçus par l’empereur Taizong à la cour impériale.
En raison de ses contributions bienveillantes aux régions reculées à l’Ouest et au Nord de l’Empire des Tang, l’empereur Taizong était vénéré comme le « Khan céleste ».
Wen Tianxiang mourut avec noblesse
Cultiver la droiture permet également de rester imperturbable même lorsque la Montagne Tai s’effondre sous nos yeux. Wen Tianxiang (1236 - 1282), le dernier Premier ministre de la dynastie des Song du Sud, fut emprisonné pendant trois ans et deux mois après sa défaite et sa capture.
Durant cette période, la dynastie Yuan employa tous les moyens possibles pour le persuader, le contraindre et l’inciter à céder. Le nombre de personnes essayant de le persuader, l’intensité de la coercition et de l’incitation, la générosité des conditions proposées et la longueur de l’attente surpassèrent tout ce que pouvait supporter les autres fonctionnaires de la dynastie Song de l’époque.

La dureté des épreuves endurées par Wen Tianxiang, sa détermination inébranlable, ont été sans précédent dans l’histoire. Il fut exécuté et mourut avec détermination : une mort héroïque à l’âge de 47 ans.
Après son exécution, les gens ont trouvé dans son vêtement un texte louant les vertus des anciens : « Confucius parlait d’atteindre la bienveillance, Mencius de défendre la loyauté. Ce n’est qu’en accomplissant au maximum la fidélité et la loyauté que la bienveillance peut être véritablement réalisée. Qu’est-ce que je dois apprendre des écrits des sages ? À partir d’aujourd’hui, je n’ai plus de remords ».
En prison, Wen Tianxiang écrivit l’innovante Ode à la Justice : « Le Ciel et la Terre possèdent une énergie droite, qui leur donne forme et consistance… Cette énergie est majestueuse, son pouvoir impressionnant perdure à travers les âges. Lorsqu’elle imprègne le soleil et la lune, la vie et la mort n’ont plus d’importance. Les fondations de la Terre et les piliers du Ciel dépendent de cette énergie. Les relations humaines sont maintenues par cette l’énergie, et les principes moraux sont fondés sur celle-ci.»
Il a également écrit le poème intemporel La Traversée du Canal Lingding, dont les deux vers Depuis les temps anciens, qui a échappé à la mort ? Que mon cœur loyal illumine la gloire de la dynastie, ont encouragé, génération après génération, les descendants de l’Empereur Jaune à transcender la vie et la mort pour se vouer à la grande cause de leur peuple.
L’empereur Qianlong (25 septembre 1711 - 7 février 1799) de la dynastie Qing a émis un commentaire sur Wen Tianxiang. « La loyauté n’est pas une simple question d’enthousiasme passager. Elle se renforce avec le temps, et son esprit droit rivalise de gloire avec le rayonnement du soleil et de la lune. Cet homme loyal et bienveillant, déterminé à défendre la loyauté dans le monde entier, est insensible au succès comme à l’échec. »
Tchang Kaï-chek (31 octobre 1887 - 5 avril 1975), surnommé le « Héros éternel », a décrit Wen Tianxiang comme « un homme qui incarne l’esprit et le caractère de la nation chinoise tout entière. C’est une gloire éternelle pour la nation ».
Zhang Xun a choisi de mourir plutôt que de se rendre

Cultiver la droiture permet de défendre la justice et de renverser la situation. Zhang Xun ( 709 – 24 novembre 757), le plus grand héros de la dynastie Tang, a combattu la rébellion à côté de ses soldats pendant la période la plus périlleuse de l’empire, prolongeant de cette manière l’existence de la dynastie Tang d’un siècle !
La rébellion d’An Lushan, qui dura sept ans et deux mois, du 16 décembre 755 au 17 février 763, entraîna des désastres sans fin pour la dynastie Tang. La bataille de Suiyang fut le plus brutal de ces événements.
Suiyang, aujourd’hui Shangqiu dans le Henan, est un lieu stratégique qui s’étend de Pékin jusqu’aux fleuves Yangtze et Huaihe, en passant par le Shandong. Sans vivres ni renforts, Zhang Xun, le général Tang qui défendait la ville, résista à une force rebelle de plus de 100 000 hommes avec moins de 7 000 soldats. Il résista dix mois, avant d’être finalement capturé. Il refusa de se rendre fut tué par les rebelles. Sept jours après sa chute, la ville de Suiyang fut reprise par l’armée Tang. Dix jours plus tard, l’armée Tang lança une contre-attaque majeure et Li Chu, le prince Guangping, reprit d’un seul coup la capitale de l’est, Luoyang.
Selon les archives historiques, la bataille de Suiyang s’est déroulée en plus de 400 combats, entraînant la décapitation de plus de 300 généraux rebelles et la destruction de plus de 100 000 soldats ennemis. La défense acharnée de Zhang Xun a bloqué l’avancée des rebelles vers le Sud, préservant ainsi la prospère région du Jianghuai qui était le principal centre de recettes fiscales de la dynastie Tang. De plus, la défense de Zhang Xun a bloqué un grand nombre de rebelles, permettant à l’armée Tang de gagner un temps précieux pour organiser une contre-attaque stratégique.

Après la mort de Zhang Xun, l’empereur Suzong des Tang a publié un édit conférant à titre posthume le titre de Grand Commandeur de Yangzhou et le titre de Dame de Shen à son épouse : octroyant en plus à cette dernière cent pièces de soie. L’empereur Suzong a également nommé Zhang Yafu, le fils de Zhang Xun, Grand Général de la Garde Impériale et a exempté la garnison de Suiyang de corvée et de service militaire pendant deux ans. Durant la période Dazhong, le portrait de Zhang Xun était exposé au pavillon Lingyan rendant hommage aux fonctionnaires méritants.
Par la suite, les dynasties successives continuèrent à conférer de nouveaux honneurs à Zhang Xun. Un poème ultérieur fit l’éloge de Zhang Xun : « Un cœur d’acier cent fois trempé, des os mille fois martelés. Il s’adapte avec une rapidité extraordinaire, réagissant aux changements soudains. Il barre le fleuve Yangtze de ses mains et engloutit le rebelle Hu par son courage. La voie du Ciel et l’éthique humaine perdureront pendant cent générations. »
Wang Yangming : « Si l’on est en harmonie avec les dieux, que craindre ? »
Comment cultiver un esprit de droiture ? Wang Yangming ( 1472 – 1529), grand érudit de la dynastie Ming, a eu sa propre compréhension.
Dans Les paroles du Maître consignées par ses élèves, on peut lire que l’un de ses disciples, Lu Cheng, lui demanda un jour : « Que faire si l’on a peur des fantômes la nuit ? » Wang Yangming lui répondit par ces mots : « C’est parce qu’il ne pratique pas assidûment la bienveillance et la droiture dans sa vie quotidienne, nourrissant ainsi un sentiment de culpabilité dans son cœur, il a donc peur des fantômes. Si sa conduite était en harmonie avec le divin, qu’aurait-il à craindre ? »
Le premier point consiste à se conformer aux normes définies par Dieu. Les Chinois disent souvent : « Il y a des dieux au-dessus de nos têtes ». Cela signifie que les dieux sont omniprésents. Tant que nous croyons aux dieux, que nous les respectons et les vénérons, et que chacune de nos pensées, paroles et actions s’aligne sur les normes éthiques et morales établies par les dieux, les dieux nous accorderont un immense courage. Nous serons alors vertueux, sans peur des fantômes ni de se faire tromper par le mal !

Pour le second point, notre conduite doit être, comme l’a dit Mencius, conforme à la morale. Le confucianisme met l’accent sur « la bienveillance, la loyauté, la moralité, la sagesse et la fidélité ». Le bouddhisme met l’accent sur la « bonté », et le taoïsme sur la « vérité ».
De cette manière, la moralité est la norme qui permet de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste. Ce qui est conforme à la morale est juste, bon et vertueux. Ce qui lui est contraire est faux, mauvais et maléfique. Agir en accord avec la morale, jour après jour, conduira progressivement à un sentiment croissant de droiture !
Le troisième point est l’importance accordée à l’introspection. « Le cœur humain est comparable à un miroir en bronze rouillé. Il nécessite un récurage et un polissage vigoureux pour éliminer la patine et la saleté, après quoi les plus fines particules de poussière deviennent visibles. Celles-ci peuvent alors être essuyées d’un simple geste, sans effort particulier. Ce n’est qu’alors que l’on peut comprendre ce qu’est véritablement la bienveillance », a expliqué Wang Yangming.
Par ces mots, il nous enseigne que pour cultiver un esprit droit, le chemin le plus sûr est de tourner notre regard vers l’intérieur, en nous examinant, en corrigeant nos défauts et en nous efforçant de nous améliorer de manière constante. Grâce à ce cycle continu, la droiture habitera en nous, ne laissant aucune place aux influences néfastes!
La culture traditionnelle chinoise et la Chine continentale aujourd’hui

Le Parti communiste chinois (PCC) dirige la Chine depuis plus de 70 ans. À l’aide de ses multiples campagnes, il a voulu détruire la foi et la pensée droite du peuple chinois par l’athéisme, la lutte des classes et l’évolutionnisme. Au cours de plus de 50 campagnes politiques sanglantes et brutales, en particulier les 26 ans de persécution du Falun Gong, le PCC a détruit la droiture de nombreuses personnes. De plus, beaucoup sont obsédés par « la bonne chair, la consommation d’alcool, la luxure, les jeux…». La moralité a été corrompue, l’ordre public a disparu, et le cœur de nombreuses personnes est devenu perverti et corrompu, ne recelant aucune trace de droiture.
Si l’on se penche sur les 5 000 ans d’histoire de la civilisation chinoise, héros et grands hommes se sont succédés. Certains sont nés à une époque troublée et se sont lancés dans la bataille, armes à la main, au milieu du tumulte des factions en guerre, leur esprit s’est envolé avec un courage sans limites. D’autres ont vécu dans des temps prospères, ils ont su prodiguer courageusement des conseils et défendre la justice en faisant preuve d’une droiture inébranlable. Qu’ils soient au gouvernement ou dans l’opposition, parmi le peuple ou dans l’armée, l’immense puissance démontrée par leurs pensées et leurs actions justes est impressionnante : telles d’imposantes montagnes, « brillant comme le soleil et la lune ».

Si chaque descendant de l’Empereur Jaune pouvait tirer une précieuse expérience de ces héros séculaires, et si chacun pratiquait des pensées et des actions justes, en puisant dans la culture traditionnelle chinoise, le mal n’aurait nulle part où se cacher, et le peuple chinois retrouverait certainement la droiture ancestrale et son rayonnement en Orient.
Rédacteur Charlotte Clémence
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