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Histoire. Pourquoi la dynastie Song est la période la plus fascinante de Chine pour les Occidentaux ?

CHINE ANCIENNE > Histoire

Selon certains sinologues et historiens de la Chine, la dynastie Song (960 – 1279) est la plus fascinante de Chine pour les Occidentaux. Mais pourquoi la dynastie Song ? Ouverture d’esprit, naissance des « quatre grandes inventions » de la Chine, développement de l’art de peinture, culture du thé et préparation précurseur du matcha japonais, première presse people… En dehors de l’image d’une dynastie faible qui n’a cessé de défaire les guerres avec les barbares du nord, la dynastie Song nous réserve beaucoup de surprises.

Prospérité, ouverture d’esprit, paix et naissance des quatre inventions chinoises

En réalité, la période de la dynastie Song était une époque assez particulière. Par rapport à la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.), la dynastie Song n’a pas connu de troubles civils. Comparée à la dynastie Tang (18 juin 618 – 1er juin 907), la dynastie Song était plus prospère sur le plan culturel. Face aux dynasties Ming (1368 – 1644) et Qing (1644 – 1911), la dynastie Song était plus ouverte et plus pacifique.

La civilisation de la dynastie Song a atteint un niveau sans précédent. Outre la fabrication du papier, les trois autres des « quatre grandes inventions » de la Chine ancienne - la boussole, la poudre à canon et l’imprimerie à caractères mobiles - sont toutes apparues sous la dynastie Song.

De nombreux chercheurs ont découvert que sous les dynasties Song et Yuan, le niveau scientifique de la Chine était à son apogée, si bien que la Chine était un leader par rapport au reste du monde à la même époque. Les mathématiques, l’astronomie, l’extraction des métaux, les techniques de construction navale et l’utilisation des armes à feu figuraient parmi les meilleures au monde.

Les empereurs de la dynastie Song ont traité les lettrés avec grand respect. Les lettrés vraiment difficiles à supporter étaient simplement exilés pendant un certain temps et, en cas de regret soudain de la part de l’empereur, ils étaient rappelés sur son ordre.

Les lettrés se disputaient également entre eux, mais pas au point de se tuer. Lorsque Wang Anshi, le premier ministre, travaillait sur la Réforme, Sima Guang, le secrétaire de l’empereur, s’est opposé à Wang au palais devant l’empereur, si bien que Wang Anshi l’a renvoyé à Luoyang. Une fois à Luoyang, Sima Guang se plongea dans ses travaux sur le Zizhi Tongjian et, fatigué de les compiler, il écrivit une lettre ouverte pour réprimander Wang Anshi. Ayant lu cette lettre, Wang Anshi écrivit à son tour une lettre ouverte pour répondre à Sima Guang, et l’affaire était réglée.

La culture du thé, l’Âge d’or du dragon et du phénix

La dynastie Song a porté la culture du thé en Chine à son apogée (connue dans le monde du thé sous le nom de l’« Âge d’or du dragon et du phénix »). Dès l’établissement de la dynastie Song, la consommation de thé a été pratiquée au palais. Zhao Kuangyin, l’empereur fondateur de la dynastie Song, était un grand amateur de thé, comme l’ont été tous les empereurs Song.

En tant que Fils du Ciel, l’empereur Huizong a personnellement promu la consommation de thé de sorte que de nombreux hauts fonctionnaires adoraient boire du thé. Les lettrés et les érudits ont fait la promotion du thé à travers des poèmes, des chansons, des calligraphies et des peintures. Les gens de la ville ou de la campagne utilisaient le thé pour recevoir des invités, offrir des cadeaux ou participer à des rituels. La pratique de la consommation de thé a marqué tous les aspects de la vie sociale des deux dynasties Song.

Banquet des lettrés au Palais avec les serveurs qui servent le thé à la méthode Diancha (qui est devenu le matcha au Japon, au IXe siècle). (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

L’empereur Huizong des Song a rédigé personnellement le Traité sur le thé (大观茶论), un compte rendu détaillé du processus de production du thé, des ustensiles de thé et de l’art de préparer le thé sous la dynastie Song. Ce livre est un ouvrage important sur le thé, le seul au monde écrit par un empereur régnant.

Le livre complet compte plus de deux mille mots et est divisé en vingt sections : une introduction, puis des sections sur le sol, le climat, la cueillette, la fermentation, la fabrication, la dégustation, l’évaluation, la préparation, le stockage, les variétés de thé, et bien d’autres. Le livre couvre tout, de la culture et la récolte du thé à la préparation et la dégustation, en passant par l’eau, les ustensiles, le feu, la couleur, l’arôme et le goût du thé. Il traite également des grandes plantations de thé, des techniques de fermentation, de l’art de la préparation du thé et de l’art de la dégustation. Ce livre est une source complète d’informations sur le thé et couvre tous les aspects de cette boisson, de la production à la dégustation.

Une pratique importante de la culture du thé à la cour des Song était la cérémonie du thé de la cour, qui se déroulait lors des banquets du printemps et de l’automne. L’empereur offrait souvent du thé aux fonctionnaires, aux étudiants, aux moines, au peuple et aux envoyés khitan de la dynastie du Nord. Les fonctionnaires érudits et les lettrés utilisaient également la cérémonie du thé comme événement de rencontre.

Deux serveurs sont en train de préparer du thé en poudre : l’un le mouline, l’autre y verse de l’eau pour le fouetter. Extrait du tableau Mouliner du thé en poudre. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0) 

Lorsque les Song buvaient du thé en poudre, il était courant de faire des batailles de thé, c’est-à-dire de voir qui ferait les bulles de thé les plus denses et les plus blanches, et un bol de thé très bien battu devrait avoir l’effet de « lait blanc flottant à la surface du bol, comme les étoiles clairsemées et la lune pâle ». La couleur du thé est étroitement liée à la technique utilisée, le blanc pur étant la couleur la plus appréciée, suivi par le blanc verdâtre et le blanc grisâtre, tandis que le blanc jaunâtre et le rougeâtre étaient les couleurs les moins appréciées.

L’art de la peinture à son apogée

La peinture des Song a marqué l’apogée du développement des techniques picturales chinoises, qu’aucune génération ultérieure n’a pu égaler. La dynastie Song est à l’origine de nombreuses créations importantes dans l’art de la peinture, notamment la peinture de figures, qui se concentre sur l’exploration de l’esprit des personnages et de diverses scènes captivantes, ainsi que sur la création de personnages dotés d’une personnalité unique.

Les peintures de fleurs, d’oiseaux et les peintures de paysages de la dynastie Song recherchaient des effets de beauté et d’émotion, en prêtant attention aux expressions artistiques réalistes et ingénieuses, en s’efforçant de raffiner les images et d’atteindre un haut degré de réalisme.

Oiseaux peints par l’empereur Huizong de Song. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

Les lettrés et les fonctionnaires érudit ont également contribué à l’épanouissement de l’art de la peinture, notamment en ce qui concerne l’expression subjective et l’exploration des effets du pinceau et de l’encre.

Compte tenu de la prospérité de la peinture dans l’ensemble de la société, la peinture à la cour s’est développée à un niveau élevé et ses réalisations artistiques sont remarquables. L’empereur Huizong était lui-même un artiste talentueux et polyvalent.

Sous la dynastie des Song, la collection et l’appréciation des peintures sont devenues populaires parmi les lettrés et les érudits de la classe supérieure, dont beaucoup étaient aussi peintres et utilisaient les peintures pour exprimer leurs sentiments de la même manière que la poésie. Ils inscrivaient des poèmes sur leurs peintures, ce qui a ouvert un nouveau chapitre de la calligraphie et des inscriptions picturales.

Les peintures des lettrés et des érudits des deux dynasties Song étaient remarquables, telles que la Prune d’encre de Zhong Ren et Yang Wugou, le Bambou de Wen Tong, l’Arbre mort et rocher étrange de Su Shi, la Montagne dans les nuages de Mi Fu et Mi Youren, père et fils, et le Narcisse de Zhao Mengjian.

Arbre mort et rocher étrange, peint par Su Shi. (Image : wikimedia / Su Shi / Domaine public)

La contribution des lettrés et des érudits à la peinture lettrée des Song du Nord se manifeste également dans leurs apports théoriques. Ouyang Xiu a proposé la « tranquillité » comme niveau esthétique à poursuivre. Su Shi a avancé qu ’« en tant qu’admirateur de peintures, si vous ne jugez les peintures que par leur ressemblance, c’est plutôt la compréhension d’un enfant ». En effet, la véritable essence de la peinture lettrée chinoise ne réside pas dans la recherche d’une ressemblance superficielle, mais d’une similitude intérieure.

Dans la vie traditionnelle chinoise, un réseau de lettrés et d’érudits s’est formé depuis longtemps, de sorte que la peinture lettrée et les idées de Su Shi (entre autres) se sont rapidement répandues, influençant même les régions Liao et Jin sous domination barbare, comme facteur précurseur du développement de la peinture lettrée des dynasties Yuan et Ming.

Indulgence envers les marchands : les postes de fonctionnaire accessibles aux descendants des marchands

Par rapport aux dynasties précédentes, la dynastie Song était plus indulgente à l’égard des marchands. Sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.), les marchands devaient porter des vêtements de couleur spéciale et n’avaient pas le droit de circuler dans des voitures couvertes. Sous la dynastie Tang (618 – 907), la loi Tang stipulait encore que « les marchands n’avaient pas le droit de monter à cheval » et que les marchandises ne pouvaient être échangées que sur le « marché officiel ». Sous la dynastie Song, ces règles ont disparu et les fils des marchands pouvaient passer les examens impériaux pour devenir fonctionnaires.

Une scène qui se déroule dans une rue commerciale de la dynastie Song, extrait du tableau Qingming Shenghe Tu,version dynastie Qing. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

De plus, le contrôle exercé par le gouvernement Song sur les marchés a été complètement supprimé, ce qui a permis aux gens de faire du commerce sur le pas de leur porte.

Zhu Xi, un célèbre néo-confucianiste de la dynastie des Song du Sud, a un jour rappelé avec fierté que son grand-père maternel, Zhu Que, était un homme d’affaires très riche qui dirigeait des établissements hôteliers et des commerces de détail à l’époque. Zhu Que croyait fermement au bouddhisme tout en étant connu dans sa région pour la puissance de ses biens et de sa main d’œuvre mais aussi pour ses bonnes actions. Les hôtels dirigés par Zhu Que occupaient près de la moitié du comté, d’où son surnom de « demi-comté ».

Les journaux officiels et privés étaient très développés sous la dynastie Song

La presse était très développée sous la dynastie Song. La classe moyenne de la capitale possédait souvent deux journaux à la maison : un « journal de cour » officiel, qui était l’équivalent de la publication officielle actuelle, avec un ton très sérieux, et un « journal privé » de divertissement, qui publiait souvent des nouvelles que le « journal de cour » ne voulait pas ou n’osait pas rapporter.

Les journaux privés de divertissement ont vu le jour sous la dynastie des Song du Nord et ont prospéré sous la dynastie des Song du Sud, et leurs éditeurs étaient des fonctionnaires, des ambassadeurs, des fonctionnaires subalternes et d’autres personnes.

En tant que premiers journaux non officiels de la Chine ancienne, les journaux privés de divertissement de la dynastie Song n’avaient pas de nom fixe et ne provenaient pas d’un seul éditeur.

Sa prospérité a percé le système des journaux officiels et il est indéniable qu’il occupe une place importante dans l’histoire du journalisme de la Chine ancienne.

La taille des villes Song dépassait celle des autres dynasties

Pendant la dynastie Song, la taille des villes et la proportion de la population urbaine ont dépassé celles de nombreuses dynasties précédentes et suivantes. Bianliang et Lin’an, les capitales des deux dynasties Song, auraient toutes deux compté un million d’habitants. En Europe, à l’époque, les plus grandes villes ne comptaient que 150 000 habitants.

Un quartier de la capitale de la dynastie Song, extrait du tableau Qingming Shenghe Tu,version dynastie Qing. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)

Les amoureux de la culture chinoise connaissent probablement la peinture Qingming Shanghe Tu de Zhang Zeduan de la dynastie des Song du Nord. Sur ce rouleau de cinq mètres de long, on trouve plus de 550 personnages, 50 à 60 bovins, chevaux, mules et ânes, plus de 20 charrettes, de nombreux ponts et plus de 20 bateaux de différentes tailles. Les maisons, les ponts et les bâtiments de la ville ont également leurs propres particularités, illustrant la prospérité dans un quartier de Bianliang, la capitale de la dynastie Song du Nord !

Vous comprenez maintenant pourquoi certains sinologues estiment que les Occidentaux sont fascinés par la dynastie des Song ?

Rédacteur Tschen Sixuan

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