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Histoire. Comment le courage de Soong Ai-Ling a défié le racisme et marqué l’histoire

CHINE ANCIENNE > Histoire

Le 28 avril 1904, une jeune fille de 15 ans se tenait sur le quai du fleuve Huangpu à Shanghai, prête à partir pour les États-Unis. Elle s’appelait Soong Ai-ling (1889-1973). Son père, Soong Yaoru (1863-1918), la confia à William Burke, un ami proche et ancien camarade de classe de l’université Vanderbilt et à son épouse. Ils l’accompagneront aux États-Unis.

Grâce à la recommandation enthousiaste du pasteur Burke, Soong Ai-ling fut acceptée au Wesleyan College de Macon, en Géorgie, le premier établissement d’enseignement supérieur féminin reconnu par l’État américain. Affilié à l’Église méthodiste, l’établissement était réputé pour l’éducation des filles de familles aisées.

Les difficultés pour l’entrée aux États-Unis de Soong Ai-ling

Le voyage fut cependant loin d’être de tout repos. Après plus de deux mois de voyage en mer, le paquebot Korea arriva enfin à San Francisco le 1er juillet 1904. Mais lorsque Soong Ai-ling tenta de débarquer, les agents de l’immigration lui refusèrent l’entrée, prétextant que ses documents étaient incomplets. Un agent proposa même de l’envoyer dans un centre de détention, mais sa décision fut rejetée par un autre, déclarant que l’endroit était « impropre même pour les animaux ».

Comment le courage de Soong Ai-Ling a défié le racisme et marqué l’histoire
Le voyage fut cependant loin d’être de tout repos. Après plus de deux mois en mer, le paquebot « Korea » arriva enfin à San Francisco le 1er juillet 1904. (Image : Capture d’écran / Nspirement)

Profondément humiliée, la jeune Soong Ai-ling retourna à bord, furieuse mais silencieuse. Pendant les trois semaines suivantes, elle fut ballottée entre quatre navires presque vides, confinée et isolée, tandis que son sort restait incertain. Son cas attira finalement l’attention d’un missionnaire de San Francisco, qui fit appel aux autorités gouvernementales à Washington. Ce n’est qu’alors qu’elle fut enfin autorisée à entrer aux États-Unis et à commencer ses études au Wesleyan College.

Rencontre avec le président Roosevelt à la Maison Blanche

En décembre 1905, Wen Bingzhong, conseiller de confiance de l’impératrice douairière Cixi et oncle de Soong Ai-ling, conduisit une délégation éducative aux États-Unis. En janvier suivant, il emmena Soong Ai-ling de Macon, Georgie, à Washington pour assister à un banquet offert par le président Theodore Roosevelt.

Pendant la cérémonie, le président Roosevelt (1882-1945) demanda à la jeune étudiante ce qu’elle pensait de l’Amérique. Soong Ai-ling répondit en souriant : « Les États-Unis sont un beau pays, et je suis heureuse d’être ici. Mais pourquoi dites-vous que c’est un pays libre ? » Elle raconta alors son expérience traumatisante au port de San Francisco, ajoutant : « Si l’Amérique est vraiment libre, pourquoi une jeune Chinoise a-t-elle été refoulée ? En Chine, nous ne traiterions jamais nos invités de cette façon ».

Le président, visiblement interloqué, présenta des excuses et passa à autre chose. Le lendemain, un journal local rapporta l’incident sous le titre Une jeune Chinoise proteste contre la politique anti-chinoise des États-Unis.

Un adieu dans une petite ville et une prédiction nationale

À la fin de sa scolarité en 1909, Soong Ai-ling, désormais connue sous le nom d’Alice, avait profondément marqué la ville de Macon. Lors de la cérémonie de remise des diplômes, elle captiva la foule en récitant un passage de Madame Butterfly de sa voix douce et claire.

Avant son retour en Chine, le Macon Telegraphpublia un hommage d’une demi-page prédisant : « Mlle Soong deviendra l’épouse du dirigeant chinois ». Cette prédiction audacieuse allait bientôt se réaliser.

Au printemps 1914, Soong Ai-ling épousa Kung Hsiang-hsi, connu aussi sous le nom de H. H. Kung (1881-1967), qui devint plus tard Premier ministre du Yuan exécutif de Chine : Premier ministre de la République de Chine du 1er janvier 1938 au 11 décembre 1939.

Comment le courage de Soong Ai-Ling a défié le racisme et marqué l’histoire
Les premières Chinoises à faire leurs études aux États-Unis fréquentèrent le Wesleyan College : Soong Ai-ling (Madame H. H. Kung), promotion 1909, Soong Ching-ling (Madame Sun Yat-sen), promotion 1913. Soong Mei-ling (Madame Chiang Kai-shek) arriva à Wesleyan avec ses sœurs aînées en 1908 et obtint son diplôme au Wellesley College, dans le Massachusetts, en 1917. (Image : Capture d’écran / Nspirement)

Ses sœurs suivirent, avec des parcours plus faciles et une renommée accrue

À l’été 1907, Wen Bingzhong, l’oncle de Soong Ai-ling, retourna aux États-Unis, emmenant cette fois ses sœurs cadettes, Soong Ching-ling (1893-1981) et Soong Mei-ling (1998-2003), étudier également au Wesleyan College. Contrairement à leur sœur aînée, elles passèrent les formalités d’immigration sans encombre, grâce au statut diplomatique de Wen Bingzhong et à la compagnie du célèbre éducateur américain William Grant.

Soong Ai-ling fut la première des trois sœurs à rencontrer un président américain. Plus tard, ses cadettes devinrent chacune des légendes à part entière : Soong Ching-ling, épousa Sun Yat-sen et en tant que femme fut honorée en tant que « Mère de la Nation », et femme politique dans l droite ligne de Sun Yat-sen. Soong Mei-lingdevint l’épouse de Chiang Kai-sek et la Première Dame de la République de Chine.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : From Detention to Destiny: How Soong Ai-Ling’s Courage Defied Racism and Shaped History
www.nspirement.com

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