Le 3 septembre, alors qu'ils marchaient côte à côte avec d'autres dirigeants nationaux sur les remparts surplombant la place Tiananmen à Pékin, le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine ont discuté de la transplantation d’organes. (Image : wikimedia / Kremlin.ru, CC BY 4.0)
Les dirigeants chinois et russe ont attiré l'attention sur les allégations de prélèvement forcé d'organes sur des prisonniers politiques
Le 3 septembre, alors qu'ils marchaient côte à côte avec d'autres dirigeants nationaux sur les remparts surplombant la place Tiananmen à Pékin, le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine ont discuté de la transplantation d'organes pour préserver la jeunesse et, peut-être, prolonger la durée de vie humaine bien au-delà de ses limites naturelles.
Les propos des deux dirigeants ont attiré l'attention sur les allégations de prélèvements forcés d'organes effectués par le Parti communiste chinois (PCC), qui, selon les experts, ont entraîné des « massacres de personnes emprisonnées en raison de leur foi ou de leur appartenance ethnique ». Les victimes seraient principalement des Ouïghours et des musulmans chinois, ainsi que des chrétiens et des pratiquants de Falun Gong.
« Les organes humains peuvent être transplantés en continu »
Des extraits de la conversation ont été interceptés au micro alors que Xi Jinping et Vladimir Poutine. Ce dernier était accompagné du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Bien que Kim Jong-un n'ait pas été vu participant à la conversation, il semblait écouter grâce à la traduction d’un interprète. (Image : wikimedia / Kremlin.ru, CC BY 4.0)
Des extraits de la conversation ont été interceptés au micro alors que Xi Jinping et Vladimir Poutine : ce dernier accompagné du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à sa gauche, marchaient dans un couloir lors des célébrations du 80e anniversaire de la victoire des Alliés sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'événement a été retransmis en direct par la chaîne publique CCTV à d'autres médias, dont AP et Reuters. L'administration chinoise de la radio et de la télévision a déclaré que la couverture de l'événement par CCTV avait été vue 1,9 milliard de fois en ligne et par plus de 400 millions de téléspectateurs.
Alors que Poutine et Xi, tous deux âgés de 72 ans, se dirigeaient vers la tribune de Tiananmen où ils assistaient au défilé avec Kim Jong-un, on entendait l'interprète de Poutine dire en chinois : « La biotechnologie est en constant développement ».
L'interprète ajoutait, après un passage inaudible : « Les organes humains peuvent être transplantés en continu. Plus on vit longtemps, plus on rajeunit, et [on peut] même atteindre l'immortalité ».
En réponse, Xi, hors champ, répondait en chinois : « Certains prédisent qu'au cours de ce siècle, les humains pourraient vivre jusqu'à 150 ans ».
Il a ajouté que si autrefois, peu de gens vivaient jusqu'à 70 ans, « aujourd'hui, à 70 ans, on est encore un enfant », traduit par l'intermédiaire d'un interprète en russe.
Bien que Kim Jong-un n'ait pas été vu participant à la conversation, il semblait écouter grâce à la traduction d’un interprète.
L'allusion de Xi Jinping à l'âge de « 150 ans » a été interprétée par certains observateurs comme une possible référence au « Projet de santé 981 pour les dirigeants » du PCC : une initiative apparue dans une publicité vidéo de 2019 de l'hôpital d'élite 301 de Pékin.
Attirer l'attention sur les prélèvements forcés d'organes
La conversation entre Xi et Poutine a été largement relayée par les médias internationaux. Sur les réseaux sociaux, des discussions animées ont eu lieu sur les pratiques de prélèvement forcé d'organes du PCC et sur la façon dont l'élite du Parti traite les citoyens chinois ordinaires comme des « pièces détachées ».
Poutine a confirmé plus tard que la conversation avait bien eu lieu. « Je pense que lorsque nous sommes allés au défilé, le président [Xi Jinping] en a parlé », a déclaré Poutine aux journalistes à Pékin, interrogé sur la conversation divulguée.
Les allégations selon lesquelles la Chine communiste prélèverait des organes sur des prisonniers d'opinion sont apparues pour la première fois au début des années 2000. Selon divers témoignages, cette pratique a débuté dans les années 1990, principalement sur des lieux d'exécution dans la région du Xinjiang, dans l'Ouest de la Chine.
Le sujet des transplantations d’organes en Chine
Après que le PCC, sous la direction de Jiang Zemin, a lancé sa persécution du groupe spirituel Falun Gong en 1999, l'industrie chinoise de la transplantation d'organes s'est rapidement développée, certains enquêteurs estimant que des dizaines de milliers de pratiquants de Falun Gong incarcérés étaient exécutés pour leurs organes chaque année. (Image : wikimedia / Kremlin.ru, CC BY 3.0)
Après que le PCC, sous la direction de Jiang Zemin, a lancé sa persécution du groupe spirituel Falun Gong en 1999, l'industrie chinoise de la transplantation d'organes s'est rapidement développée, certains enquêteurs estimant que des dizaines de milliers de pratiquants de Falun Gong incarcérés étaient exécutés pour leurs organes chaque année.
Plusieurs parlementaires et militants des droits de l'homme américains ont exprimé leur inquiétude quant à l'entretien entre Poutine et Xi.
Interrogé sur cet échange, le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson (R-La.), a déclaré : « Je peux vous dire que nous avons entendu des histoires horribles sur ces transplantations d'organes et tout ce qui se passe en Chine, où l'on prélève des organes sur des donneurs réticents… pour le moins ». (Image : wikimedia / United States Congress / Domaine public)
Interrogé sur cet échange, le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson (R-La.), a déclaré : « Je peux vous dire que nous avons entendu des histoires horribles sur ces transplantations d'organes et tout ce qui se passe en Chine, où l'on prélève des organes sur des donneurs réticents… pour le moins.»
Nina Shea, directrice du Centre pour la liberté religieuse de l'Institut Hudson et commissaire pendant sept mandats à la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, a déclaré que l'entretien entre Xi et Poutine « consolide nos inquiétudes quant à la création d'une dystopie de science-fiction bien réelle par le prélèvement forcé d'organes sur ceux qu'ils considèrent comme des ennemis politiques ». (Image : wikimedia / United States Commission on International Religious Freedom / Domaine public)
Nina Shea, directrice du Centre pour la liberté religieuse de l'Institut Hudson et commissaire pendant sept mandats à la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, a déclaré que l'entretien entre Xi et Poutine « consolide nos inquiétudes quant à la création d'une dystopie de science-fiction bien réelle par le prélèvement forcé d'organes sur ceux qu'ils considèrent comme des ennemis politiques. »
Un projet de Loi aux États-Unis pour lutter contre le prélèvement forcés d’organes
Le représentant Chris Smith (R-New Jersey) a déclaré dans un communiqué de presse : « La conversation entre Xi et Poutine au sujet des transplantations d’organes souligne la nécessité pour les États-Unis d’agir résolument et rapidement pour enquêter sur la pratique barbare du prélèvement forcé d’organes et y mettre fin une fois pour toutes ». (Image : wikimedia / United States Congress / Domaine public)
Le représentant Chris Smith (R-New Jersey) a déclaré dans un communiqué de presse : « Le caractère informel, presque anecdotique, de la conversation entre Xi et Poutine au sujet des transplantations d’organes souligne la nécessité pour les États-Unis d’agir résolument et rapidement pour enquêter sur la pratique barbare du prélèvement forcé d’organes et y mettre fin une fois pour toutes.»
Il a ensuite évoqué le projet de loi qu’il a présenté pour permettre aux États-Unis de punir sévèrement les prélèvements d’organes et de prévenir les prélèvements forcés d’organes.
Les parlementaires ont voté à deux reprises en faveur d’une loi imposant des sanctions aux auteurs d’abus de transplantations d’organes en Chine. Ces projets de loi, la loi sur l’arrêt du prélèvement forcé d’organes (HR 1503) et la loi sur la protection du Falun Gong (HR 1540), attendent désormais d’être votés par le Sénat.
SinoInsider, un cabinet de conseil en risques basé à New York et spécialisé dans la politique portant sur l'élite chinoise, a souligné que « l'attention mondiale portée aux discussions entre Xi et Poutine sur les transplantations d'organes et l'immortalité pourrait avoir des répercussions plus importantes sur les tensions sino-américaines à l'avenir ».
« En cherchant des leviers pour faire pression sur la RPC, les États-Unis pourraient chercher à mettre en lumière les prélèvements forcés d'organes et la situation désastreuse des droits de l'homme en Chine sous le régime du PCC », ont-ils écrit dans une analyse datant du 4 septembre.
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