65 législateurs s’unissent pour défendre leur souveraineté et le Falun Gong
Soixante-cinq députés et sénateurs canadiens ont publié une déclaration commune condamnant fermement le Parti communiste chinois (PCC) pour ses 26 ans de persécution du Falun Gong et sa campagne croissante de répression transnationale. Les parlementaires ont également exprimé leur inquiétude face au harcèlement exercé par Pékin sur la compagnie Shen Yun Performing Arts et ont appelé à une action gouvernementale concertée pour défendre la souveraineté et la démocratie du Canada.
Selon le Centre d’information sur le Falun Dafa, entre mars 2024 et le 16 octobre 2025, il y a eu au moins 193 cas de menaces de mort anonymes visant des pratiquants du Falun Gong, ou des personnes se faisant passer pour eux. Rien qu’entre le 1er et le 16 octobre, des organisations liées au Falun Gong – et même la résidence du président américain – ont été la cible d’une vague de harcèlement et de cyberattaques : signe de l’escalade de la campagne d’intimidation transfrontalière menée par Pékin.
Piero Tozzi, chef de cabinet adjoint de la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine (CECC), a qualifié ces incidents d’« actes de terrorisme d’État » orchestrés par le PCC. Il a affirmé qu’ils témoignent de la « guerre sans merci » menée par Pékin contre la société civile à travers le monde, et plus particulièrement contre le Falun Gong et le Shen Yun.
La députée Judy Sgro : « Nous ne pouvons tolérer cela »
Judy Sgro, députée libérale de longue date et ancienne ministre de l’Immigration, présidente du groupe parlementaire des Amis du Falun Gong, a condamné la répression du Shen Yun par Pékin, la qualifiant d’« actes de terrorisme » auxquels il faut s’opposer.
« Shen Yun est une magnifique performance artistique, et pourtant, il fait l’objet de menaces et de harcèlement qui empêchent les Canadiens d’en profiter. Nous ne pouvons tolérer cela », a déclaré Mme Sgro.
Depuis que Xi Jinping a ordonné une intensification de la répression des Falun Gong à l’étranger en 2022, le PCC a redoublé d’efforts pour les intimider et faire cesser les représentations de Shen Yun. Des preuves aux États-Unis montrent des tentatives de corruption de la part de responsables, de manipulation des médias et plus d’une centaine d’alertes à la bombe et de campagnes de dénigrement en ligne.
Au Canada, des théâtres à Vancouver, Montréal, Mississauga et Kitchener ont reçu des menaces d’attentats à la bombe et de fusillades de masse par courriel, tandis qu’un spectacle de Shen Yun à Calgary a été perturbé, reflétant ainsi les schémas mondiaux d’intimidation coordonnée.
Mme Sgro a appelé à l’unité nationale en réponse à ces agissements : « Nous avons constaté une répression transnationale dans de nombreux pays, orchestrée par la Chine. Le Canada doit rester ferme et uni face à cette situation ».
La chef adjointe du Parti conservateur, Melissa Lantsman, a critiqué le gouvernement libéral du Premier ministre Justin Trudeau pour son inaction face aux opérations d’influence de Pékin.
« La répression transnationale existe au Canada depuis des années, et les Libéraux n’ont fait que très peu pour y mettre fin », a-t-elle déclaré. « Ce sont les instruments d’une dictature communiste brutale qui s’étend au-delà des frontières pour faire taire les voix libres. »
Mme Lantsman, militante de longue date pour les droits humains à Hong Kong et notamment ceux des pratiquants du Falun Gong, a averti que l’influence de Pékin s’étendait profondément jusqu’au cœur des institutions canadiennes.
Selon un rapport publié en 2021 par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), le PCC est le principal acteur étranger menant des opérations d’influence au Canada, ciblant les institutions gouvernementales, les médias, les universités, les dissidents et la communauté sino-canadienne. Le rapport avertit également que Pékin a tenté d’interférer dans les élections fédérales de 2019 et 2021.
« Nous allons éradiquer la corruption institutionnelle. Les agents de Pékin sont beaucoup trop proches de notre gouvernement et de notre Parlement », a déclaré Mme Lantsman.
Sénateur Michael MacDonald : la « souveraineté doit être respectée »
Le sénateur canadien Michael L. MacDonald s’est exprimé au nom de la souveraineté nationale : « Le Canada est une nation souveraine, et cette souveraineté doit être respectée. Nous sommes ouverts et inclusifs, mais nous ne permettrons à aucun gouvernement d’interférer avec nos institutions démocratiques. Nous resterons vigilants et nous riposterons. Je crois qu’au final, nous l’emporterons. »
Les remarques de M. MacDonald soulignent la nature mondiale de la répression transnationale menée par Pékin. Des incidents du Kennedy Center aux États-Unis aux menaces d’attentats à la bombe contre des théâtres canadiens, le PCC a étendu ce qu’il appelle sa « guerre sans limites », combinant pression diplomatique, désinformation, guerre juridique et intimidation violente.
Shen Yun Performing Arts, qui s’efforce de faire revivre la culture chinoise d’inspiration divine, détruite sous le régime communiste, effectue des tournées mondiales depuis 2006, donnant des centaines de spectacles chaque année devant des millions de spectateurs. Pourtant, ses productions sont devenues une cible privilégiée de la répression menée par Pékin à l’étranger, précisément parce qu’elles dénoncent la persécution du Falun Gong.
Lors de la dernière vague de menaces en octobre, des agresseurs se sont fait passer pour le fondateur du Falun Gong, Li Hongzhi, dans des messages menaçant de tirer sur le personnel de Shen Yun au siège de la compagnie. Ces courriels, envoyés depuis des adresses usurpées pour ressembler à celles d’Epoch Times, révèlent une escalade des falsifications d’identité et des infiltrations liées aux opérations dirigées par l’État chinois.
Le député conservateur James Bezan a présenté le projet de loi C-219, une proposition de loi d’initiative parlementaire visant à renforcer la réponse du Canada à la répression transnationale.Ce projet de loi modifie la Loi sur les mesures économiques spéciales et la Loi Magnitski, afin d’imposer des sanctions aux responsables et agents étrangers impliqués dans des actes de harcèlement ou d’intimidation sur le sol canadien.
Lors d’une table ronde le 22 octobre, M. Bezan a expliqué que la principale innovation de ce projet de loi réside dans la définition formelle de la « répression transnationale » dans le droit canadien. Il habilite le Comité des affaires étrangères du Parlement à examiner les preuves soumises par les groupes de la diaspora et les défenseurs des droits humains, tout en exigeant des rapports de transparence réguliers de la GRC et de FINTRAC.
« Nous voulons interdire l’entrée au Canada à ces auteurs de crimes et à leurs familles afin qu’ils ne puissent pas y dissimuler leurs richesses illicites », a déclaré M. Bezan.
Il a ajouté qu’il espérait que la loi soit nommée Loi mondiale sur les sanctions Magnitsky (Global Magnitsky Sanctions Act ), étendant ainsi sa portée à des régimes tels que l’Iran, la Corée du Nord et la Russie. « Elle garantira que les persécuteurs des pratiquants de Falun Gong, des Ouïghours et des chrétiens soient tenus responsables de leurs actes. »
Abordant la campagne de Pékin contre Shen Yun, M. Bezan a condamné la paranoïa et l’hostilité du PCC : « Simplement parce que le spectacle est associé au Falun Gong, ils menacent les théâtres. Cela montre à quel point le gouvernement de Xi Jinping est devenu paranoïaque. Le projet de loi C-219 renforcera les sanctions afin que le Canada ne devienne pas un refuge pour les responsables corrompus ».
Il a noté que le même schéma de menaces fabriquées de toutes pièces était apparu lors de l’incident du 5 octobre impliquant une fausse alerte à la bombe visant la résidence du président américain Donald Trump, faussement attribuée aux médias du Falun Gong – une tentative manifeste de piéger le groupe de média.
Le député Costas Menegakis : « Shen Yun est un magnifique spectacle. Il n’y a absolument aucune raison d’empêcher les gens de profiter de la culture chinoise authentique »
Le député conservateur Costas Menegakis a dénoncé les menaces de Pékin contre Shen Yun, les qualifiant d’actes de violence et d’intimidation. « Shen Yun est un magnifique spectacle multiculturel, accompagné d’une musique exquise et de danses à couper le souffle », a-t-il déclaré. « Il n’y a absolument aucune raison d’empêcher les gens de profiter de laculture chinoise authentique. »
M. Menegakis, entrepreneur gréco-canadien et récipiendaire des médailles du jubilé d’or et du jubilé de diamant de la Reine, a assisté à Shen Yun à Toronto avec son épouse en 2013 et s’est dit profondément ému. Pendant les campagnes électorales, il a souvent entendu des expressions de peur au sein des communautés sino-canadiennes. « Les gens ont peur de s’exprimer, craignant des représailles contre leurs familles. Cela ne devrait pas exister au Canada », a-t-il affirmé.
Il a également cité un incident violent survenu le 2 octobre à Toronto, lorsqu’un homme brandissant un drapeau chinois a brisé des panneaux d’affichage du Falun Gong devant le bureau des visas du consulat chinois et a tenté d’agresser des pratiquants avant d’être maîtrisé et dénoncé à la police. « Cela illustre les risques auxquels sont confrontés les pratiquants de Falun Gong qui expriment pacifiquement leurs croyances à l’étranger », a-t-il déclaré. « Le gouvernement canadien doit s’attacher à éliminer toute ingérence étrangère et à garantir à chacun la possibilité de vivre librement. La liberté, la démocratie et l’État de droit sont des valeurs fondamentales du Canada. »
M. Menegakis a plaidé pour des réformes en matière d’immigration afin de prioriser la protection des victimes de persécution. Bien que le Parlement ait adopté plus tôt cette année la Loi sur la transparence et la responsabilité en matière d’influence étrangère (projet de loi C-70), il a estimé que les mécanismes restaient insuffisants. « Des gens viennent au Canada pour fuir l’oppression, et pourtant, ils vivent toujours dans la peur », a-t-il déclaré. « Nous devons redoubler d’efforts pour éradiquer la répression transnationale et l’infiltration du PCC. »
L’ancien député Stéphane Bergeron : « Taïwan sait mieux que quiconque comment réagir face à la Chine »
L’ancien député Stéphane Bergeron a souligné que l’expérience de Taïwan en matière de lutte contre la désinformation et l’infiltration politique offre de précieux enseignements au Canada. En tant que parlementaire, il avait milité pour que le gouvernement fédéral examine les ingérences étrangères, en particulier les opérations d’influence de la Chine.
« C’est un domaine relativement nouveau pour nous, et nous devons apprendre de ceux qui comprennent le mieux cette réalité », a indiqué M. Bergeron.
Lors d’une visite d’une délégation canadienne à Taïwan, les parlementaires ont étudié les stratégies de lutte contre la désinformation et l’ingérence étrangère. « Nous avons beaucoup appris », a affirmé M. Bergeron. « Il nous faut maintenant mettre ces leçons en pratique au Canada. » Il a averti que l’optimisme persistant des Canadiens devait céder la place à la vigilance : « Nous sommes la cible d’attaques de désinformation et d’ingérence étrangère. »
M. Bergeron a exhorté les Canadiens à prendre conscience de la situation et à agir avec détermination. « Taïwan sait mieux que quiconque comment réagir face à la Chine », a-t-il déclaré. Ces leçons s’appliquent non seulement aux menaces qui pèsent sur Shen Yun, mais aussi à des formes d’ingérence plus générales, allant de la manipulation électorale à l’infiltration des communautés.
Il a souligné que l’Agence nationale de police de Taïwan avait récemment reçu des menaces émanant de personnes se faisant passer pour des artistes de Shen Yun, avertissant d’attaques prévues contre les projections du documentaire Organes d’État (State Organs), les prélèvements d’organes forcés pratiqués par le PCC. Selon lui, cette affaire met en évidence la stratégie mondiale qui sous-tend la guerre de l’information menée par Pékin.
La répression transnationale nécessite une réponse internationale
La campagne de répression transnationale du PCC contre le Falun Gong s’étend bien au-delà du Canada. Entre le 1er et le 16 octobre, une recrudescence des menaces par usurpation d’identité, des intimidations physiques et des cyberattaques a déferlé sur plusieurs pays. Le 15 octobre, le site web du Centre d’information du Falun Dafa (faluninfo.net) a été victime d’une attaque DDoS massive générant plus de 3,38 millions de requêtes provenant d’adresses IP localisées en Australie, bien que les attaquants aient utilisé des VPN pour dissimuler leur identité.
Parmi les autres incidents :
- 7 octobre — Le 7 octobre : un message prétendument envoyé par des Falun Gong menaçant de lancer une bombe à gaz et d’une fusillade au temple de Longquan à Pékin.
- 9 octobre — Une fausse alerte, soi-disant lancée par des pratiquants de Falun Gong, annonce des meurtres aléatoires lors du Double Dixième Jour à Taïwan (la célébration de la fête nationale de Taïwan) dans le but évident de discréditer le groupe.
- 15-16 octobre — Plusieurs fausses alertes à la bombe contraignent la police à évacuer les bureaux du journal The Epoch Times à Taïwan.
Le juriste Yuan Hongbing a révélé qu’en 2022, Xi Jinping a personnellement ordonné l’intensification des campagnes de persécution à l’étranger visant le Falun Gong, déployant une « guerre médiatique » et une « guerre juridique » pour étendre la répression à l’échelle mondiale.
Les démocraties réagissent. En mai 2025, le Texas est devenu le premier État américain à criminaliser la répression transnationale. Deux mois plus tard, les parlementaires américains Chris Smith et Jeff Merkley ont présenté la Loi sur la politique de répression transnationale (Transnational Repression Policy Act), visant à contrer la persécution par Pékin des pratiquants de Falun Gong, des artistes de Shen Yun et d’autres dissidents à l’étranger.
Le projet de loi impose le gel des avoirs et l’interdiction de visa aux responsables étrangers impliqués dans de telles actions et exige que le département d’État publie des rapports annuels, renforçant ainsi la coordination avec le FBI et d’autres agences gouvernementales. Les versions de la Chambre des représentants (H.R. 4829) et celle du Sénat (S. 2525), présentées le 29 juillet, bénéficient d’un soutien bipartisan. Les législateurs soulignent que le Parti communiste chinois occupe la première place mondiale depuis dix années consécutives, avec plus de 160 cas documentés de répression transnationale, et s’attendent à ce que la législation soit adoptée cet automne.
Rédacteur Yasmine Dif
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