La Journée internationale de la gentillesse incite chacun à « prendre soin des autres » et en le manifestant par de « petites attentions ». (Image : Michal Jarmoluk / Pixabay)
La gentillesse serait-elle désuète ou en passe de retrouver ses lettres de noblesse ? La Journée internationale du 3 novembre qui invite à cultiver la gentillesse vient raviver le débat. Cet article propose pour l’heure quelques éléments de réponse.
Une journée mondiale pour cultiver la gentillesse : à quoi bon ?
La gentillesse, c’est, d’après le Larousse « le caractère de quelqu’un qui est gentil agréable, gracieux ». Un être gentil est « aimable, complaisant, plein de bons sentiments envers autrui ». Pourquoi dédier une journée entière à une disposition d’esprit ?
La Journée internationale de la gentillesse vient du pays du Soleil-Levant, le Japon. Intitulé dans les années 1960 Small Kindness Movement of Japan, le mouvement avait pour objectif de cultiver la gentillesse pour enrayer la montée de la violence à l’Université de Tokyo, en incitant chacun à « prendre soin des autres » et en le manifestant par de « petites attentions ».
Depuis l’an 2000, la commémoration est célébrée à l’échelle mondiale avec le développement de l’ONG né à Singapour sous le nom de World Kindness day ou « Mouvement mondial pour la gentillesse ». En France, le mouvement a pris de l’ampleur à partir de 2009. Notons que les autres pays commémorent cette journée le 13 novembre. La France ayant été frappée le 13 novembre 2015 par les attentats terroristes a changé la date de la célébration. C’est pourquoi la Journée internationale de la gentillesse se déroule le 3 novembre sur le territoire.
La notion de gentillesse a évolué à travers les âges
Pour comprendre l’évolution de la gentillesse à travers les âges, une petite analyse étymologique est nécessaire. Le mot gentillesse vient du latin gentilis qui signifie « noble, bien né ».
À l’époque médiévale, s’opère un glissement de sens : le terme signifie « noblesse de l’âme, des sentiments » puis au XVIe siècle, le mot évolue pour décrire un « acte empreint de grâce et de délicatesse ». Au XVIIe siècle, le « gentilhomme » est un homme distingué qui doit se conduire avec délicatesse précisément parce qu’il est noble de naissance. En cela il s’oppose au « bourgeois » conformément aux critères de l’époque. Selon son origine, la gentillesse rime avec la noblesse, plus exactement la noblesse de cœur. « La gentillesse est la noblesse de l’intelligence » a dit le réalisateur Jacques Weber.
Or, dans le monde moderne, la notion de gentillesse souvent associée à une certaine faiblesse s’est quelque peu dévalorisée. Le « gentil » loin d’être pris au sérieux serait plutôt relégué au rang des perdants. Alors, à quoi bon cultiver la gentillesse dans une société où priment la réussite matérielle et l’esprit de compétition ?
L’individu qui fait preuve de gentillesse améliore ses relations avec autrui et augmente son estime de soi. (Image : Askar Abayev / pexels)
Cultiver la gentillesse : un pari gagnant sur tous les plans
Après une période de désamour, la gentillesse et ses corollaires, la bienveillance et l’empathie, font l’objet d’une attention toute particulière. Loin d’être dénigrée, la gentillesse est de plus en plus recommandée pour ses nombreux bienfaits. Ainsi les professionnels de santé lui attribuent-t-ils les vertus suivantes :
De nombreuses recherches ont mené à ces conclusions. Selon une étude conduite par l’école américaine, le Darmouth College, faire preuve de gentillesse réduit le taux de cortisol, l’hormone du stress. Les gens enclins à la gentillesse sont moins anxieux. En outre, les personnes portées sur l’altruisme et la générosité développent la sérotonine, l’hormone du bonheur. Les résultats d’une enquête réalisée dans une autre université américaine Case Western Reserve montrent que cultiver la gentillesse de façon désintéressée éloigne les risques de dépression.
Par ailleurs, la gentillesse favorise la sécrétion d’ocytocine, une hormone protégeant le système cardio-vasculaire car elle réduit la pression artérielle. L’individu qui fait preuve de gentillesse améliore ses relations avec autrui et augmente son estime de soi. En outre, la bonne humeur rend plus résistant aux infections et améliore le système immunitaire.
La gentillesse bénéficie aussi bien à l’« émetteur » qu’au « récepteur » avec ce qu’on appelle l’effet miroir. Une étude réalisée par des chercheurs japonais révèle que des actes de bonté encouragent les autres membres du groupe à montrer la même gentillesse. Il s’agit d’un cercle vertueux. Le cancérologue suédois Stefan Einhorn dans un ouvrage consacré au sujet, explique : « les études montrent que la probabilité que les personnes fassent de bonnes actions envers vous et même envers les autres augmente si vous-mêmes en faites envers eux. » En somme, cultiver la gentillesse représente un facteur déterminant pour la santé du cerveau. L’empathie exerce un véritable pouvoir sur le corps et l’esprit.
Les enfants de notre entourage gagneraient beaucoup à recevoir et prodiguer des actes de bienveillance dès le plus jeune âge. (Image : Andrea Piacquadio / pexels)
Cultiver la gentillesse au quotidien pour votre bien
Forts de ces informations, pourquoi attendre la journée mondiale de la gentillesse pour « oser la gentillesse » ? Il suffit d’employer des gestes très simples : dire bonjour, adresser un sourire à votre voisin, lui tenir la porte, pratiquer la courtoisie au volant… La gentillesse sans rien attendre en retour se cultive au quotidien et elle fait du bien. Preuves à l’appui. Les enfants de notre entourage gagneraient beaucoup à recevoir et prodiguer des actes de bienveillance dès le plus jeune âge.
« Le temps est venu de changer radicalement la façon de voir la gentillesse. Nous avons tout à gagner à être bons envers ceux qui nous entourent » pour citer de nouveau Stefan Einhorn, homme de science.
« Pratiquez la gentillesse à chaque fois que c’est possible. C’est toujours possible », rappelle le Dalaï Lama.
