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Culture. Le Graal et ses mystères : petite analyse d’une légende captivante

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Figure centrale de la légende arthurienne, le Graal, depuis son apparition dans l’univers médiéval a connu bien des évolutions jusqu’au monde moderne. La petite analyse qui suit va alimenter notre réflexion sur une légende captivante.

Qu’est-ce que le Graal ?

Le Graal est difficile à définir car précisément il désigne un objet indéfinissable, un objectif difficile à atteindre, vu sous un angle plus moderne. À l’origine le mot Graal viendrait du latin gradalis, mot qui sert à désigner un plat creux. Dans l’imaginaire collectif, le Graal, en tant qu’objet, est souvent associé à une coupe. Nous reviendrons plus tard sur les diverses interprétations correspondant au Graal. Retenons la définition que donne le Larousse à propos du terme en question :

« Nom donné par la tradition romanesque du Moyen-Âge à l’objet précieux dont le mystère et la quête orientent l’aventurede quelques chevaliers de la Table ronde, depuis Perceval jusqu’à Galaad ». 

Le Graal et ses mystères : petite analyse d’une légende captivante
La coupe entrevue par Perceval ou le Conte du Graal,de Chrétien de Troyes, rappelle le Saint Calice renfermant le sang du Christ. (Image : wikimedia / Wmpearl / Domaine public)

Chrétien de Troyes (1135-1190) et le Graal

Perceval ou le Conte du Graal est la première œuvre littéraire faisant allusion au Graal, objet mythique par excellence. L’auteur, Chrétien de Troyes, raconte les aventures d’un jeune homme inexpérimenté et naïf, élevé par une mère noble ayant déjà perdu son mari et ses fils, tous engagés dans la chevalerie. Pour épargner son dernier enfant, elle l’élève à l’écart du monde. En dépit de ses précautions, lors d’une promenade en forêt, son fils si choyé découvre l’existence de chevaliers. « À un moment, dans la profondeur du bois, il entendit venir cinq chevaliers revêtus de tout leur équipement.

Leurs armes faisaient grand bruit en heurtant les branches des chênes et des charmes. Les lances cognaient contre le bois des écus et le fer des hauberts. » peut-on lire dans le roman de Chrétien de Troyes. 

Ébloui par sa découverte, subjugué par l’armure de ces hommes, le fils de la noble dame les prend d’abord pour des anges puis décide de devenir lui aussi chevalier et part trouver le roi Arthur afin de s’initier. Les supplications de sa mère restent lettre morte.

Le Roi pêcheur détenteur du Graal

Un soir le jeune homme fait une étrange rencontre, celle d’un vieil homme diminué physiquement, le Roi pêcheur. Invité dans la demeure somptueuse du roi, il assiste à une scène bouleversante où une jeune fille d’une sublime beauté, au cours d’une procession, porte un Graal, un récipient creux baigné de lumière. Soucieux de rester discret comme le lui avait recommandé son maître lors de son initiation, il n’ose poser les questions qui le taraudent. Une autre énigme l’intrigue : une lance tenue par un valet saigne, laissant couler trois gouttes de sang. Le lendemain, après une nuit de sommeil, le jeune héros se trouva alors disposé à poser des questions mais le château où se déroulait la scène mystérieuse avait disparu.

La quête du Graal  

La scène précédemment évoquée est suivie de l’apparition d’une femme hideuse, personnage emblématique de la tradition celte. Celle-ci interroge notre héros à propos de la nuit passée. Horrifiée d’apprendre que le jeune invité n’avait pas osé parler, elle lui révèle qu’en posant une question, il aurait pu sauver le Roi pêcheur. 

Après avoir été finalement en mesure de révéler son nom ignoré jusque-là, à savoir Perceval, celui-ci apprend par la bouche de la dame hideuse qu’il est le parent du Roi pêcheur. Apprenant en outre que sa mère était morte de chagrin, Perceval se lance dans la quête du Graal, qui, dès lors, devient la quête emblématique des chevaliers du roi Arthur. Perceval connaît ensuite cinq années d’épreuves, espérant revoir le mystérieux Graal doté de puissants pouvoirs magiques.

A-t-il trouvé le Graal ? Est-il parvenu au bout de sa quête ? Le lecteur reste sur sa faim car l’auteur, Chrétien de Troyes, laisse un roman inachevé. Il meurt vers 1190 avant de terminer son récit. Perceval fut le premier à voir le Graal mais il lui fallait expier pour ses péchés, lui qui avait provoqué la mort de sa mère par pur égoïsme. Son apprentissage demeurait inachevé comme le roman de Chrétien de Troyes. Certains sont d’avis que cette fin inachevée est un choix délibéré de l’écrivain, laissant à chacun la liberté d’imaginer une conclusion. La quête du Graal est une recherche personnelle, semble suggérer Chrétien de Troyes.

Le Graal et ses mystères : petite analyse d’une légende captivante
Le père de Galaad, le chevalier Lancelot, était éligible pour parachever la quête du Graal mais il été écarté, ayant succombé à l’amour d’une femme. (Image : wikimedia / The original uploader was Roby at French Wikipedia / Domaine public)

Interprétations du Graal, son symbolisme riche

Robert de Boron ou Borron est un écrivain du XIIe siècle. Dans son œuvre,Le roman de l’Histoire du Graal, il s’inspire du Conte du Graal écrit par le grand Chrétien de Troyes. Avec Robert de Boron, la légende du Graal connaît une christianisation évidente. Le Graal devient le Saint Graal. Dans le même temps, la coupe entrevue par le Perceval de Chrétien de Troyes rappelle le Saint Calice renfermant le sang du Christ. Robert de Boiron assimile le Saint Graal au symbole de la Sainte Cène. Les 12 apôtres réunis autour de Jésus préfigurent les 12 chevaliers de la Table ronde. 

En outre, grâce à une telle interprétation, le personnage Joseph d’Arimathie est mis en lumière : c’est lui qui, selon la tradition chrétienne, recueille le sang du Christ.

En outre, la coupe peut représenter un autre point où les traditions celtiques et chrétiennes se rejoignent. Ajoutons aussi que le Roi pêcheur reste en vie grâce à une hostie, autre référence à la vision chrétienne. Les symboles de vie, de renaissance, de fécondité et de lumière inhérents au Graal lui confèrent toute sa profondeur et sa complexité. 

Galaad, le chevalier élu

Le nom de celui qui mettra fin à la quête du Graal n’est pas mentionné avant le XIIIe siècle. Il s’agit du chevalier Galaad, chevalier parfait glorifié dans le roman intitulé Le Cycle de laVulgate. Galaad, le fils de Lancelot et Elaine, est jugé digne de trouver le Graal. Il est un homme complet, réunissant à lui seul les qualités de chevalier et de prêtre. Lui seul pourra contempler le Graal avant de mourir. Homme des plus vertueux, il a su s’élever au-dessus des considérations terrestres des autres hommes. Son père, Lancelot, était éligible pour parachever la quête du Graal, mais il été écarté ayant succombé à l’amour d’une femme.

La quête du Graal, c’est la recherche personnelle et intemporelle de chaque individu. C’est l’accomplissement total acquis par la connaissance. Le Graal avec un symbolisme profond concerne l’humanité entière peu importe l’époque.

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