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Histoire. La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis

CHINE ANCIENNE > Histoire

La Grande Muraille, également appelée « Muraille de dix mille lis » (soit environ 5 000 kilomètres), constitue l’un des ouvrages de défense militaire les plus longs et les plus grandioses jamais construits dans l’histoire mondiale. Majestueuse et imposante, elle possède une histoire de plus de deux mille ans. Sa construction a débuté durant la période des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants (770-221 av. J.-C.), tandis que les vestiges actuels datent principalement de la dynastie Ming (1368-1644), qui a commencé sa reconstruction au XIVe siècle. Mais alors, la longueur réelle de la Grande Muraille de Chine correspond-elle vraiment à dix mille lis ?

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine selon les relevés officiels

Les vestiges de la Grande Muraille se répartissent principalement dans quinze provinces chinoises, dont le Hebei, Pékin, le Shanxi, le Shaanxi et le Gansu. Lorsqu’on parle aujourd’hui de « Grande Muraille » ou de « Muraille de dix mille lis », on désigne généralement la fortification construite sous la dynastie Ming.

Quelle est exactement la longueur réelle de la Grande Muraille de Chine ? Selon les relevés effectués par les services chinois de conservation du patrimoine, la longueur totale de la muraille Ming atteint 8 851,8 kilomètres. Les murailles des dynasties Qin et Han, ainsi que celles des périodes antérieures, dépassent 10 000 kilomètres. Au total, la longueur cumulée de toutes les sections dépasse 21 000 kilomètres.

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
 L’emplacement de la Grande Muraille en Chine. (Image : wikimedia / Maximilian Dörrbecker (Chumwa), CC BY-SA 2.5)

Durant la dynastie Ming, afin de gérer efficacement la défense le long de la Grande Muraille, celle-ci a été divisée en neuf zones défensives s’étendant de l’est, au fleuve Yalou (provinces du Liaoning et Jilin, à la frontière avec la Corée), jusqu’à l’ouest, à la passe de Jiayuguan. 

Chaque zone était placée sous le commandement d’un général en chef, dans un système appelé « garnison ». Ces neuf zones étaient donc désignées sous le nom de « Neuf Frontières » ou « Neuf Garnisons ». Par la suite, pour renforcer la défense autour de Pékin, la « garnison de Ji » (Ji désignant la région de la capitale) a été subdivisée en trois sections, d’où l’appellation de « Onze Garnisons ». 

La longueur totale de la muraille couverte par ces neuf frontières et onze garnisons s’élevait à environ 14 600 lis (environ 7 300 kilomètres), avec un effectif total de défenseurs dépassant 976 600 hommes.

Les treize passes légendaires de la Grande Muraille

Première passe : Shanhaiguan

La passe de Shanhai ou Shanhaiguan, également appelée « Yuguan », se situe à 15 kilomètres au nord-est de la ville de Qinhuangdao, dans la province du Hebei. Fortifiée et garnie d’une garnison en 1381, durant la quatorzième année de l’ère Hongwu (1368-1398) de la dynastie Ming, elle tire son nom de sa position entre montagne et mer. 

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
Shanghaiguan, littéralement traduit « passe entre montagne et mer », là où la Grande Muraille rencontre la mer. (Image : wikimedia / Prince Roy, CC BY 2.0)

Elle porte le surnom glorieux de « Première Passe sous le Ciel ». La plaque portant cette inscription mesure 5,19 mètres de long et 1,5 mètre de haut. Elle a été calligraphiée par Xiao Xian (1487-1560), célèbre maître de calligraphie et haut fonctionnaire de la dynastie Ming, connu pour son style d’écriture vigoureux.

Deuxième passe : Huangyaguan

Comptant parmi les dix merveilles de Tianjin et considérée comme la « Forteresse héroïque du nord de Ji », la Passe de Huangya ou Huangyaguan se dresse sur la montagne, à 30 kilomètres au nord du district de Ji (aujourd’hui dans la région montagneuse du nord du district de Jizhou à Tianjin). Également surnommée « Petite passe de la Porte des Oies », elle a été construite sous la dynastie des Qi du Nord (550-577) et reconstruite sous les Ming.

Troisième passe : Juyongguan

La passe de Juyong ou Juyongguan porte le titre de « Première forteresse héroïque sous le Ciel ». Située dans le district de Changping à Pékin, elle tire son nom de l’époque de la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.). Elle possède deux entrées, l’une au sud appelée « Nankou » et l’autre au nord nommée « Juyongguan ». 

Dès l’époque du royaume de Yan (XIe siècle av. J.-C. à 222 av J.-C.), elle constituait déjà un point stratégique militaire. Sous la dynastie Han (202 av. J.-C.- 220 apr. J.-C.), elle avait acquis une dimension considérable. Par la suite, durant les dynasties Tang (618-907), Liao (907-1125), Jin (1115-1234) et Yuan (1271-1368), la Gorge de Juyong (passage montagneux stratégique reliant Pékin aux régions du nord) a toujours abrité des fortifications. Gengis Khan (vers 1162-1227) a emprunté cette passe lors de sa conquête de la dynastie Jin. Les fortifications actuelles datent de l’ère Hongwu de la dynastie Ming.

Quatrième passe : Zijingguan

Située sur le mont Zijingling, à 45 kilomètres au nord-ouest de la ville de Yi, dans la province du Hebei, la passe de Zijing ou Zijingguanreprésente depuis l’Antiquité l’une des portes importantes de la grande plaine de Chine du Nord. 

À l’époque Han, elle s’appelait la « passe de Shanggu », puis a été rebaptisée « passe de Wuyuan » sous les Han orientaux (25-220). Elle a également porté les noms de « chemin de Puyin » et « passe de Zizhuang ». Construite durant la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), cette passe forme avec les passes de Juyong et de Daoma les « Trois Passes intérieures ». 

L’histoire rapporte que plus de 140 batailles ont eu lieu à la passe de Zijing. La plus célèbre a eu lieu en 1213 lorsque Gengis Khan, ayant échoué à prendre la passe de Juyong, a détaché une armée qui a défait les forces Jin à la passe de Zijing, puis a attaqué Juyong par l’arrière. En 1449, sous la dynastie des Ming, après l’incident de Tumu, les troupes mongoles ont franchi la passe de Zijing au point de menacer Pékin.

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
En 1449, les troupes mongoles ont franchi la passe de Zijing avant de menacer Pékin. (Image  : Yi Ming / générée par Perplexity)

Cinquième passe : Daomaguan

Située dans le village de Daoma, à 60 kilomètres au nord-ouest du district de Tang, dans la province du Hebei, la passe de Daoma ou Daomaguan constitue l’une des voies d’accès de la plaine du Hebei vers les monts Taihang. 

Son emplacement présente un caractère si dangereux qu’« un seul homme suffit à la garder contre dix mille assaillants ». Elle doit son nom, qui signifie littéralement renverser les chevaux, au fait que les chevaux de guerre trébuchaient fréquemment sur ce chemin escarpé. 

À partir de la dynastie Ming, elle a été communément désignée sous le nom de passe de Daoma. La fortification actuelle a été construite sous la dynastie Ming. Elle forme avec les passes de Juyong et de Zijing les « Trois Passes intérieures ».

Sixième passe : Pingxingguan

La passe de Pingxing ou Pingxingguan se trouve dans le canton de Baiyatai, district de Lingqiu, ville de Datong, province du Shanxi. Elle a également été construite sous la dynastie Ming lors de l’édification de la muraille intérieure traversant le col de Pingxing, avec l’ajout d’une tour de guet au sommet. 

La forteresse de Pingxing domine le versant sud du col de Pingxing. Dans l’Antiquité, elle s’appelait « forteresse en forme de bouteille », car la configuration du terrain environnant, resserré entre les montagnes, évoque le col d’une bouteille. Sous la dynastie Jin, elle portait le nom de garnison de Pingxing. Durant les dynasties Ming et Qing (1644-1912), elle a été appelée « passe du col de Pingxing » avant d’adopter son nom actuel. 

Depuis longtemps, elle constituait un lieu de garnison. La circonférence de ses remparts dépasse 900 zhang (environ 3 kilomètres), avec des portes au sud, au nord et à l’est. Sur le linteau de chaque porte sont gravés les trois caractères « Col de Pingxing ».

Septième passe : Piantouguan

Située au bord du fleuve Jaune dans le district de Pianguan, la passe de Piantou ou Piantouguan forme avec les passes de Ningwu et de Yanmen les « Trois Passes ». 

Elle doit son nom à sa configuration géographique particulière : « pian » signifie « incliné » ou « en pente », car le terrain est élevé à l’est et s’abaisse vers l’ouest. 

Les constructions actuelles datent de la dynastie Ming. À l’époque Ming, cette passe représentait à la fois la porte du nord du Shanxi et un point de commerce frontalier entre le nord du Shanxi et la Mongolie-Intérieure. Son histoire remonte à la nuit des temps. Située au coude que forme le fleuve Jaune en entrant dans le Shanxi vers le sud, elle a été de tout temps un lieu stratégique disputé par les armées.

Huitième passe : Yanmenguan

Surnommée « Première Passe de Chine », également appelée passe de Xiling, la passe de Yanmen ou Yanmenguan se trouve à environ 20 kilomètres au nord du chef-lieu du district de Dai, ville de Xinzhou, province du Shanxi, nichée dans les monts Yanmen. 

C’est un point stratégique majeur de la Grande Muraille. « Parmi les neuf forteresses sous le Ciel, Yanmen occupe le premier rang. » « La forteresse la plus vénérée des neuf ». Cette passe héroïque s’adosse aux montagnes et aux positions dangereuses. Elle forme avec les passes de Ningwu et de Pianguan les « Trois Passes extérieures ». 

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
La passe Yanmenguan, l’une des passes légendaires de la Grande Muraille dans la Chine ancienne. (Image : wikimedia / Andyso / Domaine public)

Lorsqu’on évoque cette passe, on pense immédiatement aux histoires de la famille Yang sous la dynastie Song (960-1279), ces héros patriotes qui, de génération en génération, ont défendu le pays contre les Liao. La forteresse héroïque de Yanmen, première des « neuf forteresses sous le Ciel », a toujours été considérée comme un point stratégique crucial par toutes les dynasties.

Neuvième passe : Niangziguan

Cette passe célèbre de la Grande Muraille se situe au pied du mont Mian, au nord-est du district de Pingding, province du Shanxi, sur le versant occidental de la chaîne des monts Taihang, à la sortie ouest du district de Jingxing, province du Hebei. 

À l’origine appelée passe de Weize, elle doit son nom actuel au fait que la princesse Pingyang de la dynastie Tang (618-907) y a stationné avec ses troupes. En l’an 618, lorsque l’empereur Gaozu des Tang a accédé au trône, la princesse Pingyang a été chargée de défendre la passe de Weize sur le versant occidental des monts Taihang. 

Face à une attaque ennemie, la princesse Pingyang a mis en œuvre une brillante stratégie de « ville vide » (stratagème militaire consistant à feindre l’absence de défense pour tromper l’ennemi) et a ainsi protégé la capitale Chang’an. En reconnaissance de son exploit, la passe de Weize a été rebaptisée « passe de Niangzi » (littéralement « passe des Dames »). L’armée de la princesse Pingyang était alors surnommée « Armée des Dames ». 

La fortification actuelle date de la dynastie Ming. Elle porte le surnom de « Neuvième Passe de la Grande Muraille » et a été de tout temps un lieu disputé par les armées.

Dixième passe : Shahukou

Située à la frontière entre le Shanxi et la Mongolie-Intérieure, cette passe représente l’une des passes les plus importantes de la muraille extérieure du nord du Shanxi. 

C’est une zone frontalière entre les montagnes du nord du Shanxi et le plateau de Mongolie-Intérieure, un passage obligé pour descendre des steppes mongoles vers le bassin central du Shanxi ou pour emprunter les monts Taihang. 

Durant la dynastie Ming, elle s’appelait Shahukou, nom qui peut se traduire par « passe pour anéantir les barbares envahissants », reflétant sa fonction défensive stratégique. À l’époque Ming, les nobles mongols franchissaient souvent cette passe lors de leurs invasions du territoire de la Grande Muraille.

Onzième passe : Jiayuguan

La passe de Jiayu ou Jiayuguan se trouve à 5 kilomètres à l’ouest de la ville de Jiayuguan, dans la province du Gansu. Elle constitue la première grande passe à l’extrémité occidentale de la muraille Ming et représente également un carrefour important de l’ancienne route de la soie

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
La passe Jiayuguan. (Image : wikimedia / User:Doron, CC BY-SA 3.0)

C’est le point de départ occidental de la Grande Muraille de la dynastie Ming. Sa construction a débuté en 1372, durant la cinquième année de l’ère Hongwu, et s’est étalée sur 168 ans, devenant la fortification la plus spectaculaire le long de toute la Grande Muraille. 

Sur le mont Jiayu, point culminant de la région, les murs de la forteresse s’étendent de part et d’autre à travers le désert et le Gobi. Vers le nord, sur 8 kilomètres, ils rejoignent la muraille suspendue du mont Heishan. Vers le sud, sur 7 kilomètres, ils atteignent la « Première Tour sous le Ciel ». Depuis l’Antiquité, elle constitue le premier col du corridor de Hexi.

Une légende raconte qu’au col de Jiayuguan  il y a une mystérieuse brique seule, exposée derrière la porte de la ville de Xiwong et que personne n’a encore, jusqu’à aujourd’hui, osé la déplacer.

Douzième passe : Yangguan

La passe de Yang ou Yangguan constitue un point de passage crucial de l’ancienne route terrestre vers l’Ouest et une étape obligatoire sur la route méridionale de la soie (itinéraire méridional contournant le désert du Taklamakan par le sud et reliant la Chine à l’Inde, à la Perse et au Moyen-Orient). Elle se situe près de la plage de Gudong, au sud-ouest de la ville de Dunhuang, province du Gansu.

Établie sous les Han occidentaux (206 av. J.-C. - 25 apr. J.-C.), elle se trouve au sud de la passe de Yumen et formait avec celle-ci les deux portes de communication vers les régions occidentales à cette époque. La passe de Yang a été construite en 106 av. J.-C., durant la quatrième année de l’ère Yuanfeng (140-87 av. J.-C.) sous le règne de l’empereur Wu des Han.

C’est précisément à cet endroit que le poète Wang Wei de la dynastie Tang a composé son célèbre vers d’adieu à un ami en partance vers l’Ouest : « à l’ouest de la Passe Yang, tu ne trouveras plus d’anciens amis » (西出阳关无故人), devenu un chef-d’œuvre intemporel de la poésie chinoise. Des Han jusqu’aux Tang, elle est demeurée une passe obligatoire sur la route méridionale de la soie.

La longueur réelle de la Grande Muraille de Chine dépasse largement dix mille lis
Ruines de la Grande Muraille à Yumenguan. (Image : wikimedia / Bairuilong, CC BY-SA 4.0)

Treizième passe : Yumenguan

La passe de la Porte de Jade ou Yumenguan a été établie à l’époque où l’empereur Wu des Han (141-87 av. J.-C.) a ouvert la route vers les régions occidentales et créé les quatre commanderies du Hexi. Elle doit son nom au fait que le jade provenant des régions occidentales empruntait ce passage. 

À l’époque Han, elle constituait la porte d’accès à tous les territoires de l’Ouest. Son emplacement ancien se trouve à Xiaofangpancheng (littéralement « petite cité carrée », site archéologique situé au nord-ouest de Dunhuang), dans l’actuelle province du Gansu. 

Durant les années Yuanfeng de la dynastie Han (vers 110-104 av. J.-C.), la Grande Muraille a été étendue de Jiuquan jusqu’à Yumen, et la passe de Yumen a été immédiatement établie.

Rédacteur Yi Ming

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