La recrudescence des comportements et des phénomènes anti-japonais de la part des nationalistes chinois a aggravé les relations déjà tendues entre les deux pays.
Pékin redouble d’autoritarisme et de propagande « patriotique » glorifiant le Parti communiste (PCC) tout en encourageant la haine envers des pays comme le Japon et les États-Unis.
Le dernier incident en date, qui s’est produit le 18 septembre, concerne un garçon japonais de 10 ans qui fréquentait une école pour expatriés dans la ville de Shenzhen, dans le sud de la Chine. L’enfant a été poignardé par un homme de 44 ans, qui a été appréhendé sur les lieux. Le garçon a succombé à ses blessures le lendemain, ce qui a suscité les protestations des autorités japonaises, qui ont exhorté Pékin à prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité de ses citoyens résidant ou voyageant en Chine.
Environ 102 000 ressortissants japonais vivent en République populaire de Chine (RPC), dont près de 20 000 mineurs. Onze écoles japonaises fonctionnent dans le pays.
L’agression au couteau a suscité l’indignation au Japon, où les médias ont fait le lien entre l’incident et le contexte plus large du sentiment anti-japonais en Chine.
De nombreux observateurs ont souligné l’impact négatif que de tels événements auraient sur l’activité économique et le tourisme japonais en RPC. De nombreuses grandes entreprises japonaises en Chine ont pris des mesures pour protéger leur personnel sur place, notamment en prenant en charge les frais de retour de leurs employés japonais au Japon.
Sur 1 700 entreprises interrogées par la Chambre du commerce et de l’industrie japonaise en Chine, près de la moitié ont déclaré qu’elles réduiraient ou ne feraient pas de nouveaux investissements dans le pays cette année.
De nombreuses entreprises ont fait part de leurs préoccupations concernant un incident survenu en juin, au cours duquel un Chinois armé d’un couteau a attaqué une Japonaise et sa fille devant une école japonaise dans l’est de la Chine, et tué une Chinoise qui s’était interposée pour l’en empêcher. D’autres entreprises ont cité une nouvelle loi de la RPC ciblant l’espionnage étranger qui accroît les risques liés aux activités commerciales dans ce pays.
Une personne impliquée dans la diplomatie sino-japonaise a déclaré au journal japonais Sankei Shimbun que « dans une telle situation, il est tout à fait naturel que les entreprises japonaises estiment qu’elles ne peuvent pas investir en Chine ».
Des conséquences néfastes
Le ministère des affaires étrangères de la RPC a exprimé son « regret et sa tristesse face à ce type d’incident malheureux », tout en précisant qu’il s’agissait d’un cas isolé et en invitant les Japonais à rester calmes.
En revanche, de nombreux Chinois ont condamné l’agression au couteau. Certains ont pleuré la mort du jeune Japonais, déposant des couronnes et laissant des messages de condoléances à l’école japonaise de Shenzhen.
Le sentiment anti-japonais est lié à l’histoire
Une vidéo largement diffusée montre un homme de Shenzhen déplorant que de nombreux Chinois se soient vu « inculquer ce genre de haine (anti-japonaise) pendant longtemps, ce qui a conduit à des conséquences aussi néfastes ».
Avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Empire du Japon a envahi et occupé une grande partie de la Chine. Des millions de Chinois sont morts au cours de la guerre, souvent des civils, brutalement massacrés par les troupes japonaises.
Les communistes chinois, qui étaient alors une force rebelle luttant contre le gouvernement républicain chinois, ont largement bénéficié de l’invasion japonaise et ont rapidement pris le contrôle de toute la Chine continentale après la défaite du Japon face aux États-Unis en 1945.
Pendant des décennies, le PCC a essentiellement ignoré l’histoire de l’invasion japonaise, le président Mao Zedong remerciant même les autorités japonaises pour « l’aide » apportée par leur pays à l’arrivée au pouvoir du PCC.
Ces dernières années, le PCC a eu recours à l’« éducation patriotique », promouvant souvent une vision étroite des relations sino-japonaises qui se concentre sur les crimes commis par le pays lors de la Seconde Guerre mondiale.
Selon SinoInsider, un cabinet de conseil basée à New York qui suit l’évolution de la politique, de l’économie et des relations extérieures de la Chine, l’agression tragique du jeune Japonais met en évidence les conséquences du « nationalisme rouge » du PCC, fondé sur la haine.
« La récente flambée de violence dirigée contre des Japonais pourrait être en partie le résultat des frustrations croissantes engendrées par la détérioration des conditions économiques en Chine », ont observé les analystes dans une lettre d’information datée du 23 septembre.
La multiplication des incidents violents et des discours anti-japonais va aggraver la perception de la Chine au Japon et dans d’autres pays, et accélérer la tendance des entreprises étrangères à réduire leurs investissements et leurs activités en RPC, a écrit SinoInsider. Cela ne ferait qu’aggraver les perspectives économiques de la Chine.
Une Chinoise interviewée par la chaîne publique japonaise NHK a exprimé sa tristesse à propos de l’agression au couteau du 18 septembre. Elle a également fait remarquer que de nombreuses entreprises japonaises avaient investi en Chine à partir des années 1980, contribuant grandement à l’essor économique de la Chine.
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Japanese Firms Distancing From China as Hate Incidents Rise
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