L’ascension de Sanae Takaichi, future Première ministre du Japon, inquiète Pékin. Cette conservatrice, qui s’apprête à devenir la première femme à diriger le pays, a osé prononcer la phrase taboue pour le régime chinois : « Une crise à Taïwan est une crise pour le Japon ». Aussitôt, les médias du Parti communiste chinois (PCC) l’ont surnommée « la nouvelle Abe » et « politicienne d’extrême droite ». Cette nervosité trahit l’inquiétude du PCC face à cette dirigeante pro-Taïwan qui ne mâche pas ses mots.
Le 4 octobre 2025, Sanae Takaichi (高市早苗) a remporté l’élection à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD). Cette victoire la place en pole position pour devenir la première femme Premier ministre de l’histoire du Japon. Fidèle soutien de Taïwan qu’elle a visitée à plusieurs reprises, la dirigeante japonaise n’hésite jamais à répéter : « Une crise à Taïwan est une crise pour le Japon ».
Sa ligne dure envers la Chine a immédiatement provoqué l’ire des médias chinois. Le Jimu News (极目新闻) et autres organes de presse l’ont taxée de « version féminine d’Abe » et de « politicienne de droite », sur un ton ouvertement hostile.
« Une crise à Taïwan est une crise pour le Japon » : la phrase qui inquiète Pékin
Le 19 septembre 2025, au Palais de la Diète, Sanae Takaichi annonçait sa candidature à la présidence du PLD. Interrogée sur Taïwan, la réponse a été sans détour : « Une crise à Taïwan est une crise pour le Japon ». Trois scénarios ont ensuite été détaillés : une invasion militaire chinoise de Taïwan, un blocus des routes maritimes entre Taïwan et le Japon ou encore une guerre de l’information visant à influencer l’opinion taïwanaise pour obtenir une « unification pacifique ». Le deuxième scénario serait, selon la candidate, le plus probable.
Après son élection à la tête du PLD, le ministère taïwanais des Affaires étrangères a immédiatement salué sa victoire. Il a exprimé l’espoir d’approfondir la coopération avec le PLD dans l’esprit de la « diplomatie globale », pour œuvrer ensemble à la paix dans la région indo-pacifique.
L’héritière d’Abe Shinzō : cap sur un Japon plus fort
Takaichi se revendique de l’héritage de l’ancien Premier ministre Abe Shinzō (安倍晋三, 1954-2022), assassiné en juillet 2022 lors d’un meeting. Comme lui, la présidente du PLD défend un Japon fort, capable de tenir tête aux pressions extérieures et de défendre ses intérêts sur la scène internationale.
Pour la dirigeante conservatrice, la paix dans le détroit de Taïwan n’est pas négociable : c’est une question de sécurité nationale pour le Japon. Tout changement du statu quo par la force est catégoriquement rejeté.
Dans ses discours, Takaichi dresse un constat sans fard : le Japon fait face à une double crise. En interne, vieillissement de la population, stagnation économique et perte de confiance envers les politiques. À l’extérieur, menaces sécuritaires croissantes avec les ambitions chinoises et les provocations nord-coréennes.
Face à ce tableau, la candidate appelle à un leadership fort pour redonner confiance aux Japonais et replacer le pays parmi les grandes puissances. Son slogan ? « Japan is Back », reprenant celui d’Abe qui symbolisait le retour du Japon sur le devant de la scène mondiale.
Pékin sur les nerfs : la presse chinoise monte au créneau
Dès son élection, les médias chinois ont dégainé. Takaichi ? Une « version féminine d’Abe », qui « dénigre la Chine à répétition » et « se rend presque chaque année au sanctuaire Yasukuni ». Les articles la présentent comme « l’archétype de la politicienne de droite ». On y apprend qu’elle s’est rendue 11 fois au sanctuaire Yasukuni entre 2014 et 2025 et qu’elle brandit régulièrement la « menace chinoise ».
La presse chinoise souligne aussi les difficultés qui l’attendent : « gouvernement minoritaire », avenir « incertain », « difficultés à stabiliser la situation ». Le message est clair : sans majorité à la Diète, Takaichi aura du mal à gouverner.
Au-delà de sa « ligne dure envers la Chine », les médias chinois insistent lourdement sur ses liens avec Washington, avec un ton nerveux, presque anxieux.
Sanae Takaichi, future Première ministre du Japon : une vraie amie de Taïwan
Sur la scène politique japonaise, Takaichi fait partie des plus fervents soutiens de Taïwan. Bien avant que la question Taïwanaise ne devienne centrale dans la diplomatie nippone, elle multipliait déjà les visites sur l’île. Elle y a rencontré l’ancienne présidente Tsai Ing-wen et des élus de tous bords, prouvant que son engagement dépasse les clivages partisans. En avril dernier, elle s’est entretenue avec le président Lai Ching-te, élu en janvier 2024.
Mais Takaichi ne se contente pas de visites de courtoisie. Elle milite activement pour que Taïwan intègre les organisations internationales dont Pékin la tient écartée par la menace et la coercition. Elle plaide pour un réseau de coopération sécuritaire entre démocraties de la région, consciente que face aux régimes autoritaires, il faut faire bloc.
Sa phrase fétiche ? « Une crise à Taïwan est une crise pour le Japon ». Ce n’est pas un slogan creux : c’est une réalité géographique et économique. Les routes maritimes vitales du Japon passent à proximité de Taïwan.
Elle admire publiquement Tsai Ing-wen, saluant son courage face aux intimidations de Pékin. Elle soutient l’adhésion de Taïwan au CPTPP (Accord de partenariat transpacifique global et progressiste) et sa participation comme observateur à l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe de décision de l’OMS.
Une femme qui défie Pékin
L’ascension de Sanae Takaichi, bientôt Première ministre du Japon, est un sacré casse-tête pour Pékin. Là où d’autres dirigeants auraient pu céder aux pressions chinoises, la présidente du PLD incarne une nouvelle génération de politiciens japonais résolus à défendre les valeurs démocratiques et les alliances stratégiques indo-pacifiques.
Son soutien franc à Taïwan et son franc-parler face aux menaces marquent un tournant dans la diplomatie nippone. Pour Pékin, habitué à faire plier ses voisins par la coercition économique et les menaces militaires, cette dirigeante représente un sérieux obstacle à ses ambitions régionales.
La nervosité de la propagande chinoise, qui multiplie les attaques à son encontre, en dit long sur l’inquiétude du Parti communiste chinois. Avec Sanae Takaichi comme future Première ministre du Japon, Pékin sait qu’il aura affaire à une dirigeante qui refuse de plier, et qui le dit haut et fort : défendre Taïwan, c’est défendre le Japon.
Alors que les tensions s’intensifient dans le détroit de Taïwan, l’arrivée probable de Takaichi à la tête du gouvernement japonais marque un tournant. Héritière d’Abe, la future Première ministre défend sa propre vision : un Japon fort, engagé aux côtés des démocraties asiatiques. Le message à Pékin est limpide : Tokyo ne restera pas les bras croisés.
Rédacteur Yi Ming
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