Tokyo appelle à une augmentation des dépenses militaires et à une coopération américano-japonaise alors que Pékin intensifie ses opérations aériennes et maritimes à proximité du Japon

Le dernier Livre blanc du ministère japonais de la Défense identifie directement les activités militaires et la « posture extérieure » globale de la Chine communiste comme la menace numéro un pour la sécurité nationale du Japon, compte tenu de l’expansion rapide des forces armées de Pékin et de la fréquence croissante de leurs opérations à proximité du territoire japonais. 

Publiée mardi 15 juillet, une version condensée du Livre blanc , intitulée Défense du Japon 2025, souligne que Pékin représente le « plus grand défi stratégique » auquel « le Japon devrait répondre avec sa puissance nationale globale ».

« La Chine a rapidement augmenté ses dépenses de défense nationale, améliorant ainsi considérablement et rapidement sa capacité militaire de manière qualitative et quantitative », indique une déclaration du ministre japonais de la Défense, le général Nakatani (中谷元), au début du document. 

Nakatani a également souligné la menace croissante de l’arsenal nucléaire croissant de la Corée du Nord, ainsi que l’approfondissement de la coopération militaire chinoise avec la Russie sous la forme d’exercices navals et aériens conjoints dans la région de l’Asie du Nord-Est. 

Menace croissante pour le Japon et Taïwan 

Le Livre blanc note que la Chine a considérablement augmenté son budget de défense pendant plus de 30 années consécutives, « améliorant ainsi considérablement et rapidement sa capacité militaire de manière qualitative et quantitative et intensifiant ses activités en mer de Chine orientale, y compris autour des îles Senkaku, et dans le Pacifique. »

« La posture extérieure de la Chine, ses activités militaires et autres activités sont un sujet de grave préoccupation pour le Japon et la communauté internationale et représentent un défi stratégique sans précédent et le plus grand auquel le Japon devrait répondre avec sa puissance nationale globale et en coopération et collaboration avec ses alliés, les pays partageant les mêmes idées et d’autres », peut-on lire dans la section du Livre blanc sur les activités militaires de la Chine. 

Les îles Senkaku, appelées Diaoyu en chinois, sont un archipel inhabité revendiqué par les deux pays mais administré par le Japon. Le Parti communiste chinois (PCC) a multiplié les interventions sur ce sujet dès le début des années 2000, tout en multipliant les sorties militaires à proximité des îles. 

Parallèlement, l’activité militaire de l’Armée populaire de libération (APL) du PCC s’étend à la mer de Chine orientale, à la mer du Japon et à l’ouest de l’océan Pacifique. Les manœuvres chinoises entre les « premières îles » et les « secondes îles » préoccupent particulièrement le Japon.

La première chaîne d’îles comprend les Philippines, Taïwan, l’île principale du Japon, Kyushu, au sud, et d’autres îles mineures. La seconde chaîne comprend les îles qui s’étendent de la Papouasie-Nouvelle-Guinée au sud, s’incurvent vers l’est en direction du territoire américain de Guam et se terminent à Honshu, la plus grande île du Japon.  

Taïwan occupe une ligne d’approvisionnement stratégique entre le Japon et l’océan Indien, ainsi qu’une partie importante de la première chaîne d’îles. Le PCC revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire et envoie régulièrement des avions de guerre et des navires pour intimider cette île démocratiquement gouvernée. 

« L’équilibre militaire global entre la Chine et Taïwan penche rapidement en faveur de la Chine », a déclaré le ministère japonais de la Défense dans le Livre blanc.  

« On pense qu’à travers cette série d’activités, la Chine cherche à créer un fait accompli là où l’APL opère et à améliorer ses capacités de combat réelles » afin d’exercer sa volonté sur Taïwan.  

Le Livre blanc alerte sur des incursions sur le territoire japonais 

Le Livre blanc note qu’en août dernier, des avions de l’APL ont violé l’espace aérien japonais près de Kyushu, ce qui a été suivi par un porte-avions chinois naviguant entre les îles japonaises de Yonaguni et d’Irimote le mois suivant. 

En mai dernier, un navire des garde-côtes chinois a fait intrusion dans les eaux japonaises autour des îles Senkaku et a lancé un hélicoptère, montrant ainsi que Pékin « poursuit ses tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force » autour des îles. 

« Les activités militaires intensifiées de la Chine ont créé une situation qui pourrait avoir de graves répercussions sur la sécurité du Japon », peut-on lire dans le Livre blanc. 

En plus de mettre en garde contre les activités de l’APL concernant les eaux territoriales et l’espace aérien japonais et taïwanais, le ministère japonais de la Défense a également souligné les efforts continus de Pékin pour renforcer sa position dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. 

Le PCC revendique la quasi-totalité de cette région, violant ainsi le droit international ainsi que les eaux territoriales et les possessions insulaires de six autres pays. Des bases de l’APL ont été construites sur plusieurs îles, dont certaines ont été artificiellement agrandies pour accueillir les installations militaires. 

Appels à un approfondissement de la coopération en matière de défense entre les États-Unis et le Japon

Le ministère japonais de la Défense a souligné les efforts récents de Tokyo pour renforcer les forces militaires japonaises en réponse aux actions de la Chine communiste, ainsi que la nécessité de travailler plus étroitement avec ses alliés dans la région, en particulier les États-Unis. 

« L’alliance nippo-américaine est essentielle à la sécurité nationale du Japon, et les exercices bilatéraux nippo-américains jouent un rôle important dans le renforcement des capacités de dissuasion et de réponse du Japon », peut-on lire dans le Livre blanc, ajoutant que le Japon et les États-Unis partagent « des valeurs fondamentales telles que la démocratie, le respect des droits de l’homme et l’État de droit ».

Sur le plan diplomatique, le Japon considère l’alliance américano-japonaise comme la pierre angulaire de sa sécurité. Outre le renforcement des capacités opérationnelles conjointes avec les forces américaines, il promeut le partage de renseignements, le développement conjoint de technologies de défense et la coopération en matière de maintenance des équipements. Parallèlement, il promeut activement une coopération de défense à plusieurs niveaux avec des pays comme l’Inde, les Philippines et l’Indonésie. 

Pour soutenir ces initiatives stratégiques, le budget de la défense du Japon pour l’exercice 2025 atteindra environ 9,9 billions de yens, soit environ 1,8 % de son PIB, avec des plans pour porter ce chiffre à 2 % d’ici 2027. Le gouvernement déclare qu’il augmentera régulièrement les dépenses de défense, en investissant dans des domaines critiques tels que la défense antimissile, les satellites de communication, les drones et les munitions logistiques pour assurer la durabilité et la résilience de son système de défense.

Le Japon prévoit de déployer davantage de missiles de croisière, notamment le missile antinavire de type 12 et le missile Tomahawk de fabrication américaine, ainsi que de développer des munitions interceptrices pour se défendre contre les armes hypersoniques de l’APL. 

En mars dernier, les Forces d’autodéfense japonaises ont créé leur Commandement des opérations conjointes (JJOC), une organisation rattachée au ministère de la Défense et dotée d’une autorité unifiée sur les trois branches de l’armée japonaise. Ce commandement, qui s’ajoute au commandement des « unités opérant dans les domaines spatial et cybernétique » en temps de paix, vise à doter les FAD d’une « position de défense flexible en fonction de la situation », selon le Livre blanc.

Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann

Source : Japan’s 2025 Defense White Paper Names China ‘Greatest Strategic Challenge’

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