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Tradition. La longue histoire des amulettes (2/2)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Obtenir la Grande Loi universelle, par Xu Yupei, huile sur toile. (Image : Avec l’aimable autorisation de Xu Yupei / Exposition Zhen Shan Ren)
 

Pour les Chinois, les amulettes de protection et de bon augure ne sont pas des choses inconnues. Qu’elles soient en or, en jade ou créées à partir de paille nouée, pour la personne qui les porte, ces amulettes revêtent toujours une signification particulière. Depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, les Chinois utilisent ces amulettes pour attirer la bonne fortune et chasser les esprits.

Durant la période du Nouvel An, on colle une icône des divinités du foyer, ainsi que le caractère chinois du bonheur, sur la porte d’entrée. On dispose des animaux sacrés à l’entrée des grands immeubles. Ces habitudes témoignent du respect au Ciel. En priant les divinités, on chasse les esprits mauvais, on attire la bonne fortune, on a l’espoir d’obtenir les grâces et les bénédictions des divinités pour soi-même, pour un avenir paisible et favorable.

Significations de l’amulette : respecter le Ciel et croire en Dieu, exorciser le mal et attirer la bonne fortune

Pixiu, créature sacrée chinoise. (Image : wikimedia / Sol lc / CC BY-SA 4.0)
Pixiu, créature sacrée chinoise. (Image : wikimedia / Sol lc / CC BY-SA 4.0)
 

L’amulette est censée porter chance aux gens, transformer la malchance en bonne fortune et éloigner les maladies, les souffrances et les désastres, etc. Dans les anciennes habitations chinoises, ces amulettes et ces ornements étaient placés à l’intérieur et à l’extérieur des maisons. On y voit le Pixiu, une créature mythologique chinoise, considéré comme un des neuf fils du dragon et souvent utilisé comme amulette dans des pendentifs de jade. On y croise également le dragon, la tortue spirituelle, ainsi que d’autres objets utilisés pour exorciser les mauvais esprits.

Les chasseurs de démons : Shen Shu et Yu Lei

Sous la dynastie des Han de l’Est, les gens utilisaient des planches de bois de pêchers de 6 pouces de long et 3 pouces de large pour y graver les images des deux divinités taoïstes Shen Shu et Yu Lei et les accrochaient devant la porte pour chasser les démons et les fantômes. Ces planches de bon augure, appelées les « Amulettes de Pêchers » étaient accrochées en couple des 2 côtés de la porte du foyer, pour le Nouvel An chinois.

Dieux de la porte. (Image : wikimedia / Stewart~惡龍 / CC BY-SA 2.5)
Dieux de la porte. (Image : wikimedia / Stewart~惡龍 / CC BY-SA 2.5)
 

Les divinités Shen Shu et Yu Lei sont également appelées « Dieux de la porte ». De nos jours, à l’occasion du Nouvel An, les gens disposent toujours, de chaque côté de la porte du foyer, des couples de bon augure, ainsi que des images ou des statues de la divinité Zhong Kui et d’autres personnages, ou des symboles tels que le caractère chinois du bonheur (xing fu : 幸福), tout cela pour accueillir le printemps et la nouvelle année sous le signe du bonheur et des bonnes grâces célestes.

Depuis l’antiquité, l’amulette est un symbole très populaire en Chine et elle fait partie de la littérature ancienne. Il existait un « cadenas de longue vie » pour les enfants. Ce cadenas de longue vie est généralement en argent, la couleur blanche faisant référence au Qi des cinq éléments et à l’énergie de la vie. De nos jours, à la naissance d’un enfant et jusqu’à son premier mois, la grand-mère maternelle offre à son petit-fils un cadenas de longue vie, censé lui apporter longue vie et richesse.

Les enfants portent les cadenas de longévité et versent de l’eau sur la figurine du Bouddha, tradition pour fêter l’anniversaire de Bouddha ayant lieu le 8ème jour du 4ème mois du calendrier lunaire chinois. (Image : Peint par Su Hanchen, dynastie Song / Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)
Les enfants portent les cadenas de longévité et versent de l’eau sur la figurine du Bouddha, tradition pour fêter l’anniversaire de Bouddha ayant lieu le 8ème jour du 4ème mois du calendrier lunaire chinois. (Image : Peint par Su Hanchen, dynastie Song / Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)
 

Sous la dynastie Tang, le poète Zhang Yue (張說) a écrit, dans un poème : « Puisse ce brin de vie prolonger votre vie et vous apporter la grande grâce ». Ce « brin de vie » est une amulette populaire de l’époque, portée à l’occasion du festival de Duanwu (端午節), qui ressemble beaucoup au bracelet brésilien d’aujourd’hui et utilise des fils de soie de 5 couleurs différentes symbolisant les cinq éléments.

Le festival de Duanwu tombe le 5ème jour du 5ème mois dans le calendrier chinois. Le mille-pattes venimeux, le serpent, l’araignée, le scorpion, le crapaud, le gecko et le tigre font leur apparition. Les gens accrochent des talismans taoïstes, des images de Zhang Tianshi et de Zhong Kui pour exorciser les mauvais esprits. Ils portent de petits sachets brodés de cinq motifs représentant les choses toxiques et contenant des plantes médicinales, comme le clou de girofle, le bois d’encens et l’angélique dahurica. Ils accrochent sur leurs portes des feuilles d’acorus calamus et des feuilles d’armoise pour conjurer les mauvais esprits. Ils pratiquent l’abstinence, le jeûne, et boivent de l’alcool au réalgar, pour éloigner les virus.

Sachets aux plantes médicinales pour le festival de Duanwu. (Image : ban163 / Pixabay)
Sachets aux plantes médicinales pour le festival de Duanwu. (Image : ban163 / Pixabay)
 

Cette culture du respect envers le Ciel et les Dieux, pour éloigner le mal, est ancrée dans le cœur des Chinois et intégrée à leur vie quotidienne. Les gens fabriquent diverses amulettes en fonction de leurs besoins. Les matériaux et les formes spécifiques utilisés pour leur fabrication revêtent aussi une grande importance. On utilisera souvent le jade aux 5 vertus, le scarabée comme symbole de la divinité solaire, le bois d’agar qui a le pouvoir de décontaminer et de repousser le mal, l’argent, la soie, les fils de soie aux 5 couleurs, les bijoux en métaux, les sculptures sur noyaux d’oliviers, etc.

Les noyaux d’olives sculptés repoussent les flèches : le général survit grâce à ces noyaux lors d’une attaque mortelle

Dans la Chine antique, de nombreuses histoires font référence à l’utilisation d’amulettes pour assurer la sécurité. Selon une ancienne légende, un général courageux et bienveillant, voyant un vieux mendiant assis seul sur le bord d’une route, vêtu de haillons et sans nourriture, fut pris de compassion. Il offrit de l’argent au vieil homme et ordonna qu’il fut escorté jusqu’à son propre domicile pour y être à l’abri. En entendant cela, le vieil homme, ému, fondit en larmes et le remercia sincèrement du fond du cœur. Avant de partir, le vieil homme offrit au général un collier constitué de 18 noyaux d’olives, sculptés de motifs correspondant aux 18 Arhats. Il dit au général que porter le collier le protégerait et lui apporterait la chance.

Bracelet composé de 18 noyaux d’olive sculptés. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)
Bracelet composé de 18 noyaux d’olive sculptés. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0)
 

Lorsque la guerre éclata, le général dut faire face à un adversaire redoutable lors d’une bataille féroce. De nombreux soldats furent blessés et tués. Seul, le général mena une lutte impétueuse et acharnée contre l’ennemi et remporta la bataille finale. Alors qu’il rentrait au camp, le général se rendit compte que son armure présentait un trou à l’endroit du cœur. Pris de panique, il enleva immédiatement son armure et inspecta son corps. Il constata avec soulagement qu’il était indemne. En revanche, le pendentif en noyaux d’olives sculptés avait été impacté par une flèche. Il réalisa qu’il lui avait sauvé la vie.

Dès lors, le général garda précieusement cette amulette, la conservant toujours sur lui lorsqu’il partait se battre aux quatre coins du pays, enchaînant les succès militaires, pour finalement accéder au rang de grand général. Plus tard, quand il devint plus âgé, le grand général prit sa retraite et retourna chez lui. Quelques années plus tard, il constata que les fissures dans les noyaux d’olives sculptés avaient complètement cicatrisé. Le général en fut très impressionné et il considéra désormais le collier comme un objet sacré. Après sa mort, le pendentif fut conservé sur sa poitrine comme un objet funéraire.

Rédacteur François René

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