Nous allons prolonger plus avant notre regard sur les ducs de Bourgogne, dont la puissance aurait pu faire vaciller le royaume de France. Certains d’entre eux ont influé sur le destin des cours européennes. Cet article propose de le souligner.
Philippe le Bon, le plus illustre des ducs de Bourgogne
Philippe III de Bourgogne, appelé plus communément Philippe le Bon, également surnommé le Grand-Duc d’Occident, est souvent considéré comme le plus illustre des ducs de Bourgogne. Né à Dijon en 1396, fils de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, son règne s’étend de 1419 à 1467. L’assassinat de son père le 10 septembre 1419 attise son désir de vengeance et oriente ses choix qui auront des conséquences déterminantes sur la politique européenne. Convaincu de la complicité du Dauphin, futur roi de France Charles VII, Philippe le Bon, héritier du puissant et riche duché de Bourgogne, s’allie au roi d’Angleterre.
Rupture et réconciliation
Il est l’artisan du traité de Troyes signé le 21 mai 1420, reconnaissant Henri V d’Angleterre comme prétendant au royaume de France, mais l’intervention de Jeanne d’Arc va remettre en question ce traité humiliant pour la France. Philippe le Bon confie à son capitaine Jean de Luxembourg la capture de Jeanne qui sera vendue aux Anglais. Un choix qui reste très controversé… Philippe le Bon, en fin stratège, finira par rompre l’alliance anglo-bourguignonne et réaliser la réconciliation avec le Dauphin : le traité d’Arras signé en 1435 met fin à la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons.
Très diminué physiquement avec l’âge, Philippe le Bon s’éteint à Bruges le 15 juin 1467. Il laisse à son fils un État bourguignon fort et respecté, une « mosaïque féodale entre le Jura et la mer du Nord » précise l’Encyclopédie Universalis. Bien plus qu’un administrateur et un stratège politique, il aura été un puissant mécène soutenant de prestigieux artistes autour de la cour la plus fastueuse du XVe siècle.

Charles le Téméraire, un prince dévoré par l’ambition
Qui était Charles le Téméraire, appelé parfois Charles le Hardi ou Charles le Travaillant ? En réalité, son véritable nom est Charles 1er de Bourgogne. Fils unique de Philippe le Bon et d’Isabelle du Portugal, quatrième duc de Bourgogne de la Maison de Valois, Charles a 34 ans lorsqu’il devient duc de Bourgogne en 1467 à la mort de son père. Son propre règne va se terminer 10 ans plus tard en 1477.
Grand admirateur des héros antiques comme Alexandre le Grand, il rêve de rétablir l’ancien État de Lotharingie, reprenant ainsi à son compte l’idée de son père Philippe le Bon. Il espère ainsi annexer la Lorraine et l’Alsace. D’une ambition démesurée, il brigue une couronne impériale afin de rivaliser avec la France et le Saint-Empire romain germanique, états suzerains. Suivant les règles de la féodalité en vigueur, Charles le Téméraire est le vassal du roi de France et de l’empereur. De fait, comme son père Philippe le bon, il jouit d’une grande indépendance à la mesure des ducs de Bourgogne, véritables souverains.
Charles le Téméraire est d’un caractère emporté, voire violent. C’est un homme inflexible, d’où le surnom de Téméraire passé à la postérité. L’exercice de la guerre s’apparente pour lui à un tournoi. Chevalier idéal, il aime la guerre. Sa devise : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » correspond au personnage.
Charles le Téméraire et Louis XI : des cousins ennemis acharnés
Les deux hommes se vouent une haine farouche. Charles rejoint la Ligue du Bien public composée de ducs et de comtes adversaires du roi Louis XI. Le duc de Bretagne, notamment, fait partie de cette coalition. En 1465, la guerre entre les deux camps s’achève avec la bataille de Montlhéry. Cependant, les deux cousins, de simples rivaux, deviennent des ennemis jurés. Un climat de guerres incessantes s’installe entre ces deux hommes que tout oppose : face à un Louis XI froid et calculateur, se dresse Charles 1er de Bourgogne, vif et coléreux, en d’autres termes « l’universelle Araigne » contre « le Téméraire ».
Les guerres menées par Charles pour consolider et unir les États bourguignons s’avèrent coûteuses, ce qui les rend de plus en plus impopulaires. Dans le même temps, Charles le Téméraire, de plus en plus isolé, connaît des revers. Il finit par perdre le soutien de ses alliés, le roi Édouard d’Angleterre et l’empereur Frédéric III. Ses sautes d’humeur et son arrogance indisposent ses anciens partisans. En outre, Suisses et Lorrains, rejetant le duc de Bourgogne, très probablement sous l’impulsion de Louis XI, se révoltent et mettent à sac la Franche- Comté. Charles le Téméraire réagit mais essuie une première défaite en 1476. Puis arrive la fin tragique. Charles le Téméraire est retrouvé mort à Nancy le 5 janvier 1477, à peine reconnaissable, selon les sources.

Marie de Bourgogne
Marie, duchesse de Bourgogne, est la fille unique de Charles le Téméraire et de sa deuxième épouse Isabelle de Bourbon. Elle voit le jour en 1457 à Bruxelles. À la mort de son père, elle se retrouve à l’âge de 20 ans à la tête du plus puissant duché d’Europe. Le roi Louis XI qui voue une haine indéfectible à la dynastie bourguignonne ne tardera pas à lui faire perdre une partie de son territoire, dont la Bourgogne « proprement dite », la Picardie et l’Artois.
Désemparée, inexpérimentée, la jeune duchesse, sur le conseil de ses proches, épouse le fils unique de Frédéric III, Maximilien de Habsbourg. Le mariage est célébré en août 1477. Cinq années plus tard, en 1482, Marie de Bourgogne meurt accidentellement après une chute de cheval, laissant deux enfants en bas âge, Marguerite d’Autriche et Philippe le Beau, le père du futur Charles Quint. Ainsi s’éteint la Maison de Bourgogne.
Un siècle de pouvoir et de faste aura réussi à immortaliser l’histoire des ducs de Bourgogne.
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