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Histoire. La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours

FRANCE > Histoire

De l’Antiquité où elle poussait à l’état sauvage, jusqu’aux vergers raffinés de la Renaissance et aux tables royales de Versailles, la poire n’a cessé d’évoluer. Fruit d’histoire et de culture, elle se décline aujourd’hui en milliers de variétés, à croquer, à cuire ou à boire, continuant de séduire petits et grands.

La poire fait partie des fruits les plus appréciés en Europe. Elle est consommée depuis le Paléolithique. Les poires cultivées en Chine, au Japon et en Corée sont génétiquement très différentes des poires européennes, qui seraient pourtant elles aussi d’origine asiatique. Autrefois, la poire n’était pas aussi tendre et douce qu’aujourd’hui. C’est à la Renaissance que les variétés européennes ont été améliorées et se sont diversifiées.

La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours
Le poirier asiatiquejaponais Nashi Pyrus pyrifolia aux fruits mûrs. (Image : Stock_Holm/Envato)

Les poires asiatiques, plus croquantes, sont cultivées en Chine depuis plus de 6 000 ans. Les poiriers asiatiques comptent plus de trois mille variétés, regroupées en cinq grands groupes : les poires de l'Oussouri qiuzi li, les poires chinoises blanches bai li, les poires chinoises sableuses shali, les poires du Xinjiang xinjiang li et les poires japonaises nashi, seul groupe cultivé au Japon. Ce classement repose sur les caractères morphologiques des feuilles et des fruits.

En Europe, des traces de poiriers apparaissent dès la préhistoire. Des graines ont été retrouvées dans les cités lacustres néolithiques de Suisse. Toutes appartiennent au Pyrus communis, le poirier européen. Les Grecs mentionnaient déjà ce fruit et les Romains en cultivaient une cinquantaine de variétés.

La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours
Les poires sont cultivées depuis l’Antiquité et font partie des fruits les plus consommés aujourd’hui. (Image : zoranzeremski/Envato)

La poire dans l’Antiquité et au Moyen Âge

Dès l’Antiquité, le botaniste grec Théophraste s’intéresse à la poire et à sa culture. Dans son traité Historia Plantarum, il distingue le poirier cultivé du poirier sauvage et décrit les techniques de greffage permettant de reproduire fidèlement les meilleurs arbres. Il note aussi que les fruits tombent souvent avant maturité. D’ailleurs, saviez-vous que les poires sont des fruits capables de mûrir après la récolte ? Mais la plupart ne se conservent pas longtemps, d’où l’importance de disposer de variétés qui mûrissent à différents moments de l’année.

Au Moyen Âge, la poire est surtout consommée cuite, car les variétés disponibles sont granuleuses, peu parfumées et peu sucrées. À la Renaissance, un grand travail de sélection affine son goût et sa texture : c’est l’âge d’or des nouvelles variétés. Au XVIIe siècle, la poire devient un fruit de prestige à la cour de Louis XIV grâce à Jean de La Quintinie, le jardinier de Versailles. Le roi raffole de la « bergamote rayée », surnommée « reine des poires ». Certaines variétés prennent même des noms de rois ou de saints, comme la poire « bon-chrétien », associée à Louis XI et à saint Vincent de Paul.

La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours
Les poires cuites sont très digestes. (Image : Olga_Kochina/Envato)

Les variétés de poires et leur consommation

Aujourd’hui plus de 2 000 variétés sont recensées. Seules quelques-unes sont commercialisées. Le choix se porte sur des variétés qui ne pourrissent pas trop vite, qui ont bon goût et bonne texture et qui sont faciles à cultiver. Parmi les poires qui se consomment crues, on retrouve la « Williams », la « Conférence », la « Doyenné du Comice », qui sont les poires les plus vendues en France. Leur chair est fondante, elles sont parfumées et sucrées, idéales à croquer crues. 

Viennent ensuite les poires à cuire qui sont plus fermes, elles supportent bien la cuisson. La « Passe-Crassane » en fait partie. Elle se récolte en octobre. Elle est granuleuse, juteuse, peu sucrée, elle convient aux compotes, que l’on peut agrémenter de vanille ou de gingembre confit, et se marie avec le fromage comme le roquefort et le chèvre ou les viandes en daube. La poire « Curé » se prête à la conserve ou cuite au vin. Évidemment, une tarte aux poires ou des poires au chocolat sont toujours très appréciées des petits et des grands. 

Les poires se boivent. Que ce soit en jus, mélangées aux pommes, en cidre dit « poiré » ou à l’eau-de-vie. Les poires sont très digestes, surtout quand elles sont bien mûres. Elles sont plus digestes cuites que crues, d’où leur usage ancien en compotes et confitures 

La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours
Elles sont plus faciles à digérer cuites que crues. (Image : irataskova/Envato)

Bienfaits et usages médicinaux

Les poires sont très digestes, surtout bien mûres. Elles sont plus faciles à digérer cuites que crues, d’où leur usage ancien en compotes et confitures.


Riches en fibres, elles favorisent le transit intestinal. Elles contiennent aussi des antioxydants bénéfiques pour la santé cardiovasculaire. Peu caloriques (environ 53 kcal pour 100 g), elles s’intègrent facilement dans une alimentation équilibrée.

En médecine populaire asiatique, la poire est utilisée contre la toux, la constipation et même l’alcoolisme.

La poire, des jardins de l’Antiquité aux tables royales à nos jours
La poire a inspiré de nombreuses expressions françaises. (Image : 13people/Envato)

Expressions autour de la poire

La poire a inspiré de nombreuses expressions françaises, toujours vivantes :

  • Couper la poire en deux : trouver un compromis.
  • Garder une poire pour la soif : mettre de côté pour les temps difficiles.
  • Être une bonne poire : se laisser exploiter, être trop naïf.
  • Se fendre la poire : éclater de rire.
  • Se payer la poire de quelqu’un : se moquer de lui.
  • Poire d’angoisse : désigne une épreuve pénible, mais aussi une ancienne variété très âpre.

La poire est une vieille amie, consommée de mille façons. Souvent cueillies et vendues encore dures, elles peuvent décevoir. Mais maintenant, vous savez qu’il suffit de les laisser mûrir dans un endroit sec et aéré pour profiter de leur goût exceptionnel.

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