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Chine. Affaire Yu Menglong : une galerie d’art pékinoise au cœur du mystère

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L’affaire Yu Menglong continue de s’intensifier, avec des appels croissants pour découvrir la vérité. L’acteur avait composé lors d’une diffusion en direct un poème acrostiche. Il avait terminé son poème par ce vers : la mort peut en réalité être très artistique. Son dernier déplacement public était au musée d’art 798 CUBE de Pékin. Face à la censure officielle, des internautes chinois ont enquêté sur ce lieu et découvert de nombreux éléments troublants.

L’affaire Yu Menglong : le regard d’un médium britannique

Le 23 septembre, lors d’une diffusion en direct, le médium britannique Ty William avait révélé que l’esprit de Yu Menglong lui était apparu dans une vision en lui montrant un bâtiment ressemblant à un entrepôt. Selon l’interprétation du médium, l’esprit de Yu Menglong espérait qu’il pourrait révéler la vérité au monde, ainsi les personnes encore détenues dans l’entrepôt pourraient être sauvées. 

Dans la vision, Yu Menglong a raconté qu’un groupe de personnes maléfiques utilisait cet entrepôt pour emprisonner et massacrer de nombreuses victimes, dont des célébrités. Les victimes qui avaient pu résister à ce traitement étaient enfermées dans les sous-sols, voire dans des cages. Ce groupe était soutenu par une puissante « force obscure ». 

Dans cette vision, Yu Menglong a également mentionné qu’un entrepôt cachait des personnes disparues et que des fonctionnaires chinois étaient impliqués dans le trafic d’enfants et d’êtres humains.

Le musée d’art 798 CUBE de Pékin

Après la révélation de Ty William, les internautes chinois se sont souvenus que peu avant son décès, Yu Menglong avait composé, lors d’une diffusion Internet en direct, un poème acrostiche avant de déclarer : « La mort peut en réalité être très artistique ». Son dernier déplacement public étant au musée d’art 798 CUBE de Pékin, les internautes ont donc enquêté sur ce lieu et découvert de nombreux éléments troublants.

Auparavant, un internaute du Hebei avait mentionné cet endroit dans un message : « Au 798 CUBE, il y a un sous-sol, un grand entrepôt, comparable aux salles d’exécution des dix grandes tortures de la dynastie Qing, utilisées contre ceux qui n’obéissent pas ».

Le 798 CUBE, une galerie d’art inquiétante

Le créateur de contenu Li Dayu a indiqué dans une vidéo que le 798 CUBE, situé dans le district de Chaoyang à Pékin, est une grande zone d’exposition artistique. Elle contient différents musées de tailles diverses, exposant des œuvres très étranges.

Après l’éclatement de l’affaire Yu Menglong, les rumeurs concernant le corps incomplet de Qiao Renliang ont refait surface. 

Ainsi, parmi les expositions, neuf photos d’un squelette humain ont été publiées le 6 septembre dernier dans la section de discussion du 798 CUBE sur l’application chinoise Gaode Map. 

À l’aide de diverses analyses et recoupements, les internautes ont découvert que les caractéristiques de la tête de ce squelette semblaient extrêmement similaires à celles de l’acteur Qiao Renliang, appartenant à la même agence que Yu Menglong. Qiao Renliang est mort tragiquement en 2016. Les internautes soupçonnent qu’il s’agit d’une partie des restes de Qiao Renliang, car il semblait manquer un bras à son corps à l’époque.

Concernant la transformation des corps en objets d’exposition, Li Dayu a expliqué que cette technologie de conservation existait depuis longtemps. 

Quand le PCC a commencé à persécuter le Falun Gong en 1999, Bo Xilai, membre de la faction de Jiang, avait créé une usine de traitement de cadavres à Dalian, où il était alors en poste. Il utilisait la technique de plastination pour préserver l’apparence des corps et en faire des objets d’exposition. 

À l’époque, on avait soupçonné que nombre de ces corps provenaient de pratiquants de Falun Gong persécutés à mort. Il est notable que l’une des suspectes de l’affaire Yu Menglong, Tian Hairong, est la veuve de Xu Ming, qui était précisément l’assistant de Bo Xilai et de son épouse à l’époque.

Dans la zone d’exposition du 798 CUBE, il y a des milliers de lignes rouges ressemblant à des vaisseaux sanguins reliées à des centaines de vieilles chaussures, dont une paire identique à celle que portait Qiao Renliang de son vivant. Certains ont émis l’hypothèse qu’il s’agit d’objets appartenant aux victimes : car la scène d’exposition fait immédiatement penser au musée d’Auschwitz, qui expose les chaussures des victimes juives.

Le blogueur souligne que Yu Menglong était très probablement détenu dans le sous-sol du musée d’art 798 CUBE avant sa mort. Son dernier déplacement public remontant au 29 août dernier, date à laquelle il a publié sur Weibo une photo de dos le montrant contemplant le paysage dans un lieu de Pékin avec un mur rouge.

Yu Menglong et le 798 CUBE

Sur le calendrier des événements de la zone du musée d’art 798 CUBE, Yu Menglong avait prévu d’organiser une exposition photographique personnelle au 798 CUBE. L’exposition s’intitulait Frontières inachevées et devait se tenir du 6 au 12 septembre. Selon des internautes, l’exposition s’est arrêtée le 11 septembre en raison de son décès soudain.

La photo que Yu Menglong avait publiée sur Xiaohongshu a soudainement disparu quelques jours après sa mort. Les internautes ont immédiatement interprété que cela signifiait que quelqu’un s’était connecté à son compte, peut-être pour détruire des preuves.

Certains ont découvert que l’apparence extérieure du 798 CUBE ressemble à un entrepôt. L’une des personnes impliquées, Cheng Qingsong, s’était également rendue dans ce lieu, il y a quelques mois et avait pris des photos. Le représentant du 798 CUBE est Xi Tao, fondateur d’un musée appelé AR6. Il serait le compagnon de l’un des suspects de l’affaire Yu Menglong, Ji Guang Guang.

Alors, où était Yu Menglong pendant l’exposition ? Li Dayu a émis l’hypothèse que ces personnes ont utilisé l’exposition comme prétexte pour attirer Yu Menglong au 798 CUBE entre le 3 et le 10 septembre. Ils l’auraient agressé là-bas, puis l’auraient transféré d’abord à l’hôtel Bulgari à proximité et finalement au complexe résidentiel Yangguang Shangdong. 

Certains ont expliqué que l’hôtel Bulgari et le musée d’art Qihao à proximité sont reliés par un tunnel souterrain. De plus, ce musée possède un vaste sous-sol.

Li Dayu a souligné que le milieu artistique de la Chine actuelle regorge d’éléments pouvant surprendre. Ainsi, certains artistes n’agissent que pour leurs propres besoins ou pour servir les cercles de l’élite : satisfaisant leurs tendances à observer des scènes extrêmes de torture humaine, ou à exposer les objets des victimes. 

De plus, ce réseau coexisterait avec un autre réseau criminel en Chine : les prélèvements forcés d’organes. Ce réseau implique les tribunaux, la police et les hôpitaux, manipulés par des personnes influentes, qui prélèvent des organes sur des gens vivants et non consentants à des fins lucratives.

Les internautes chinois passent du boycott aveugle à la résistance rationnelle

Face aux découvertes du 798 CUBE, les internautes comprennent désormais le sens macabre de la déclaration de Yu Menglong : « La mort peut être très artistique ». Sa mort a dévoilé la face sombre du milieu artistique chinois et de ses galeries. Certains ont comparé le lieu à la série coréenne Squid Game, où l’élite observe et traque ses proies.

« C’est terrifiant ! Ces gens sont des démons ! », s’exclament les internautes. « Quand un crime forme une chaîne, il y a forcément un soutien gouvernemental : trafic d’organes, trafic d’enfants, art macabre... »

Cette affaire a ouvert les yeux de nombreux Chinois sur la nature du régime. Les démissions du Parti communiste chinois (PCC) se multiplient sur les sites à l’étranger, et les voix contestataires s’amplifient.

La nuit de la fête de la Mi-Automne à Chongqing, les autorités avaient organisé un spectacle de drones pour animer les festivités. Surprise, les drones ont dessiné dans le ciel nocturne une gigantesque carpe koï, évoquant immanquablement Yu Menglong, que l’on appelait le « garçon carpe koï ». 

Dans plusieurs villes chinoises, des centres commerciaux ont accepté des projections pour afficher des photos de Yu Menglong sur leurs immenses façades. 

Auparavant aveuglés par le PCC, les internautes chinois boycottaient irrationnellement des marques étrangères comme Carrefour, Lotte, Apple ou les voitures japonaises. Mais l’affaire Yu Menglong les a réveillés, ils boycottent désormais de manière rationnelle le véritable ennemi : le régime communiste chinois. Malgré la répression habituelle, les Chinois traquent la vérité comme des détectives et boycottent les établissements suspects. 

L’affaire a franchi les frontières : médias internationaux et internautes du monde entier suivent le dossier. La pétition réclamant justice a atteint 399 278 signatures le 15 octobre dans la matinée.

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