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Tradition. Les secrets célestes derrière le chinois traditionnel (5/14)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Le Grand Xiang invisible de Lao Tzu (ou Lao Tseu) et le chinois ancien


 

Le Grand Xiang est invisible. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
 

La culture traditionnelle chinoise est également appelée culture divine. Inspirée de la sagesse des dieux, elle est reliée au Divin et dotée d’un sens profond, donc difficile à comprendre. Depuis l’antiquité, combien de philosophes et de sages chinois ont passé leur vie entière à étudier cette culture sans parvenir à comprendre pleinement sa connotation. En tant que véhicule et témoin de la culture divine, le chinois traditionnel est naturellement connecté au monde divin. Par conséquent, pour appréhender la culture chinoise, il faut en tout premier lieu en saisir les fondements : les caractères chinois. Sinon il est difficile de percevoir les vérités subtiles et merveilleuses qui se cachent derrière chaque idéogramme.

Cette série d’articles est une invitation au voyage au cœur de l’univers sans limite des idéogrammes les plus ancestraux du monde. De multiples secrets du ciel et miracles divins se dévoileront au fur et à mesure sur ce chemin de quête vers la vérité.

La manifestation des niveaux supérieurs est invisible pour les gens du commun

Un mirage sur les doigts. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Un mirage sur les doigts. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
 

Il existe un concept important dans la culture traditionnelle chinoise, à savoir « Xiang » (象, aspect ou manifestation). La compréhension de ce concept joue un rôle extrêmement important dans la compréhension et l’apprentissage de la culture chinoise.

Le terme « Xiang » désigne à l’origine l’éléphant, qui est le plus grand animal connu par l’homme sur terre. Ce concept est donc emprunté pour désigner la plus grande catégorie de toutes les choses. Le proverbe chinois Les aveugles touchent l’éléphant raconte que quatre aveugles touchent en même temps un éléphant géant et essaient de deviner la forme réelle de cette créature. Celui qui a touché les oreilles est persuadé que l’éléphant était comme une pelle à poussière, celui qui a touché les pattes a dit que l’éléphant était comme un pilier, celui qui a touché le ventre a confirmé que l’éléphant était comme un mur, et le dernier qui a touché la queue a assuré que l’éléphant était comme un serpent.

Cette histoire tire son origine du bouddhisme. Elle démontre le fait que derrière une chose, il y a un tout immense, mais que ce qui est aperçu en surface n’est qu’une partie du tout, et que les différentes parties sont reliées entre elles, ce qui constitue le tout. Simplement, nous ne pouvons pas voir l’ensemble des choses à notre dimension qui est très superficielle.

Le livre Zhou Yi - Xi Ci (周易. 系辭) dit : « Les méthodes sont classées par catégorie, les choses sont classées par groupe ».

Les méthodes sont classées par catégorie, les choses sont classées par groupe. (Image : Deborah Jackson / Pixabay)
« Les méthodes sont classées par catégorie, les choses sont classées par groupe ». (Image : Deborah Jackson / Pixabay)
 

En effet, les gens ont l’habitude de classer les choses selon leur catégories, afin de pouvoir découvrir les schémas de la nature d’un coup d’œil, ce qui est également un moyen important pour nous de percevoir le monde naturel. Nous mettons généralement les choses qui ont des caractéristiques identiques ou similaires dans une même catégorie, appelée « classe », qui est la façon dont nous classons les choses dans ce monde superficiel.

Aux niveaux supérieurs, les lois et les principes de toutes choses sont résumés et extraits de façon très concise, et ceux qui ont des propriétés similaires (c’est-à-dire qui ont des interconnexions) à un niveau plus profond sont regroupés dans une grande catégorie, qui est appelé un « Xiang ». Un « Xiang » est un concept beaucoup plus large que le concept de « catégorie » de ce monde.

À titre d’exemple

En médecine traditionnelle chinoise (MTC), il existe un principe important appelé « étude des organes internes », (藏象學, Zangxiang Xue), qui, en termes simples, fait correspondre toutes les parties structurelles du corps humain aux cinq organes et aux six viscères. Il utilise cette correspondance et cette connexion interne pour étudier et traiter les maladies.

Selon le Classique de médecine interne de l’empereur jaune (黃帝內經), le cœur est lié à la langue, la rate à la bouche, les poumons au nez, le foie aux yeux et les reins aux oreilles. En d’autres termes, le cœur et la langue se correspondent et appartiennent au même Xiang, la rate et la bouche appartiennent au même Xiang, le poumon et le nez appartiennent à un même Xiang... En observant les anomalies de ces cinq organes des sens qui se trouvent à la surface du corps, il est possible de savoir quelles maladies ont touché le cœur, le foie, la rate, le poumon ou le rein qui se trouvent à l’intérieur du corps.

Le sutra des cinq viscères de Jīvaka. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Le sutra des cinq viscères de Jīvaka. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / CC BY 4.0)
 

Les cinq organes et six entrailles (ou viscères) sont invisibles pour l’œil humain, la médecine traditionnelle chinoise les relie donc à d’autres parties du corps, afin d’observer l’état des cinq organes et six entrailles. Ces derniers correspondent également aux cinq éléments du yin et du yang, aux propriétés de différentes herbes médicinales, aux méridiens et aux points d’acupuncture, aux cinq goûts et aux cinq sons, aux cinq couleurs et aux cinq émotions, etc. Ces correspondances les regroupent sous différents Xiang à un niveau supérieur, permettant de diagnostiquer et traiter les maladies selon le Xiang auquel elles appartiennent.

Par exemple, le foie correspond aux yeux, au pouls (Guan Mai), à l’éminence radiale du poignet gauche, à la vésicule biliaire, au méridien du foie, aux tendons, à la période située entre 1 h et 3 h du matin, au bois des cinq éléments, à Jupiter, au printemps, à l’Est, au son Jue des cinq notes musicales chinoises traditionnelles (l’équivalent de Ré), à l’odeur répugnante des cinq odeurs, à l’aigreur des cinq saveurs, à la colère des cinq émotions et au cyan des cinq couleurs...

Foie, yeux, Guan Mai, vésicule biliaire, méridien du foie, tendons, 1 à 3 heures du matin, bois, Jupiter, printemps, Est, son Jue, odeur répugnante, aigreurs, colère, cyan... Ces choses semblent apparemment complètement différentes et sans aucun rapport, mais sont reliées à un niveau plus profond et appartiennent au même Xiang. Les praticiens en MTC diagnostiquent et traitent donc les maladies sur la base du Xiang, ou selon la relation entre les différents Xiang.

Par exemple, le pouls (Guan Mai) de la main gauche permet de diagnostiquer l’état du foie. À partir des changements des yeux et de la vision, les médecins peuvent identifier les maladies du foie. À l’inverse, la maladie du foie peut entraîner des symptômes de défaillance des tendons tels que les douleurs au dos, des crampes, etc.

La colère blessera le foie, le printemps est propice à l’alimentation qui nourrit le foie, la couleur cyan est utile au traitement de la maladie du foie, l’alimentation aigre peut ajuster le foie, l’ajustement du méridien du foie (Jueyin) du pied, peut traiter la maladie du foie, bien se reposer de 1 à 3 heures du matin est bon pour le foie... Ces pratiques sont ce qu’on appelle « connaître toutes choses à partir d’une seule chose, répondre à toutes choses par une seule chose, et faire bouger toutes choses par une seule chose à travers le Xiang. »

En surface, tout chose dans le monde semble n’avoir aucun rapport, mais au fond (dans les dimensions supérieures), il existe des connexions invisibles pour les yeux humains, car ceux-ci n’ont pas la sagesse indispensable pour voir les chose relevant du grand Xiang. Ces liens invisibles classent ces choses dans un même Xiang dans les couches plus profondes, à travers lesquelles la nature, l’univers, les êtres humains et toutes choses résonnent de manière correspondante dans les couches plus profondes et produisent des effets merveilleux.

Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming

À suivre...

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