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Tradition. Le tambour de taille d’Ansai : mille ans de tradition au cœur du Shaanxi

CHINE ANCIENNE > Tradition

Dans les plateaux arides du nord du Shaanxi, le tambour de taille d’Ansai résonne depuis plus d’un millénaire. Cet instrument ancestral, né sur les champs de bataille de la Chine antique, incarne aujourd’hui l’une des danses folkloriques les plus spectaculaires du pays.

L’héritage millénaire du tambour dans la culture chinoise

Dans la Chine ancienne, le tambour ne servait pas uniquement à la guerre. Il est rapidement devenu un instrument de percussion indispensable aux danses populaires. Le Yi Jing (易经, Yìjīng), le Classique des Mutations, mentionne déjà cette pratique avec l’expression « frapper le tambour et danser pour entrer en contact avec le divin » (鼓之舞之以尽神).

Après les périodes des Printemps et Automnes (770-476 av. J.-C.) et des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), les danses folkloriques accompagnées de percussions se sont multipliées. Certaines chorégraphies ont même pris le nom de leur instrument principal. LesCent divertissements (百戏图), fresque murale découverte dans le district de Yinan au Shandong et datant de la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.), témoignent de cette effervescence artistique.

Le tambour de taille d’Ansai : mille ans de tradition au cœur du Shaanxi
Une ancienne peinture murale datant de la fin de la période Han orientale représente une scène où des personnages anciens jouent joyeusement du tambour lors d’un banquet. (Image : wikimedia / Han Tomb in Dahuting (Wade-Giles: Ta-hu-t’ing) / Domaine public)

On y distingue des cloches, des pierres sonores et divers tambours parmi les instruments d’accompagnement. Près d’un imposant tambour ornemental, un personnage vêtu d’une robe ample aux larges manches se tient de profil, les bras levés, prêt à frapper l’instrument dans une posture d’une remarquable élégance.

Le tambour de taille, joyau du folklore du Shaanxi

Parmi les différentes formes de danses au tambour, le tambour de taille constitue une tradition folklorique largement répandue dans le nord du Shaanxi. Cette pratique connaît un succès particulier dans le district d’Ansai, rattaché à la région de Yan’an, ainsi que dans les districts de Hengshan, Mizhi et Yulin, dépendant de la préfecture de Yulin. Elle représente l’une des danses traditionnelles les plus influentes de cette province. Le tambour de taille d’Ansai en est l’expression la plus emblématique.

Des origines militaires aux célébrations populaires

Cette forme artistique puise ses racines dans un passé lointain. Selon les archives historiques, les hommes des tribus qui peuplaient le bassin du fleuve Jaune dans l’Antiquité portaient déjà à leur ceinture un tronc d’arbre évidé recouvert de peau de mouton. Ils le frappaient pour effrayer les bêtes sauvages. Par la suite, cet instrument a servi à donner l’alerte et à coordonner les actions militaires.

Le tambour de taille d’Ansai : mille ans de tradition au cœur du Shaanxi
Dans la Chine ancienne, avant une bataille, on battait du tambour pour motiver et encourager les soldats. (Image : Yi Ming / image générée par ChatGPT)

Durant les périodes des Printemps et Automnes et des Royaumes combattants, cette pratique s’est généralisée, particulièrement dans le royaume de Qin (vers 900-221 av. J.-C.). Sous les dynasties Qin (221-206 av. J.-C.) et Han, les soldats de garnison considéraient le tambour de taille comme un équipement aussi essentiel que leurs sabres, lances et arcs. En cas d’attaque surprise, on battait le tambour pour alerter les troupes et transmettre les messages. Lors des confrontations entre armées, les percussions galvanisaient les combattants. Après la victoire, les soldats célébraient leur triomphe en frappant ces mêmes instruments.

Par la suite, le tambour de taille a principalement été utilisé dans les garnisons frontalières pour sonner l’alarme, transmettre les ordres et soutenir le moral des troupes. Sous la dynastie Song (960-1279), son usage s’est concentré dans les régions limitrophes. Le district d’Ansai actuel se trouvait précisément à la frontière entre l’empire Song du Nord et le royaume des Xia occidentaux (dans l’actuelle région autonome du Ningxia). Le nom « Ansai » lui-même, qui signifie « pacifier la frontière », a été attribué pour symboliser la sécurité des confins. Le tambour de taille d’Ansai tire son appellation de cette histoire et perdure depuis plus de mille ans.

Un témoignage archéologique exceptionnel

En 1981, dans le village de Wangzhuang, canton de Liangcun, situé près d’Ansai dans la municipalité de Yan’an, une découverte archéologique majeure a été effectuée. Deux briques sculptées représentant des scènes de tambour de taille, de facture et de style identiques, ont été exhumées d’une tombe ancienne. Les experts en archéologie ont authentifié ces pièces comme datant de la dynastie Song.

Sur ces briques, le percussionniste porte un tambour fin à la taille, le corps légèrement tourné, la tête rejetée vers l’arrière-gauche. Son pied gauche repose au sol tandis que sa jambe droite s’avance énergiquement. Ses deux mains, l’une haute et l’autre basse, s’apprêtent à frapper l’instrument avec les baguettes. À sa gauche, un second personnage bondit, jambe gauche repliée, le regard tourné vers la gauche, les mains jointes devant la poitrine comme s’il jouait des cymbales. Le percussionniste est torse nu, vêtu d’un pantalon bouffant, une ceinture colorée nouée à sa taille flotte vers l’avant et le bas. Ces représentations, d’une remarquable clarté et d’une grande beauté formelle, restituent avec vivacité les performances de tambour de taille dans le nord du Shaanxi à l’époque Song.

Le tambour de taille d’Ansai : une chorégraphie collective spectaculaire

Le tambour de taille d’Ansai se pratique généralement en formation collective. Les percussionnistes, appelés « porteurs de tambour » ou « frappeurs de tambour », peuvent être quelques dizaines lors de petites représentations, ou dépasser la centaine pour les grandes occasions. La performance met l’accent sur l’effet d’ensemble, exigeant une synchronisation parfaite des mouvements et des formations rigoureusement ordonnées. L’expression artistique repose principalement sur les gestes vigoureux et grandioses des danseurs ainsi que sur leur technique puissante de frappe, révélant pleinement la force masculine et la virilité.

Selon les différents styles et rythmes, le tambour de taille d’Ansai se décline en deux catégories : civil et martial. Le tambour civil se caractérise par sa légèreté, sa gaieté et son dynamisme décontracté, avec des mouvements d’amplitude modérée rappelant le style du yangge, cette danse folklorique typique. Le tambour martial, quant à lui, déploie une énergie joyeuse et intense, un caractère vigoureux et débridé, avec d’amples mouvements de coups de pied, de sauts et de rotations. Les acrobaties aériennes des percussionnistes, en particulier, transmettent une sensation de vaillance et d’exaltation.

Deux formes de représentation distinctes

Les modes de représentation se divisent en deux grandes catégories : le « tambour de route » et le « tambour de scène ». Le tambour de route désigne une performance où la troupe danse en marchant. Cette forme itinérante privilégie des mouvements simples et de faible amplitude. Le tambour de scène, en revanche, correspond à la performance déployée une fois que la troupe atteint son lieu de représentation et ouvre l’espace scénique. Il comprend des frappes individuelles, des duels et des frappes collectives.

Ces représentations se distinguent par leur rythme soutenu, l’amplitude considérable des mouvements et la complexité des formations. Les bonds, sauts, culbutes, pirouettes, coups de pied, poussées, piétinements et balancements du danseur principal confèrent à l’ensemble une force virile et harmonieuse, une aisance gracieuse, avec des moments d’intensité crescendo.

Un rayonnement international

Aujourd’hui, la puissance et la beauté véhiculées par le tambour de taille traditionnel chinois ont été portées sur les scènes du monde entier par Shen Yun Performing Arts, suscitant l’enthousiasme du public international.

Rédacteur Yi Ming

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