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Culture. La fête de la Toussaint, car tous les hommes sont appelés à la sainteté

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Le début du mois de novembre est traditionnellement marqué par la fête de la Toussaint que beaucoup assimilent à la Commémoration de tous les fidèles défunts, aussi appelée la fête des morts, qui voit les cimetières se couvrir de fleurs, voire de bougies le soir dans certaines cultures. Mais ces deux fêtes semblent tout à fait distinctes l’une de l’autre.

Alors que l’une est une fête catholique qui honore l’ensemble des saints, l’autre est réservée aux souvenirs des défunts que toute famille, ou proche, souhaite honorer. Mais dans la culture catholique ces deux fêtes pourraient être complémentaires.

La fête de la Toussaint, car tous les hommes sont appelés à la sainteté
Ces hommes et ces femmes par le chemin qu’ils ont choisi « ne sont pas devenus saints du jour au lendemain ». Mais, « par leurs doutes, leurs questionnements… en un mot : leur humanité », ce chemin a pu les conduire vers cet état de sainteté. (Image : wikimedia / AnonymousUnknown author / Domaine public)

La fête de la Toussaint pour rappeler que les hommes sont appelés à la sainteté

La Conférence des évêques de France rappelle que : « Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints ». En précisant que « tous les saints », se composent de la « foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ ». Car, « cette fête est (…) aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles ».

Ainsi pour les chrétiens tous les hommes et femmes peuvent devenir des saints : « La sainteté n’est pas une voie réservée à une élite ». Ces hommes et ces femmes par le chemin qu’ils ont choisi « ne sont pas devenus saints du jour au lendemain ». Mais, « par leurs doutes, leurs questionnements…en un mot : leur humanité », ce chemin a pu les conduire vers cet état de sainteté.

Mais savez-vous que cette fête traditionnellement célébrée le 1er novembre, était à l’origine fêtée au mois de mai.

Une fête qui était à l’origine réservée aux premiers martyrs chrétiens

Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, dans son œuvre écrite au XIIIe siècle, La Légende Dorée, Legendae aurea, a bien illustré les racines qui ont conduit à la création de cette célébration. « La fête de la Toussaint a été instituée pour quatre objets : en premier lieu, pour commémorer la consécration d’un temple, en second lieu pour suppléer à des omissions, en troisième lieu pour expier nos négligences, en quatrième lieu pour nous faciliter l’accomplissement de nos vœux. »

Ainsi on apprend que les Romains devenus maîtres du monde occidental, ont voulu honorer leurs dieux. Mais, « comme tous les dieux ne pouvaient pas avoir un temple à eux dans la ville, les Romains, pour mieux étaler leur folie, construisirent en l’honneur de tous les dieux un temple plus admirable encore que les autres, et l’appelèrent le Panthéon, ce qui signifie le temple de tous les dieux ».

Au Ve siècle, « sous le règne de l’empereur Phocas, lorsque depuis longtemps déjà Rome était devenue chrétienne, le pape Boniface, quatrième successeur de Saint Grégoire, obtint de l’empereur le susdit temple, le débarrassa de toutes ses idoles, et, le 3 mai de l’année 605, le consacra à la Vierge Marie et à tous les martyrs : d’où il reçut le nom de Sainte-Marie aux Martyrs ».

La fête de la Toussaint, car tous les hommes sont appelés à la sainteté
Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, dans son œuvre écrite au XIIIe siècle, La Légende Dorée, Legendae aurea, a bien illustré les racines qui ont conduit à la création de cette célébration. (Image : wikimedia / Master of Jacques de Besançon / Domaine public)

« La fête de la Toussaint ne trouve pas ses origines dans la Bible mais, plutôt, dans un culte populaire important installé au cours des premiers siècles ap. J.-C. En effet, jusqu’à l’adoption du christianisme comme religion d’État par l’empereur Constantin, les débuts du christianisme sont marqués par de nombreuses persécutions envers ses membres », relate Julia Itel, dans son article La Toussaint, publié sur le site Le Jour du Seigneur.

C’est ainsi que les premiers « martyrs, soit les chrétiens ayant préféré la mort à la renonciation de leur foi, constituent ainsi la majorité des premiers saints. Jusqu’au Ve siècle, le culte des saints se développe rapidement en chrétienté. Nombreuses sont les églises locales qui détiennent leur propre liste de saints et proposent des commémorations diverses à leur égard. Rapidement, l’Église va centraliser la pratique de cette dévotion aux saints et instaurer un jour officiel pour les célébrer tous ensemble ». « Le 13 mai 610, la fête de la Toussaint est institutionnalisée par le pape Boniface IV », précise Julia Itel.

De mai à novembre cette fête va devenir incontournable dans le monde chrétien

La Conférence des évêques de France a expliqué que : « La Toussaint a été longtemps célébrée à proximité des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. Ce lien avec ces deux grandes fêtes donne le sens originel de la fête de la Toussaint : goûter déjà à la joie de ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie et vivre dans l’espérance de la Résurrection ».

Le choix de cette date proche des fêtes de Pâques et de la Pentecôte, aurait plusieurs origines. Outre le fait de marquer la transformation du Panthéon romain en l’église de Sainte-Marie aux Martyrs, certains émettent aussi l’hypothèse que cette fête aurait pour origine de remplacer une fête romaine qui se déroulait les 9, 11 et 13 mai : la fête des Lemuria. Cette célébration devait éloigner les âmes damnées d’hommes et de femmes qui avaient connu une mort tragique et ne pouvaient pas trouver de repos, errant le plus souvent sans sépulture.

De nos jours, dans les églises d’Orient, la célébration du Dimanche de tous les saints se déroule encore le premier dimanche qui suit la fête de la Pentecôte.

Le choix du mois de novembre est un choix qui relève de l’Église catholique. De nombreuses fêtes religieuses ont remplacé des fêtes d’origine païenne. Ainsi, il existait une fête celte, qui se déroulait dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre : la fête de Samain. « Célébrée à la fin des récoltes, c’est une fête de passage qui marque à la fois le passage de la saison claire à la saison sombre, le début de la nouvelle année et l’ouverture, cette nuit-là, d’une porte entre ce monde-ci et celui des dieux et des esprits », précise Julia Itel dans son article. Mais, « aux alentours de l’an 830, le pape Grégoire III décide de déplacer la date de la Toussaint au 1er novembre dans le but de remplacer la célébration païenne et de mettre fin aux festivités druidiques ».

Ainsi selon le monde catholique, « La Toussaint est une fête joyeuse qui remémore aux chrétiens la vocation de l’humanité à trouver et à chanter le Salut de Dieu ». Comme l’a rappelé Jacques Voragine dans La Légende Dorée, « La fête de la Toussaint a été instituée (…), en quatrième lieu pour nous faciliter l’accomplissement de nos vœux. » De plus, les églises catholiques appellent à prier tous les saints. « La litanie des saints n’est pas une prière aux saints, mais des demandes d’intercession auprès de Dieu (" Saint…, priez pour nous " signifie " intercédez pour nous auprès de Dieu ", et non " Nous prions Saint…" ). Elles sont notamment chantées lors de la veillée pascale, des baptêmes, des ordinations et à la Toussaint », précise le site Chrétiens d’Aujourd’hui.

Pour ancrer cette fête dans le monde chrétien, au début du XXe siècle « le pape Pie X fait de la Toussaint une fête avec obligation d’entendre la messe. Depuis lors, la Toussaint est un jour chômé et, donc, férié », dans de nombreux pays à dominance catholique.

La fête de la Toussaint, car tous les hommes sont appelés à la sainteté
Cimetière en Pologne le jour de la commémoration des fidèles défunts. Dans le monde des croyants, la commémoration des morts a pour but de demander à Dieu qu’il libère et soulage les âmes du purgatoire. (Image : wikimedia / Diego Delso / CC BY-SA 4.0)

La commémoration de tous les défunts

La Commémoration de tous les fidèles défunts est « célébrée le lendemain, soit le 2 novembre, on l’appelle également " jour des morts ". La tradition veut que les familles se réunissent ce jour-là autour de leurs défunts pour honorer leur mémoire et fleurir leur tombe. L’Église inclut ainsi dans sa prière liturgique tous les défunts pour les accompagner. Tous, vivants ou morts, sont réunis sous le vocable de la " communion des saints ", c’est-à-dire qu’ils sont déjà réunis en Dieu par la foi », a relaté Julia Itel dans son article.

Dans le monde des croyants, la commémoration des morts a pour but de demander à Dieu qu’il libère et soulage les âmes du purgatoire. C’est ainsi que les premiers chrétiens, s’appuyant sur la culture juive, ont mis en place l’office des morts, et des prières et, ou, des messes sont dites pour les défunts. Au IXe siècle, De ecclesiasticis officiis, écrit en 820 aborde cette pratique religieuse. C’est au Xe siècle que le 2 novembre sera proposé comme jour consacré à la Commémoration de tous les fidèles défunts : proposition qui sera entérinée par le pape Léon IX. Au XIIIe siècle elle deviendra une fête universelle dans l’Église catholique.

Bien qu’étant une commémoration des défunts, l’Église catholique prônant la résurrection, cette fête concerne aussi les vivants, car elle est marquée du sceau de l’espoir. Ainsi, l’Évangile de Marc rappelle que les chrétiens croient que la vie continue après la mort. En effet, un des points essentiels de la foi des chrétiens, c’est que Jésus-Christ est mort et ressuscité. « Ceux qui sont passés sur l’autre rive sont aussi, et davantage, vivants que nous », est-il précisé dans la Méditation sur les fidèles chrétiens.

Le 2 novembre et la Commémoration de tous les fidèles défunts

Dans de nombreux pays où la culture religieuse catholique est dominante, les personnes se rendent sur la tombe d’un défunt, membre de la famille ou proche, et prient pour son âme. À cela est associé le fait de fleurir et de nettoyer la tombe du défunt.

Dans le monde d’aujourd’hui, cette coutume est associée au 1er novembre, qui est un jour férié dans certains pays, comme c’est le cas en France. Le plus souvent la fleur qui est choisie est le chrysanthème, très souvent associée aux défunts. Peut-être parce que c’est la pleine saison en cette période.

C’est la « plante fleurie la plus vendue de France, il s’en achète près de 25 millions de pots par an, essentiellement entre la fin octobre et le début du mois de novembre », précise le site Chrétiens d’Aujourd’hui. Cette plante aurait été introduite « en France en 1789 par un marchand marseillais, le chrysanthème finit par être associé au culte des défunts, probablement à cause de sa floraison qui concorde avec la période de la Toussaint. On l’achète le plus souvent pour décorer les tombes de ses proches ». Le site précise aussi : « ailleurs, le chrysanthème est plutôt synonyme de gaieté. Aux Pays-Bas par exemple, il entre dans la composition des bouquets de mariage. Au Japon, il est symbole d’éternité ».

Mais il conseille d’autres choix floraux : « vous pouvez aussi opter pour la pomponnette. Plus résistante, elle restera plus longtemps. Ou bien choisir des œillets. C’est une fleur classique mais très solide. De même, les roses résistent très bien au froid. Enfin, pourquoi ne pas mettre les fleurs préférées de la personne disparue ? »

La fête de la Toussaint, car tous les hommes sont appelés à la sainteté
Cimetière fleuri le jour de la commémoration des fidèles défunts sur l’île de Wallis, à Wallis-et-Futuna. Dans de nombreux pays, les personnes se rendent sur la tombe d’un défunt, membre de la famille ou proche, et prient pour son âme. À cela est associé le fait de fleurir et de nettoyer la tombe du défunt. (Image : wikimedia / Clement Bourse from Nouméa, Nouvelle Calédonie / CC BY-SA 2.0)

La Toussaint est fortement marquée par la culture catholique et permet à chacun de se rappeler que « les chrétiens appartiennent à une grande chaîne de croyants », précise le site Chrétiens d’Aujourd’hui. C’est aussi l’occasion « de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles ».

De plus, la Commémoration des fidèles défunts est aussi le moment pour cette communauté de marquer la continuité entre la vie et la mort, et de révéler le lien ténu qui existe entre les morts et les vivants. Ainsi les saints peuvent intervenir auprès de Dieu pour les vivants, et les vivants peuvent prier pour la protection des âmes des fidèles défunts. C’est dans cette logique qu’il est possible de dire que ces célébrations sont complémentaires.

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