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Tradition. Les secrets célestes derrière le chinois traditionnel (6/14)

CHINE ANCIENNE > Tradition

Sélever pour comprendre le Xiang du haut niveau avec une plus grande sagesse

 

La culture traditionnelle chinoise est également appelée culture divine. Inspirée de la sagesse des dieux, elle est reliée au Divin et dotée d’un sens profond, donc difficile à comprendre. Depuis l’antiquité, combien de philosophes et de sages chinois ont passé leur vie entière à étudier cette culture sans parvenir à comprendre pleinement sa connotation. En tant que véhicule et témoin de la culture divine, le chinois traditionnel est naturellement connecté au monde divin. Par conséquent, pour appréhender la culture chinoise, il faut en tout premier lieu en saisir les fondements : les caractères chinois. Sinon il est difficile de percevoir les vérités subtiles et merveilleuses qui se cachent derrière chaque idéogramme.

Cette série d’articles est une invitation au voyage au cœur de l’univers sans limite des idéogrammes les plus ancestraux du monde où de multiples secrets du ciel et miracles divins se dévoileront au fur et à mesure sur ce chemin de quête vers la vérité.

Les manifestations du même Xiang sur les différents niveaux : très concis en haut, très complexe en bas. (Image : wikimedia / Domaine public)
Les manifestations du même Xiang sur les différents niveaux : très concis en haut, très complexe en bas. (Image :wikimedia / Domaine public)

Le Xiang manifesté sur le niveau du grand Tao ou la grande Voie (大道, Da dao) est le plus concis et le plus simple, car plus le niveau est élevé, plus la manifestation du Xiang est simple et plus sa connotation est étendue. Plus le niveau est inférieur, plus la manifestation du Xiang est complexe et sa connotation restreinte. Au niveau le plus bas qui est le monde humain, les êtres humains utilisent l’induction et la classification comme moyen pour comprendre la manifestation du Xiang de ce niveau à travers toute chose environnante.

Cette comparaison des différentes manifestations du même Xiang est similaire à celle entre le chinois vernaculaire et le chinois ancien : le chinois vernaculaire est très complexe, et il peut falloir des milliers de mots pour expliquer une seule chose, et sa connotation est plus superficielle et peu profonde, alors que les textes anciens sont très concis, et il peut suffire de dizaines de mots pour expliquer la même chose, mais la connotation est plus grande, donc il n’est pas facile de le comprendre, et il faut avoir la sagesse nécessaire pour le décoder.

La manifestation du Xiang aux hauts niveaux est similaire au chinois ancien, elle est extrêmement concise; alors que sur les bas niveaux, sa manifestation est comme les traductions du chinois ancien vers le chinois vernaculaire, de plus en plus complexe, de plus en plus long, la connotation de chaque caractère couvre une connotation de plus en plus restreinte.

Pourtant, ces manifestations différentes sont reliées et dans la même direction car elles expriment le même sens, seulement elles se manifestent sur les différents niveaux qui se succèdent. Le niveau de sagesse dépend du niveau d’éveil de chaque individu, et la manifestation concrète que ce dernier peut apercevoir dépend de son niveau de sagesse.

Dans le Tao Te Ching (道德經), Lao Tzu (老子) a écrit : « Le Grand Xiang est invisible » (大象無形). Lorsqu’une « catégorie » est si grande qu’elle dépasse le niveau (la dimension) où se trouve une vie, elle est « invisible » pour cette dernière. Autrement dit, cette catégorie est un Grand Xiang omniprésent à tout moment pour les vies de ce niveau sans que ces dernières puissent en être conscientes.

Tout comme une grenouille vit dans un puits profond depuis son éclosion, et n’a jamais sauté du puits de toute sa vie, dans sa perception, le puits est le monde entier, et le ciel est seulement aussi grand que la bouche du puits. Tout ce qui se trouve en dehors du puits lui est « invisible », inexistant.

Par conséquent, seuls les êtres d’une grande sagesse, bien au-delà du niveau des êtres humains, peuvent percevoir les Xiang qui existent dans l’univers, entre le Ciel et la Terre, et les rendre « visibles », ce qui n’est pas quelque chose que les gens du commun peuvent faire.

L’utilisation du Xiang

À un certain niveau, le Xiang est l’une des caractéristiques fondamentales de la culture chinoise. La culture traditionnelle chinoise utilise le concept de Xiang avec de la sagesse dans tous les aspects, ce qui permet de révéler des connotations qui ne peuvent être exprimées à la surface qui est dans le monde des humains, et de se connecter aux divins et aux niveaux supérieurs de l’univers.

Une caractéristique importante de la culture traditionnelle chinoise est qu’elle met l’accent sur l’« au-delà » et la « connotation » dans tous les aspects. Par exemple, la beauté de la danse, le message transmis par la musique, le monde invisible au-delà d’un tableau, le sens de la poésie… l’« au-delà » exprime toute la beauté de la culture traditionnelle chinoise, il est également une norme importante pour mesurer la profondeur spirituelle d’une œuvre issue de la culture traditionnelle chinoise. L’« au-delà » peut également être considéré comme l’utilisation du Xiang, car l’« au-delà » ne se manifeste pas à la surface dans le monde humain, il se cache dans la connotation plus profonde qui se manifeste dans les couches plus profondes par correspondance avec les choses concrètes dans le monde humain et la projection sur les choses concrètes dans le monde humain. Ceci relève de l’utilisation du Xiang.

Selon le Zhou Yi • Xi Ci (Volume I) (周易•系辭上), « l’écriture ne peut pas exprimer pleinement la pensée. La parole ne peut pas non plus décrire pleinement les idées et les humeurs. Est-ce pour cela que les pensées profondes des sages ne peuvent pas être exprimées ? C’est pourquoi les sages ont créé le Xiang pour exprimer l’ensemble des idées et leur humeurs ». Il s’agit d’une discussion sur le rôle du Xiang dans le Zhou Yi, qui est utilisé pour exprimer des idées et des humeurs qui ne peuvent être exprimées en surface par les humains.

Un autre exemple est l’éveil du calligraphe Zhang Xu (張旭) de la dynastie Tang, qui a compris la Voie de la calligraphie en observant la danse de l’épée réalisée par Gongsun Daniang (公孫大娘), la danseuse du palais la plus connue de l’époque, ce qui a sublimé sa propre calligraphie par la suite. C’est également l’utilisation du Xiang.

Gongsun Daniang, l’une des danseuses du palais les plus connues de la dynastie Tang, réalisant une danse de l’épée. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Gongsun Daniang, l’une des danseuses du palais les plus connues de la dynastie Tang, réalisant une danse de l’épée. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Le Xiang permet de mettre en évidence la connexion profonde entre toutes choses, de comprendre le principe d’une chose afin d’en déduire d’autres principes similaires et de faire que différentes catégories entrent en résonance les unes avec les autres afin d’obtenir l’idée et de transcender la forme superficielle, ou comme le disaient les anciens, pour « obtenir l’idée et oublier la forme ».

Par exemple, dans la peinture traditionnelle chinoise des fleurs de prunier, du bambou, etc., entre les fleurs et les branches, entre le bambou et les noeuds du bambou : il n’y a pas de connexion, pas de lien. Cela semble déraisonnable à première vue, à la surface de la forme. Mais le point essentiel de ces peintures se trouve dans la grandeur, la beauté et la vitalité sous-jacentes communes à ces éléments déconnectés à la surface, et ils sont cohérents et connectés dans les dimensions invisibles à nos yeux. Il s’agit de saisir l’idée sous-jacente et d’être moins concentré sur la surface, et le Xiang derrière ces éléments est vivant.

En outre, les différents Xiang sont également interconnectés entre eux et s’influencent mutuellement. Par exemple, il existe une relation d’engendrement et de destruction mutuelle entre les deux Xiang qui sont le yin et le yang. Les 64 hexagrammes, c’est-à-dire les 64 Xiang du Zhou Yi s’influencent et se modifient également mutuellement pour former un cycle. Ainsi, toutes les choses forment une correspondance holographique et un lien à un niveau plus profond à travers les Xiang. Le Xiang ne fait référence à aucune chose spécifique, mais il peut englober toutes les choses, et ce qu’il exprime est la correspondance et la connexion entre toutes les choses de l’univers. Les choses d’un même Xiang se correspondent et se connectent à un niveau plus profond, et sont capables d’interagir les unes avec les autres à un niveau plus profond, entrant ainsi en résonance et constituant un seul système.

Peinture traditionnelle chinoise de la dynastie Qing représentant une scène vivante dans laquelle des poissons nagent dans un étang et traversent les herbes aquatiques et les racines de lotus. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Peinture traditionnelle chinoise de la dynastie Qing représentant une scène vivante dans laquelle des poissons nagent dans un étang et traversent les herbes aquatiques et les racines de lotus. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Il existe de nombreux aspects de l’utilisation du Xiang, les plus typiques sont : prendre une chose spécifique dans un Xiang pour exprimer le Xiang entier, faire entrer en résonance toute chose d’un même Xiang à l’aide d’une seule chose de ce Xiang, faire apparaître la connotation du Xiang entier par résonance avec cette chose spécifique. Voici la manière d’exprimer l’« inspiration artistique » dans la culture traditionnelle chinoise, par exemple.

On peut également utiliser une seule chose dans un Xiang pour connaître d’autres choses du même Xiang, afin de connaître la couche entière à partir d’un petit repère, de pouvoir se rendre compte de l’arrivée de l’automne à partir d’une feuille tombée par terre, d’avoir l’aperçu global de la mer à partir d’une petite goutte d’eau. On peut également faire bouger une chose en déplaçant une autre chose du même Xiang, ou influencer l’ensemble du tableau en déplaçant de très petites parties… La connotation du Xiang est infinie, mystérieuse, merveilleuse et imprévisible, chacun ne peut s’en rendre compte que par sa propre expérience, cela est déterminé par la sagesse et le niveau d’éveil de chacun.

Rédacteur Charlotte Clémence
Collaboration Yi Ming 

À suivre ...

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