Zhu Xi (1130-1200) vivait sous la dynastie Song du Sud. Il est le plus grand éducateur après Confucius, un grand personnage de l’école Cheng-Zhu du néoconfucianisme. Ses écrits portent principalement sur la doctrine, mais ses poèmes débordent souvent de la beauté de la nature, comme celui-ci, Une journée printanière.
Une journée printanière
Par Zhu Xi
Par une journée ensoleillée, je me suis rendu au bord de la rivière Si pour admirer les fleurs,
Le paysage à perte de vue m’a rafraîchi les yeux et l’esprit.
Sans vouloir le chercher, j’ai soudainement compris la véritable nature du vent de l’Est,
Le printemps se résume en une profusion de couleurs composée par toutes les fleurs qui s’épanouissent en même temps.
Version chinoise :
chūn rì
春日
zhū xī
朱 熹
shèng rì xún fāng sì shuǐ bīn,
胜日寻芳泗水滨,
wú biān guāng jǐng yì shí xīn 。
无边光景一时新。
děng xián shì dé dōng fēng miàn,
等闲识得东风面,
wàn zǐ qiān hóng zǒng shì chūn 。
万紫千红总是春。
Beaucoup disent que c’est un poème qui utilise la description d’un paysage pour la « philosophie confucianiste », tandis que d’autres disent que c’est un poème qui promeut le confucianisme. Quel que soit l’objectif du poète en écrivant ce poème, il s’agit fondamentalement d’un poème avec de très bonnes compétences en matière d’écriture.
L’ensemble du poème ne comporte que quatre lignes, mais la structure est très claire et il utilise le style narratif traditionnel chinois à quatre lignes : le début, le développement de ce qui précède, le tournant et la conclusion.
Le premier vers : Par une journée ensoleillée, je me suis rendu au bord de la rivière Si pour admirer les fleurs, explique la raison de ce voyage, tandis que le deuxième : Le paysage à perte de vue m’a rafraîchi les yeux et l’esprit, en développe le sens, offrant au lecteur une idée globale de la beauté rafraîchissante du paysage printanier sur la rive, et faisant comprendre qu’il vaut vraiment la peine de faire ce voyage.
Le poète résume ensuite son voyage par ces mots : Sans vouloir le chercher, j’ai soudainement compris la véritable nature du vent de l’Est, le printemps se résume en une profusion de couleurs composée par toutes les fleurs qui s’épanouissent en même temps, transformant la description du paysage en compréhension des choses. C’est certes différent de la manière dont les autres poètes de la Chine ancienne décrivaient les paysages et exprimaient leurs sentiments, mais le thème de son poème est toujours autour du « printemps ».
Certains ont toujours pensé que dire le principe dans un poème était inapproprié, mais en lisant ce poème de Zhu Xi, on n’a pas l’impression qu’il est en train d’expliquer la « philosophie confucianiste », on a seulement l’impression d’être caressé par la brise printanière : quelle beauté.
La vie du poète
Les ancêtres de Zhu Xi vivaient à Wuyuan, Huizhou (aujourd’hui comté de Wuyuan, province de Jiangxi), et il est né à Fujian pendant la dynastie des Song du Sud. Zhu Xi est parmi l’un des néoconfucianistes les plus connus en Chine, vénéré pour ses commentaires et explications des Classiques du confucianisme.

Zhu Xi a vécu de nombreux événements miraculeux dans sa petite enfance, ce qui révèle son sens d’éveil extraordinaire et semble même illustrer l’idée d’une origine commune entre confucianisme et taoïsme.
D’après l’Histoire des Song, Zhu Xi se montrait d’une intelligence remarquable dès ses premiers jours. Quand son père lui montrait le ciel en disant : « Voilà le ciel. », l’enfant qui commençait à peine à parler répondait aussitôt : « Et qu’y a-t-il au-dessus du ciel ? » De quoi laisser son père sans voix. Issu d’une famille pauvre et vivant souvent dans le dénuement, Zhu Xi savait toujours garder sa sérénité.
Plus tard, lorsqu’il commençait l’école, son maître lui enseignait le Classique de la piété filiale. Parcourant le texte en un clin d’œil, il a laissé un commentaire en marge du livre : « Celui qui n’agit pas ainsi n’est pas digne d’être appelé un être humain. »
Un autre jour, lorsqu’il jouait avec d’autres enfants dans le sable, il restait assis calmement, traçant avec son doigt une figure qui s’avérait être… le diagramme des Huit Trigrammes.
À l’âge de dix-huit ans, Zhu a passé l’examen impérial pour devenir Jinshi(進士) ou « érudit impérial complet » et a servi quatre empereurs, Gaozong, Xiaozong, Guangzong et Ningzong, mais il n’a exercé ses fonctions que pendant neuf ans, passant le reste de son temps à donner des cours. Le nombre de ses écrits et de ses élèves dépasse de loin ceux des confucianistes précédents.

Constatant la décadence morale de son temps et une éducation tournée uniquement vers les examens, Zhu Xi insistait pour un retour à l’essentiel : « éclairer les relations humaines ». Il composa alors une série d’ouvrages pédagogiques, dont l’influence, dans toute l’histoire du confucianisme, n’a été surpassée que par celle de Confucius lui-même. Les écrits de Zhu Xi sont riches et ont exercé une influence profonde sur les générations suivantes.
En vérité, confucianisme et taoïsme partagent une même racine : le Yi Jing (Livre des Mutations), livre attribué à Fuxi, sage mythique de l’Antiquité, bien antérieur à Lao Tseu et à Confucius. Zhu Xi, en rassemblant et en approfondissant les enseignements du néoconfucianisme, est considéré comme le représentant de la doctrine orthodoxe du confucianisme. Il a également donné une nouvelle vigueur au confucianisme et a fait rayonner encore davantage la voie tracée par Confucius.
Vers la fin de sa vie, sa pensée était contestée, mais après sa mort, grâce au soutien enthousiaste de l’empereur Lizong des Song, sa pensée est devenue la doctrine officielle. Sous les dynasties Yuan, Ming et Qing, la pensée de Zhu Xi était même élevée au rang de philosophie officielle impériale et de sujet à traiter lors des concours impériaux. L’empereur Kangxi de la dynastie Qing louait ses écrits en ces termes : « Clairs, précis, ils expriment la droiture et la modération. »
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