Sagesse. Yan Hui et Confucius : Résister un instant à la colère a sauvé la vie de quatre personnes

Yan Hui aimait étudier et avait une grande moralité. Il était le disciple préféré de Confucius et le chef des 72 disciples. Ji Kangzi, le premier ministre du royaume de Lu, demanda un jour à Confucius : « Qui est le plus studieux parmi les disciples ? » Confucius  lui répondit : « Il y a un homme nommé Yan Hui, très studieux, qui ne s’en prend jamais aux autres et ne commet jamais la même erreur ».

Le pari de l’acheteur

Un jour, Yan Hui se rendit dans la rue pour faire des affaires et vit une boutique de tissus bondée. Il s’approcha pour poser des questions et découvrit que acheteurs et vendeurs de tissus étaient en conflit. Un acheteur s’écriait : « 38 cela fait 23, pourquoi en voulez-vous 24 ? » Yan Hui s’approcha de l’acheteur, s’inclina et dit : « Mon cher frère, 38 font 24, comment est-ce possible que ce soit 23 ? Vous avez mal calculé, cessez de vous disputer ».

L’acheteur de tissus, toujours incrédule, pointa le nez de Yan Hui du doigt et menaça : « Qui t’a demandé de venir juger ? Pour qui te prends-tu ? Si tu veux juger, tu ne peux que trouver Confucius. Lui seul peut décider si c’est bien ou mal ! Allons le trouver pour qu’il te juge ! » Yan Hui énonça : « D’accord. Et si Confucius trouve que tu as tort ? » L’acheteur dit : « S’il juge que j’ai tort, je perdrai la tête. Et toi si tu te trompes ? » Yan Hui répondit : « S’il juge que j’ai tort, je perdrai mon chapeau ».

Ils firent le pari et allèrent trouver Confucius. Confucius s’enquit de la situation, sourit à Yan Hui et dit : « 38, cela fait 23 ! Yan Hui, tu as perdu, enlève ton chapeau et donne-le-lui ! » Yan Hui ne se querellait jamais avec son professeur. Lorsqu’il entendit Confucius porter un mauvais jugement, il ôta honnêtement son chapeau et le tendit à l’acheteur de tissus. L’homme prit le chapeau et s’éloigna fièrement. Yan Hui respecta le jugement de Confucius, mais il ne le comprenait pas au fond de lui. Il pensait que Confucius était vieux et désorienté, et il ne voulait plus apprendre de lui.

Les conseils que Confucius donna à Yan Hui

Le lendemain, Yan Hui prétexta qu’il avait quelque chose à faire chez lui et demanda la permission de rentrer. Confucius comprit ses inquiétudes, mais ne le lui fit pas remarquer. Il hocha la tête et approuva son départ. Avant son départ, Yan Hui alla dire au revoir à Confucius.

Ce dernier lui demanda de revenir dès qu’il aurait terminé son travail et lui transmit deux  conseils : « Ne te cache pas derrière un arbre millénaire et ne tue personne sans le savoir ». « Je m’en souviendrai », lui répondit Yan Hui, puis il prit le chemin du retour.

En chemin, le vent se leva brusquement, le tonnerre et les éclairs fusèrent, et une pluie torrentielle s’annonçait. Yan Hui se cacha dans le tronc creux d’un grand arbre au bord de la route pour éviter la pluie. Il se souvint soudain des paroles de Confucius : « Ne te cache pas derrière un arbre millénaire », et pensa : « Nous sommes un maître et un apprenti, alors écoutons-le à nouveau », puis il sortit du tronc creux. Il venait à peine de s’éloigner lorsqu’un coup de tonnerre éclata et brisa l’arbre séculaire. Yan Hui fut stupéfait : « le premier conseil du maître s’était réalisé ! Pourrais-je alors tuer quelqu’un ?»

Yan Hui se précipita chez lui, il était déjà tard. Pour ne pas déranger sa famille, il utilisa l’épée qu’il portait pour ouvrir le verrou de la chambre de sa femme. Il se dirigea vers le lit et le toucha. Cependant, il y avait une personne qui dormait au Sud et une autre au Nord ! Furieux, il était sur le point de la frapper avec son épée, mais il se souvint alors du deuxième conseil de Confucius : « Ne tue personne sans en connaître la raison ». Il alluma la lampe et vit que sa femme dormait d’un côté du lit et sa sœur de l’autre.

Le retour de Yan Hui devant son Maître

À l’aube, Yan Hui revint et s’agenouilla en voyant Confucius. Il dit : « Maître, vos deux conseils m’ont sauvé, ainsi que ma femme et ma sœur ! Comment avez-vous su à l’avance ce qui allait arriver ? ».

Confucius aida Yan Hui à se relever et dit : « Hier, il faisait chaud et sec, et il y avait un orage. Je vous ai donc rappelé de rester sous un arbre millénaire. Vous êtes parti furieux, une épée sur le corps, et je vous ai donc averti de ne pas tuer quelqu’un sans en connaître la raison. » Yan Hui s’inclina et dit : « Maître, vous êtes si doué pour prédire les événements, et je vous admire beaucoup ! ».

Confucius expliqua également à Yan Hui sa décision et lui dit : « Je sais que tu n’as pas demandé la permission de rentrer chez toi pour un problème domestique, car tu pensais en réalité que je suis vieux et désorienté, alors tu ne voulais plus apprendre de moi. Réfléchis un peu au pari avec l’acheteur. J’ai dit 38 cela fait 23, tu as donc perdu. Mais tu n’as perdu qu’un chapeau. Si j’avais dit que 38 cela fait 24 tu aurais eu raison, mais ce que l’acheteur aurait perdu, c’était sa vie ! Qu’est-ce qui est le plus important, un chapeau ou une vie ? »

Yan Hui réalisa soudain et s’agenouilla devant Confucius en disant : « Maître, tu accordes une grande importance à la droiture et tu ignores les choses futiles. Je pensais que ton esprit n’était pas clair à cause de ton âge. Maintenant, j’ai honte ! » Dès lors, Yan Hui ne quitta plus Confucius, où qu’il aille.

On dit que Yan Hui était très intelligent et doué pour le raisonnement. Il prônait la prudence, l’autodiscipline, et portait une grande attention à corriger son comportement et à faire preuve de tolérance envers autrui. Yan Hui était particulièrement respecté au sein du confucianisme.

Dans les Analectes, Confucius a écrit : « Quelle grande vertu possède Hui ! Il n’a qu’un bol de riz et une gourde d’eau à boire, et vit dans une humble ruelle. Les gens ne supportent pas l’inquiétude, mais Hui exprime continuellement sa joie. Hui est un homme de grande vertu ! »

L’esprit de satisfaction de Yan Hui dans la pauvreté et de contentement dans la vie avec seulement un bol de riz et une gourde d’eau a été transmis comme étant un bel exemple pour les générations futures.

Rédacteur Charlotte Clémence

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