La 39ème édition de la Fête du Vent a eu lieu les 21 et 22 septembre 2025 sur les plages du Prado à Marseille. Cet évènement a rassemblé près de150 cerfs-volistes venant de pays divers, comme la Chine, l’Espagne, la France, l’Italie, la Tunisie et le Portugal.
À la plage du Prado, le ciel s’est illuminé de cerfs-volants aux couleurs vives, affichant par leur formes des thèmes variés et ludiques pour surprendre et ravir le cœur des promeneurs. C’était un spectacle aérien fascinant, que de nombreux visiteurs ont contemplé avec émerveillement.

Quand le vent devient fête
Chaque année au mois de septembre, la Fête du Vent est célébrée dans certaines villes de France. À Marseille, Fréjus, Rouen, Braud-et-Saint-Louis, et surtout à Dieppe (Seine-Maritime), dénommée la capitale du cerf-volant. Dans toutes ces villes, cet événement a rassemblé de nombreuses familles pour célébrer le vent : cet élément de la nature qui tourbillonne, chante, caresse et porte avec lui le parfum des fleurs. Insaisissable à l’œil nu, il est sensible à chaque instant et impressionne l’homme depuis la nuit des temps.
La Fête du Vent, connue sous le nom de Festival du Vent ou Festiventu, est née à Calvi en Haute-Corse. Elle a été fondée en 1992 par Serge et Carina Orru, pour créer un événement multidisciplinaire qui touche plusieurs domaines de savoir-faire, comme l’art, la science, l’écologie, la musique, le théâtre et le sport. L’objectif visait à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux, tout en célébrant la liberté et la créativité. Cette initiative est différente du prestigieux rendez-vous de Dieppe, consacré exclusivement au cerf-volant, et qui a une portée internationale aussi, Dieppe étant devenue la capitale du cerf-volant depuis 1980.
Au village de la Fête du Vent à Marseille, il y avait de nombreuses animations pour petits et grands. Une occasion de découvrir en famille, les techniques anciennes de l’art des cerfs-volants.

Divers ateliers étaient animés par des associations, qui offraient des expositions artistiques de cerfs-volants à base de végétaux, des stands de fabrication de cerfs-volants du Cambodge, de Chine, d’Indonésie, d’Inde, de Malaisie et du Tibet. On pouvait également y trouver des présentations de vol libre-parapente, un atelier météorologique et d’autres thèmes liés à la mer et au vent. De nombreux visiteurs ont choisi de s’initier en prenant part aux ateliers, avant de participer à ce carnaval aérien où les cerfs-volants rivalisaient de beauté, à la joie des promeneurs.

Les ateliers mis à la dispositions du publics étaient assez nombreux :
- Ateliers et expositions de l’association Amitié Provence-Chine.
- Exposition des cerfs-volants artistiques réalisés à base de végétaux.
- Ateliers et stands de cerfs-volants du Cambodge, de Chine, d’Indonésie, d’Inde, de Malaisie et du Tibet.
- Présentation du vol libre-parapente par Marseille Parapente.
- Informations météorologiques avec ateliers et animations.
La Fête du Vent : une tradition née du besoin d’honorer le vent
La Fête du Vent a vu le jour pour célébrer cet élément invisible et pourtant vital pour la vie. Les initiateurs de cette manifestation avaient pour ambition de replacer le vent au cœur de la vie humaine : une force libre, insaisissable, capable d’animer les jeux, d’inspirer les artistes, de pousser les marins et de relier les peuples.

Sur la plage du Prado, le Festival a mis en lumière la richesse culturelle des pays du pourtour méditerranéen : l’Italie, l’Espagne, l’Algérie, la Tunisie… autant de pays qui partagent ce même souffle marin.
Le cerf-volant, symbole d’enfance et de liberté, est devenu médiateur entre les générations. Dans ces ateliers organisés pour le jeune public, les enfants fabriquent leur propres créations, renouant avec une tradition manuelle qui s’oppose aux écrans omniprésents.
Origine du cerf-volant : entre magie et mythologie
Le cerf-volant n’est pas un jouet ou un objet artistique, car ses racines plongent dans l’histoire et la spiritualité des peuples.
Né il y a environ 3000 ans en Chine, c’était au début un objet rituel auquel on prêtait une fonction magique ou religieuse. Sa forme aviaire servait à attirer l’attention des esprits et à communiquer avec les forces invisibles. Au Tibet, tout particulièrement, il a illustré la capacité à transcender l’énergie terrestre en énergie spirituelle.
Mais le cerf-volant était aussi un outil militaire : en Asie on l’utilisait pour transmettre des messages. En Occident, il arrive à la fin du XIIe siècle. A partir du XVIIIe siècle, son utilisation va se développer dans les domaines militaires et scientifiques.

Aujourd’hui, le cerf-volant a une double vocation, car il est un outil de liaison entre le ciel et la terre, entre générations, entre peuple. Il perpétue un héritage en lui donnant une dimension festive et artistique.
Le vent, muse des poètes
Le vent a toujours traversé la pensée et la littérature depuis des millénaires. C’est ainsi que poètes, conteurs et philosophes s’en sont inspirés. Force invisible et constante, le vent apporte une image riche pour la vie elle-même. Il représente le mouvement, le changement et l’inconstance, tout comme l’existence humaine.

Quelques philosophes et écrivains l’on définit avec émotion :
- Homère dans l’Odyssée : 800 ans av. J.- C. : « Éole, maître des vents, remit à Ulysse un sac de cuir où tous les vents étaient enfermés. »
- Aristote dans Météorologie: 340 ans avant J.- C. : « Le vent est un mouvement de l’air, né du chaud et du froid. »
- Jérémie 51:1-14 Nouvelle Édition de Genève 1979 : Ainsi parle l’Éternel : « Voici, je fais lever contre Babylone, Et contre les habitants de la Chaldée, Un vent destructeur. »
- Qui a vu le vent ? de Christina Rossetti – 1848 : « Qui a vu le vent ? Ni vous ni moi : Mais quand les arbres inclinent la tête le vent passe. »
- Victor Hugo – Les Contemplations: 1856 - « Le vent de la mer efface les pas des amants sur le sable. »
- Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra : 1883-18885 « les valeurs changent comme des vents nouveaux. »
- Paul Valéry – Méditerranée : 1920 - « Le vent se lève ! Il faut tenter de vivre. »
- José Corti dans L’air et les songes, 1943 : « L’âme qui aime le vent s’anime aux quatre vents du ciel. Pour beaucoup de rêveurs, les quatre points cardinaux sont surtout les quatre patries des grands vents. Les quatre grands vents nous paraissent, à bien des égards, fonder le Quatre cosmique. Ils livrent la double dialectique du chaud et du froid, du sec et de l’humide. »
À travers ces regards, le vent apparaît comme une figure ambivalente : destructrice lorsqu’il se déchaîne, apaisante lorsqu’il caresse, inspirante lorsqu’il éveille la pensée.

Plus qu’un simple festival, cet évènement est un véritable retour aux sources : un moment de partage où l’on prend le temps de lever les yeux vers le ciel, de créer de ses mains, de rire et de s’émerveiller en famille. Autant de gestes simples qui perpétuent un patrimoine culturel immatériel, celui de la fête, du jeu et du vent.
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.
