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Chine. Peng Peiyun, l’architecte de la politique de l’enfant unique, suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux chinois

ACTUALITÉ > Chine

Le décès de Peng Peiyun, l'un des principaux architectes de la politique chinoise de l'enfant unique, a déclenché une vague de colère sur les réseaux sociaux, ravivant les souvenirs douloureux des avortements forcés, des stérilisations coercitives et des séquelles durables du contrôle démographique imposé par le régime communiste en Chine.

Peng Peiyun, ancienne haute responsable du Parti communiste chinois (PCC) qui a dirigé l'appareil de planification familiale en Chine pendant une décennie et a été l'une des principales conceptrices de la politique de l'enfant unique, est décédée à l'âge de 96 ans. L'annonce de son décès, le 21 décembre à Pékin, a déclenché une vague de colère et de condamnations sur les réseaux sociaux chinois. De nombreux internautes ont dénoncé son rôle dans les avortements et stérilisations forcés pratiqués durant les années les plus brutales de cette politique.

Peng Peiyun avait notamment déclaré : « La politique nationale de planification familiale ne doit pas être remise en cause avant cent ans ». Suite à l'annonce de sa mort, les réactions en ligne ont été immédiates et virulentes. Un internaute a écrit : « C'est l'un des fidèles bourreaux du Parti ! » Un autre a commenté en ces termes : « Ces enfants morts nus t'attendent de l'autre côté ».

Les réactions des internautes chinois

Le 21 décembre, le média d'État du PCC, Xinhua, a publié une nécrologie saluant Peng comme « une dirigeante exceptionnelle dans les domaines de la population et de la santé en Chine, des droits des femmes et des enfants, et de la construction de l'État de droit socialiste », et confirmant son décès à Pékin.

Peng Peiyun, l’architecte de la politique de l’enfant unique, suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux chinois
Slogans et banderoles utilisés lors de la campagne de planification familiale du Parti communiste chinois (PCC). (Image : Capture d'écran / VisionTimes)

Peng Peiyun a dirigé la Commission nationale de planification familiale de 1988 à 1998 : période considérée comme la phase la plus sévère de l'application de la politique de l'enfant unique. Les autorités locales à travers la Chine ont eu recours de manière systématique à des mesures coercitives, notamment des avortements forcés et des stérilisations obligatoires.

Après l'annonce de son décès, la plateforme de médias sociaux chinoise Weibo a enregistré très peu de témoignages en son hommage. Au contraire, les messages condamnant les atrocités historiques liées à cette politique ont envahi les fils de discussion.

Un commentaire largement partagé disait : « Ces enfants perdus, nus et exposés, t'attendent de l'autre côté. » Un autre message déplorait : « Si la politique de l'enfant unique avait été appliquée dix ans de moins, la population chinoise ne s'effondrerait pas comme ça aujourd'hui ! »

« Si ces enfants avaient vécu, ils auraient aujourd'hui près de 40 ans, ils seraient dans la fleur de l'âge », a fait remarquer un autre internaute.

Peng Peiyun critiquée pour : « Loyauté envers le Parti : absence d'humanité »

Sur Douyin, un autre réseau social, les internautes ont ouvertement critiqué, et parfois même maudit, Peng Peiyun dans une avalanche de publications :

● « Loyauté envers le Parti = absence d'humanité ! »
● « Tant de petites âmes l'attendent là-bas. »
● « Des dizaines de milliers de femmes et d'enfants se massent pour t'accueillir. »
● « Les mains de Peng Peiyun sont tachées du sang du peuple — elle est l'une des fidèles bourreaux du Parti ! »
● « Le taux de natalité actuel est enfin conforme à tes souhaits ! »

Peng Peiyun, l’architecte de la politique de l’enfant unique, suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux chinois
(Image : Capture d'écran Capture d'écran VisionTimes)

Certains internautes ont partagé des témoignages très personnels. Une habitante de la province de Jiangsu, connue sous le nom de Gong Chang Zhang, qui affirme avoir survécu à une tentative d'accouchement forcé ratée, a écrit : « J'ai échappé à la mort. Mon petit ami a reçu une injection au visage : il a encore la marque de l'aiguille ».

« Un voyou du PCC qui mérite l'enfer ! »

Parallèlement, un internaute du Heilongjiang a déclaré : « En 1990, ma vie a été troquée contre 2 000 yuans, une télévision et une machine à laver. »

Sur X, les internautes ont été encore plus directs :

  • « Ce monstre mérite doit aller au 18e niveau de l'enfer ! »
  • « Une criminelle contre la nation chinoise.»
  • « Un bourreau qui tue des bébés et un voyou du PCC — en route pour l'enfer. »
  • « La plupart des femmes qui ont subi un avortement ou une stérilisation forcée ont souffert de séquelles à vie. Le PCC n'a jamais assumé la responsabilité de ces crimes. »
  • « Ce que le PCC a fait au peuple chinois équivaut à un génocide. »
Peng Peiyun, l’architecte de la politique de l’enfant unique, suscite une vague d’indignation sur les réseaux sociaux chinois
(Image : Capture d'écran / VisionTimes)

L'attention internationale et un déficit de 400 millions de naissances

Peng Peiyun a été conseillère d'État et vice-présidente du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire. Son héritage a suscité la controverse, tant au niveau national qu'international. En 2013, la Cour nationale espagnole a émis des mandats d'arrêt contre cinq anciens responsables du PCC, dont Peng Peiyun, les accusant de génocide au Tibet. Selon les estimations officielles du PCC, près de 400 millions de naissances ont été empêchées pendant les quelque 40 années d'application de la politique de planification familiale.

La politique de l'enfant unique en Chine a été mise en œuvre à l'échelle nationale de 1979 à 2015, limitant la plupart des couples citadins à un seul enfant. Les naissances non autorisées d'un deuxième enfant étaient passibles d'amendes et autres sanctions, avec des exemptions limitées pour des familles rurales, des minorités ethniques ou des couples dont les deux parents étaient enfants uniques.

Au plus fort de la coercition, des slogans effrayants – dont beaucoup sont encore visibles aujourd'hui dans les campagnes chinoises – reflétaient la brutalité de la campagne :

● « Mieux vaut des rivières de sang qu'une naissance de plus. »
● « Mieux vaut dix tombes qu'une personne de plus. »
● « Buvez du poison sans toucher à la bouteille ; pendez-vous, nous vous fournirons la corde.»
● « Si une personne dépasse le quota, tout le village sera stérilisé. »
● « Quiconque ne respecte pas la planification familiale verra sa famille détruite. »

Aujourd'hui, le PCC a opéré un revirement complet en encourageant activement les naissances et en promouvant des incitations généreuses aux familles souhaitant avoir trois enfants : un contraste saisissant avec le slogan précédent du régime : Encourager un enfant, limiter à deux, éliminer le troisième .

Pourtant, le taux de natalité en Chine continue de baisser, soulignant à quel point des décennies de contrôle coercitif des naissances ont laissé des séquelles démographiques durables que les seules incitations financières ne peuvent réparer. De nombreux jeunes couples choisissent également d'avoir moins d'enfants, voire de ne pas en avoir du tout, en raison de la raréfaction des opportunités d'emploi et de la hausse du coût de la vie.

Selon des observateurs, cette dichotomie représente la plus grande autocritique du PCC : une ironie si flagrante qu’elle a suscité des moqueries dans le monde entier, alors même que la Chine est aux prises avec un effondrement démographique historique dont elle est en grande partie responsable.

Rédacteur Yasmine Dif

Source : Architect of China’s One-Child Policy Dies at 96, Prompting Widespread Public Backlash 

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