Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Opinion. Chine : Xi Jinping tente de redorer son blason

TENDANCE > Opinion

Alors que Xi Jinping jongle avec les mots, Li Keqiang tente de mettre en avant la transparence. (Image : wikimedia : 图片来源: 美国之音东方拍摄 / Domaine public)

Les membres du Comité permanent et Wang Qishan affichent la stratégie du front uni

Bien que le désaccord semble régner, les membres du comité permanent du Parti communiste chinois (PCC) et Wang Qishan apparaissent ensemble en public. Ainsi, le 11 janvier, le PCC a organisé un séminaire pour les principaux cadres dirigeants aux niveaux provincial et ministériel, afin d’étudier et de mettre en œuvre l’esprit de la cinquième session plénière du 19e Comité central.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Comité permanent du Politburo du PCC et Wang Qishan, le Vice-président de la République Populaire de Chine, mais surtout le vrai Patron bleu et doré (bleu pour le contrôle du réseau et or pour l’argent utilisé), ont affiché un « front uni ». C’est la première fois que l’échelon supérieur du PCC fait une apparition publique collective, depuis le Nouvel An. La réapparition conjointe des membres du comité permanent et de Wang Qishan, semble avoir pour but principal d’illustrer la cohérence interne et non le désaccord. Mais à l’inverse, cela peut aussi mettre l’accent sur le fait que les luttes intestines du PCC ont provoqué de nombreux débats privés entre les fonctionnaires à tous les niveaux, et l’échelon supérieur du PCC tente, par cette stratégie, de dissiper ces rumeurs.

Xi Jinping veut améliorer la « survie »

Les médias officiels du PCC ont principalement rapporté le discours du président de la République Populaire de Chine et Secrétaire général du PCC, Xi Jinping. Usant de nombreuses expressions redondantes, il a tenté de redonner confiance dans le parti : et en particulier dans son autorité personnelle. Mais, il a également mentionné pour la première fois le fait de vouloir améliorer la « survie » au « milieu de violentes tempêtes et de vagues effrayantes » : termes qui pouvaient souligner le climat régnant au sein du parti.

Le 9 janvier, le Quotidien du Peuple avait déjà laissé entendre qu’il, sans préciser le sujet, « avait rencontré un triple impact sérieux ». Une logique que le discours de Xi Jinping a, en fait, confirmé. Les hauts responsables du Parti communiste semblent avoir peu confiance dans l’amélioration des relations entre les États-Unis et la Chine. Par ailleurs, leur évaluation des perspectives du régime a été continuellement revue à la baisse. Bien que Xi Jinping n’ait toujours pas mentionné l’épidémie, il connaît certainement la vérité. Car, à la vue du contexte épidémique actuel, il n’est pas impossible que l’épidémie de 2021 se révèle peut-être pire que celle de l’année dernière.

(Image : wikimedia / kremlin.ru / CC BY 4.0)
Wang Qishan, Le vice-président de la Chine surnommé le vrai Patron
bleu et doré (bleu pour le contrôle du réseau et or pour l’argent utilisé),
a été longtemps proche de Xi Jinping. (Image : wikimedia / kremlin.ru / CC BY 4.0)

Les médias du parti ont continué à promouvoir les slogans comme le « nouveau modèle de développement » et le « développement de haute qualité » : Xi Jinping allant plus loin et déclarant que le moment était venu de « renforcer » le pays. Il a révélé qu’une « nouvelle étape du saut historique » avait été atteinte, et que « le temps et l’élan sont de notre côté, et c’est là que se trouvent notre force et notre confiance ». Mais Xi Jinping n’a pas précisé quel genre de « temps et d’élan » il lui reste. Après cela, il a changé de ton et a déclaré que « la richesse n’est pas seulement une question économique, mais aussi une question politique majeure liée à la fondation du parti au pouvoir ». « Nous devons dépasser notre sentiment d’inquiétude, adhérer à une réflexion sur les résultats et être prêts à faire face à des situations plus complexes et difficiles », a-t-il encore ajouté.

Ces derniers temps, il a été rarissime de voir les hauts responsables du PCC et les médias du PCC révéler la réalité des difficultés internes et externes du PCC. Il apparaît que les échelons supérieurs du PCC n’osent pas estimer avec optimisme l’évolution des situations internes et externes. Xi Jinping a également souligné, une fois de plus, que la situation interne « peut permettre à la situation internationale de changer ». « Nous devons survivre à toutes sortes de tempêtes prévisibles et imprévisibles », a-t-il notifié. « Nous devons améliorer notre capacité de survie au milieu de toutes sortes de tempêtes et de vagues turbulentes, prévisibles et imprévisibles », a-t-il également annoncé.

Effectivement, il semble qu’en 2021, le régime du PCC continuera à être confronté au grave problème de la « survie », qui a de tout temps été le consensus de base de nombreux Chinois, en Chine continentale. Mais, maintenant, lvéchelon supérieur du PCC doit l’accepter.

Sachant que la « circulation interne » n’est qu’un slogan, Xi Jinping a également déclaré que « la caractéristique la plus essentielle de la construction d’un nouveau modèle de développement est d'atteindre un niveau élevé d’autosuffisance, et de mettre davantage l’accent sur l'innovation indépendante ». Il a également avancé qu'il voulait « l’expansion de la consommation du peuple et l’augmentation du niveau de consommation ». 

Cependant, il n’y a pas de vraie solution à ces faiblesses fondamentales. Le PCC paraît avoir perdu depuis longtemps « le temps et l’élan », et le problème de la survie semble imminent.

Réunion de nombreux membres du PCC dans un contexte de recrudescence de l’épidémie

Le séminaire a été suivi par un grand nombre de membres du PCC, dont des membres du Politburo, du Secrétariat central, des vice-présidents du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale, des conseillers d’État, des présidents de tribunaux, des procureurs, des vice-présidents de la Conférence consultative politique du peuple chinois, des membres de la Commission militaire centrale, les principaux chefs de provinces, de régions autonomes et de municipalités, les autorités centrales, ainsi que les principaux chefs des principales unités de l’armée.

Xi Jinping a demandé aux cadres de tous les niveaux « d’améliorer constamment leur jugement politique, leur compréhension politique et leur exécution politique » et de mettre en œuvre « la décision centrale et le déploiement ».

Cependant, depuis la cinquième session plénière du 19e Comité central, les responsables à tous les niveaux du PCC n’ont pas vu de déploiement spécifique de la part du gouvernement central, alors comment peuvent-ils le mettre en œuvre ? Tous les membres du PCC savent maintenant que la situation est extrêmement grave, mais en dehors des slogans qu’ils scandent, ils ne savent tout simplement pas comment renforcer leur « capacité de survie », Non seulement la situation externe semble hors de contrôle, mais la situation interne paraît l’être également.

Avec la résurgence de l’épidémie, un peu partout sur le territoire, et le grand nombre de personnes réunies à Pékin par les dirigeants du parti communiste, beaucoup d’entre eux devraient être inquiets face au risque de contamination. Mais, la plupart d’entre eux ont peut-être déjà eu le privilège d’avoir été vaccinés aux États-Unis : pourtant, ils devraient encore avoir des appréhensions.

(Image : wikimedia / Foreign and Commonwealth Office / OGL v1.0)
Li Keqiang, qui est toujours le directeur du groupe de travail sur
l’épidémie, a vu qu’il ne pouvait plus cacher la vérité et qu'il devait
la dire. (Image : wikimedia / Foreign and Commonwealth Office / OGL v1.0)

Pour Li Keqiang : ouverture et transparence avant toute chose

À ce propos, le Premier ministre de la République populaire de Chine, Li Keqiang, s’est exprimé le 8 janvier, via le site du Conseil d’Etat, demandant que « les informations sur l’épidémie soient publiées de manière factuelle, ouverte et transparente, et qu’aucune dissimulation ou omission d’information ne soit autorisée ».

En effet, ce 10 janvier, le site web du Conseil d’État du Parti communiste a de nouveau publié une déclaration révélant d’autres éléments du discours prononcé par Li Keqiang le 8 janvier. Ainsi, a-t-il déclaré : « L’un des éléments clés du processus de prévention et de contrôle des maladies infectieuses est de publier des informations sur les épidémies de manière factuelle, ouverte et transparente, et de ne jamais permettre la sous-déclaration et l’omission ».

La réunion exécutive du Conseil d’État du 8 janvier a été rapportée par les médias du parti. Mais, ils n’ont abordé que la promotion de la révision de la loi sur la prévention et le contrôle des maladies infectieuses, la promotion d’un système solide de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, et la « la détection précoce, la déclaration précoce, l’isolement précoce et le traitement précoce » : en omettant certains des mots originaux de Li Keqiang. Ce dernier, comme d’habitude, a publié le contenu original sur le site du Conseil d’État.

Cela suggère qu’il est bien conscient du fait que certaines régions ne signalent pas suffisamment l’épidémie. Ces dernières devraient s’inquiéter de ne pas répéter la même erreur qu’en 2020. Li Keqiang, qui est toujours le directeur du groupe de travail sur l’épidémie, a vu qu’il ne pouvait plus la cacher et qu’il devait dire la vérité. Mais les responsables à tous les niveaux du PCC n’ont pas l’air d’approuver.

Au regard de tout cela, il est possible de dire que le régime communiste chinois ne se soucie pas vraiment de la vie et de la mort des gens, mais ce qui importe maintenant pour les dirigeants du Parti communiste chinois, c’est leur propre « survie », terme redondant du discours de Xi Jinping. Alors comment redorer son blason et afficher un front uni quand sa survie est en question ?

Rédacteur Charlotte Clémence

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.