Armoiries, blasons, devises, que se cache-t-il derrière ces mots ? Appartiennent-ils à un passé révolu ? Si vous souhaitez en savoir davantage sur vos propres racines familiales, cet article vous mettra en partie sur la voie et vous mettra à l’abri de certaines confusions fréquentes.

Quand apparaissent les armoiries ?
Selon la plupart des sources, les armoiries apparaissent au courant du XIIe siècle. L’explication la plus largement répandue est liée à la nouvelle tenue des chevaliers combattant dans les tournois. Vêtus de côtes de maille et d’un casque leur couvrant entièrement le visage, ces hommes devenaient complètement méconnaissables.
Une anecdote rapporte que Guillaume le Conquérant, lors de la célèbre bataille de Hastings, avait dû baisser son casque pour montrer à ses hommes qu’il était bien vivant. Comme certains d’entre eux prétendaient qu’il était mort, son armée commençait à se disperser …
Afin de pouvoir identifier les amateurs de tournois, il fallait donc un signe distinctif, peint le plus souvent sur leurs boucliers, leurs écus, ou même le harnachement de leurs chevaux. C’est ainsi qu’apparurent les armoiries tenant lieu de cartes d’identité. « Ce sont à la fois des signes d’identité, des marques de possession et des ornements décoratifs », peut-on lire sur le site Miniatures flamandes, dans un article publié en 2011.
Alors que les armoiries furent d’abord purement individuelles, au fil des siècles « leur usage s’est étendu aux femmes, aux ecclésiastiques, aux habitants des villes, aux artisans et même, dans certaines régions, aux paysans. Un peu plus tard, ce furent les collectivités et les personnes morales qui en adoptèrent : villes, corps de métiers, communautés religieuses, institutions et administrations diverses. À la fin du Moyen Âge, l’ensemble de la société européenne est concerné par l’usage des armoiries. » pour citerla même source.
Les armoiries : un signe de noblesse ?
Il convient d’éviter une confusion fréquente qui ne repose sur aucune donnée scientifique, à savoir la corrélation entre les armoiries et la noblesse.
« Chaque individu, chaque famille, chaque groupe ou collectivité a toujours et partout été libre d’adopter les armoiries de son choix et d’en faire l’usage privé qu’il lui plaisait, à la seule condition de pas usurper celles d’autrui. » confie Jean de Croÿ, auteur de l’article évoqué plus haut. Il est donc erroné de prétendre que les armoiries sont réservées à une quelconque classe sociale. En France la confusion serait née depuis l’époque de la Révolution.
Une autre erreur fréquente, due à un abus de langage, consiste à confondre les armoiries et les blasons.
« Les armoiries sont des emblèmes en couleurs, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis dans leur disposition et dans leur forme à des règles spéciales qui sont celles du blason. (….) Elles sont presque toujours représentées sur un écu. » Telle est la définition proposée par l’Encyclopédie Universalis.
Le blason, c’est la description réglementaire des emblèmes représentés sur les armoiries. Nous retiendrons cette définition très simple du Larousse pour le blason : « description technique des armoiries, faite verbalement ou par écrit. » Pensons à l’expression moderne : « redorer son blason » qui équivaut à « restaurer son image ».

Quelques notions de blasonnement
Notons au passage que, pour décoder les blasons, il faut être un expert en la matière et maîtriser ce qui, à partir du XVIIe siècle, deviendra la science héraldique. Le terme provient du mot « héraut ». Le héraut, c’est l’ambassadeur du chevalier, celui qui annonce et qui nomme le combattant, d’où l’expression « annoncer la couleur ». Il est capable de « blasonner » et de déchiffrer le blasonnement, c’est-à-dire la langue héraldique.

Il faut sept ans pour devenir un bon héraut selon les experts. Le héraut est capable de naviguer dans les subtilités du langage héraldique. Par exemple, le héraut sait que les couleurs sont appelées « émaux », que la couleur rouge se dit « De Gueules » (ce n’est pas un gros mot), que le bleu correspond à d’azur, le noir à de sable, etc …
D’autre part, il existe des règles strictes telles que ne jamais superposer une couleur sur une autre couleur, un métal sur un autre métal, etc… Vous l’aurez compris, la science de l’héraldique n’est pas dépourvue de complexité. Cependant, de nos jours, elle attire de plus en plus ceux qui désirent retrouver les armoiries familiales ou créer leurs propres armoiries. Comme indiqué plus haut, chacun est libre de produire ses armoiries personnelles.
Nous l’avons mentionné précédemment, il apparaît que les armoiries et le blason permettent non seulement d’identifier l’individu et sa lignée, mais aussi de bâtir une image. Un autre élément va contribuer à personnaliser davantage encore ces éléments de communication quasi millénaires : il s’agit de la devise.
Qu’est-ce qu’une devise ?
D’après la définition du Robert, il s’agit d’une « formule qui accompagne l’écu dans les armoiries. » Le dictionnaire Larousse apporte la précision suivante : « sentence qui indique les goûts, les habitudes, les qualités de quelqu’un. »
Concernant la devise qui vient s’ajouter à l’armoirie médiévale, c’est souvent une petite phrase présentant une caractéristique de l’intéressé, assez proche d’une maxime. Certaines d’entre elles sont restées célèbres. Les devises résument l’histoire du pays, estiment certains. La formule Fluctuat nec mergitura immortalisé les armoiries de la ville de Paris et reste gravée dans les mémoires. Ancienne devise de la puissante corporation des marchands de l’eau dès l’année 1268, la phrase rappelant que le navire parisien « flotte, mais ne sombre pas » s’est muée en devise au XIVe siècle.
Parmi les nombreuses devises choisies par les dirigeants du royaume de France, nous pouvons citer celle de Louise de Savoie, la mère exemplaire de Marguerite de Navarre et de François 1er. Cette figure majeure de l’Histoire avait pour devise : Libris et Liberis , « Pour des livres et pour des enfants ».
Moyennant les recherches appropriées et le respect des règles à suivre, il revient à chacun, s’il le désire, de concevoir ses propres armoiries et ainsi de renouer avec ses propres valeurs.
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