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Opinion. La mort de Yu Menglong et 181 000 signatures : l’éveil de la conscience en Chine

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Yu Menglong, un acteur chinois âgé de 37 ans, est décédé le 11 septembre 2025. Les révélations entourant sa mort ont profondément choqué la Chine et la communauté internationale. Une mobilisation mondiale sans précédent s’organise : plus de 181 000 signatures, des hackers menaçant de révéler des contrats de blanchiment de 20 milliards, des médias internationaux couvrant l’événement.

L’affaire dépasse un simple crime : elle expose la cruauté du système communiste chinois et marque le réveil d’une génération qui refuse le silence imposé. Depuis la mort de Yu Menglong, des hackers promettent de publier des preuves explosives, Sun Derong organise des cérémonies bouddhistes et la BBC et Foreign Policy couvrent l’événement en première page. Yu Menglong devient le symbole de la quête de la vérité face à l’oppression, entre la lumière et les ténèbres du Parti communiste chinois (PCC) qui vacille face à la détermination du peuple.

La mort de Yu Menglong : les faits troublants

Le 11 septembre 2025, Yu Menglong, acteur chinois de 37 ans, connu pour ses rôles dans La Princesse déchue et Trois vies, trois mondes, dix mille pêchers, a été retrouvé mort au complexe résidentiel Yangguang Shangdong à Pékin. La mort de Yu Menglong a immédiatement soulevé des questions tant les circonstances paraissaient suspectes.

Les autorités ont bouclé l’enquête en 12 heures, affirmant qu’il s’agissait d’une « chute accidentelle après consommation d’alcool ». Cette version officielle ne tient pas. Des marques de griffures à l’extérieur de la fenêtre, une moustiquaire endommagée et des vidéos montrant Yu Menglong criant et pleurant avant sa mort révèlent la vérité : il a été assassiné.

La veille, Yu Menglong avait participé à un dîner avec 17 personnes, dont des acteurs, réalisateurs, producteurs et des fils de hauts fonctionnaires du PCC. L’actrice Song Yiren avait organisé ce piège. Yu Menglong a subi des violences atroces avant d’être jeté du cinquième étage.

La réaction du gouvernement chinois : censure massive

La réponse des autorités chinoises révèle l’ampleur de ce qui se cache derrière cette mort. Le gouvernement a mis en place une censure massive et sans précédent. Dès l’annonce, les autorités ont supprimé les sujets tendance, limité la diffusion et commencé à effacer les œuvres de Yu Menglong.

Le 22 septembre, le Bureau national de l’internet a lancé une action spéciale de deux mois de nettoyage du réseau. Toute publication mentionnant « Yu Menglong » - même avec des substituts comme « petit poisson (xiao yu en chinois) » - était immédiatement supprimée. Le compte Weibo de ses fans a été gelé. Trois internautes ont été arrêtés le 21 septembre pour « propager des rumeurs ».

Ming Juzheng, expert taïwanais sur l’actualité de Chine, analyse que l’ampleur de la censure indique que l’affaire implique des personnalités politiques de très haut niveau, au moins du rang de vice-premier ministre, voire du niveau de dirigeant national. La censure devrait durer jusqu’en novembre, couvrant la quatrième session plénière du Comité central du PCC prévue du 20 au 23 octobre.

La mobilisation mondiale : 181 000 signatures jusqu’au 2 octobre

Face au silence officiel, les internautes se sont mobilisés massivement. Le 20 septembre, une pétition Justice pour Yu Menglong a été lancée sur AVAAZ. Elle a dépassé 100 000 signatures en quelques jours, puis 150 000, et au 2 octobre, elle a franchi le cap des 181 000 signatures.

La mort de Yu Menglong et 181 000 signatures : l’éveil de la conscience en Chine

La pétition formule trois exigences : une enquête complète, indépendante et transparente, la poursuite immédiate des coupables, des excuses publiques et un soutien à la famille. L’affaire a généré plus de 30 milliards de vues en ligne. Le nombre des fans de Yu Menglong a continué d’augmenter après sa mort, passant de 26 millions à plus de 27,7 millions sur Weibo.

Les médias internationaux se sont emparés de l’affaire. La BBC a publié un article en première page le 23 septembre analysant pourquoi le public doute malgré les déclarations officielles. Le 1er octobre, le magazine américain Foreign Policy a souligné que la mort de Yu Menglong reflète comment « le pouvoir peut échapper à toute responsabilité » dans le système du PCC. Le Strait Times de Singapour et Today Australia ont également couvert l’événement.

La communauté des acteurs : silence et accusations

La mort de Yu Menglong a provoqué un silence assourdissant de la majorité des acteurs chinois. Ce silence témoigne de la peur qui règne dans l’industrie. Rares sont ceux qui ont osé élever la voix.

Le réalisateur Song Zude, l’un des mentors de Yu Menglong, a publié Huit questions au studio de Yu Menglong, soulignant que le studio avait été fermé deux mois avant sa mort. Il a directement interpellé le réalisateur Cheng Qingsong : « Où étais-tu la nuit où c’est arrivé ? » Ses messages ont été rapidement supprimés.

Plusieurs personnalités sont directement impliquées. Fan Shiqi, chanteur ayant participé avec Yu Menglong à l’émission télévisée Happy Boys en 2013, se trouve au cœur de la tourmente. Des analyses vocales l’auraient identifié sur les enregistrements de la nuit du drame. Les conséquences ont été immédiates : son concert à Chengdu n’aurait vendu que 15 billets. L’actrice Song Yiren, accusée d’avoir organisé le dîner fatal, a publié deux déclarations niant toute implication, mais le public reste sceptique. Face au boycott massif des internautes chinois, sa nouvelle série a été remaniée et son rôle confié à une autre actrice.

L’affaire rappelle d’autres morts suspectes : Qiao Renliang en 2016, Bian Ce, Ren Jiao. Cette litanie de décès suspects a créé un climat de peur dans l’industrie. Un ami d’enfance de Yu Menglong, M. Ouyang, résume : « C’est le système du PCC qui a tué Yu Menglong. Le PCC est le véritable meurtrier. »

Les hackers menacent de révélations explosives

Des groupes de hackers ont annoncé détenir des preuves explosives : des contrats de blanchiment d’argent de 20 milliards de yuans impliquant des hauts fonctionnaires du PCC, des enregistrements audio de confessions des meurtriers, et des preuves de liens entre l’industrie du divertissement et le trafic d’armes international.

Yu Menglong aurait détenu de son vivant des informations sur des opérations de blanchiment d’argent et de trafic d’armes. Il aurait évoqué ces données lors de diffusions en direct, menaçant directement « l’empire d’argent noir contrôlé par une famille rouge ». Un détail troublant : le studio de Yu Menglong avait enregistré une marque commerciale dans la catégorie « Classe 13 : armes et feux d’artifice », incluant des armes motorisées, de la poudre à canon et des explosifs.

Yu Menglong savait que sa vie était en danger. Il avait envoyé un message à sa mère disant qu’il était impliqué malgré lui dans une affaire de blanchiment impliquant les plus hauts dirigeants. Lors d’une diffusion en direct sur Internet, il avait murmuré « au secours » d’une voix à peine audible, comme un souffle, et fait un geste montrant « 540 », que personne n’a compris à l’époque.

Les hackers prévoient de traduire ces documents en 56 langues et de les publier sur le dark web, contournant ainsi toute censure chinoise.

Sun Derong : le mentor taïwanais de Yu Menglong refuse le silence

Sun Derong, figure emblématique de l’industrie taïwanaise et fondateur de Qiao Jie Li, était le mentor de Yu Menglong. Il l’avait formé pendant un an et demi sans frais quand celui-ci était candidat pour Happy Boys.

Le 28 septembre, Sun Derong a révélé que Yu Menglong lui était apparu en rêve pendant cinq heures. Yu Menglong pleurait sans arrêt, expliquant ce qui s’était passé. Il avait une seule préoccupation : « Est-ce que maman pourra surmonter cela ? » Sun a révélé que Yu Menglong n’avait pas gagné autant d’argent que ce que montrait le compte de son studio, et il considérait cet argent comme « de l’argent mal acquis ».

Sun Derong voulait se rendre à Pékin pour demander justice, mais ses amis l’en ont dissuadé, craignant pour sa sécurité. Au lieu de cela, il a organisé le 29 septembre une cérémonie bouddhiste à Taipei. Il a publié une « Déclaration de non-suicide » et organisera une grande cérémonie le 17 octobre. Il a déclaré : « Pékin est athée, mais nous avons nos méthodes à Taïwan. Il m’appelait papa, je dois accomplir ce qui doit être fait. »

Le lien avec la famille Xi Jinping

L’une des révélations les plus explosives concerne les informations que Yu Menglong aurait détenues sur les secrets financiers de la famille Xi Jinping.

Des hackers affirment qu’il détenait des informations sur un réseau de blanchiment de 20 milliards impliquant la famille dirigeante, stockées sur une « clé USB rouge ». Dans les enregistrements audio de la nuit du drame, on entend les agresseurs demander où se trouve cette clé. Yu Menglong a été torturé pendant des heures afin de trouver l’emplacement de cette clé USB.

L’affaire révèle un système où les familles dirigeantes utilisent des entreprises de divertissement comme façade pour le blanchiment, des célébrités sont utilisées pour enregistrer des sociétés écrans, et des fonds militaires sont détournés. Ce n’est pas la première mort mystérieuse liée à Tianyu Entertainment : Qiao Renliang, Benxi, Ren Jiao : tous morts jeunes, tous avec des questions sans réponses.

L’affaire intervient avant la quatrième session plénière du 20-23 octobre. L’expert Ming Juzheng note que dans l’histoire du PCC, les luttes de pouvoir ont souvent utilisé des scandales comme armes. Si Xi Jinping ne démissionne pas et que son bras droit Cai Qi obtient une promotion, la vérité pourrait ne jamais émerger. Mais les factions anti-Xi pourraient utiliser cette affaire pour forcer un changement. 

Quelle que soit l'issue de la lutte pour le pouvoir au sein du Parti communiste chinois, la mort de Yu Menglong a réveillé la conscience de la nation. La génération Z refuse le silence imposé, utilisant VPN et des plateformes internationales pour contourner la censure. 

Le 1er octobre, des jeunes de Pékin, Shanghai et d'autres villes ont discrètement déposé des fleurs en hommage silencieux à l'auteur. Il est remarquable que, bien que la police ait été au courant de cette initiative citoyenne nationale, elle n'ait pas voulu endosser la responsabilité de la direction du PCC. Elle s'est abstenue d'interférer avec cet événement national et n'a pas empêché les citoyens chinois d'exprimer leur chagrin.

L'éveil de la spiritualité en Chine et la fin du régime communiste athée

L'affaire Yu Menglong a également déclenché un phénomène spirituel sans précédent en Chine. 

Face à l'impossibilité d'obtenir justice par les tribunaux, des millions de Chinois se tournent vers la justice céleste. Ils lisent des soutras bouddhistes, allument de l'encens, consultent des médiums et prient pour que les divinités punissent les coupables. 

Selon des médiums taïwanais, l’âme de Yu ne peut pas se réincarner en raison de sa mort violente, restant piégée jusqu'à ce que justice soit rendue. Sun Derong a révélé que Yu Menglong lui était apparu en rêve pendant cinq heures, racontant en pleurs la vérité. La mère de Yu Menglong aurait également reçu un « rêve de supplication » (托梦), une tradition chinoise où les victimes d'injustice communiquent avec les vivants, immortalisée dans les opéras du juge Bao.

Après qu’un sympathisant a déclaré Tuidang (退党退团退队, retrait du PCC, de la Ligue de jeunesse et des Pionniers) pour Yu Menglong, des médiums ont rapporté que son âme semblait apaisée, attendant le moment propice pour se réincarner, peut-être lors de l'effondrement du régime. Les sites de démission du PCC à l'étranger ont également enregistré plus de 450 millions de déclarations de Tuidang depuis la mort de Yu Menglong.

Dans un pays où le PCC se veut tout-puissant, ce retour au sacré constitue une forme profonde de résistance.

Un symbole qui transcende

L'affaire Yu Menglong représente bien plus que la mort d'un acteur. Elle symbolise les contradictions d'un système où le pouvoir absolu échappe à toute responsabilité, où la justice est subordonnée aux intérêts politiques et où la vie humaine peut être sacrifiée pour protéger les secrets des puissants.

La mobilisation sans précédent, des fans aux hackers, des médias internationaux à Sun Derong, suggère qu'un changement fondamental s'opère dans la société chinoise. La génération Z refuse le silence. Les outils numériques permettent de contourner la censure. La communauté internationale observe et documente.

Seul le démantèlement du PCC, selon les analystes cités, pourrait empêcher de telles tragédies. Mais une chose est certaine : l'affaire Yu Menglong a allumé une flamme qui refuse de s'éteindre. Dans l'obscurité imposée par l'autoritarisme, la quête de vérité et de justice continue de briller, portée par des millions de voix qui refusent d'oublier. Yu Menglong est devenu le symbole d'un peuple qui se réveille et qui dit non à l'oppression.

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