Le passé tumultueux de la Corse a alimenté des mythes et mystères, des contes et légendes en nombre considérable. De plus son relief accidenté, ses panoramas à couper le souffle, suspendus entre mer et montagne aiguisent l’imagination. Découvrons autrement celle que nous appelons l’île de Beauté grâce à la sélection des récits qui suivent.

Petite histoire de l’île de Beauté : trois dates clés
Trois dates clés sont à retenir pour présenter l’histoire de cette terre souvent convoitée pour sa position stratégique.
- 1070
Le pape Grégoire VII confie l’administration de l’île à l’évêque de Pise : celui-ci fait reconstruire les édifices religieux détruits suite aux invasions barbares. La domination pisane ne dure que 200 ans. Une autre ville, Gênes, va asseoir sa domination à partir du 6 août 1284, date de la bataille de la Meloria. Les Gênois s’emparent de la Corse qu’ils occupent près de 500 ans. L’île de Beauté se couvre de tours gênoises.
- 1755
En novembre 1755 est proclamée l’indépendance de la République corse sous l’impulsion du Général Pascal Paoli, auteur d’une constitution républicaine. L’indépendance corse ne sera que courte durée : elle prend fin en 1768 avec le traité de Versailles. Les Gênois épuisés doivent céder la Corse à la France.
- 1769
Cette bataille de deux jours, connue sous le nom de la bataille de Ponte Novu se déroule les 8 et 9 mai 1769, opposant les Corses à l’armée française de Louis XV. Le 8 mai, les Corses sont victorieux mais le 9 mai, les hommes de Paoli sont défaits et la Corse devient française. Paoli, le héros de l’indépendance s’exile en Angleterre jusqu’à sa mort. De nos jours, les habitants de l’île de Beauté continuent à célèbrer la journée du 8 mai.
Mythes et mystères autour du nom de la Corse
D’où vient le nom de la Corse ? Les historiens ont bien de la peine à s’accorder à ce sujet. Selon les Grecs anciens, l’île s’appelait Kurnos, mot dérivé du phénicien Kur ou Kor, ce qui veut dire « promontoire ». Les navigateurs découvrant le nouveau site ont probablement voulu décrire le relief accidenté des lieux.
Dans le même temps, une autre explication est à retenir : les Phéniciens employaient aussi le terme suivant à propos de l’île : Korsai, qui se traduit par « lieu couvert de forêts ». Un tel choix provenant d’hommes habitués aux zones déboisées pourrait s’expliquer en effet.
Le mot Korsai aurait naturellement évolué pour devenir Corsica, appellation plus tard adoptée par les Romains.

Le drapeau corse : des origines mystérieuses
Le drapeau corse, c’est le symbole de l’identité corse. Son histoire, son évolution au fil du temps alimente bien des légendes, des mythes et mystères datant des invasions des Sarrasins. Que représente l’emblématique tête de Maure dont le front est entouré d’un bandeau ? Plusieurs hypothèses sont avancées à ce sujet.
La tête de Maure représenterait la victoire des Corses sur l’assaillant maure dont la tête en guise de trophée était promenée au bout d’un piquet. Si de nos jours, le bandeau laisse apparaître les yeux, d’après la légende il n’en a pas toujours été ainsi. Certains prétendent que les yeux bandés seraient le signe de l’asservissement vis-à-vis de l’occupant, tandis que les yeux ouverts seraient le symbole de la libération notamment depuis l’indépendance de la République corse.
Une autre thèse présentée par les historiens fait référence à la tradition issue de la Sardaigne dont le blason arbore non pas une tête de Maure mais quatre têtes de Maures.
La légende du lion de Roccapina
Si vous passez au large de Porte Vecchio et Sartène, vous serez attiré comme bon nombre de visiteurs par la vue saisissante et vous pourrez distinguer une silhouette rappelant celle d ’un lion « perché sur son trône ». Comme à l’accoutumée sur l’île de Beauté, le panorama inspire une légende.
On raconte qu’à l’époque des Sarrasins, vivait dans la région un grand seigneur dont la chevelure ébouriffée et abondante rappelait à s’y méprendre celle d’un lion. Les Barbares le surnommaient d’ailleurs « le lion ». L’homme tomba éperdument amoureux d’une fort belle femme qu’il ne pouvait hélas épouser. Il en mourut de chagrin, pétrifié par la douleur. Depuis, d’innombrables visiteurs ont l’occasion d’admirer sa silhouette féline surplombant les hauteurs de la région.
La légende de la dame blanche de Bonifacio
Le fantôme de la dame blanche erre encore au large de Bonifacio, dit-on ; il s’agit de l’histoire de deux jeunes gens éperdument amoureux mais ils appartiennent à deux familles rivales. Ils parviennent à se voir secrètement, bravant les interdictions familiales. Leur amour est finalement découvert. Ils décident alors de fuir en bateau. Puis la tempête se lève et se déchaîne. Le jeune homme parvient à regagner la rive mais la jeune femme appelée Bianca Maria disparaît, emportée par les flots.
La légende dit que certaines personnes ont aperçu l’ombre de l’infortunée pleurant amèrement son amour perdu.

La légende du Christ noir
Selon la légende, le crucifix du Christ noir fut trouvé dans la nuit du 2 au 3 mai 1428 par deux pêcheurs Giulani et Camugli. Le crucifix flottait sur les eaux, guidé par une lumière quasi surnaturelle. Il fut transporté avec une grande révérence jusqu’à l’église Sainte-Marie. Il aurait disparu puis aurait été retrouvé à l’endroit où fut construit plus tard l’église Sainte-Croix. C’est ainsi que le Christ noir demeura à cet emplacement « choisi ».
Le crucifix est sorti tous les 3 mai et transporté tous les trois ans pour commémorer son histoire puis porté en mer pour rappeler son séjour en mer. L’histoire du Christ noir illustre combien s’entrelacent à merveille les mythes et mystères ainsi que les légendes de la Corse.
La légende de la fée d’Ulmeta
Cette légende prend naissance près de Propriano, situé près du fleuve Bàraci. C’est l’histoire d’un berger vivant dans une maisonnette. Confronté à la sécheresse depuis des mois, il était très affligé par la situation critique de ses brebis qui dépérissaient à vue d’œil. Pour trouver de l’herbe fraîche afin de les nourrir, il avait dû se déplacer à l’intérieur des terres.
Un jour, le berger se sentit transporté par la beauté du fleuve Bàraci et de la plaine. Il n’avait jamais rien vu de pareil. L’eau du fleuve s’était transformée en boue fraîche. Une fée apparut. Pour récompenser le berger courageux, elle fit jaillir une source d’eau fraîche et vivifiante. La légende de la fée d’Ulmeta raconte que depuis ce jour, résidents et visiteurs peuvent jouir des bienfaits d’une source thermale.
S’imprégner des mythes et mystères comme des contes et légendes d’un pays, c’est apprécier davantage la culture de ce pays. La légende ne véhicule-t-elle des valeurs à préserver ?
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