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Nature. L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance

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Il existe un endroit sur Terre dont l’accès est plus que contrôlé. Ce n’est pas la Zone 51, ni un laboratoire gouvernemental obscur, ou encore la Corée du Nord. Nous parlons d’un continent entier où poser les pieds sans les papiers nécessaires peut vous valoir une amende, une peine de prison, voire pire. Cet endroit, c’est l’Antarctique.

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
Pour la plupart d’entre nous, cet espace semble composé uniquement de manchots et de glace. Mais alors, pourquoi est-ce la seule étendue terrestre sur Terre régie par un traité international signé par 58 nations ? Pourquoi, encore, certains endroits apparaissent-ils flous sur Google Earth ? (Image : Mint_Images / envato)

Pour la plupart d’entre nous, cet espace semble composé uniquement de manchots et de glace. Un espace qui semble vide et inutile. Mais alors, pourquoi faut-il débourser des dizaines de milliers de dollars et se frayer un chemin dans un labyrinthe bureaucratique de permis, juste pour le visiter ? Pourquoi est-ce la seule étendue terrestre sur Terre régie par un traité international signé par 58 nations ? Pourquoi, encore, certains endroits apparaissent-ils flous sur Google Earth ?

Tout cela peut nous amener à devoir approfondir notre regard porté sur ce vaste continent.

Des cartes qui ne devraient pas exister

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
En 1929, des archivistes ont trouvé une carte datant de 1513 et dessinée par l’amiral ottoman Piri Reis (1470-1553). Elle montrait quelque chose d’impossible : le littoral détaillé de l’Antarctique, 300 ans avant sa prétendue découverte. (Image : wikimedia / Karamanli86, CC BY-SA 4.0)

Commençons par une histoire qui semble fausse, mais qui est loin de l’être.

En 1929, des archivistes ont trouvé une carte datant de 1513 et dessinée par l’amiral ottoman Piri Reis (1470-1553) dans un palais turc. Contrairement à la plupart des cartes anciennes, celle-ci ne se contentait pas d’esquisser de vagues lignes côtières. Elle montrait quelque chose d’impossible : le littoral détaillé de l’Antarctique, 300 ans avant sa « prétendue découverte ».

Ce qui était surprenant c’est que la carte ne se contentait pas de représenter juste un contour sous la glace. Dans les années 1960, des analystes de l’US Air Force ont confirmé que la géographie correspondait aux relevés sismiques du substrat rocheux lui-même. Autrement dit, quelqu’un avait cartographié l’Antarctique il y a des milliers d’années, alors qu’à cette époque ce continent était recouvert de plus de trois kilomètres de glace.

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Une autre carte datant de 1531 et réalisée par Oronteus Finaeus (1494-1555), montre des rivières et des montagnes en Antarctique. Les scientifiques les ont redécouvertes au radar au XXe siècle. (Image : wikimedia / Tardy / Domaine public)

Comment Piri Reis a-t-il obtenu ces données ? Il a admis les avoir compilées à partir de sources anciennes, certaines remontant au IVe siècle av. J.-C. Une autre carte datant de 1531 et réalisée par Oronteus Finaeus (1494-1555), montre des rivières et des montagnes en Antarctique. Les scientifiques les ont redécouvertes au radar au XXe siècle.

Coïncidence ? Peut-être. Mais alors ce serait une énorme coïncidence.

Les lacs cachés de l’Antarctique et l’hypothèse de vie extraterrestre

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
Sous la glace antarctique se trouve le lac Vostok : une étendue d’eau douce, isolée de la surface pendant 15 millions d’années. En 2012, des scientifiques russes l’ont foré. Ils ont découvert 17 espèces de microbes qui défient tout ce que nous savons sur la vie, à ce jour. (Image : wikimedia / Goddard Space Flight Center / Domaine public)

Sous quatre kilomètres de glace antarctique se trouve une étendue d’eau douce : le lac Vostok , ou lac sous glaciaire de Vostok. Selon diverses analyses, ce lac est resté isolé de la surface depuis la formation de la calotte glaciaire : soit il y a 15 millions d’années. En 2012, des scientifiques russes l’ont foré. Ils ont découvert 17 espèces de micro-organismes qui défient tout ce que nous pensons savoir sur la vie.

Pas de lumière solaire, pas d’oxygène, une pression écrasante : et pourtant, ces micro-organismes prospèrent. Ils se nourrissent de fer et de soufre et se dispensent de photosynthèse.

Ces extrêmophiles, comme on les appelle, sont plus que de simples bizarreries biologiques. Cela a permis de développer cette hypothèse : si la vie peut se développer dans ce qui ressemble à une tombe antarctique, elle pourrait probablement se déployer dans les océans glacés d’Europe ou sous la surface martienne.

Le lac Vostok n’est pas un cas isolé. Les scientifiques ont découvert plus de 140 lacs sous la glace.

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Blood Falls est un glacier situé dans les vallées de McMurdo qui déverse des torrents rouge sang riches en fer. Ces torrents sont alimentés par des bactéries qui se nourrissent de métal et rejettent de la rouille. (Image : wikimedia / Zina Deretsky / US National Science foundation (NSF) & National Science Foundation/Peter Rejcek & USGS / Domaine public)

Blood Falls, ou cascades de sang , situées dans les vallées sèches de McMurdo, ce sont des cascades qui « jaillissent du glacier Taylor ». Cela ressemble à des torrents rouge sang, car ces trombes sont riches en fer, alimentées par des bactéries qui se nourrissent de métal et rejettent de la rouille. Cela pourrait faire penser à un film de science-fiction ou à un décor de film d’horreur. Cependant c’est un phénomène tout à fait naturel, bien que totalement déroutant.

Des sources de chaleur

L’Antarctique devrait être complètement gelé. Au lieu de cela, les radars ont révélé d’immenses cavités sous la glace, dont certaines sont assez grandes pour abriter des villes entières. Elles sont réchauffées par des sources de chaleur inexpliquées.

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
L’Antarctique devrait être complètement gelé. Mais, les radars ont révélé d’immenses cavités sous la glace réchauffées par des sources inexpliquées de chaleu. (Image : wikimedia / Stephen Hudson, CC BY-SA 3.0)

Il ne s’agit pas d’une activité volcanique normale. Cela ne correspond à aucun modèle géologique connu. Quelque chose sous terre pompe des millions de watts d’énergie, faisant fondre la glace à une vitesse que le changement climatique ne peut seul expliquer.

Officiellement, les scientifiques demeurent perplexes : « flux géothermique inconnu ». Officieusement, certains émettent l’hypothèse de l’existence de « réacteurs extraterrestres », de bases cachées ou de technologies anciennes enfouies dans la glace.

Nazis, OVNI et Opération Highjump

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En 1938, l’Allemagne nazie lança une expédition pour s’emparer de la Nouvelle-Souabe, la Neuschwabenland. Après la guerre, des rumeurs se sont répandues concernant des sous-marins disparaissant vers le Sud, refaisant surface en Argentine, ou peut-être ne refaisant pas surface du tout. (Image : wirestock / envato)

L’Antarctique ne se résume pas à des microbes et à de la glace. C’est aussi le lieu de certaines des conspirations les plus folles jamais fomentées.

En 1938, l’Allemagne nazie lança une expédition pour s’emparer de la Nouvelle-Souabe, la Neuschwabenland. Ils déposèrent des croix gammées sur 350 000 kilomètres carrés de territoire antarctique. Officiellement, ils recherchaient des stations baleinières. Officieusement ? Des rumeurs ont circulé sur l’existence de la « Base 211 », un repaire nazi secret où des technologies de pointe – peut-être même des « soucoupes volantes » – étaient développées.

Après la guerre, des rumeurs se sont répandues concernant des sous-marins disparaissant vers le Sud, refaisant surface en Argentine, ou peut-être ne refaisant pas surface du tout.

Les États-Unis n’ont pris aucun risque. En 1946, l’amiral Richard Byrd mena l’opération Highjump : 4 700 hommes, 13 navires, 33 avions, pour conduire ce qui a été nommé officiellement, un « exercice d’entraînement ». En réalité, c’était une expédition militaire de grande envergure qui prit fin brutalement après seulement huit semaines.

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
En 1946, l’amiral Richard Byrd a dirigé l’opération Highjump qui a été nommé officiellement, « exercice d’entraînement ». Mais, en réalité, c’était une expédition militaire de grande envergure qui a pris fin brutalement après seulement huit semaines. (Image : wikimedia / Byrd Antarctic Expedition / Domaine public)

L’amiral Byrd a ensuite parlé de manière énigmatique d’« objets capables de voler d’un pôle à l’autre à des vitesses incroyables ». Les théoriciens du complot ont émis diverses hypothèses, allant jusqu’à affirmer qu’il a rencontré des OVNI hostiles ou qu’il a été escorté jusqu’à la Terre creuse par de grands extraterrestres blonds dans des chambres ornées de croix gammées.

Cela paraît insensé. Mais le fait est que l’Opération Highjump a bien existé. Elle s’est bel et bien terminée brutalement. Et pendant la mission, les pilotes ont révélé ce que l’on appelle l’Oasis de Bunger – une vaste zone libre de glace avec des lacs d’eau liquide et d’algues, décrite par l’amiral Byrd lui-même comme « semblant provenir d’une autre planète ».

Signaux étranges et formes pyramidales

En zoomant sur Google Earth, l’Antarctique révèle des formes étranges. Des pics triangulaires ressemblant à des pyramides, hauts de 70 mètres, aux côtés trop droits pour être naturels. Des grottes creusées dans la glace qui ressemblent à des entrées.

Autre élément décrit. Des personnes publient des coordonnées, mais lorsque d’autres les vérifient, les images deviennent mystérieusement floues ou sont supprimées.

Par ailleurs, l’expérience ANITA, pour Antarctic Impulsive Transient Antenna, a détecté des signaux radio provenant de sous la glace : des signaux qui ne devraient pas exister. Ces signaux violent les lois de la physique des particules telles que nous les comprenons.

Alors, sommes-nous en présence d’anomalies naturelles ? Ou de traces de ce que les gouvernements préféreraient nous cacher ? Toutes les hypothèses peuvent être émises !

L’hypothèse de la Terre creuse

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La théorie la plus tenace sur l’Antarctique est celle de la Terre creuse : l’idée que d’immenses ouvertures mènent à un monde intérieur habitable. Le « journal secret » de l’amiral Byrd alimenterait ce mythe. (Image : GreensandBlues / envato)

La théorie la plus tenace sur l’Antarctique est celle de la Terre creuse : l’idée que d’immenses ouvertures aux pôles mènent à un monde intérieur habitable. Des anciennes cultures, allant des Grecs anciens aux bouddhistes tibétains, ont imaginé des royaumes souterrains comme Hadès ou Agartha.

Le « journal secret » de l’amiral Byrd alimenterait ce mythe. Il décrit des paysages luxuriants à l’intérieur de la Terre et des conseils provenant d’êtres évolués.

La plupart des scientifiques rejettent catégoriquement cette théorie. Est-ce que ce sont des lacunes dans les données satellitaires aux pôles ou simplement des limitations orbitales ? Ou encore des aurores boréales et des anomalies de boussole ? Ou simplement des bizarreries magnétiques ?

Pour les plus passionnés, l’Antarctique serait la porte d’entrée verrouillée vers un autre monde. Car pourquoi les gouvernements protègeraient-ils l’Antarctique de manière aussi rigoureuse ?

Laissons de côté les extraterrestres, les nazis …, et penchons-nous sur une économie froide et impitoyable.

L’Antarctique abriterait environ plus de 500 milliards de barils de pétrole et près de 500 milliards de tonnes de gaz. Ce continent possède d’importants gisements de charbon, des terres rares essentielles à l’électronique … et 70 % de l’eau douce de la planète, emprisonnée dans la glace.

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
L’Antarctique abriterait environ plus de 500 milliards de barils de pétrole et près de 500 milliards de tonnes de gaz. Ce continent possède d’importants gisements de charbon, des terres rares essentielles à l’électronique… et 70 % de l’eau douce de la planète, emprisonnée dans la glace. (Image : ShaneFreer / envato)

Fort de ces ressources, il ne semble pas étonnant que les gouvernements veulent exclure tout le monde de ce continent.

En 1991, le Protocole de Madrid interdisait toute exploitation minière en Antarctique jusqu’en 2048. C’est-à-dire dans seulement 23 ans. Lorsque le traité sera révisé, il suffira de 75 % des signataires pour ouvrir les vannes. Alors, les nations se bousculent-ils peut-être déjà pour se positionner ?

La Chine est passée de zéro à cinq bases antarctiques en quelques décennies. Les États-Unis exploitent trois stations permanentes. La Russie en entretient plusieurs autres. Et la plus grande, la station McMurdo, n’est pas gérée par des biologistes spécialistes des manchots, mais par Raytheon, un sous-traitant de la défense surtout connu pour ses systèmes de missiles.

La forteresse Antarctique

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Voici ce que la plupart des gens ne comprennent pas : la véritable forteresse de l’Antarctique n’est pas militaire. Elle est légale. Pour visiter l’Antarctique, il ne suffit pas d’avoir de l’argent. Il faut des permis, une assurance, des évaluations environnementales et l’approbation de l’Association internationale des voyagistes de l’Antarctique. (Image : Mint_Images / envato)

Voici ce que la plupart des gens ne comprennent pas : la véritable forteresse de l’Antarctique n’est pas militaire. Elle est légale.

Sept pays revendiquent des parts de l’Antarctique : l’Argentine, l’Australie, le Chili, la France, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Royaume-Uni. Leurs revendications se chevauchent, mais le Traité sur l’Antarctique gèle les différends. Personne n’est officiellement « propriétaire » de l’Antarctique, mais ceux qui ont très tôt revendiqué la « propriété peuvent se comporter comme des propriétaires ».

Pour visiter l’Antarctique, il ne suffit pas d’avoir de l’argent. Il faut des permis, une assurance, des évaluations sur les répercussions environnementales et l’approbation de l’Association internationale des voyagistes de l’Antarctique. Et même dans ce cas, seuls des contingents de 100 touristes, placés sous une haute surveillance, peuvent débarquer, sur des sites pré-approuvés.

Essayez d’organiser votre propre expédition et vous vous heurterez à un mur bureaucratique. Il peut être plus difficile d’accéder à l’Antarctique que de rentrer en Corée du Nord.

La défense environnementale

Bien sûr, il existe un contre-argument rationnel.

L’Antarctique n’est pas une simple masse continentale. C’est un système de régulation climatique de la planète. Si sa glace fond, le niveau de la mer augmentera de façon catastrophique. Ses écosystèmes sont fragiles : une seule empreinte peut persister pendant des décennies. L’introduction d’une espèce non indigène, même une bactérie, pourrait anéantir des communautés isolées vieilles de plusieurs millions d’années.

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
L’Antarctique n’est pas une simple masse continentale. C’est le système de régulation climatique de la planète. Ses écosystèmes sont fragiles. L’introduction d’une espèce non indigène, même une bactérie, pourrait anéantir des communautés isolées vieilles de plusieurs millions d’années. (Image : ToastedPictures / envato)

Ajoutez à cela le danger : des températures de -40 °C, des vents de 320 km/h, des tempêtes qui durent des semaines et aucune possibilité de sauvetage. Même les professionnels y meurent régulièrement.

Alors, peut-être que les restrictions n’ont rien à voir avec l’existence d’extraterrestres ou l’exploitation du pétrole ? Peut-être visent-elles simplement à empêcher de ruiner la dernière frontière vierge ? Qui sait ?

Un avenir verrouillé

L’Antarctique : ce coffre-fort glacé placé sous haute surveillance
En 1991, le Protocole de Madrid interdisait toute exploitation minière en Antarctique jusqu'en 2048. D’ici là, l’Antarctique reste le dernier « coffre-fort » du monde. La véritable conspiration n’est peut-être pas ce qui se trouve là-dessous, elle serait de se pencher sur qui a le pouvoir de décider. (Image : ToastedPictures / envato)

Voici ce qui est indéniable :

  • L’Antarctique recèle des ressources inimaginables.
  • L’Antarctique est un enjeu géopolitique stratégique.
  • L’Antarctique est enveloppé de secrets, de bureaucratie et d’images satellite floues.
  • En 2048, le traité qui protège ce continent pourrait ne plus remplir ce rôle.

D’ici là, l’Antarctique reste le dernier « coffre-fort » du monde. Qu’il abrite des technologies extraterrestres, des bunkers nazis ou simplement le dernier gisement pétrolier inexploité de la planète, personne n’y entre sans autorisation.

Et c’est peut-être là la véritable conspiration : ce n’est pas ce qui se trouve là-dessous qui devrait compter. Mais peut-être se pencher sur qui a le pouvoir de décider.

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Antarctica: The World’s Last Locked Box
www.nspirement.com

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