Né des jeux de cavalerie devenus spectacles de cour, le carrousel s’est mué au XIXᵉ siècle en manège moderne grâce à la vapeur et à l’ingénierie britannique. Porté ensuite par des maîtres comme Dentzel et Looff aux États-Unis, il demeure un rite familial lumineux et reste un patrimoine vivant et joie partagée.

Des balançoires byzantines, ancêtre du carrousel ?
Bien avant les chevaux sculptés, on trouve déjà l’idée d’une sorte de carrousel avec des paniers suspendus à des bras autour d’un mât central que l’on faisait tourner. D’après le site carousels.org, cette sorte de balançoire circulaire de l’époque byzantine du VIᵉ siècle serait l’ancêtre du carrousel.

L’ancêtre des carrousels aurait-il une origine militaire ?
Pour entraîner leur habileté à la guerre, le site smithsonianmag.com explique qu’au XIIe siècle, les cavaliers arabes et turcs tournaient en rond sur leurs chevaux. Ils visaient leurs adversaires avec des boules parfumées. Le cavalier qui ratait la passe finissait parfumé des pieds à la tête. Mais de quel parfum s’agissait il ?
Cet exercice de dextérité a frappé les Européens présents. Ils ont rapporté cet entraînement dans leur royaume et l’ont transformé un peu . Au lieu de boule parfumée, il s’agit de lancer des anneaux sur des piques tout en galopant en cercle.
Une nouvelle transformation se produit lorsque Louis XIV crée un spectacle de cour en 1662 à l’occasion de la naissance de son fils. Cette fête fut tellement impressionnante qu’elle a donné son nom à la Place du Carrousel (près du Louvre).
Début des chevaux de bois
Pour s’entraîner sans épuiser de vrais chevaux, le site carousels.org explique que les cavaliers prennent place sur des chevaux en bois suspendus à un mât central par des chaînes. Peu à peu, ces jeux sont adoptés dans les foires d’Europe centrale. Souvent sans plateforme et les montures pendues à des chaînes volent sous l’effet de la force centrifuge.

La bascule technologique du XIXᵉ siècle
Au XIXᵉ siècle, le carrousel se dote d’une plateforme circulaire sur laquelle sont fixés les chevaux de bois peints, ainsi que d’autres animaux et chars venus enrichir le manège. En 1861, Thomas Bradshaw présente le premier carrousel à vapeur (Bolton/Pot Market). Ceci permet enfin des rotations régulières et puissantes. La technologie est brevetée en 1863.
Puis les améliorations défilent au fil des ans. En 1880, à King’s Lynn, l’ingénieur Frederick Savage ajoute des engrenages et des bielles décalées qui permettent le mouvement haut-bas des gallopers (chevaux galopants). Les foires s’équipent d’orgues mécaniques. Puis l’électricité arrive et éclaire les carrousels de mille feux . Vous pouvez découvrir ce carousel au musée Lynn Museum.
Le site carousels.org relève cette anecdote : au Royaume-Uni, les carrousels tournent le plus souvent dans le sens horaire alors qu’en Amérique du Nord et sur le continent, ils tournent dans l’autre sens. Un marqueur culturel que remarquent les amateurs.
Quand l’Amérique industrialise l’enchantement
Aux États-Unis, l’essor des carrousels est fulgurant. En 1871, William Schneider obtient un brevet américain. Cet événement est à l’origine du National Carousel Day, célébré chaque 25 juillet.

Très vite, trois grandes écoles de sculpture émergent. Elles sont portées par des immigrés artisans-entrepreneurs. Le style Coney Island, né à New York, se distingue par son côté spectaculaire. Les chevaux aux poses dynamiques sont richement ornés de « bijoux » et de miroirs. C’est le style de Charles I. D. Looff (né au Danemark où il était ébéniste). Arrivé aux États-Unis en 1870, il installe son premier carrousel à Coney Island en 1876. Puis il exporte son style et laisse des chefs-d’œuvre, notamment à Crescent Park (1895) et Spokane (1909).

Le style Philadelphia, initié par l’allemand Gustav Dentzel, se caractérise par un naturalisme élégant, avec une ménagerie variée allant des girafes aux félins.
Enfin, le style Country Fair, plus simple et robuste, est pensé pour les foires itinérantes par Herschell, Parker et d’autres. C’est aussi en Amérique qu’est née la célèbre quête de l’anneau en laiton (brass ring), C'est une bague à attraper depuis les chevaux de la rangée extérieure, devenue une tradition ainsi qu’une expression populaire, signifiant « saisir sa chance ».

Ce que le carrousel apporte aux familles et pourquoi on l’aime
Le carrousel reste inclusif. Sa musique réconfortante, ses banquettes pour les plus prudents et un accès PMR sur de nombreux sites en font une attraction pour tous. Il crée un rituel intergénérationnel et transmet un patrimoine vivant. En somme, un loisir doux qui fabrique des souvenirs heureux, hier comme aujourd’hui.
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