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Histoire. L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance (1/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Quand on parle d’une impératrice ou d’une concubine dans l’histoire de la Chine, on pense souvent aux drames de la cour chinoise qui racontent les luttes entre les concubines et l’impératrice. Selon ces drames, l’impératrice est souvent la plus rusée de toutes, alors qu’en réalité, de nombreuses impératrices ont joué un rôle positif ou ont eu une grande influence positive dans l’histoire réelle de la Chine, dont l’impératrice Zhangsun (長孫皇后, 15 mars 601 - 28 juillet 636) de la dynastie Tang.

L’impératrice Zhangsun, une impératrice vertueuse

L’empereur Tang Taizong nommait des personnes vertueuses en tant que ministres, acceptait les conseils avec un esprit ouvert, traitait les gens du peuple comme des fils et ne faisait pas de distinction entre le peuple Han et les minorités ou les étrangers. Son règne fut l’une des périodes les plus prospères de l’histoire chinoise. Cependant, si l’empereur Tang Taizong a connu un tel succès, son impératrice, l’impératrice Zhangsun, a également joué un rôle très important.

On l’a souvent décrite comme « capable de se battre à cheval et d’élaborer des stratégies militaires ». Devenue impératrice de la dynastie Tang après l’accession au trône de l’empereur Taizong, elle a recueilli et commenté les succès et les échecs des concubines de la dynastie précédente, rédigeant un livre contenant dix chapitres (aujourd’hui perdus) portant le nom Les règles morales des femmes (女則).

En 636, soit la dixième année du règne de l’empereur Tang Taizong, l’impératrice Zhangsun est décédée. Une servante du palais a apporté le livre Les règles morales des femmes à l’empereur. Après l’avoir lu, l’empereur Taizong pleura et dit à ses ministres : « On se souviendra de ce livre de l’impératrice pour les générations à venir. » Et il ordonna qu’il soit imprimé et distribué.

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
Le livre de l’impératrice Zhangsun est devenu un incontournable pour les courtisanes. (Image : wikimedia / Zhou Wenju / Domaine public)

Si l’impératrice Zhangsun a écrit ce livre, elle ne cherche pas à se faire valoir, mais à corriger ses propres paroles et comportements, et cela a profondément touché l’empereur Tang Taizong. On raconte qu’après sa mort, l’empereur Taizong était si affligé qu’il avait l’impression d’avoir perdu un bon ministre, il n’a jamais choisi une nouvelle impératrice.

Après la disparition de l’impératrice Zhangsun, son livre s’est tellement répandu qu’il est devenu un livre indispensable pour l’éducation des concubines de la cour jusqu’à la dynastie Qing (1644–1912), ce qui montre à quel point ce livre était influent. Face à une impératrice si aimante et vertueuse, sa vie et son riche univers intime valent la peine d’être explorés.

Servir ses beaux-parents avec la plus grande sincérité et piété filiale

L’impératrice Zhangsun est issue d’une famille de hauts fonctionnaires, du clan Tuoba, un clan parmi les populations turques des Xianbei. Dès sa plus tendre enfance, elle a reçu une éducation complète et orthodoxe, qui a nourri ses traits de caractère : bien élevée et polie, vertueuse et douce, intègre et bienveillante.

À l’âge de treize ans, elle épouse Li Shimin, âgé de dix-sept ans, le futur empereur Tang Taizong. Malgré son jeune âge, elle était déjà capable de remplir ses devoirs de femme, de servir sa belle-famille et d’élever ses enfants. Li Shimin était jeune et talentueux, un bon lettré et un bon guerrier. Pour achever l’unification de la dynastie Tang, il menait le combat au nord et au sud, et Zhangsun était toujours à ses côtés, prenant soin de lui, lui apportant beaucoup de réconfort. Après que le père de Li Shimin, Li Yuan, a établi la dynastie Tang, Zhangsun a été nommée dauphine du prince Qin (Li Shimin).

En 626, Li Yuan abdique le trône au profit de Li Shimin, qui devient l’empereur Taizong de la dynastie Tang et fait de Zhangsun l’impératrice. Sans être orgueilleuse, arrogante ou présomptueuse, elle gardait les vertus, la sagesse et la frugalité, tout en étant respectueuse et attentive à son beau-père, le précédent empereur Li Yuan. Elle rappelait chaque jour aux courtisanes de son entourage comment s’occuper de l’ancien empereur, telle une belle-fille exemplaire d’une famille ordinaire.

Prendre soin des autres concubines avec bienveillance

L’impératrice Zhangsun était très compatissante et aimante envers les concubines. Au lieu de rivaliser pour obtenir des faveurs, elle a conseillé à l’empereur Tang Taizong de traiter chaque concubine de manière équitable. Elle accordait davantage de faveurs aux enfants des concubines qu’à ses propres enfants et se chargeait même d’envoyer des médicaments aux concubines lorsqu’elles étaient malades, si bien que tout le monde l’aimait au palais.

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
L’impératrice Zhangsun prenait soin des autres concubines. (Image : wikimedia / National Palace Museum / Domaine public)

Grâce à sa générosité et à sa discrétion, l’impératrice Zhangsun parvenait à inciter discrètement les concubines à bien se comporter. Bien que sa famille soit influente et qu’elle soit désormais propriétaire de toute la Chine, elle a continué à mener une vie frugale et simple, sans vêtements, repas ou célébrations extravagants, créant ainsi un climat de sobriété dans le palais, conformément à la politique de l’empereur Tang Taizong.

Rester à l’écart de la politique et proposer les conseils au bon moment

L’action politique la plus influente de l’impératrice Zhangsun consistait à interdire à ses proches d’accéder au pouvoir par le biais de liens de parenté ou d’amitié. Son frère cadet, Zhangsun Wuji, s’était lié d’amitié avec l’empereur Tang Taizong dès son plus jeune âge et l’avait suivi jusqu’à la fin de sa vie, accomplissant de grandes réalisations. Cependant, étant donné que sa sœur était l’impératrice, il refusait de prendre des postes au sein du gouvernement.

Lorsque l’empereur Taizong a voulu nommer Zhangsun Wuji premier ministre, l’impératrice Zhangsun a répondu : « Je suis responsable devant la cour impériale et je ne veux pas que mon frère occupe un poste important à la cour ni que ma famille devienne le porte-parole du gouvernement. Nous devons tirer les leçons de l’exemple de l’impératrice Lu de la dynastie Han. J’espère que Votre Majesté ne nommera pas mon frère au poste de Premier ministre. »

Taizong n’était pas d’accord. Il a fait valoir que Zhangsun Wuji avait été choisi comme premier ministre en raison de ses mérites et de ses talents, et que l’empereur Taizong « nomme les fonctionnaires en fonction de leurs mérites, sans tenir compte de leurs origines ». Zhangsun Wuji a compris les bonnes intentions de sa sœur et n’a pas voulu être premier ministre.

Taizong n’a pas eu d’autre choix que de nommer Zhangsun Wuji ministre civil, un poste certes prestigieux, mais sans réel pouvoir. Mais Zhangsun Wuji voulait encore démissionner, affirmant : « Je suis un proche de l’impératrice, et si je suis nommé à un poste élevé, je crains que les gens vous accusent de favoriser les proches de Votre Majesté ».

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
Zhangsun Wuji, le frère de l’impératrice Zhangsun. (Image : wikimedia / See page for author / Domaine public)

L’empereur Taizong a répondu : « Je choisis les fonctionnaires en fonction de leurs talents. Si la personne n’a pas de talent, même si elle est proche de moi, je ne l’utiliserai pas. Si la personne a du talent, je ne la refuserai pas même si elle est mon ennemie ou si elle a une querelle avec moi, comme dans le cas de Wei Zheng, l’ancien chancelier. Ce que je vous propose aujourd’hui n’est pas un privilège personnel ». Ainsi, Zhangsun Wuji a accepté la nomination.

Rédacteur Jessica Wang

À suivre...

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