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Histoire. L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance (2/2)

CHINE ANCIENNE > Histoire

Quand on parle d’une impératrice ou d’une concubine dans l’histoire de la Chine, on pense souvent aux drames de la cour chinoise qui racontent les luttes entre les concubines et l’impératrice. Selon ces drames, l’impératrice est souvent la plus rusée de toutes, alors qu’en réalité, de nombreuses impératrices ont joué un rôle positif ou ont eu une grande influence positive dans l’histoire réelle de la Chine, dont l’impératrice Zhangsun (長孫皇后, 15 mars 601 - 28 juillet 636) de la dynastie Tang.

La sagesse hors du commun de l’impératrice Zhangsun

L’impératrice Zhangsun avait compris les grands principes à respecter dans la vie et elle était très estimée par l’empereur Tang Taizong. Cependant, elle n’intervenait pas dans les affaires de l’État en sa qualité particulière. À l’empereur Tang Taizong, elle n’a donné que des conseils mûrement réfléchis, notamment celui de prévenir le danger en temps de paix et de prêter l’oreille à de sages conseils. Mais elle ne faisait référence qu’à des principes, sans entrer dans les détails. Ainsi, elle a gagné le respect de Tang Taizong qui les a pris à cœur.

En ce qui concerne la nomination des ministres et la prise en compte des conseils, l’empereur Taizong a grandement bénéficié des suggestions de l’impératrice Zhangsun. L’empereur Taizong disait souvent à ses fonctionnaires : « Pour s’habiller correctement, un homme doit utiliser un miroir, pour connaître ses défauts, un empereur doit compter sur ses conseillers francs et loyaux. » L’impératrice Zhangsun a joué un rôle déterminant dans l’ouverture d’esprit de l’empereur Tang Taizong face aux conseils des ministres, notamment ceux de Wei Zheng, conseiller de l’empereur Taizong.

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
Wei Zheng, conseiller de l’empereur Tang Taizong. (Image : wikimedia / See page for author / Domaine public)

L’empereur Tang Taizong était un passionné de chasse. Un jour, il était accompagné d’un groupe de gardes et, alors qu’il s’apprêtait à partir à la chasse, il a rencontré Wei Zheng. Wei Zheng s’est enquis de la situation et a dit à l’empereur Taizong : « Nous sommes au milieu du printemps, alors que tout est en train de germer et que les animaux et les oiseaux sont encore jeunes, ce n’est pas propice à la chasse, Votre Majesté, veuillez s’il vous plaît y réfléchir. » Mais Tang Taizong tenait toujours à cette chasse, alors que Wei Zheng refusait de les laisser partir en leur barrant la route.

Furieux, l’empereur Taizong est revenu au palais, contrarié, et jurant : « Je vais exécuter ce paysan dès que l’occasion se présentera. » L’impératrice Zhangsun a vite demandé à l’empereur Taizong qui il voulait tuer, et celui-ci a répondu : « Wei Zheng m’a toujours critiqué et humilié devant les ministres, et il n’a aucune pitié pour moi. »

À ces mots, l’impératrice Zhangsun est retournée calmement dans sa chambre pour mettre sa robe de cérémonie avant de revenir solennellement vers l’empereur Tang Taizong, s’inclinant devant lui en disant : « Félicitations, Votre Majesté ! Félicitations, Votre Majesté ! »

L’empereur Tang Taizong demanda avec surprise : « Pourquoi êtes-vous si solennelle ? » Et l’impératrice d’expliquer : « J’ai entendu dire que les fonctionnaires francs ne peuvent exister que si le souverain est sage et saint. Si Wei Zheng est si intègre aujourd’hui, c’est que Votre Majesté est sage et sainte, et je vous en félicite. » L’empereur Taizong, étonné, trouva que les propos de l’impératrice étaient censés, et sa colère s’est transformée en joie.

La tolérance exceptionnelle de l’impératrice Zhangsun

Dès leur jeune âge, Zhangsun Wugou, la future impératrice Zhangsun, et son frère Zhangsun Wuji ont été chassés de la maison par leur demi-frère Zhangsun Anye, après la disparition de leur père. Plus tard, lorsque Zhangsun Anye a été impliqué dans une rébellion contre Tang Taizong et condamné à mort, l’impératrice Zhangsun a demandé à l’empereur d’être magnanime.

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
L’impératrice Changsun a supplié l’empereur Tang Taizong de ne pas tuer son demi-frère. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0 / @www.npm.gov.tw

Elle a expliqué à l’empereur que son demi-frère avait été certes sans pitié avec elle et son frère dans le passé, mais aujourd’hui elle était impératrice. Si l’empereur tuait son demi-frère, les gens pourraient croire que c’est l’impératrice qui se vengeait de son demi-frère, grâce à son statut, et cela risquerait de ternir l’image de l’empereur. Finalement,Tang Taizong a pardonné au demi-frère de l’impératrice. Cela montre l’extraordinaire tolérance et la générosité de l’impératrice Zhangsun, ainsi que son bon cœur pour l’empereur, son mari.

Une vie frugale et simple jusqu’à sa disparition

L’impératrice Zhangsun était une personne frugale et n’a jamais fait d’extravagance dans sa consommation de biens. Lorsqu’elle assistait l’empereur Tang Taizong, elle se montrait juste et sage, toujours à penser aux autres, cédant souvent le bien à autrui, gardant les difficultés pour eux-mêmes, et elle gagnait l’admiration de tout le monde au palais. Tous pensaient que c’était un honneur de pouvoir faire les choses selon ses instructions, et la nourrice du prince héritier, Dame Sui An, en était l’exemple.

Lorsque Li Chengqian, fils aîné de l’empereur Tang Taizong et de l’impératrice Zhangsun, a été nommé prince héritier, sa vie quotidienne et ses affaires ont été confiées à Dame Sui An. À cette époque, le palais avait adopté un système de dépenses frugales, et le prince héritier ne faisait pas exception à la règle. Cependant, il avait souvent l’impression de ne pas avoir assez d’argent pour joindre les deux bouts. Dame Sui An se plaignit à l’impératrice : « Le prince héritier devrait être financé par tout le monde, mais aujourd’hui, ses dépenses sont limitées et tous ses biens sont en piteux état. » Dame Sui An a demandé à plusieurs reprises une augmentation du budget princier.

Mais l’impératrice Zhangsun n’a pas brisé le système simplement parce que le prince héritier était son fils préféré : « En tant que prince héritier, il a un long avenir devant lui, et il devrait s’inquiéter du manque de vertu ou de prestige. Alors comment pourrait-il s’inquiéter du manque de biens et du budget ? » Dame Sui An était tellement impressionnée par la réponse de l’impératrice qu’elle a suivi ses ordres.

En 634, huitième année du règne de l’empereur Tang Taizong, l’impératrice Zhangsun accompagnait ce dernier pour visiter le palais Jiucheng. En chemin, elle a pris froid, ce qui a déclenché une ancienne maladie et son état s’est aggravé.

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance
En 634, l’impératrice Zhangsun est tombée malade pendant la visite au palais Jiucheng. (Image : Musée National du Palais de Taïwan / @CC BY 4.0 / @www.npm.gov.tw)

Le prince héritier a proposé de décréter une amnistie générale ou d’inciter les gens à devenir croyants afin de prier pour le bien-être de sa mère. Mais l’impératrice a refusé : « Une amnistie générale est un événement important pour notre empire, gracier des prisonniers porterait atteinte au système, alors ne bousculez pas les lois pour moi. Les religions bouddhistes et taoïstes ont leurs propres règles. La mort et la vie sont déterminées par le destin, la richesse et l’honneur sont entre les mains du Ciel, et la durée de vie est indépendante de la volonté de chacun. » Tout au long de sa vie, elle n’a pas laissé ses propres affaires affecter les affaires d’État.

Deux années plus tard, alors que l’impératrice Zhangsun était mourante, elle a dit à Taizong de toutes ses forces : « Ma famille n’a rien fait pour le pays, mais c’est seulement grâce à mon mariage avec l’empereur que je suis devenue célèbre. Puisque je souhaite maintenir à jamais la réputation et le prestige de ma famille, je demande à Votre Majesté de ne permettre à aucun de mes proches d’occuper des postes importants à la cour, à l’avenir. Voici ma plus grande requête à Votre Majesté : comme je n’ai pas contribué au pays durant ma vie, je voudrais être enterrée sans funérailles prestigieuses après ma mort. Enterrez-moi seulement au pied d’une montagne, sans cercueil, sans tombeau, et avec tous les objets funéraires en bois et en tuiles. Des funérailles frugales et simples seraient le plus grand hommage de Votre Majesté à mon égard. »

L’impératrice Zhangsun, respectée dans l’histoire de la Chine pour sa sagesse et sa tolérance

Cependant, l’empereur Tang Taizong n’a pas suivi les souhaits de l’impératrice Zhangsun pour ses funérailles. Il a ordonné la construction du tombeau de Zhaoling et a fait ériger un kiosque dans le tombeau pour que l’âme de l’impératrice puisse contempler le paysage à tout moment depuis les hauteurs.

Au cours de sa courte vie de 36 ans, l’impératrice Zhangsun a non seulement suscité l’admiration de la Chine entière à l’époque, mais elle a également donné l’exemple aux futures générations d’épouses et de mères par son caractère vertueux et ses actes de compassion désintéressés.

Rédacteur Jessica Wang

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