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Monde. Les États-Unis contrent l’influence chinoise en Amérique du Sud

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Les États-Unis veulent contrer l’influence chinoise en Amérique du Sud. (Image : Maxpixels / CC0 1.0)
 

Pendant des décennies, les États-Unis ont été la principale source d’influence en Amérique du Sud. Cette hégémonie est remise en cause par le régime chinois, qui est en train d’étendre sa propre sphère d’influence sur le continent. En réponse, l’administration Trump a lancé le programme America Crece, qui vise à contrer le soft power chinois et à maintenir la proximité avec l’Amérique du Sud.

Se rapprocher de l’Amérique du Sud

L’initiative America Crece vise à catalyser les investissements du secteur privé en Amérique du Sud afin de promouvoir une création d’emplois et une croissance économique plus rapides. Washington veut s’assurer que l’investissement privé est compétitif et transparent tout en étant conforme aux meilleures pratiques internationales. L’America Crece se concentre principalement sur les projets d’infrastructure dans des domaines tels que les télécommunications, l’énergie, les aéroports, les ports et les routes. Le programme travaille en étroite collaboration avec les gouvernements locaux, les associations d’entreprises, les groupes de la société civile et les institutions régionales.

Il propose également d’accueillir des tables rondes au sein des entreprises, mais aussi entre les entreprises et les gouvernements, de réaliser des études de faisabilité commerciale, de soutenir le financement de projets, de partager les meilleures pratiques pour stimuler le climat d’investissement, et de soutenir des missions commerciales et des voyages d’étude. Les agences américaines participant à l’initiative incluent l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’Agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA), l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et divers départements d’État, du Trésor et du commerce.

Quelques 300 millions de dollars ont été accordés à une compagnie pétrolière et gazière en argentine. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Quelques 300 millions de dollars ont été accordés à une compagnie pétrolière et gazière en argentine. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

Lors d’une récente visite au Guyana et au Suriname, deux pays où de vastes gisements de pétrole viennent d’être découverts en mer, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré qu’aucune opération d’État ne peut égaler la qualité des services et des produits des entreprises privées américaines. Il a souligné que, bien que séduisants au premier abord, les investissements apportés par le Parti communiste chinois (PCC) finissent par être un casse-tête lorsque les coûts politiques liés à ces investissements deviennent évidents. Les entreprises chinoises ont investi plus de 123 milliards de dollars en Amérique du Sud depuis 2005. Au cours de cette période, les banques chinoises ont accordé près de 137 milliards de dollars au pays. Dans le cadre de l’initiative BRI, des entreprises chinoises ont remporté d’importants projets de transport, d’exploitation minière et d’énergie dans la région et 19 pays d’Amérique du Sud ont conclu des accords avec Pékin.

Par le biais de l’America Crece, les États-Unis ont déjà commencé à canaliser des investissements dans la région, en signant des protocoles d’accord avec les gouvernements de Colombie, d’Argentine, de Jamaïque, du Chili, du Panama et du Salvador. Parmi les principaux prêts accordés dans le cadre de l’initiative America Crece, citons le prêt d’1 milliard de dollars au Salvador pour la construction d’un projet comprenant une centrale électrique au gaz naturel, une unité flottante d’importation de GNL et une ligne de transmission de 44 kilomètres. Un prêt de 300 millions de dollars a également été accordé à Vista, une compagnie pétrolière et gazière en argentine.

« Il est clair que America Crece est la réponse de l’Amérique à la BRI. Mike Pompeo a constamment critiqué ce qu’il considère comme des conditions onéreuses assorties aux prêts chinois pour les infrastructures... A l’intérieur de la Chine, un certain nombre d’universitaires considèrent le programme America Crece comme une tentative des Etats-Unis de réaffirmer leur contrôle sur l’Amérique du Sud en tant que zone d’influence unique - une nouvelle version de la doctrine Monroe », a déclaré Rob Soutar, directeur de la rédaction de Dialogo Chino, un site web spécialisé dans les relations entre la Chine et l’Amérique du Sud, au Guardian.

Propagande autour de la pandémie

L’épidémie de Covid-19 fait des ravages en Amérique du Sud, la région comptant le plus grand nombre de nouveaux cas. Pékin a pris conscience de la vulnérabilité des pays d’Amérique du Sud et a rapidement réagi pour tirer parti de la situation en offrant une « aide » à ces nations, sous forme d’une assistance technique, de dons de fournitures et d’équipements médicaux, etc. Les ambassadeurs chinois ont également renforcé leur présence sur les réseaux sociaux, diffusant des histoires sur la coopération entre la Chine et l’Amérique du Sud. Pékin aurait proposé d’accorder un milliard de dollars de prêts à ces nations pour l’achat d’un vaccin fabriqué en Chine, dès qu’il sera disponible.

La Chine utilise la pandémie de Covid-19 pour renforcer son influence en Amérique du Sud. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
La Chine utilise la pandémie de Covid-19 pour renforcer son influence en Amérique du Sud. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

Ce n’est pas uniquement le gouvernement chinois ou les entreprises soutenues par l’État chinois qui courtisent de façon agressive l’Amérique du Sud. Certaines entreprises privées le font aussi. Jack Ma, le fondateur du groupe chinois Alibaba, a fait don de 104 ventilateurs, 400 000 kits de test et 2 millions de masques à 24 nations sud-américaines. Huawei a aussi offert sa participation en offrant des capacités d’IA (intelligence artificielle) pour l’analyse des cas de Covid-19.

Rédacteur Fetty Adler

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