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Chine. Un camp du Xinjiang soupçonné de prélèvements forcés d’organes

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Les militants ouïghours craignent qu’un ancien hôpital du Xinjiang ne soit utilisé par le régime chinois pour prélever des organes sur les détenus des camps de concentration. (Image : pixabay / CC0 1.0)

Un ancien hôpital de la ville d’Aksu, dans la région du Xinjiang, dédié auparavant à la lutte contre les maladies infectieuses, aurait été transformé en camp d’internement. Les militants ouïghours craignent que le camp ne soit utilisé par le régime chinois pour le prélèvement d’organes sur les détenus.

Prélèvements d’organes

Bahtiyar Omar, le directeur de la base de données sur la justice transitionnelle ouïghoure (UTJD), basée en Norvège, a fait analyser des images de Google Earth montrant la construction de camps et d’usines en dehors de la préfecture d’Aksu entre 2017 et 2019. Ces camps font partie d’un vaste réseau d’installations similaires dans la région du Xinjiang où les autorités régionales auraient détenus plus d’un million d’Ouïghours et d’autres minorités musulmanes depuis le début de 2017. En raison d’une surveillance internationale croissante, les autorités ont commencé à envoyer des détenus travailler dans des usines voisines dans le cadre d’une stratégie visant à qualifier les camps de « centres professionnels ».

Selon Bahtiyar Omar, l’un des deux camps a été construit sur le site qui abritait auparavant l’hôpital municipal d’Aksu dédié aux maladies infectieuses. « Si je mets les coordonnées sur une carte, je peux voir que (l’hôpital et le camp) sont situés sur le même site... Les bâtiments de l’hôpital d’origine étaient les seuls à se trouver là en 2003. C’était un vieil hôpital, qui avait une histoire de plus de 20 ans. Mais maintenant, vous pouvez voir qu’il y a eu beaucoup de constructions (depuis 2017) », a-t-il déclaré à Radio Free Asia.

Bahtiyar Omar avait également signalé des images montrant un grand cimetière situé à moins d’un kilomètre des camps. En 2017, un « corridor vert » a été construit pour le transport rapide d’organes humains à l’aéroport d’Aksu, situé à proximité. Selon Ethan Gutmann, membre de la Fondation du Mémorial des victimes du communisme, basée à Washington, la combinaison des camps de détention, du corridor vert et de l’infrastructure hospitalière existante laisse entrevoir la possibilité que Pékin prélève en fait des organes sur les Ouïghours du Xinjiang. Il note également que l’ensemble des infrastructures accélère le système de prélèvement et de transport des organes, ce qui signifie que ces activités peuvent générer davantage de profits. Les « touristes d’organes » étrangers paient souvent plus cher que les locaux pour les transplantations. Ethan Gutmann estime que la valeur totale pour un seul détenu - incluant son cœur, son foie, ses poumons et ses reins - pourrait être d’environ 750 000 dollars.

Le cœur, les reins, les poumons et le foie d’une personne peuvent se vendre pour un total allant jusqu’à 750 000 dollars. (Image: Pixabay/ CC01.0)
Le cœur, les reins, les poumons et le foie d’une personne peuvent se vendre pour un total allant jusqu’à 750 000 dollars. (Image: Pixabay/ CC01.0)

Au Royaume-Uni, l’avocat international des droits de l’homme, Sir Geoffrey Nice, a récemment présenté les conclusions du Tribunal de Chine sur le prélèvement forcé d’organes, au Groupe de recherche sur la Chine du Parlement britannique. Le rapport note que l’incarcération, le meurtre, le prélèvement et le commerce d’organes soutenus par l’État se poursuivent en Chine depuis plus de 20 ans. Les victimes de ces actes horribles sont notamment les pratiquants de Falun Gong et d’autres personnes que le régime communiste a jugées « dangereuses pour l’État ».

La remarque du Pape

Le gouvernement chinois a été récemment secoué par les critiques du pape François sur le traitement des Ouïghours par Pékin. Dans son livre Let Us Dream : The Path to A Better Future, le pape note qu’il pense souvent aux personnes persécutées comme les Ouïghours, les Rohingyas et les Yazidis. C’est la première fois que le Pape mentionne les Ouïghours dans un tel contexte. La Chine a rejeté les critiques du pape François, un porte-parole du ministère des affaires étrangères affirmant que le gouvernement chinois a « toujours protégé les droits légaux des minorités ethniques de manière égale ».

Le pape François a exprimé sa sympathie pour les Ouïghours. (Image: Pixabay/CC01.0)
Le pape François a exprimé sa sympathie pour les Ouïghours. (Image: Pixabay/CC01.0)

Pendant ce temps, le Parlement canadien fait pression pour que le gouvernement Trudeau impose des sanctions aux fonctionnaires chinois responsables des violations des droits de l’homme. Cette décision fait suite à une étude parlementaire affirmant que le gouvernement chinois commettait un génocide contre les Ouïghours. L’étude a noté que la population des régions à majorité ouïghoure du Xinjiang a diminué de 84 % en trois ans, entre 2015 et 2018.

Rédacteur Fetty Adler

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