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Monde. Espions au compte de la Chine, un nouveau procès en Pologne

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En Pologne, un ancien directeur de Huawei et un expert en cybersécurité sont traduits en justice pour espionnage au compte du PCC

Deux hommes accusés d’espionnage pour le compte du Parti communiste chinois (PCC) ont été jugés en Pologne. Les hommes ont été arrêtés en janvier 2019 pour avoir cherché à conclure des accords commerciaux avec Huawei dans le cadre d’une opération de renseignement extérieur et pour avoir menacé la sécurité nationale polonaise.

L’un des hommes, un ancien directeur des ventes de Huawei, nommé Weijing Wang, est un citoyen chinois. Le deuxième homme, Piotr Durbajlo, est un expert en cybersécurité de nationalité polonaise.

« La mise en accusation est en partie classifié, cependant la partie publique allègue que Weijin Wang est un agent de renseignement chinois et que, de 2011 à 2019, il a cherché à obtenir des contrats de haut vol pour Huawei qui donneraient à l’entreprise chinoise un aperçu et une influence sur les systèmes de données des gouvernements étatiques et locaux en Pologne », a rapporté AP News, citant le quotidien local Gazeta Wyborcza.

Piotr Durbajlo aurait fourni à Weijin Wang des documents et l’aurait aidé à établir des contacts. Selon un rapport de Reuters, Piotr Durbajlo est accusé de s’être « proposé comme source d’information » concernant l’administration publique.

Les procureurs ont accusé Piotr Durbajlo d’avoir divulgué à Weijin Wang un système de surveillance développé par l’université militaire polonaise de Varsovie. Le système était utilisé pour empêcher l’accès à des informations classifiées, envoyées via des réseaux de communication à fibre optique, par des tiers non autorisés.

Weijin Wang, 39 ans, a été accusé d’avoir passé sept ans à espionner pour la Chine en renforçant la capacité de Huawei à influencer le gouvernement polonais et de « lui permettre de… gérer l’infrastructure technologique… de l’État », a rapporté Reuters, citant des documents judiciaires.

L’avocat de Weijin Wang a déclaré que les procureurs n’avaient aucune preuve pour étayer leurs accusations d’espionnage. « Il n’y a aucune preuve de quoi que ce soit d’illégal », a-t-il déclaré. Entre-temps, Huawei a affirmé que ses opérations suivaient « les normes les plus élevées en matière de transparence et de respect des lois et des règlements ». L’entreprise a licencié Weijin Wang après son arrestation, mais a aidé à financer les frais juridiques impliqués dans son affaire.

Weijin Wang est détenu depuis son arrestation, tandis que Piotr Durbajlo a été libéré sous caution six mois après avoir été placé en garde à vue. Les deux ont plaidé non-coupable. S’ils sont reconnus coupables, les hommes risquent une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans. Le procès devrait durer environ trois mois, mais la date du verdict final est encore inconnue.

Un rapport de l’Associated Press de janvier 2019 a révélé que Weijin Wang a obtenu son baccalauréat de l’université des études étrangères de Pékin en 2004. Entre 2006 et 2011, Weijin Wang a travaillé pour le consulat général de Chine situé à Gdańsk, en Pologne.

Après avoir rejoint Huawei en 2011, il a occupé le poste de directeur des affaires publiques jusqu’en 2017, date à laquelle il est devenu directeur des ventes du secteur public. Weijin Wang se serait fait appeler Stanislaw, un prénom polonais.

Piotr Durbajlo a occupé des postes de haut niveau en matière de cybersécurité au Bureau des communications électroniques, un organisme gouvernemental chargé de superviser les télécommunications et les questions de cybersécurité, ainsi qu’au ministère de l’Intérieur.

Il a occupé le poste de directeur adjoint du département de la sécurité de l’information de l’Agence de sécurité intérieure jusqu’en 2011, date à laquelle il a été licencié à la suite d’un scandale de corruption. Pendant son séjour à l’Agence de sécurité intérieure, M. Piotr Durbajlo a participé au développement d’un système de communication mobile pour les autorités polonaises.

De plus, le Canada a arrêté Meng Wanzhou, cadre de Huawei, en décembre 2018 à la demande des autorités américaines. Thorsten Benner, directeur du Global Public Policy Institute, un groupe de réflexion, a déclaré à l’époque que l’incident était « un autre clou dans le cercueil des ambitions européennes de Huawei ». L’arrestation a montré « qu’il y aura toujours de la concurrence et de l’acrimonie liées aux entreprises technologiques chinoises ».

Les restrictions concernant Huawei

En février 2019, le vice-président américain de l’époque, Mike Pence, s’est rendu en Pologne et a tenu une conférence de presse, au cours de laquelle il a félicité la nation européenne d’avoir « protégé le secteur des télécommunications de la Chine ».

« Les mesures prises récemment par votre gouvernement à l’encontre d’un cadre de Huawei et d’un ressortissant polonais accusé de coopérer avec lui démontrent l’engagement de votre gouvernement à veiller à ce que notre secteur des télécommunications ne soit pas compromis d’une manière qui menace notre sécurité nationale », a déclaré M. Mike Pence, en faisant référence à l’arrestation de Weijin Wang et de Piotr Durbajlo.

En septembre 2019, les États-Unis et la Pologne ont signé un accord visant à sécuriser les réseaux 5G du pays d’Europe de l’Est. Marc Short, chef de cabinet du vice-président, a déclaré aux journalistes que cet accord encouragerait d’autres nations dans le monde à faire en sorte que seuls les « fournisseurs de confiance » aient accès à leurs réseaux de télécommunication.

« Nous devons nous unir pour empêcher le Parti communiste chinois d’utiliser des filiales comme Huawei pour recueillir des renseignements qui aident parallèlement les services militaires et de sécurité de l’État chinois, avec notre technologie », a-t-il déclaré. La Pologne a retardé la vente aux enchères de l’extension de son réseau 5G en raison de la pandémie, et la date de la vente aux enchères n’a pas encore été officiellement annoncée. « La mi-2021 a été évoquée », selon Emerging Europe.

En mai 2019, l’administration Trump a ajouté Huawei à une liste noire commerciale, imposant des restrictions qui entravaient la capacité de l’entreprise à faire des affaires avec des entreprises américaines. La Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Australie, la Suède, la Grande-Bretagne et d’autres pays ont également pris des mesures contre l’utilisation d’équipements Huawei dans leurs réseaux.

Rédacteur Gabriel Olamsaint

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