Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

France. Baisse de la consommation de drogue : une jeunesse française plus responsable

ACTUALITÉ > France

Longtemps considérée comme l’une des plus consommatrices d’Europe, la jeunesse française semble changer de cap. En 2025, les statistiques sont sans équivoque : la consommation de cannabis, d’alcool et de tabac chute de façon spectaculaire chez les adolescents.

Baisse de la consommation de drogue : une jeunesse française plus responsable
On assiste actuellement à une baisse marquée de l’usage de drogues, d’alcool et de tabac depuis une dizaine d’années. (Image : Gerd Altmann / pixabay)

C’est un tournant culturel majeur qui en dit long sur les nouvelles aspirations d’une génération en quête d’équilibre.

La jeunesse française délaisse la drogue et l’alcool : s’agit-il d’une mutation silencieuse et profonde ?

La France connaît une évolution majeure dans les comportements de sa jeunesse. Alors que notre pays a longtemps figuré parmi les plus gros consommateurs de substances psychoactives de l’Europe, on assiste actuellement à une baisse marquée de l’usage de drogues, d’alcool et de tabac depuis une dizaine d’années. L’initiation au cannabis ayant fortement diminué (8,4% en 2024, contre 31% en 2015). Cette tendance à la baisse est confirmée en 2024 et 2025 par les enquêtes de santé publique de l’OFDT (Observatoire Français de Drogues et Tendances Addictives)

Des chiffres en chute libre

En France, le tabagisme quotidien a baissé de 16% en 2015, chiffre qui a encore diminué de 3,1% en 2024, ce qui place la France dans le cercle restreint des dix pays, dont le niveau de tabagisme quotidien est inférieur à 5%.

L’usage régulier de cannabis n’a jamais été aussi bas : seuls 4,3 % des Français de 16 ans en consomment, selon les données publiées en septembre 2025. C’est le niveau le plus faible depuis un quart de siècle, selon la MILDECA (Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).

Même constat pour le tabac, dont le tabagisme quotidien a été divisé par cinq en dix ans : de 16 % en 2015 à 3,1 % en 2024.

Baisse de la consommation de drogue : une jeunesse française plus responsable
Même constat pour le tabac, dont le tabagisme quotidien a été divisé par cinq en dix ans : de 16 % en 2015 à 3,1 % en 2024. (Image : Jupi Lu / pixabay)

Côté alcool, la baisse est tout aussi importante. En 2017, plus de 85 % des adolescents de 16-17 ans avaient déjà bu de l’alcool ; aujourd’hui, ils sont environ 70 %, un taux inférieur à la moyenne européenne. Les épisodes d’alcoolisation excessive concernent désormais 22 % des jeunes Français, contre 44 % il y a huit ans.

Ces chiffres proviennent de l’enquête ESCAPAD (Observatoire français des drogues et des tendances addictives).

Pourquoi cette baisse soudaine ?

Les raisons de cette mutation sont multiples, explique Madame Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) : « Les jeunes sortent moins, ont moins d’occasions de consommer, et leurs sociabilités se sont déplacées vers les réseaux sociaux ».

Mais, il y a aussi l’image des substances qui a changé. Le tabac est perçu comme un produit « sale », associé aux maladies et à la dépendance. L’alcool n’est plus autant considéré comme un élément festif. Il est désormais synonyme de perte de contrôle, de risques et de honte sociale, notamment en ces temps modernes où l’image est incontournable et que tout peut être filmé et diffusé sur les réseaux.

Quant au cannabis, il reste présent, mais la banalisation du débat sur sa légalisation a, paradoxalement, fait disparaître une partie de son attrait « rebelle ».

Autre facteur souvent oublié : le rôle des parents. Ces derniers, sont moins enclins qu’avant à fumer ou à boire devant leurs enfants, ils transmettent ainsi des comportements plus responsables. Par ailleurs, les campagnes de prévention et les messages de santé publique ont également porté leurs fruits : les jeunes générations sont mieux informées, plus conscientes des risques, et plus attentives à leur bien-être.

Au niveau psychologique, pendant des décennies, les adolescents ont expérimenté drogues et alcool comme une réponse à des fragilités émotionnelles ou à des bouleversements familiaux : déménagement, séparation parentale, solitude, difficultés scolaires ou manque d’estime de soi.  La drogue servait de refuge, de dérivatif face à l’anxiété, à l’ennui ou à la pression sociale.

Il faut préciser que cette consommation de drogue est loin d’être anodine, car elle a provoqué des dégâts sanitaires considérables : plus de 100 000 décès chaque année en France, dont près de 40 000 liés à des cancers. Les comportements addictifs contribuent à 30 % de la mortalité prématurée avant 65 ans. Des chiffres qui devraient être ciblés dans les campagnes nationales de sensibilisation.

Mais le mal-être persiste : l’addiction change de visage

Baisse de la consommation de drogue : une jeunesse française plus responsable
Les enquêtes récentes pointent une dégradation préoccupante de la santé mentale. Anxiété, isolement, perte de confiance en soi, troubles du sommeil… : les maux psychiques explosent, en particulier depuis la pandémie de Covid-19. (Image : Pete Linforth / pixabay)

Malgré cette baisse de la consommation, cela ne signifie pas que les jeunes vont mieux.
 Les enquêtes récentes pointent une dégradation préoccupante de la santé mentale. Anxiété, isolement, perte de confiance en soi, troubles du sommeil… : les maux psychiques explosent, en particulier depuis la pandémie de Covid-19.

La société reste fortement anxiogène : crises économiques, tensions sociales, dérèglement climatique, pression scolaire, hyper connexion… autant de facteurs qui pèsent sur le moral des adolescents.

Autre mutation inquiétante : la substitution des addictions. Si les drogues traditionnelles reculent, d’autres formes de dépendance apparaissent — aux écrans, aux réseaux sociaux, aux jeux vidéo, voire aux médicaments psychotropes.

Ainsi, l’addiction ne disparaît pas, elle change simplement de visage.

Vers une génération plus consciente ?

Baisse de la consommation de drogue : une jeunesse française plus responsable
Ce recul des consommations traduit néanmoins une évolution positive : les jeunes semblent rechercher plus de contrôle sur eux-mêmes. Le bien-être, la santé mentale, le sport, l’alimentation équilibrée et la productivité sont devenus des valeurs fortes. (Image : pixabay)

Ce recul des consommations traduit néanmoins une évolution positive : les jeunes semblent rechercher plus de contrôle sur eux-mêmes. Le bien-être, la santé mentale, le sport, l’alimentation équilibrée et la productivité sont devenus des valeurs fortes.

Dans un monde incertain, la génération d’aujourd’hui apparaît plus prudente, plus informée, parfois même plus inquiète — mais aussi plus responsable.

Reste à savoir si cette tendance s’installera durablement. Les experts restent prudents.
 La sobriété pourrait n’être qu’une pause générationnelle, liée à la peur du jugement social et aux nouvelles formes de loisirs. Mais elle pourrait aussi marquer une transformation plus profonde : celle d’une génération qui choisit la maîtrise plutôt que l’excès.

La baisse spectaculaire de la consommation de drogue, d’alcool et de tabac chez les jeunes Français n’est pas qu’un phénomène statistique. Elle traduit une mutation silencieuse de la société, où l’autodestruction cède peu à peu la place à la conscience de soi.

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.

Pour améliorer votre expérience, nous (et nos partenaires) stockons et/ou accédons à des informations sur votre terminal (cookie ou équivalent) avec votre accord pour tous nos sites et applications, sur vos terminaux connectés.
Accepter
Rejeter